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Citations de Camil Petrescu (55)


Camil Petrescu
Notre conviction de combattants ne vient pas de notre conscience. Elle vient de la grandeur de notre cause. C’est la cause, et elle seule, qui nous dit quelles sont les bonnes actions et quelles sont les mauvaises.
(La ronde des sorcières [Jocul ielelor], acte III, tableau XII, scène 1)
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–Nos commandants apprécient beaucoup l'attaque à la baïonnette.
–C'est justement pour cette raison que les nôtres arriveront très bientôt à Bucarest… Parce qu'ils ne trouvent pas que les combats à la baïonnette soient intéressants. Ils vont toujours procéder comme ils ont procédé aujourd'hui avec vous, de manière réfléchie et la tête froide.
–Vous savez, chez les Romains, Horace a feint la fuite pour obliger les Curiaces à s'éparpiller sur le terrain. Les nôtres simulent le repli devant vos bataillons afin que vous vous présentiez bien dans la ligne de tir de notre artillerie. Et vous avez l'illusion de la victoire.
–Il nous arrive de nous tromper… Je vous ai dit que nous avons un proverbe, qu'il n'est pas bon de se battre avec celui qui ne connaît pas le duel, mais à la fin, on y arrive quand même. Dites, dans les Carpates, vous avez des tranchées fortifiées ?
–Évidemment, m'empressai-je de mentir. Ah, dans les Carpates c'est autre chose… Nous avons des tranchées préparées depuis un moment, organisées à l'avance.
–De bons abris ?
–Oui, des huttes sous deux épaisseurs de rondins et un mètre de terre au-dessus.
–C'est tout? Bon, pour nos obus de 75… Mais ça ne résiste pas à nos 105, sans parler de ceux de 150… Et puis à la fin, même s'ils résistent, tout ça est vain si vous n'avez pas vous aussi de l'artillerie de 150 ou plus.
(p. 392)
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Cet évêque avait raison…
–Cela ne m'étonne pas que tu lui donnes raison… Les évêques ont toujours été d'accord avec les belles femmes. Mais maintenant je suis fatigué…
(p. 88)
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On dit souvent : les femmes ne doivent pas trop montrer leur corps alors « leur mystère et leur attrait disparaissent ». Comme si le mystère et l'attrait d'une femme se trouvaient dans son sexe et non dans son esprit. Certains vont plus loin et se demandent avec inquiétude, en entendant parler des progrès du nudisme : Comment ? Éliminer ce qui fait le mystère de la femme, les vêtements ? Mais alors elle avait féminité qui va disparaître ! Mais il y a des femmes nues comme une pomme et qui ont plus de mystère que des dizaines d'autres habillées jusqu'au menton.
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Mes pensées m’emportent comme un courant. Il y a en moi quelque chose qui répond à tout cela, des profondeurs… Une larme authentique en provoque toujours une autre dans d’autres yeux, par-dessus la raison, les instincts s’appellent et je comprends maintenant que les souvenirs aussi, ceux des autres et les nôtres, se répondent de l’inconscient comme se répondent dans la nuit les gardiens ou les chiens.

(p.102)
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Camil Petrescu
Jusqu’à vingt-cinq ans j’écrirai des vers, car c’est l’âge des illusions ; entre vingt-cinq et trente-cinq ans du théâtre, car il exige quelque: entre vingt-cinq et trente-cinq ans - du théâtre, car il exige quelque expérience de la vie et une certaine vibration nerveuse ; entre trente-cinq et quarante ans – des romans, parce qu’ils demandent une riche expérience de la vie et une maturité d’expression certaine. Et ce n’est qu’à quarante ans que je reviendrai à la philosophie.

(traduit du roumain par Florica Courriol)
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J’avais l’impression d’avoir de la fièvre, de ne plus être en contact avec les choses. Je n’aurais pas été capable de saisir le moindre objet avec ma main et autour de moi ce n’était plus des gens qui passaient mais des formes qui marchaient… Nerveux comme je l’étais, j’éprouvais le besoin de parler, même au prix d’un effort pénible.

(p. 256)
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Ni la manière brutale dont j’ai publié plus tard, avec quelques retouches, et à son insu, sans son autorisation, dans une revue à faible tirage, ces lettres qui n’étaient destinées qu’à moi seul et que j’avais reçues quelques mois plus tôt, ni la bienveillance dont certains critiques ont fait preuve à leur égard, ne l’ont fléchie. Son horreur de l’exhibitionnisme, même psychologique, avait été la plus forte.

(p.14)
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L’automne qui se prolongeait était encore beau mais il y avait ce jour là une lumière jaunâtre, brumeuse et un ciel effiloché et bas qui ne laissait pas monter les fumées ni l’odeur d’essence des voitures. Il ne faisait pas froid… à peine un peu humide. A la hauteur du boulevard de la Reine Maria, plein de vacarme et de véhicules de toutes sortes, les vendeurs de journaux criaient une édition spéciale… Malgré l’abus que certains petits journaux en ont pu faire, lorsqu’un des grands quotidiens d’information sort une édition spéciale, on ne peut réprimer un frisson, comme à l’annonce d’un événement d’une dynamique parfois incalculable dont la continuité de la vie et la volonté sont effleurées comme par de grandes ailes invisibles. Quelques lignes seulement , en lettres grosses comme des noix sombres dont l’encre vous collait aux doigts.

(p. 366)
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Sollicitée par mon regard, Émilie me renseigne avec le soin qu’elle mettrait à faire les présentations : « C’est mon fiancé. » Je suis instantanément envahi par un sentiment oublié, qui me pénètre tout entier, comme une éruption qui s’étend sur toute la peau… Je me rappelle le temps où, avec mes camarades de lycée, je fréquentais les bordels les plus misérables, sales et misérables comme seuls peuvent l’être les bordels d’une capitale orientale. (…) Eh bien, j’ai souvent vu, dans ces chambres, des cartes postales illustrées et des photographies dont j’ai longtemps cru qu’elles avaient été ramassées dans la rue ou volées à leurs destinataires dans le seul but de décorer la chambre de la femme et de lui donner l’illusion d’une vie de famille. Mais j’ai découvert un jour que ces cartes postales étaient bel et bien adressées aux femmes chez lesquelles je venais et contenaient d’authentiques faits de famille.

(p.79)
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[Au bord de la Mer Noire, à Movila] se rassemblait toute la jeunesse, le soir, après qu’elle s’était grillée pendant toute la journée sur la plage étroite et sinueuse. Les femmes, à peu près anonymes le jour, tandis qu’elles sommeillaient, mollement allongées sur des draps blancs, toutes pareilles d’une certaine manière, telles des brebis dans un parc à bestiaux, ou semblables, si l’on veut, les unes à de jeunes conscrits, les autres à des « girls » d’opérette, devenaient le soir des « dames ». Habillées, elles reprenaient une silhouette personnelle, une biographie et un nom, généralement très connu, car à cette époque venaient à Movila la plupart de ceux qui faisaient la prospérité et la mondanité de Bucarest…(…) La hiérarchie sociale, après l’anarchie et la promiscuité de la plage, se rétablissait ici… Les noms à patine aristocratique et parfois princière se regroupaient à part. Les hommes et les femmes qui avaient joué au bridge toute l’après-midi, après la sieste, en costumes blancs ou pull-overs de couleur, se retiraient à la fin du dîner qu’ils prenaient tôt.
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J’ai senti mes yeux se mouiller… Je suis bouleversé. Mais, tout comme en cas de guerre, lorsque deux citoyens d’un même pays se rencontrent à l’improviste en territoire étranger et doivent, pour ne pas se trahir, garder le silence, garder l’anonymat et s’ignorer, je souris d’un air indifférent pour ne pas éveiller les soupçons d’Emilie. J’ai tant de choses à apprendre…

(p. 140)
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Je prends une autre lettre et je lui demande en guise d’entrée en matière :
– Quand il t’a écrit celle-là ?
– Je sais pas, fais voir.
Elle se penche sur moi et la pointe de son sein me touche l’épaule… Elle cherche, perplexe. Ma chérie, ma, ma chérie, Je suis passé chez vous vers onze heures et demie et Valérie m’a dit que tu dormais encore… Je l’ai priée de ne pas te réveiller car tu avais bien mérité de dormir. J’ai été si heureux, Emy, à mon fauteuil d’orchestre, surtout après toutes les émotions de ces derniers jours… Ils ont failli retirer deux fois la pièce… Et quand j’ai vu, hier soir, après une si belle journée d’automne, qu’il se mettait à neiger, je me suis senti désespéré, tout d’un coup…Je suis même étonné qu’il y ait eu cinquante ou soixante personnes. Mais si avec une pareille salle tu es applaudie en pleine scène comme tu l’as été, ça veut dire que tu es une artiste exceptionnelle… Il y avait des larmes dans tous les yeux lorsque tu as crié, le visage grimaçant de douleur, les poings crispés, la poitrine projetée en en avant…
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Ça ne fait rien, jeune étourdi, tu recommenceras. Je ne cessais de répéter à haute voix, comme un enfant, le texte de ce télégramme et il ne cessait de m'attendrir comme la première fois [se souvient Fred]. Il y avait dans ces mots une familiarité un peu « quelconque », si l'on veut, mais ça lui allait, comme n'importe quel geste lui allait d'ailleurs. Elle possédait une élégance naturelle, vive, animale, si je puis dire, qui donnait aux mots un tout autre sens et qui faisait qu'elle pouvait se permettre n'importe quel geste, si risqué fût-il, n'importe quelle infraction aux principes élémentaires de l'élégance, au lieu d'y perdre, elle y gagnait, elle trouvait dans ces écarts audacieux de nouvelles sources de beauté.

(p. 281)
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Elle était alors [au théâtre], comme maintenant, passionnée, excessive, inutilement agitée. C’est elle qui m’a bien fait comprendre le sens de l’expression « lyrisme à froid » qui me vient à l’esprit en ce moment, tandis que je sens, collé à mon ventre comme un oreiller pesant et amorphe, le ventre de cette femme.

(p. 69)
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Ni la manière brutale dont j’ai publié plus tard, avec quelques retouches, et à son insu, sans son autorisation, dans une revue à faible tirage, ces lettres qui n’étaient destinées qu’à moi seul et que j’avais reçues quelques mois plus tôt, ni la bienveillance dont certains critiques ont fait preuve à leur égard, ne l’ont fléchie. Son horreur de l’exhibitionnisme, même psychologique, avait été la plus forte.

(p. 14)
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Cette attention intérieure, cette tension intellectuelle permanente de madame T., non seulement lui épargnaient de poser, elles mettaient aussi en valeur chacun de ses mouvements et leur donnaient une signification, tout comme un éclairage intérieur met en valeur la beauté d'un vase Gallé, [chez elle, la réflexion authentique], cela se sent comme le pouls de quelqu'un ou comme on peut constater en le touchant qu'un corps est vivant grâce à la sensation que donne la circulation du sang.

(p.282)
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Une véritable étreinte entre deux corps est belle comme une conversation entre deux intelligences dont aucune ne cesse jamais de comprendre l’autre ou comme un livre lu avec passion et dont chaque détail est compris et justifié.

(p.70)
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Ces femmes sont pour la plupart d’anciennes prostituées, des aventurières de fiacre à un seul cheval. La vérité, c’est que la souffrance causée par une femme d’intelligence supérieure, délicate, sensible, aussi capricieuse qu’elle puisse l’être, est comme une longue maladie, faite de longues rémissions passagères, de certaines voluptés dans la douleur, accompagnées d’un approfondissement personnel et de l’illumination d’un monde extérieur jusque-là insoupçonné, de ces maladies dont un écrivain (que j’ai lu quelque part) disait qu’elles développent l’intelligence. Mais s’il est vrai que la souffrance causée par une femme « bien » ressemble à la tuberculose, il y a dans la souffrance due à une femme vulgaire quelque chose de la cuisante exaspération d’une furonculose ou d’une maladie honteuse. Elle est intolérable.

(p.332)
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Le poète serait-il en vérité un spécimen voué à être fatalement et durement censuré par la mort ?

(p.351)
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