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Critiques de C.L.R James (4)
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Histoire des révoltes panafricaines

Cette histoire transnationale des luttes noires (Afrique, Amérique du Nord, Caraïbe) rompt avec le cliché de populations passives et redonne leur place dans l’histoire mondiale à ces mouvements d’une grande diversité.

(...)

Si ces évocations succinctes sont partielles et partiales, elles n’en dessinent pas moins un panorama mondial des révoltes noires dont l’auteur s’attache à analyser les intentions. Cette histoire, sans doute trop courte et incomplète, invitera certainement à approfondir le sujet. Elle représente une importante tentative d’écriture d’une histoire révolutionnaire noire dans une perspective émancipatrice, une vaste entreprise de déconstruction du mythe du « noir docile ».
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Les Jacobins noirs : Toussaint Louverture e..

Un récit historique haletant et passionné de la révolution de l'actuelle Haïti, la première république noire. On y découvre la cruauté innommable de la traite négrière et des maîtres sur l'île, la frénésie impérialiste de la France et l'Angleterre et la violence raciale qui en découle. Pourtant, ce mouvement révolutionnaire trouve sa source dans la Révolution Française de 1789 et ses grands idéaux à travers le leadership inspirant de Toussaint L'Ouverture. Un des grands de ce monde. Mais c'était sans compter sur un certain Napoléon qui, avec le concours de la bourgeoisie française, se décide à rétablir l'esclavage dans les colonies... Je recommande fortement, c'est un livre génial et accessible.
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Histoire des révoltes panafricaines

« Le seul lieu où les Noirs ne se sont pas révoltés, c’est dans les pages écrites par les historiens capitalistes »



Dans sa préface, Selim Nadi parle, entre autres, de la formation d’un « marxiste noir », de l’historien des révoltes noires, de l’avenir des luttes anti-impérialistes, « L’histoire qu’il dresse de ces révoltes, de cette solidarité panafricaine, est loin d’être abstraite ou purement scolastique », du Jacobin noir, de Toussaint Louverture, de la création d’une organisation noire aux Etats-Unis, de la nécessité de remettre en lumière les résistances au colonialisme européen…



« Loin de se contenter de décrire les révoltes panafricaines, James accorde une importance certaine au rapport dialectique entre les masses et les leaders révolutionnaires ; sans sombrer dans une histoire des « grands hommes », il propose de mettre en lumière la dynamique existant entre les rébellions ou les mouvements révolutionnaires et leurs dirigeants ».



Sommaire :

1 – Saint-Domingue

2 – Les anciens Etats-Unis

3 – La guerre civile

4 – Les révoltes en Afrique

5 – Marcus Garvey

6 – Les mouvements noirs des dernières années

Epilogue : L’histoire des révoltes panafricaines : une synthèse 1939-1969



« Cet ouvrage cherche à rendre compte et à faire l’analyse des révoltes des Noirs au fil des siècles, sous l’esclavagisme, en Afrique pendant le dernier demi-siècle ainsi qu’en Amérique et aux Antilles de nos jours »



Révoltes et révolutions, extension géographique des idées d’égalité et de liberté. Comme l’indique C. L. R. James, « 1789 fait date dans l’histoire des révoltes des Noirs aux Antilles. L’unique révolte noire à avoir réussi – l’unique révolte d’esclaves de l’histoire à avoir réussi – trouve ses racines dans la Révolution française, et sans la Révolution française son succès aurait été inconcevable ». L’auteur détaille l’histoire de Saint-Domingue, sa place dans les circuits économiques, la création de la Société abolitionnisteet de la Société des amis des Noirs, la propagation des « devises de liberté, d’égalité et de fraternité », le soulèvement des esclaves, la prétention du régime républicain – comme de l’ancien régime monarchique – à maintenir l’esclavage, l’abolition le 4 février 1794 de l’esclavage par la Convention, « Le rôle des Noirs dans le succès de la grande Révolution française n’a jamais reçu la reconnaissance qu’il mérite », les liens entre indépendance et liberté, les développements à Saint-Domingue, le rétablissement de l’esclavage par le Bonaparte si vénéré, l’abolition de la traite par la France en 1815 et celle de l’esclavage en 1848, le choix du nom caraïbe de Haïti…



Etats-Unis, une révolte en septembre 1739 à Stono, la répression sauvage et la sévérité de la législation esclavagiste, les révoltes dont celle de Nat Turner, la guerre civile, « ni la conscience de l’humanité ni ses lumières croissantes n’aillaient abolir l’esclavage », l’esclavage comme socle du capitalisme aux USA, les Noirs employés comme soldats, la libération des esclaves en territoire rebelle, les luttes pour une paie comme celle des Blancs, les anciens esclaves et la terre, le refus « de toucher à la propriété dans le Sud au bénéfices des Noirs », le suffrage « universel » masculin, le sommet de la législation progressiste dans le Sud…



Afrique, les colonisations, la capitation, l’appropriation des terres par les Blancs, les différents types de colonisation, une grève dans les chemins de fer en Sierra Leone, un soulèvement de femmes au Nigeria, des révoltes religieuses, le mouvement de Kimbangu au Congo, l’Union d’Afrique du sud, les actions du prolétariat noir dans les villes, le syndicalisme ouvrier…



Je souligne le chapitre sur Marcus Garvey, la position des Noirs aux USA après la courte période dite de « reconstruction », la contribution des populations noires à « faire du pays ce qu’il est », la question de la couleur de la peau « question sociale et politique », la force du mouvement noir, le « retour en Afrique » comme « pitoyable ânerie », la conscience de l’origine africaine et la solidarité internationale, « Il révèle le feu qui couve dans le monde noir, autant en Amérique qu’en Afrique »…



Les mouvements noirs dans l’empire britannique, en Côte-de l’Or, en Ashanti, la grande insurrection de 1831 en Jamaïque, les accords d’Ottawa, Trinité, la société secrète Watch Tower, les puissances impérialistes et la distinction insignifiante pour les Africains entre l’impérialisme fasciste et l’impérialisme démocratique, « Les Africains se blessent et se brisent les os contre leurs barreaux dans l’intérêt de libertés plus vastes que les leurs »…



Pour finir, C. R. L. James propose un épilogue sur L’histoire des révoltes panafricaines : une synthèse 1939-1969. Certains éléments me paraissent discutables, mais là n’est pas l’essentiel. L’auteur aborde particulièrement deux pays en Afrique qui ont gagné leurs indépendance, le Ghana et le Kenya. Il présente les luttes, les organisations de la population, les leaders, le mouvement « Mau Mau », les appels à la police de ne pas tirer sur la foule et à désobéir au pouvoir colonial européen. Une partie est consacrée à l’Afrique du Sud, le régime d’apartheid et le découpage des lieux. L’auteur revient sur les Etats-Unis, le Civil Rights Act (1957), les luttes des étudiant·es noir·es, les Freedom Riders. Il aborde aussi les Caraïbes et « les nouvelles lignes directrices devaient relier les îles entre elles ». avant de faire un retour en Afrique (dont la Tanzanie et la Zambie), en dénonçant au passage l’imposture des pays de l’Est de l’Europe à se présenter comme socialistes.



Matthieu Renault dans postface, L’histoire, ça sert d’abord à faire la révolution, souligne « La composition par James de son Histoire des révoltes panafricaines, dont le lecteur a en main la première traduction française, constitue à cet égard un stade dans une vaste entreprise non seulement d’écriture d’une histoire noire (révolutionnaire) occultée, mais aussi et indissociablement de réécriture de l’histoire du monde (world history) depuis les marges des empires coloniaux ».



Le postfacier aborde, entre autres, l’indépendance des luttes africaines-américaines ; parle des acteurs et actrices de leur émancipation, des sujet·es de leur histoire et aussi de l’histoire étasunienne, de la lutte pour l’abolition, d’en finir avec l’Histoire avec un grand H… « il faut refaire l’histoire du monde pour faire une révolution qui soit, enfin, réellement mondiale ».



Le titre de cette note, une phrase de C. R. L. James citée dans la postface.





La première édition date de 1938. Ce n’est pas une lenteur des transports qui explique les quatre-vingt ans nécessaires pour sa traduction dans la petite province française…



Quoiqu’il en soit, l’édition de ce livre, même assez daté, de C. L. R. James est une très bonne chose. Outre les éléments cachés ou niés de l’histoire, dont les révoltes des populations esclavagisées et leur place décisive dans les combats pour l’abolition de l’esclavage ou pour les émancipations sociales et nationales, l’auteur insiste sur les processus collectifs, une certaine unité de perspective par delà l’Atlantique et la nécessaire auto-organisation des populations concernées.
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Sur la question noire : La question noire a..

Qui sommes-nous, ici, pour nous lever – ou plutôt rester assis – et leur dire ce qu’ils doivent faire ou ne doivent pas faire ?



« Les arbres du Sud portent un étrange fruit / Du sang sur les feuilles et du sang aux racines / Un corps noir qui se balance dans la brise du Sud / Étrange fruit suspendu aux peupliers » première strophe d’un poème d’Abel Meeropol, popularisé par Billie Holiday.



Dans leur belle préface, Emmanuel Delgado Hoch, Patrick Le Tréhondat, Richard Poulin, Patrick Silberstein nous présentent l’auteur, son parcours militant et les débats qu’il a porté sur la « question noire », cette « question » qui n’est pas réductible à la « question de classe ». Ils indiquent, entre autres, que l’auteur « nous livre le cœur de son approche de la « question nègre », laquelle tranche nettement avec celle de l’essentiel de la gauche révolutionnaire de son temps : 1) la lutte indépendante des Afro-Américains a sa propre légitimité ; 2) un mouvement noir indépendant aura une force incommensurable pour transformer la vie sociale et politique des États-Unis, même s’il se développe »sous la bannière des droits démocratiques » et qu’il n’est pas »dirigé par le mouvement ouvrier » ; 3) la simple existence de ce mouvement exerce une influence positive sur le mouvement ouvrier ; 4) de ce fait, la combinaison des deux est un élément essentiel de la lutte pour le socialisme ; 5) il faut donc s’opposer à toute tentative de subordonner la lutte indépendante des Afro-Américains pour les droits démocratiques à tout autre objectif. On peut synthétiser cette problématique ainsi : la minorité doit dans un » mouvement dialectique » se séparer des organisations majoritaires pour former ses propres organisations et ainsi pouvoir s’unir avec elles et participer au mouvement général ».

Ils soulignent le cadre, d’un bloc social et politique possible, tracé par C.R.L. James, qui « trouverait sa force dans la jonction entre les luttes des Afro-Américains pour leurs droits et celles du mouvement ouvrier dont eux-mêmes constituent une part importante et particulièrement active ». Et ils ajoutent : « Plus de soixante années nous séparent de cet écrit qui, sous des formes renouvelées et actualisées, nous semble garder toute sa valeur. Dans les pays multinationaux, dans ceux où des fractions de la population se revendiquent d’identités multiples et dans ceux façonnés par la domination raciale – y compris ceux qui sont dans cette situation et qui se refusent à le voir –, l’alliance des forces sociales sera d’autant plus facile à construire et puissante que les groupes dominés seront en capacité de s’organiser en tant que tels sur leurs propres bases pour construire une alliance, un bloc social et politique. Cette attention à l’intrication de la domination raciale dans les rapports sociaux, cet attachement à l’auto-organisation et à l’autonomie stratégique des opprimés et des dominés sont de toute évidence riches d’enseignements pour nos propres combats. »



Sous une forme différente, sous l’angle de la critique de l’invisibilisation construite de l’histoire française et des discriminations actives, cette problématique sera aussi reprise dans la postface de Maboula Soumahoro : « … la France n’a pas connu de présence massive de population noire sur son territoire hexagonal. Ceci est un élément de plus lui permettant aujourd’hui de passer sous silence son ancien empire colonial et l’étendue de ce dernier. Cela implique également que la présence actuelle de populations non blanches dans l’Hexagone peut-être être expliquée de manière totalement déconnectée du passé colonial. La conséquence de cette configuration est le perpétuel maintien de citoyens français non-blancs, descendants de colonisés (ou de certains territoires d »’outre-mer ») dans une position d’altérité, et donc de domination, insurmontable et perçue comme dangereuse pour la cohésion – voire la sécurité – nationale ».



Comment ne pas faire comme les préfaciers, et souligner la force d’un paragraphe, d’une adresse à la compagne, d’un « aparté amoureux » : « En 1946, à Constance Webb qui ne savait pas comment lui exprimer les affres dans lesquelles elle se débattait alors qu’ils avaient une liaison et qu’ils s’apprêtaient à se marier, il dit la chose suivante :



» Écoute, ma douce. Crois-tu vraiment que je ne sache pas ce que tu ressens ? Ce n’est pas vraiment une surprise pour moi. Tous les Blancs d’Amérique et d’ailleurs ont des préjugés. Tous ! Tu n’es pas un cas à part. Je savais ce qui te perturbait, mais il fallait que tu le découvres par toi-même. Maintenant, ma précieuse, écoute-moi bien. La seule façon de vaincre de tels sentiments, c’est de les reconnaître comme des préjugés et ainsi, à chaque fois qu’ils se manifestent par le moindre signe, de les combattre. » »



En préambule, une page est consacré au vocabulaire, à l’utilisation historique des termes : « Black, Negroes, spades, niggers, colored, Afro-Americans » et des choix de traduction, suivant les contextes. Je voudrais aussi signaler que C.R.L. James utilise un vocabulaire, des formules, des expressions habituelles aux révolutionnaires de l’époque, mais qui pourront sembler un peu étranges aux lectrices et aux lecteurs plus habitué-e-s au vocabulaire « policé » d’aujourd’hui.



C.R.L. James analyse la situation des « Nègres », leur « expropriation politique permanente par toutes les classes de Blancs », l’économie politique du lynchage, les liens entre préjugés raciaux et privilèges économiques, le droit à autodétermination, le nationalisme des dominés, les liens entre travail ouvrier et le travail « Nègre », la légitimité d’une « égalité complète avec les autres citoyens américains ».



J’ai notamment apprécié son texte « Pourquoi les Nègres doivent-ils s’opposer à la guerre ? ». Son point de vue est toujours celui de la révolution, du renversement de l’exploitation. « Tous les problèmes sérieux surgissant de la question nègre tournent autour du lien entre les actions indépendantes des masses nègres pour les droits démocratiques et la lutte de la classe travailleuse pour le socialisme ».



Comme le plus souvent à cette époque, les dimensions genrées ne sont traitées.



Dans le dernier texte, de 1967, sur le Black Power, dont est issu le titre de cette note, C.R.L. James discute, entre autres, du sens du mot d’ordre de Pouvoir noir. Il inscrit ce mot d’ordre dans une perspective historique tout en indiquant que « c’est plutôt une bannière pour des gens unis par des objectifs politiques, des positionnements et des besoins communs ». Il évoque les apports de la NAACP, de W. E. B. Du Bois, de Marcus Garvey (« Garvey ne les a pas seulement installés dans la conscience des oppresseurs, mais a fait de ce geste une composante de l’esprit et des objectifs de la grande masse des Africains et des populations afro-descendantes… ») de Frantz Fanon ou de Stokely Carmichael.



En rappelant sa discussion avec Léon Trotski, il synthétise ses positions « la lutte indépendante des Noirs pour leurs droits démocratiques et pour l’égalité avec tous ceux qui composent la nation américaine doit être soutenue et promue par le mouvement marxiste. Celui-ci doit comprendre que ces luttes indépendantes sont un élément constitutif de la révolution socialiste. Je vais reformuler cela de manière aussi sommaire que possible : en luttant pour leurs droits démocratiques, les Noirs américains font un apport fondamental à la lutte pour le socialisme aux États-Unis ».



Au delà du vocabulaire, des textes d’une grande actualité. « Cette attention à l’intrication de la domination raciale dans les rapports sociaux, cet attachement à l’auto-organisation et à l’autonomie stratégique des opprimés et des dominés sont de toute évidence riches d’enseignements pour nos propres combats. » A nous d’en tirer profit dans les analyses concrètes, similitudes et différences, des situations actuelles.
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