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Critiques de Caroline Audibert (34)
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Nés de la nuit

C'est essoufflé que l'on ressort de cette lecture : une vie à hauteur de loup à travers les forêts italiennes et ce jusqu'au Mercantour . C'est en 1993 que le cadavre d'un loup y a été retrouvé, c'était le premier revenu en France depuis des siècles.

De sa naissance à sa mort, on ne relève pas le nez, on devient loup , on est loup.

C.Audibert est la fille de l'homme qui a découvert la dépouille, elle se glisse dans sa peau en une sorte d'hybridation pour raviver toutes les perceptions de l'animal. C'est exceptionnel.

On y croise tous les habitants de la forêts, des volants aux rampants, les cerfs, les ours même, les sangliers, nul n'est oublié. Mieux vaut ne pas être allergique à toutes les graminées écrasées sous les courses folles.

N'est pas oubliée la violence nécessaire à la survie de toutes les espèces, et le prédateur qu'est l'homme.

Un livre inclassable de 175p.

Merci aux Edts Plon et à Netgalley pour cette belle lecture.
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Nés de la nuit

Durant quelques heures, je me suis transformée. Par la grâce de l’écriture précise et imagée de Caroline Audibert, je suis devenue loup.

J’ai revécu ma naissance dans la forêt. Nous étions nombreux mes frères et moi, les yeux à peine ouverts à nous presser contre le flanc chaud de notre mère à la recherche des mamelles.

Bien vite, j’ai grandi, j’ai découvert les mystères de la vie sauvage avec ses habitants, qui pour certains me ressemblaient, pour d’autres j’ai une certaine méfiance. Amis ou ennemis.



Ah, que je vous raconte ! Un jour que je me promenais, le nez au vent, j’ai aperçu au détour d’un chemin une drôle de petite montagne parsemée de points noirs se déplaçant en tous sens ? ni une, ni deux, j’y enfonce mon museau et me voilà bien surpris des picotements ressentis à cause de ces minuscules bestioles qui me courraient dessus. Voilà, il faudra que j’apprenne à me méfier même des plus petits que moi, si je veux grandir et devenir aussi beau et fort que mon père.



Un jour, j’ai vu un être étrange, se tenant debout sur deux pattes, avec à la main, un drôle d’engin qui lâchait du feu. D’instinct, je me suis caché.



Un jour, je suis mort, lorsque l’on m’a retrouvé, j’ai été examiné sous toutes les coutures dans un laboratoire.



« Nés de la nuit » est un magnifique roman, hommage à la nature. A la faune et à la flore.

A travers ce texte, l’auteure nous fait prendre conscience de l’importance de la vie sauvage

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Nés de la nuit

« La vie d'un loup advient quand le ciel, quand les arbres, quand le vent, quand les humeurs lui disent combien ils le veulent, lui, gardien des forêts et des sources. » (p. 20) C'est donc un loup que le lecteur est invité à suivre. D'abord louveteau, puis adulte plein de vigueur qui parcourt les montagnes et fonde sa propre meute. Il est libre, maître de son territoire, jusqu'au jour où il est pris par les humains. « Je ne retournerai pas dans ma forêt. » (p. 77) Le loup est étudié, pesé, manipulé. On dit de lui qu'il est le premier, l'ancêtre de tous les loups de France. Désormais privé de grands espaces, de terre sous ses pattes et de vent dans sa fourrure, le loup regarde la marche du monde depuis des hauteurs mystiques. « La dernière de mes filles contemple la forêt. Et contempler, c'est déjà être fort. Son clan le sera. » (p. 98)



Avec cette fable antispéciste, Caroline Audibert chante son amour de la nature. Et je la rejoins dans cette harmonie qu'elle appelle de ses vœux. La nature humaine, parlons-en ! Dans son besoin de tout dominer, de tout plier à son ordre, elle nie les énergies millénaires qui animaient le monde. « La voix du berger est découragée, elle dit la fin d'un monde. Cet autre monde qui arrive ne sera pas tendre pour les loups. » (p. 113)



L'autrice s'affranchit parfois de la ponctuation pour montrer le bouillonnement de la vie, la hâte vitale ou des liens si forts entre les choses que placer une virgule n'aurait pas de sens. De même, d'une phrase à l'autre, elle fait passer les saisons, sans hiatus, dans une continuité organique évidente et inarrêtable. Au fil des pages, elle dépeint un ballet primal au sein duquel le loup n'a pas la place principale, mais tient un rôle indispensable pour la bonne marche de la nature. Il a autant de valeur que le champignon ou que l'aigle. Il évolue dans un monde uni et sans cesse renouvelé. C'est donc la colère qui naît en réponse à la violence injustifiée de l'homme et à la marche aveugle des engins. « Les hommes s'intéressent tant à nous qui ne cherchons qu'à les fuir. » (p. 78 & 79)



J'ai été saisie par ce texte puissant, étourdie par ce chant du loup, presque chant du cygne. Et surtout complètement convaincue par la revendication urgente de Caroline Audibert. « Réensauvageons-nous. Car tel est à mes yeux l'enjeu de l'époque. Faisons de notre cœur un pays de légende, ne mourrons pas de froid. Retombons amoureux de la Terre. Renouons avec les mythes. Écoutons les langues fauves, les langues nées de la nuit. » (p. 150)
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Nés de la nuit

Ce livre retrace la découverte d'un loup, dans le Mercantour, en 1993 mais propose bien plus encore une immersion violente, tangible et fascinante au sein de la vie sauvage. C’est un roman naturaliste et poétique qui nous fait voir la nature autrement voir même de manière intimiste par le biais du narrateur animal doté de pensées humaines et sensibles. A travers le regard du jeune loup du Mercantour se révèle un rapport intime entre la faune, la flore et l’homme. Toute l’ambiance et le mythe de la forêt, protectrice et dangereuse à la fois, est parfaitement retranscrit et rend la lecture haletante, Ce roman original souhaite nous sensibiliser à l’importance de la vie sauvage et à la nécessité du respect de toute vie animale et végétale. La scène finale avec une petite fille dans un musée peut laisser croire que les nouvelles générations seront plus réceptives au langage sauvage d’une nature à protéger..La lecture est courte et captivante et le message écologique passe de manière très naturelle

#netgalleyfrance #nesdelanuit
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Nés de la nuit

Attention, objet littéraire non identifié ! Vous êtes invités pendant 176 pages à vivre dans la tête d'un loup...sa naissance, son apprentissage, sa rencontre avec sa femelle, et puis sa mort, qui n'en est pas vraiment une car l'histoire continue...

C'est très descriptif mais pour autant très vivant, très incisif...Pour les amoureux de la nature, de la forêt, du vivant, c'est vraiment une lecture à inscrire dans sa PAL !

Merci à Netgalley et à Plon pour cette lecture.
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Nés de la nuit

Ce livre retrace la découverte d’un loup, dans le Mercantour, en 1993. Est-il à l’origine du retour de l’espèce, en France, alors qu’il avait disparu depuis les années 30 ? Son corps a été découvert par le père de l’auteure et elle donne la parole à l’animal.





La première page raconte sa naissance. Ensuite, nous le voyons grandir et évoluer au sein de son clan. Il décrit son rapport à la nature, aux autres animaux et aux hommes. « J’avance dans l’espace quadrillé des hommes. Ils dévorent les forêts. Ils ne laissent rien pour les bêtes. » (p. 53) Les arbres, qui sont les protecteurs des loups, sont détruits par des engins bruyants. Certains de ces hommes ont un long bâton, qui reproduit le bruit du tonnerre et retire la vie. On les voit à travers les yeux des animaux chassés.





Nous découvrons la vie en solitaire, puis celle en meute, lorsque le moment de perpétuer la vie arrive. Nous lisons comment s’établit la hiérarchie. On souffre pour le bébé le plus osseux qui n’a le droit qu’aux restes. Même la mort n’est pas une fin en soi. Notre héros nous rappelle le cycle de la vie. Les corbeaux, les fourmis, etc. tous s’en nourrissent. Les humains aussi veulent leur part « Les hommes nous préparent de funestes destins et nous vénèrent lorsque nous sommes morts. » (p. 134)





Au départ, l’écriture m’a déstabilisée. Le rythme est surprenant, la grammaire et la ponctuation m’ont perturbée, puis j’ai ressenti qu’ils correspondaient à la perception du canidé. Il a un afflux d’informations, qu’il délivre telles qu’elles lui parviennent, il ne les relie pas toujours entre elles, mais il les assemble en série de mots. Son langage est sensoriel et nous lui prêtons des émotions, alors que peu sont exprimées. C’est comme si elles nous parlaient de l’intérieur.





La présentation des Editions Plon indique que le précédent ouvrage de Caroline Audibert, Des loups et des hommes, paru en octobre 2018 dans la collection « Terre Humaine », a été couronné par le prix littéraire de l’essai « 30 millions d’amis ». Nés de la nuit est, quant à lui, un roman original qui rend un magnifique hommage à la faune et à la flore. A travers les yeux du loup, cet animal qui fascine, c’est toute la nature qui s’offre à nous et qui nous demande de la protéger. Ce texte est empreint d’un profond respect pour les animaux sauvages. J’ai été très touchée par ce livre, qui m’a donné une impression de conte poétique.





Je remercie sincèrement les Éditions Plon pour ce service presse.




Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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L'étrange féminin

Un hommage aux romancières gothiques, à la science-fiction, aux contes : L'Étrange féminin :

Un collectif inédit, 6 textes de fiction qui s'emparent de nos parts d'ombre pour questionner nos préoccupations contemporaines : l'émancipation féminine, la nature, la violence, la création.

Un beau projet et un beau florigèle de romancière renommées comme Bérengère COURNUT,

Hélène FRAPPAT ou Karin SERRES mais l'ensemble ne nous a pas convaincu... la plupart des nouvelles sombre dans une ambiance poético-mystico finalement plus ennuyeuse qu originale..dommage...
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Nés de la nuit

🐺 « Je commence à connaître le monde des hommes. Ils veulent savoir, prouver qui je suis. Il leur suffirait de me regarder, de me regarder vraiment, et ils sauraient. Mais les hommes ne regardent pas ainsi ». (P. 69)



🐺Nés de la nuit ou l’histoire d’un loup, le premier loup réapparu en France depuis des années, dans le parc du Mercantour. Son histoire se vit de l’intérieur, dans les profondeurs de la forêt, du fond de sa tanière, où odeurs et rumeurs se mélangent. Il y a celles rassurantes des siens, celles surprenantes des animaux et arbres qui les entourent, celles terrifiantes d’une « bête à deux pattes ». La terre se mêle au sang, à l’odeur chaude des carcasses encore frémissantes, à celle fraîche des glands tombés des arbres et des jours de printemps. Racontée à l’aune de ses sensations animales, dictée par l’instinct et la soif de survie, l’histoire de ce loup à travers les forêts françaises n’est autre qu’un combat pour reprendre sa place dans la nature, dans cet écosystème duquel il a été banni. Fascinants quand ils sont morts, on les trouve pourtant terrifiants lorsqu’il sont vivants. Telle est l’ambiguïté du loup, créature tout autant admirée que détestée.



🐺 Caroline Audibert livre un roman initiatique merveilleux, et ô combien nécessaire. Puisque l’homme est incapable de comprendre l’animal, il faut se mettre dans sa peau, sentir et vivre comme lui, il faut marcher des heures en quête de nourriture, sentir le déclin des forêts, refuge d’une faune sauvage présente depuis des millénaires, il faut ressentir l’instinct, le rythme des saisons, l’hiver qui exclue, qui fouette et qui ensevelit, le printemps qui apporte femelles et descendance, l’été qui livre ses brebis menées par l’homme, la fraîcheur que tous recherchent, et l’automne, terreux et misérable, qui arrache la vie, qui tonne. Il faut en arriver là pour comprendre l’importance du loup, sa rareté, sa légitimité, surtout. Il faut en arriver là pour comprendre l’absurdité de l’Homme, grand Régulateur par excellence, qui, du haut de ses deux jambes et armé du feu, extermine tout ce qui le dérange.



🐺 Voilà le premier livre de Caroline Audibert que je lis, et j’en suis émerveillée. L’intelligence de sa plume et l’urgence de la situation font de cet ouvrage un appel au secours, un besoin de conscience, une nécessité d’agir. Je suis certaine que nous ne pouvons continuer ainsi, et, comme le dit l’auteure, il faut nous « ensauvager ». Non pas vivre dans une cabane au fin fond de la forêt, mais plutôt essayer de comprendre les êtres qui nous entourent, comprendre leurs déplacements, leur évolution. Je suis persuadée, après la lecture de ce livre, que la maxime n’a jamais semblé si vraie : Homo homini lupus est.
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Nés de la nuit

Avec Nés de la nuit, nous pénétrons dans une narration originale – en tout cas, c’est une première pour moi -, puisque nous entrons de plein fouet dans l’esprit d’un loup sauvage, et pas n’importe lequel : ce loup, c’est celui qui est arrivé d’Italie, dans le Mercantour, en 1993, et qui a fait renaître l’espèce en France.



Nous le suivons dès sa naissance, à travers les forêts, les montagnes, parfois perdu au milieu des lieux domestiqués par l’homme, à ses risques et périls ; nous le suivons aussi en solitaire ou en meute, dans des moments de répit ou de danger, dans tous les cas dans tout ce qui fait la vie d’un loup, et même plus encore au fil du récit. Nous découvrons aussi progressivement la renaissance des meutes, entraînant sans surprise, du fait du nombre croissant de loups, des rencontres conflictuelles, parfois funestes, avec l’homme. Nous sommes ainsi embarqués dans une épopée naturaliste exceptionnelle, qui remet au centre la vie sauvage, qui nous montre ce qu’est un loup, dans toute son essence.



Malgré certaines répétitions, qui alourdissent parfois le propos, qui plus est dans un roman assez bref – elles n’en sont que plus visibles -, j’ai dévoré celui-ci, impressionnée par la capacité de Caroline Audibert à donner corps, de manière assez authentique à mon avis, aux sens et à l’esprit de ce loup sauvage, personnage à part entière d’une très grande richesse.



Je remercie les éditions Plon et NetGalley de m’avoir permis la découverte de ce roman, qui fut une très belle surprise.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Nés de la nuit

Nous faire naître dans la peau du loup dès les premières lignes est sans doute la plus belle réussite de l'auteur car la suite coule de source. Nous sommes le louveteau. Nous apprenons la vie, la forêt, la meute à travers lui. Nous devenons le mythe du loup.

Le loup est l'arbre, le brin d'herbe, la brebis, les odeurs. Le loup est un Tout.

Ce livre est plus qu'un roman, c'est un plaidoyer pour la Nature, c'est une façon de nous montrer comment habiter le monde. Aussi efficace qu'un manuel écologique..
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Nés de la nuit

Est-ce qu'il s'agit d’un roman, d’une légende… d’un conte… ? En fait, on ne sait pas trop…



La thématique est le retour du loup dans le Mercantour en 1993. Le récit est original parce que le narrateur est un jeune loup avec qui on va partager la route et le quotidien. L’écriture est particulièrement poétique, on baigne dans le monde de la forêt et il est très doux d’observer la faune et la flore ainsi que de ressentir les émotions humaines du loup, dont la peur, le danger et la violence ; ce qui rend la lecture haletante.



J’ai peut-être été un peu moins réceptive, attentive à la deuxième partie du roman… dédiée à la descendance du loup et à sa vie retracée au musée, pour l’éveil écologique des nouvelles générations.



Une découverte très agréable !
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Nés de la nuit

Effrayant, impressionnant, admiré, repoussé, chassé, voire tué... le loup suscite différents sentiments et réactions chez les êtres humains, qui ont oublié comment vivre avec lui. Et si nous commencions déjà par mieux connaître cet animal, personnage récurrent des contes pour enfants ?

Je vous invite donc à mettre de côté vos a priori, et à entrer, l'instant d'une lecture, dans son monde.



C'est un livre très bien écrit, avec un rythme induit par des structures particulières de phrases, afin de coller au mieux à l'univers des loups.

Pour ma part, l'objectif est atteint !

Quelle expérience incroyable de se glisser dans la peau d'un loup !

L'auteure a vraiment réussi à me faire vivre et ressentir la vie de ce canidé, et ses interactions avec les autres animaux, les végétaux, le soleil, l'eau... et les Hommes.



C'est une très belle approche pour mieux appréhender leur monde, la nature, la nature dont nous faisons partie.
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L'étrange féminin

« L'Etrange féminin » puissance et beauté. Entrelacs fabuleux, mains enlacées, l'écriture est une délivrance. Souveraine, elle aspire au calme dans cet entre monde. L'ouverture est une échappée. Un trésor à saisir à pleines brassées de ferveur. Valses des nuages, annonciateurs d'un sublime humble. Prendre le temps d'apprécier ces morceaux d'architecture de six auteures dont Lucie Eple a rassemblé l'épars lumineux. Boire à la source neuve, l'eau salvatrice, pure. Ne pas craindre les morsures d'un glacé frigorifiant. Les regards sont infinis, les sensations sont des apothéoses. Femmes cherchant des yeux l'autre rive étrange (ère). Sautant dans les flaques n'ayant de peur que la certitude. Femmes matrices, grottes abyssales, forêts ésotériques, le chant est beau. Dans cette nuit pleine, sombre ; les herbes endormies accueillent ces femmes sans retour possible sur le ferme de leurs jours. Sauvages, parfois arides, hostiles, les ombres sont pourtant des corbeilles de fruits. Elles ont si faim. Elles sont si attentives au passage d'un mystique, d'un signe vierge d'authenticité, de normalité. Elles sont de corps délié, autorisé à l'envolée des oies sauvages. Elles sont altières, magnifiques, abandonnées des terres existentialistes. Elles sont le linge frais claquant au vent. Signatures emmêlées d'un nihilisme à fleur de peau. Bousculées, enivrées de liberté elles plongent leurs regards dans l'aube qui renouvelle un chant, rien que pour elles. Vivre, être soi, sans fioritures. La nature semble hostile et pourtant c'est elle qui devine l'arrivée de ces femmes en quête de ce qui ne se perçoit pas dans l'ordre de la vie et des choses certifiées. Elle oeuvre à l'hospitalité des émotions, d'un lâcher-prise hors norme. On aime les rencontres paraboliques dans les clairières où l'homme n'a aucune prise. Ici, nous sommes dans l'intériorité, l'exaltation des vérités. Dans le cru des remontées des eaux, celles qui détournent le conformisme, l'ordre soumis aux diktats. Un fil d'Ariane invisible orne les six textes, magnétique, hermétique, l'abîme où faire son nid. Puiser jusqu'au creux de la nuit, dans cette littérature de renom, l'hommage venu des écrits qui deviennent des sceaux, « Heathcliff, l'enfant bohémien, comme on le dit dans le roman. » « Le pays nous happait. Revenir, comme revenir à soi. » Ce chef-d'oeuvre alloué est l'épiphanie des grandeurs. le Fantastique dans une aura qui se révèle. Ces textes des nuits régénératrices sont de : Caroline Audibert, Clara Dupuis-Morency, Hélène Frappat, Bérengère Cournut, Marie Cosnay, Karin Serres. Les illustrations étranges et gémellaires de Jérôme Minard. Publié par les majeures Editions du Typhon.
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Des loups et des hommes

Luperca. Cette louve qui a sauvé Romulus et Rémus d’une mort certaine est une légende mais par la mythologie elle représente ce que la nature a créé et qu’on ne peut dissocier : les hommes et les animaux, ces derniers étant présents sur terre bien avant le premier Homo. Une louve ancêtre pour bâtir non seulement Rome mais les fondements de la terre, du mont Palatin aux hauteurs du Mercantour.



Ce Mercantour où dans le début des années 90, Jacques Audibert retrouve le cadavre d’un loup. Dans le secret le plus total, le loup est examiné, autopsié, son ADN prélevé. D’où vient-il ? Qui est-il ? Où allait-il ? C’est le début d’une nouvelle odyssée, celle d’un loup qui était revenu dans l’Ithaque du Mercantour, la toile de la nature se reformant et c’est cette histoire que nous raconte Caroline Audibert, la fille de Jacques.



Autant le dire de suite, ce récit est un enchantement. Enchantement par l’écriture, enchantement par la rigueur des recherches, enchantement pour l’objectivité dont fait preuve l’auteure, ne mettant jamais dos à dos loups et éleveurs mais essayant de comprendre les deux parties.

Si vous avez eu la chance un jour de fouler le sol des alpages, vous vous y retrouverez instantanément en tournant les pages. C’est aller un peu plus vers le ciel, c’est sentir l’humus, ce sont des pierres qui roulent sous vos pieds, le froissement des végétaux, c’est la découverte d’une fleur, d’un papillon inconnu, l’espoir de rencontrer un animal dit sauvage et, aussi, l’écoute de la nature, celle de tous les bruits, de tous les silences, de tous les souffles représentant la liberté.



L’épopée romanesque va faire remonter progressivement les traces du retour du loup en France, arrivant probablement d’Italie (Luperca bis), décrire les phases d’adoption des nouveaux territoires et ses modes de déplacements dans la montagne, cette montagne aux couleurs de son pelage. Hélas, sa présence va semer la terreur parmi les troupeaux de brebis et le désespoir des éleveurs. Autant on souhaite que la nature reprenne ses droits, autant on ne peut rester insensible à la détresse de ces bergers devant un troupeau dévasté. Car ces bergers ne pratiquent pas une agriculture intensive, ils respectent leurs bêtes et tentent de leur offrir la meilleure vie possible en les faisant brouter dans les alpages, en leur faisant voir le ciel et le soleil. Une agriculture responsable loin des usines d’élevage où les animaux sont enfermés nuit et jour. Comment faire concilier les deux protagonistes, comment accepter le loup sans qu’il rentre dans la bergerie ?



C’est un travail sans relâche, parfois de Sisyphe, à la fois pour ceux qui veulent protéger la nature et ceux qui veulent maintenir une agriculture répondant aux normes de la bienveillance animale.

Du mythe d’Arcadie à la parabole des deux loups (histoire en forme de leçon de vie, envoyée par un détenu et à découvrir page 247), une lecture qui engage une réflexion sur le rôle de l’homme et ses limites. Car est-ce à lui seul de décider si telle espèce doit continuer à vivre ou non ? Est-ce à lui de prendre tous les pouvoirs ? Certainement pas. La nature reprend ou reprendra ses droits, parfois pour le pire à cause de la main de l’homme et non de la patte de l’animal.

A constatation s’ensuit à trouver des solutions. En dehors de la collaboration, le dialogue à entretenir entre bergers et défenseurs des loups, le meilleur atout pour aider l’homme est à nouveau un animal : le patou, ce montagne des Pyrénées qui sait défendre moutons et brebis comme son bien le plus précieux. Et puis, l’ancêtre du chien est le loup…

Chronique complète sur le blog
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Nés de la nuit

Caroline Audibert se fait loup pour mieux raconter son histoire de sa naissance à sa mort.

Elle décrit toutes ses sensations au contact de la nature, ses relations aux autres vivants ( animaux, plantes, arbres ) le danger que représente les hommes, sa vie au sein de la meute qu'il devra quitter pour fonder un autre clan.

A sa mort provoquée par une avalanche, le roman suit deux parcours. Dans le premier, il raconte ce qui arrive à ses restes, recueillis, nettoyés, momifiés puis exposés dans un musée ; dans le deuxième il parcourt le cycle de ce qui périt et renaît ( du loup au corbeau, à la fourmi, au blaireau, à la louve.)

L'autrice explique à la fin du roman la langue-fauve qu'elle a utilisée pour être plus crédible : beaucoup de mots, d'énumérations, une syntaxe simplifiée.

Projet louable sans aucun doute mais qui ne suffit pas à rendre le côté sauvage de l'animal ni la beauté de la nature.

Dommage, je suis restée confinée bien au chaud !
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Nés de la nuit

Il était une fois une jeune femme écrivaine et amoureuse de la nature qui depuis l’enfance était fascinée par le loup, son père ayant été le premier à retrouver la dépouille de cet animal dans le parc du Mercantour. Ce qui signifiait le retour du loup en France. Après avoir signé un foisonnant document en 2018 « Des loups et des hommes » dans la collection Terre Humaine, elle s’est transformée en loup, une Leto du XXI° siècle pour donner naissance à un roman absolument merveilleux et d’une originalité absolue, tant pour l’histoire que pour l’écriture.



De sa main devenue patte et avec peut-être le soutien d’Amorak, elle pose des mots dans les pas d’un loup qui raconte sa vie, sa mort, sa résurrection…



Quelque part dans les Alpes, un loup découvre la vie. Il joue avec ses frères et apprend avec sa Mère cette singulière aventure de bouger, manger, respirer un grand air, rencontrer fourmis au sol et chamois à chasser. De mousse en feuillages, il sème son empreinte dans la forêt à l’instar des animaux qui la peuplent. Jusqu’au jour où surgit un autre animal. Inconnu et bizarre. Il marche sur ses deux pattes et sa face n’a pas de poil. Il tient une espèce de grand bâton, vise sa Mère et ses frères. Un bruit assourdissant puis plus rien, depuis sa cache dans un tronc d’arbre, le loup regarde l’homme emporter sa Mère. Sauvé par un arbre. Puis par son Père ; son clan se reforme. Terre en mouvement, nature en mouvement.



De ce monde sauvage, Caroline Audibert en fait un terreau d’écriture, l’encre devenant humus, la page se transformant en versants, tantôt ubac, tantôt adret, les mots ondulant dans la mouvance d’un pelage fauve. Entre deux pages, on en vient presque à apercevoir ce loup qui raconte ses jours, ses nuits ; ses craintes, ses amours, sa chasse ; l’envie des brebis mais sa méfiance envers les gros chiens blancs. Et son adoration pour sa forêt et sa montagne qu’il arpente au fil des saisons en humant les odeurs tout en mettant ses cinq sens dans une vigilance absolue. Surtout envers l’homme. Un peu de Montaigne car le loup n’est peut-être pas si barbare que l’homme dit civilisé.



Ce loup a quelque chose de mythologique. Quand il trépasse, encore il passe. Il se métamorphose ; comme l’écrivait Ovide « toutes les formes sont faites pour aller et venir ». Mais c’est surtout une transformation proche du mirifique qui va entraîner le lecteur dans une autre dimension avec en transparence une philosophie à la Pythagore. L’âme du loup va devenir immortelle et se fondre dans des corps différents jusqu’à redevenir à nouveau un loup à travers les cycles de vie et de mort. Une renaissance perpétuelle par la transmigration de l’âme.



Véritable ode à la nature et à tout ce qu’elle déploie autour d’elle, ce roman est également une ode à la vie et à ses espèces qui font de la terre un mystère, une tragédie et un émerveillement. Un combat aussi.



Un livre peut-être né la nuit et qui mérite d’être mis au grand jour. Des ombres du crépuscule aux lumières de l’aube, c’est une symphonie pastorale avec pour chef d’orchestre un loup évoluant sur les cimes alpines et selves multiséculaires.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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L'étrange féminin

Des femmes- de l'étrange- des mots de femmes- des personnages féminins- l'insaisissable étrangeté qui les entoure- l'inspiration d'autres femmes- un monde incertain, vacillant et fragile- Un "chœur féminin", voilà ce nous proposent Lucie Eple et les éditions du Typhon.

Proposition originale et singulière- un recueil collectif écrit par des femmes, sans intention féministe, juste l'écriture au féminin à travers le prisme de l'étrange à sonder.

Six femmes, auteures contemporaines qui en écrivant chacune de son côté, indépendamment des autres, vont créer à travers ce thème imposé "un chœur indirect" (dixit Clara Dupuy-Morency), un chœur qui s'est constitué à distance, sans concertation et duquel émane pourtant la puissance des points communs, des résonnances, un esprit collectif, surprenant, donnant naissance à un recueil cohérent, sublimé par les paysages oniriques en illustration de Jérôme Minard.

Et le lecteur de constater que cette alliance "étrange-féminin" fonctionne à merveille et que finalement comme l'affirme Bérangère Cornut "les contraintes tendent plus fort" l'écrivain.

Cette ouvrage a poussé ma curiosité à le lire. Je suis très sensible à l'idée d'un recueil de nouvelles, forme trop boudée à mon sens par la littérature française contemporaine.

Bien sûr j'ai été plus sensible à l'univers et/ou à l'écriture des unes et des autres, mais j'ai été chaque fois surprise et parfois carrément émue à la lecture de ces textes marqués du sceau de l'étrange, de la plume féminine et d'une expérience sensorielle troublante. J'ai ressenti de vrais coups de cœur pour certains de ces textes. Caroline Audibert, sa poésie et son personnage insaisissable de Naïs; Clara Dupuis Morency et l'histoire d'une vampire cruelle et fascinante qui m'a rappelée La morte amoureuse de Théophile Gautier, Bérangère Cornut et son immersion extraordinairement sensorielle dans une nature à l'état brut, ou encore Karin Serres et son fascinant récit poétique et sensible qui clôt magnifiquement bien ce recueil.

De très beaux textes au cœur de l'obscurité d'un monde éclairé et magnifié par les mots de ces six femmes offrant six expériences de lectures en immersion dans les abysses profondes et irrésistibles de l'étrange.



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L'étrange féminin

Attiré par la présence de Bérengère Cournut, j'ai acheté le livre hier et l'ai dévoré en une soirée. Effectivement on peut être déstabilisé, car le livre n'entre dans aucune case. On n'est pas face à un produit formaté analysable en deux formules habituelles. Dans L'étrange féminin, le rapport au lecteur tient de l'envoutement et du bras de fer psychique : certains textes veulent faire plier notre réflexe d'homme conquérant, gonflé de nous-mêmes pour nous conduire ailleurs. Cet ailleurs, c'est l'endroit de la littérature, d'une certaine histoire féminine de la littérature qui s'accapare de la peur pour terroriser les doctes et ceux qui attendent régner. Bravo à toutes les autrices du recueil.
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Des loups et des hommes

Il est difficile, et c'est une réussite de Catherine Audibert dans son livre, de conserver une objectivité dans l'analyse de ce dossier particulièrement sensible, polémique et malheureusement politique : il est tellement facile de mettre de l'huile sur le feu d'un côté comme de l'autre.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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L'étrange féminin

Ce recueil de nouvelles est bien étrange, comme son titre le laisse présager. Ici pas question de rester les pieds sur terre, et nous allons même parfois flirter avec le fantastique. Six autrices contemporaines offrent chacune un récit, une nouvelle. Trois d’entre elles s’appuient sur des références littéraires, trois autres vont partir de leur seule imagination.



Pour les premières, nous retrouvons la nouvelle intitulée « Une robe couleur de souffrance », où Clara DUPUIS-MORENCY part de « La marquise de Sade » de RACHILDE, femme fascinée par la violence, dans un long poème gothique en prose et empli de souffrance. Hélène FRAPPAT s’inspire de la vie de Mary SHELLEY (la créatrice de « Frankenstein ») au XIXe siècle dans un récit fort et sombre, « Cette nuit ne finira donc jamais », où elle revient sur la mort de la mère de la petite Mary lorsque celle-ci n’a que 11 jours, cette même Mary qui, une fois adulte, perd son enfant et se voit en meurtrière. Doublement. Marie COSNAY choisit le classique « Les hauts de Hurlevent » de Emily BRONTË pour dresser un parallèle entre ce qu’elle y a lu adolescente et les échos avec son propre parcours dans les Landes. Un texte exigeant, qui convoque par exemple Énée et Didon.



Les trois autres textes, de pure invention ceux-ci, sont aussi signés par trois autrices. « La femme du fleuve » de Caroline AUDIBERT est un récit glacial où un violent orage tourne au déluge sous lequel se trouvent notamment deux véhicules. Le style de cette nouvelle est puissant et proprement apocalyptique, c’est celui qui entame le présent recueil.



Dans « Jaune vif, veiné de noir », Bérengère COURNUT présente une forêt onirique aux débuts de la création avec une créature mi-animale mi-minérale, dans un texte obscur, préhistorique et savamment mythologique.



Le recueil se clôt sur « Niglo » de Karin SERRES, un autre texte fort curieux où des translucides vivent dans un aquarium de laboratoire humain, celui des « nage-pas ». Les translucides sont avant tout utilisés pour servir de réservoirs à organes. Karin SERRES se plaît à nous plonger à la fois dans l’aquarium ainsi que dans un univers énigmatique.



Vous l’aurez compris, c’est le style fantastique qui prime ici, comme le laisse d’ailleurs présager la couverture datée du recueil. Bien que différents, les six textes choisis ont tous ce point commun de nous balader entre réalité possible, passé supposé et déformation du réel, interprétation. Ils sont à la fois imprégnés d’un gothique cher au XIXe siècle tout en restant très modernes sur la forme, tous avec une forte dose de poésie comme désespérée (pas toujours), ainsi que féminisme parfois sous-jacent. Ce livre sorti en 2020 aux éditions du Typhon en pleine pandémie est peut-être passé un peu inaperçu, il vaut le coup de faire un petit détour, ne serait-ce que pour les six écritures très accrocheuses des autrices ici présentes, et leurs univers originaux et désarmants, univers rendu plus distendu encore par les dessins de Jérôme MINARD.



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