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Citations de Caitlin Doughty (11)


S'enfermer pour mourir dans le décor aseptisé d'un hôpital est une idée relativement neuve. À la fin du XIXe siècle, mourir à l'hospice était au contraire le sort des indigents, des gens qui n'avaient rien ni personne. Quand on avait le choix, on préférait mourir chez soi, dans son lit, entouré de ses amis et de sa famille. Jusqu'au début du XXe siècle, plus de 85% des Américains mouraient encore chez eux.

Ce sont les années 30 qui virent se développer le phénomène de médicalisation de la mort. Le recours généralisé à l'hôpital en fin de vie a retiré de la vue des gens les scènes, les odeurs et les sons insupportables inhérents à la mort. Auparavant, c'était souvent une autorité religieuse qui dirigeait les funérailles et guidait la famille dans son deuil ; à présent, ce sont les docteurs qui assistent le patient dans ses derniers instants. Pour autant, la médecine ne s'intéresse à la vie et à la mort que sur le plan biologique, sans répondre aux aspirations spirituelles. À l'hôpital, le processus de mort est devenu hygiénique et hautement encadré. La profession médicale a jugé inconvenant pour le public ce que l'historien Philippe Ariès a appelé le « spectacle nauséabond » de la mort. C'est devenu tabou d' « entrer dans une chambre qui sent l'urine, la sueur et la gangrène, où les draps sont souillés. » L'hôpital est devenu un lieu où les mourants peuvent subir les affronts de la mort sans blesser la sensibilité des vivants.
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Confronter un gamin à la réalité de l'amour et la mort est bien moins dangereux que de le gaver de happy ends mensongers.
Les enfants de l'ère Disney ont grandi dans une version édulcorée de la réalité et, à force de côtoyer des princesses et des animaux sympathiques, ont développé des attentes irréalistes.
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Regarder la mort en face, c'est pas facile. On esquive autant qu'on peut, on préfère se bander les yeux et rester dans le noir plutôt que voir qu'on meurt et comment on meurt. Mais cet aveuglement n'est pas la panacée ; c'est juste un autre symptôme, plus profond, de notre terreur.

On se décarcasse sacrément pour repousser la mort dans les marges : les cadavres sont remisés derrière des chambres d'hôpital... On est si bien passés maîtres dans l'art de cacher la mort qu'on pourrait nous prendre pour la première génération d'immortels. Mais ce n'est pas le cas : on va tous mourir et on le sait.
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Je ne peux pas choisir comment je décéderai physiquement, je peux seulement choisir dans quel état d'esprit je mourrai.
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La seule chose qui est sûre, c'est que rien ne l'est jamais.
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C'est la mort qui détermine toutes nos aspirations et nos pulsions d'êtres humains. Mieux comprendre ça, c'est mieux se comprendre soi-même.
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Mais dans ma tête, je me faisais la promesse de travailler dans le bon sens : pour que notre culture du silence cesse de priver les gens d’une mort digne.
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En tant qu'êtres humains, on a de l'empathie pour les autres, même quand ils sont morts, d'où l'illusion que le défunt a encore des sensations alors même que son regard vide nous signale qu'il a mis les voiles depuis longtemps.
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il faut savoir qu'un mort ressemble vraiment a quelqu'un de tres mort...
on ne se représente pas très bien ce que ca veut dire aujourd'hui.
les séries policières diffusées en prime time n'arrangent rien. Les cadvres qu'elles mettent en scène, quand ils sont découvert par un domestique, ou un mec qui fait son jogging dans Central Park, ont l'air déja prets pour une veillée funèbre; ils ont les yeux fermés et les lèvres jointes, recouvertes d'une sorte de gloss d'un bleu blanchatre, qui signale aux téléspectateurs : "ce type est mort "
le role de la victime est tenu par de jeunes mannequins ou par des acteurs qui font leurs armes en jouant les cadavres dans 'les experts' ou 'N-Y police judiciaire'.
tout le contraire, donc, de la majorité des cadavres aux pompes funèbres, qui sont vieux, raides, ravagés par des années de maladies comme le cancer ou la cirrhose du foie.
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Caitlin Doughty
Aujourd'hui, l'amour est un phénomène religieux, a déclaré le psychanalyste Otto Rank. Comme nous sommes de moins en moins croyants et que nous vivons de plus en plus souvent loin des villes où nous avons grandi, ce ne sont plus la religion ni la communauté qui donnent sens à nos vies, alors nous prenons à la place un partenaire amoureux, quelqu'un qui nous oublier la dimension animale de notre existence. Personne ne le dit mieux qu'Albert Camus : "Ah ! Mon cher, pour qui est seul, sans dieu et sans maître, le poids des jours est terrible."
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l'autre jour, dans l'avion, je me suis retrouvée assise a coté d'un japonais, qui lisait une revue spécialisée intitulée: "nouvelles perspectives sur les hémorroides", illustrée en couverture d'une coupe transversale du canal anal, en gros plan. Au moins, les publications pour Gastro-entérologues ne se prennent pas le chou avec des métaphores de coucher de soleil ou paysages de montagnes.
Moi, de mon coté, je lisais un magazine qui clamait en première page: "la décomposition en question".
On s'est regardés et on s'est souri d'un air complice : Nous n'avions pas des lectures très grand public.
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