C.L. Parker

- D'accord, petite futée, dit-elle.
J'ai compris. Il est clair que vous ne voulez pas dévoiler de votre vie. Mais pourquoi, Lanie ? Qu'est-ce que vous cachez ?
- Oh, non, pas de ça, dis-je en pointant un index accusateur. Noah m'a déjà prévenue que vous étiez sournoise. N'essayez pas de jouer la superdétective avec moi. C'est juste que je ne suis pas très intéressante. Je viens d'une petite ville et j'ai emménagé à Los Angeles parce que je rêvais de devenir célèbre dans le cinéma porno. Mais ça n'a pas marché.
Elle manque de s'étrangler en buvant et je ne peux pas m'empêcher de rire en voyant son expression.
- Je plaisante... en ce qui concerne la petite ville, gloussé-je.

— Très bien. À présent, j’aimerais que vous vous retourniez et que vous vous mettiez à quatre pattes. Cassidy ouvre brusquement les yeux. — À quatre pattes ? Mais pourquoi ?
— Parce que cela me permettra de travailler sous un meilleur angle, répond le gentleman anglais auquel Cassidy a tenu que nous nous adressions. Cela dit, à ce stade, je suis sérieusement en train de me demander si c’est vraiment un gentleman.
Impuissant, je suis bien obligé de regarder Cassidy obéir à l’aimable consigne et se retourner gauchement dans le petit lit, telle une tortue sur le dos. Quand elle parvient enfin à la position demandée, le drap glisse de ses hanches et tombe sur ses chevilles, dénudant ses fesses aux yeux de tout le monde. Pour la première fois de ma vie, je n’arrive pas à bander en voyant l’arrière-train d’une femme, même si celui-ci appartient à la femme que j’aime. — Cassidy, je vous demande de m’écouter très attentivement. Ce que je vais faire sera peut-être un peu désagréable, mais je vous demande de vous détendre le plus possible. La voix grave – et certainement ensorceleuse pour les femmes – me ramène à la réalité et je suis forcé de me retenir pour ne pas bondir par-dessus le lit pour que ce type s’éloigne de ma copine. Surtout quand je le vois glisser sa grosse main entre ses jambes et faire Dieu sait quoi à son vagin. Ce vagin qui m’appartient.

-Bravo, c’est bien. (Nom d’un chien, ce sont mes doigts qui devraient être en elle pendant que je suçoterais cette perle.) Tu te rappelles la première fois que j’ai t’ai caressée à cet endroit, ma douceur ? (Elle halète et plonge les doigts plus profondément encore dans cet orifice étroit.) Moi oui. Je n’en revenais pas que tu sois si brûlante et que tu mouilles autant pour moi, et que ta chatte se crispe sur mes doigts. (Elle gémit et je jette un regard vers l’oreiller où ses boucles rougeoyantes s’étalent comme une auréole autour de sa tête qui s’agite. Elle a les yeux fermés, me privant de plonger les miens dans leurs vertes profondeurs.) Oui… Tu t’en souviens. Retire tes doigts. Fais-moi voir.

Cassidy obéit et dans la lumière de la chambre, je vois ces deux doigts luisants qui ont eu la chance de toucher ce que je désire tant.

-Je veux les goûter, lui dis-je. Les caresser de ma langue, puis les engloutir dans ma bouche et les lécher jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.

Cette fois, elle gémit plus bruyamment, remonte les genoux tout en restant les jambes écartées et soulève ses fesses en cherchant instinctivement à se frotter à quelque chose.

-Renfonce-les en toi. Plus profondément, cette fois. Et plus vite.

Ce n’est pas souvent que Cassidy obéit à mes ordres. A vrai dire, en général, elle fait le contraire, car elle tient à garder le contrôle de la situation. Mais elle est à ma merci dans cet état de quasi-faiblesse, d’autant plus docile à mes consignes que la promesse de la jouissance finale l’attend.

Le mouvement de ses doigts se fait plus rapide et plus insistant, et elle abandonne le va-et-vient pour les enfoncer jusqu’aux jointures. Sa main s’agite et je comprends qu’elle a trouvé ce qu’elle cherche. Elle s’arc-boute et plaque sa paume sur son clitoris pour redoubler la sensation.

-Tu as trouvé ton point G, hein ? Caresse-le plus fort, Cassidy. Tu es au bord de l’orgasme. Je le sens.

Il à l’odeur de Shaw et le goût de Casey à cause des cookies d’Abby. Je me surprends à enfouir mon visage au plus profond de son cou, cherchant désespérément à respirer encore ce délicieux parfum qu’exhale son corps comme une sorte de confiserie addictive. Mes doigts s’enroulent dans ses cheveux et je refus de les lâcher, malgré les émotions contradictoires qui me traversent en constatant ce phénomène aussi nouveau que troublant.

— Simi, où je suis, merde ? grondé-je dans mon smartphone.

« Je n’en sais rien, Ducon » serait une réponse acceptable, étant donné ma grossièreté, mais mon assistante virtuelle, toujours très professionnelle, garde son calme.

— Vous roulez sur Upper Falls Road, en direction du sud.

La technologie est épatante, mais cela ne m’aide pas beaucoup. Ne devant compter que sur moi-même, je suis forcé de tirer les seules conclusions acceptables qui s’imposent. Pour autant que je sache, le vol que j’ai pris pour Bangor, dans le Maine, a été dévié de sa course pour arriver dans le triangle des Bermudes. Lequel est, j’en suis désormais convaincu, un monde parallèle où les autoroutes n’ont pas encore été inventées. Ou bien tout cela a été échafaudé par mon ennemie jurée et maîtresse à mi-temps, Cassidy Whalen, afin de m’attirer dans un endroit à l’écart de tout, où elle va pouvoir continuer de me torturer à loisir, pour finir par me dévorer le foie avant de balancer mon cadavre là où personne ne pourra le retrouver.

À vrai dire ce meurtre – un rien monstrueux – me conviendrait bien, car être forcé à supporter son regard compatissant à longueur de journée, c’est un destin pire que la mort.

Notre cible est Denver Rockford, dit « Rocket Man », le quarterback star de San Diego. Comme son ancien agent n’a apparemment pas la même vision que lui de son avenir, il s’est fait virer et Denver est en quête d’un nouveau représentant. Et son contrat doit bientôt être renouvelé alors qu’il a réussi une performance plus qu’exceptionnelle pour la saison, aussi il ne lui reste plus guère de temps avant de devoir retourner à l’entraînement. Il faut prendre une décision rapide, ce qui implique d’agir vite. Naturellement, Wade estime que Striker est la meilleure agence pour négocier le contrat. Et même si les perspectives financières sont très attrayantes, ce qui me motive le plus, c’est la notoriété que j’obtiendrai en devenant l’agent de Denver.

Cassidy est un obstacle sur ma route. J’ai l’intention de la balayer, mais elle ne va pas me faciliter la tâche.

C’est une vraie mangeuse d’hommes, le genre qui préfère gérer sa carrière que savourer les fruits de tout ce travail. Elle ne manque jamais une journée de boulot et elle sait sur ses clients des choses qu’eux-mêmes ignorent. Cassidy Whalen est l’adversaire la plus valeureuse qu’il m’ait été donné d’affronter. En fait, la liste de ses clients est tout aussi impressionnante que la mienne. Pas mal pour une nana. Elle est douée. Elle est également barbante. Et c’est une garce.

Quand on vous dit que c’est un monde d’hommes. Sa richesse et son tempérament dragueur l’ont mené très loin. Tout comme les personnes influentes qu’il a dans la poche et dont il ne se prive pas de faire étalage. Cela dit, c’est son charisme qui charme les clients. J’ai du mal à l’admettre, mais c’est un malin, un beau parleur qui fait de grandes promesses et qui les tient toujours. Même s’il doit puiser dans ses propres deniers pour cela.

Devenue ma chef, cette bonne femme fera de ma vie un enfer et il n’est pas question de la laisser faire. À vrai dire, je suis prêt à toutes les bassesses pour que cela n’arrive jamais. J’ai pris ma décision. Je vais séduire mon ennemie jurée.

Je suis prêt à parier que c’est une veuve noire dévorant tout homme qui a l’audace de l’approcher. Même si c’est le cas, je ne suis pas le moins du monde intimidé. J’avoue que je suis un peu curieux de savoir si elle se comporte autant en diablesse au lit que dans les réunions. Dieu sait qu’elle m’a fait bander plus d’une fois en se pavanant comme une princesse, tout en me faisant les pires coups.

Elle ne m’aime pas beaucoup, ce qui n’est pas courant, car la plupart des femmes m’apprécient. Peut-être qu’elle a juste besoin de se faire sauter. À mon avis, cela ne doit pas lui arriver souvent. Je m’en fiche pas mal, mais comme je me fais un devoir de connaître mes ennemis, je fais attention aux détails. Pas de bague au doigt, donc elle n’est ni mariée ni fiancée. Et comme aucun bruit de couloir ne court sur elle, elle n’a pas non plus de liaison au bureau. Encore qu’un bruit de couloir ne soit pas un fait avéré. Des tas d’histoires circulent sur mon compte, mais ce ne sont que des inventions sans le moindre fond de vérité.

Qui sera le vainqueur et raflera la mise.
Pour le gagnant comme pour le perdant, pour le roi sur le trône et le bouffon de la cour, la mascarade sera terminé et Lanie et moi pourront mener notre vie sans redouter que l'on découvre notre secret....