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Jean-Louis Courriol (Traducteur)
EAN : 9782877111638
378 pages
Jacqueline Chambon (19/05/1998)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Un après-midi d'août trop chaud, Émilie pour distraire Fred, son amant, lui donne à lire des lettres qu'un poète célèbre, qui s'est suicidé pour elle, lui a envoyées. Fred est bouleversé par cet amour trop grand qui fait resurgir en lui les souvenirs encore douloureux de Madame T., avec qui il vient de rompre. À travers ces destins croisés, Camil Petrescu fait revivre les années trente à Bucarest, une ville alors cosmopolite et brillante, .snob et résolument moderni... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le titre original de ce roman publié pour la première fois en 1933 est « Patul lui Procust » [Le Lit de Procuste]. Pourquoi ce changement de titre pour la traduction qui, par ailleurs, est de très bonne facture ?
D'aucuns considèrent que ce roman dense (voire prolixe) marque un tournant dans la conception du roman moderne de son auteur. La construction en est polyphonique, formée par le croisement de plusieurs voix narratives dont certaines semblent s'adresser directement à l'auteur. Il n'est pas toujours aisé de les suivre. le romancier, qui est aussi dramaturge, affirme compiler des « dossiers d'existences », d'où la diversité des formes d'expression : récits autobiographiques, lettres, discours, dialogues, articles de presse.
La problématique du roman est constituée par des rapports de couple plutôt complexes.
« Mes yeux, grâce auxquels je vois le monde, sont plus que jamais à moi et moi seulement, et c'est moi et moi seul qui me trouve derrière eux… », avoue Fred Vasilescu, le héros du roman qui aime Madame T. Leur amour est réciproque, mais cela ne les empêche pas de rompre.
Par ailleurs, on y trouve aussi une fresque assez pittoresque du Bucarest des années 1930.
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Deux héroïnes se disputent le premier rôle dans ce roman du roumain Camil Petrescu. L'une, la Madame T. du titre français, est d'autant plus présente qu'elle n'apparaît souvent que de manière détournée. L'autre, c'est la Bucarest des années 1930, croquée sur le vif alors qu'elle s'affranchit tout juste des rigueurs du XIXe siècle pour se lancer à la conquête des nouvelles modes avec toute la vigueur d'une jeune capitale. Bucarest sert de cadre omniprésent aux divers duos amoureux qui ponctuent les deux récits qui forment la plus grande partie de Madame T.
Lien : https://passagealest.wordpre..
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
On dit souvent : les femmes ne doivent pas trop montrer leur corps alors « leur mystère et leur attrait disparaissent ». Comme si le mystère et l'attrait d'une femme se trouvaient dans son sexe et non dans son esprit. Certains vont plus loin et se demandent avec inquiétude, en entendant parler des progrès du nudisme : Comment ? Éliminer ce qui fait le mystère de la femme, les vêtements ? Mais alors elle avait féminité qui va disparaître ! Mais il y a des femmes nues comme une pomme et qui ont plus de mystère que des dizaines d'autres habillées jusqu'au menton.
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[Au bord de la Mer Noire, à Movila] se rassemblait toute la jeunesse, le soir, après qu’elle s’était grillée pendant toute la journée sur la plage étroite et sinueuse. Les femmes, à peu près anonymes le jour, tandis qu’elles sommeillaient, mollement allongées sur des draps blancs, toutes pareilles d’une certaine manière, telles des brebis dans un parc à bestiaux, ou semblables, si l’on veut, les unes à de jeunes conscrits, les autres à des « girls » d’opérette, devenaient le soir des « dames ». Habillées, elles reprenaient une silhouette personnelle, une biographie et un nom, généralement très connu, car à cette époque venaient à Movila la plupart de ceux qui faisaient la prospérité et la mondanité de Bucarest…(…) La hiérarchie sociale, après l’anarchie et la promiscuité de la plage, se rétablissait ici… Les noms à patine aristocratique et parfois princière se regroupaient à part. Les hommes et les femmes qui avaient joué au bridge toute l’après-midi, après la sieste, en costumes blancs ou pull-overs de couleur, se retiraient à la fin du dîner qu’ils prenaient tôt.
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Je prends une autre lettre et je lui demande en guise d’entrée en matière :
– Quand il t’a écrit celle-là ?
– Je sais pas, fais voir.
Elle se penche sur moi et la pointe de son sein me touche l’épaule… Elle cherche, perplexe. Ma chérie, ma, ma chérie, Je suis passé chez vous vers onze heures et demie et Valérie m’a dit que tu dormais encore… Je l’ai priée de ne pas te réveiller car tu avais bien mérité de dormir. J’ai été si heureux, Emy, à mon fauteuil d’orchestre, surtout après toutes les émotions de ces derniers jours… Ils ont failli retirer deux fois la pièce… Et quand j’ai vu, hier soir, après une si belle journée d’automne, qu’il se mettait à neiger, je me suis senti désespéré, tout d’un coup…Je suis même étonné qu’il y ait eu cinquante ou soixante personnes. Mais si avec une pareille salle tu es applaudie en pleine scène comme tu l’as été, ça veut dire que tu es une artiste exceptionnelle… Il y avait des larmes dans tous les yeux lorsque tu as crié, le visage grimaçant de douleur, les poings crispés, la poitrine projetée en en avant…
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Sollicitée par mon regard, Émilie me renseigne avec le soin qu’elle mettrait à faire les présentations : « C’est mon fiancé. » Je suis instantanément envahi par un sentiment oublié, qui me pénètre tout entier, comme une éruption qui s’étend sur toute la peau… Je me rappelle le temps où, avec mes camarades de lycée, je fréquentais les bordels les plus misérables, sales et misérables comme seuls peuvent l’être les bordels d’une capitale orientale. (…) Eh bien, j’ai souvent vu, dans ces chambres, des cartes postales illustrées et des photographies dont j’ai longtemps cru qu’elles avaient été ramassées dans la rue ou volées à leurs destinataires dans le seul but de décorer la chambre de la femme et de lui donner l’illusion d’une vie de famille. Mais j’ai découvert un jour que ces cartes postales étaient bel et bien adressées aux femmes chez lesquelles je venais et contenaient d’authentiques faits de famille.

(p.79)
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L’automne qui se prolongeait était encore beau mais il y avait ce jour là une lumière jaunâtre, brumeuse et un ciel effiloché et bas qui ne laissait pas monter les fumées ni l’odeur d’essence des voitures. Il ne faisait pas froid… à peine un peu humide. A la hauteur du boulevard de la Reine Maria, plein de vacarme et de véhicules de toutes sortes, les vendeurs de journaux criaient une édition spéciale… Malgré l’abus que certains petits journaux en ont pu faire, lorsqu’un des grands quotidiens d’information sort une édition spéciale, on ne peut réprimer un frisson, comme à l’annonce d’un événement d’une dynamique parfois incalculable dont la continuité de la vie et la volonté sont effleurées comme par de grandes ailes invisibles. Quelques lignes seulement , en lettres grosses comme des noix sombres dont l’encre vous collait aux doigts.

(p. 366)
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