Citations de Carina Rozenfeld (237)
Après tout, qu'est-ce que l'âme,
qui fait de nous ces êtres sensibles, conscients ?
Se trouve-t-elle dans notre coeur ? dans notre esprit ?
L'amour n'est pas une valeur sûre ou éternelle. C'est quelque chose de fluctuant. Et il arrive que les sentiments disparaissent sans qu'il y ait une explication rationnelle. Et parfois ils reviennent. Souvent, ils s'enfuient définitivement.
Je me figeai quelques instants, incertaine. Chaque interaction humaine, si enrichissante fût-elle, était un grand moment de stress pour moi.
Elle accompagna ses paroles d’un geste pour rapprocher l’assiette de gâteaux, et je ne me fis pas prier pour me resservir. La sensation de faim était toujours aussi mystérieuse et curieusement agréable, parce qu’elle me faisait découvrir mon corps d’une façon étonnante. Mais celle de satiété était encore meilleure, surtout quand on se goinfrait de gâteaux aussi délicieux.
Jusqu’ici, je n’avais jamais réalisé combien mon existence était étriquée. Eva était la porte qui ouvrait sur un monde plus vaste, plus passionnant, et je ne pouvais pas m’imaginer m’en priver dorénavant.
J’avais momentanément été une femme, et j’avais aimé cela. J’avais ressenti tellement de choses, aussi bien dans mon environnement qu’à l’intérieur du corps d’Eva ! Je savais déjà que je ne pourrais pas m’empêcher d’y retourner. J’avais goûté à un fruit interdit, et j’en avais tellement apprécié la saveur qu’il fallait que je la retrouve, que je l’absorbe jusqu’à l’intoxication.
– Un baiser…, avait-iel chuchoté. Pourquoi me donnes-tu un baiser ?
– Pourquoi pas ? Faut-il une raison à chaque geste ?
Sa s’était redressé sur ses coudes, le sommeil encore posé sur ses traits tel un voilage opaque.
– Non, c’est juste… Un autre, donne-m’en un autre !
- Ne sois pas triste, mon amour. Nous avons la chance de pouvoir en vivre une. Non, moi, je suis triste pour ceux qui ne connaîtront jamais ces minutes précieuses…
- C’est ce que j’aime chez toi, Sa. Tu apportes de la lumière dans tous les endroits obscurs où m’entraîne mon âme.
- On ne peut pas empêcher l'océan de chanter, ma chérie. On pourra nous bâillonner tant qu'on voudra, les abysses continueront à fredonner, leur symphonie retentira toujours pour ceux qui veulent bien l'entendre...
La mélodie était alors devenue plus grave, plus triste. Un regret, une nostalgie qui avait pris Aby aux tripes. Quelque chose vivait là-dessous, quelque chose qui avait le droit de chanter, de faire de la musique, sans frontière, sans limite. Quelque chose qui l'attendait, elle, Abrielle.
1ère phrase: Tu seras prudent, n'est ce pas?
Dernière phrase: Leur joie mêlée de tristesse monta dans le ciel pur de la nuit, vers Luet qui les observait de son œil rond et attentif.
Autrefois [mon monde] m'était familier, normal, rassurant. J'étais à l'abri de tout : des émotions, du mal, de la violence. Et voilà qu'à présent, il me faisait horreur. Ici, j'étais coupée du monde, de l'essence même de l'humanité.
A nouveau, la vie coula dans mes veines, et je compris enfin pourquoi les humains aimaient.....s'aimer. Je voulais être humaine, je voulais aimer et être aimée en retour. Mon monde sec, silencieux, sans émotions me fit horreur.
Quand on était humain, quand on était vivant, le visage, ses expressions, la lumière dans les yeux, la forme d'un sourire, tout était tellement important ! Ils étaient un langage à eux seuls, ils étaient le miroitement de l'âme et j'apprenais lentement à les décoder.
La nostalgie de mon ignorance me laissait un goût doux-amer que j'allais avoir du mal à éliminer...
Le jour va se lever. Le premier, après toutes ces nuits...
Est-ce que je devais lui être reconnaissante, ou lui en vouloir d'avoir su avant moi ce que j'aimerais ?
Sans trop savoir pourquoi, je me mis à pleurer, mais mes larmes ne parvinrent pas à éteindre le brasier intérieur qui me consumait.
Je relevai la tête d'un coup et le dévisageai, les yeux écarquillés de surprise.
Il était vraiment spécial. Je n'arrivais pas à le cerner, à comprendre ce qui se cachait derrière son regard. On dit que les yeux sont les fenêtres de l'âme. Pas chez lui. Son âme s'y trouvait barricadée, secrète.
Nous restâmes un long moment à nous observer, nos doigts toujours connectés.
Je refis face à mon camarade et mon coeur se serra. Ses poings crispés, les bras tendus le long de son corps, la tête baissée, une larme unique roulant sur sa joue. Il était l'image même de la souffrance.
- Eidan..., murmurai-je, espérant l'arracher à ce qui lui faisait si mal.
Il se redressa, me regarda comme si j'étais une apparition, et fit un pas en arrière, telle une bête prise dans la nasse d'un prédateur. Se rendant compte de ce qui venait de se produire, il essuya son visage du revers de sa manche et regarda le public, épouvanté.
Il fit quelques pas dans le jardin, brandissant son appareil dans tous les coins, puis revint vers ses camarades qui n'avaient pas bougé.
- Rien, je ne capte rien. On est dans un trou paumé de chez paumé.
- Euh... c'est un peu isolé, certes, mais je n'habite pas dans un trou, protesta le géant d'une voix vexée. J'aime beaucoup ma maison.