Kevin l'a [son père sourd] toujours vu s'exprimer par signes, il le comprenait instinctivement. Mais ils n'ont jamais été assez proches pour qu'il se définisse comme coda*, la LSF n'étant pas sa langue maternelle comme pour les enfants ayant grandi entre deux parents sourds.
* Child of deaf adult, "enfant de parent sourd" (p.72)
- Le regard, l'attitude des valides, l'inaccessibilité d'un monde créé pour eux seuls, la ghettoïsation des autres font autant de mal que les symptômes et ça, c'est à la portée de tout le monde d'y remédier. (p.30)
J'avoue que quand je dois incarner l'autorité et la répression, je rêve de reproduire tranquillement le schéma familial qui consisterait à dire : "Tu ne perds rien pour attendre, tu vas voir, quand j'en aurai parlé à ton père" en secouant mon doigt d'un air fâché. (p.22)
Je me précipite pour ramasser le kamikaze blessé dans son amour-propre et l'aide à s'appuyer au bureau en redressant le fauteuil avec mes pieds. (p.17)
C'est de la magie. Les gens en oublient leur xénophobie ou leur méfiance ordinaire. Je crois que je pourrais être cleptomane, nympho ou foldingue, le fait d'avoir élevé seule, et bien élevé, un enfant handicapé, m'idéalise totalement. (p.16)
Je ne crois en aucun dieu. Je ne suis pas vraiment syndicaliste, ni anarchiste, ni communiste, ni socialiste, ni centriste et encore moins de droite. Je ne suis pas raciste, no sexiste, ni fasciste. Je ne suis pas bobo bien-pensante. Je ne suis plus punk, ni branchée. Je n'ai jamais été B.C.B.G. Je ne suis pas arabe, africaine ou asiatique. Je ne me sens pas plus française que nancéienne ou lyonnaise. Je ne suis pas la fille d'une célébrité ou la femme de qui que ce soit. La seule certitude que j'ai, c'est d'être la mère de mon fils.