Citations de Caroline Solé (129)
Afficher sa tête sur un écran, ce n'est pas un travail ni une création. Ce n'est pas un acte intéressant. Les réactions peuvent être violentes ou déstabilisantes, alors il vaut mieux avoir une bonne raison pour s'exposer publiquement. Et les reins solides. (p.231)
Mais la confrontation des idées c’est le début de la liberté, non ?
Jusque-là, je cliquais en pensant être à l’abri. Personne ne pouvait connaître mon historique de navigation, quels profils je consultais sur les réseaux sociaux. Oui, jusque-là, j’avais l’impression d’être un fantôme qui épiait la vie des autres sans déranger personne, et sans intéresser non plus personne, et je découvre qu’on me traquait, moi aussi. C’est violent.
Le coeur de mon cœur s'est fendu et c'est de l'amour qui s'en échappe, qui me fait trembler, pleurer et rire tout à la fois.
- On interdit aux enfants d'entrer dans un casino, enchaîne le pirate, pourtant ils peuvent rester des heures sur les réseaux sociaux.
- Ben ouais, c'est gratuit, intervient Ronan.
- Vous n'avez pas payé pour jouer au NƎB ?
- Ben non… murmure-t-on.
- Aucun joueur ni aucun spectateur n'a payé.
Alors comment le jeu génère-t-il de l'argent ?
- Avec la pub, répond Ronan.
- Mais il n'y a pas de pub dans l'interface du jeu ! Le contredit Amadou.
- C'est vrai, ça, j'ajoute.
- Il n'y a effectivement pas de spots de pubs comme à la télé, continue GRIMM. Ce que les concepteurs du NƎB ou des réseaux sociaux vendent aux annonceurs publicitaires, ce sont nos données: numéros de téléphone, mails, adresses postales, opinions politiques, religieuses, centres d'intérêt. C'est gratuit, car c'est nous le produit en vente.
p.182-183
On croit que je me fiche de tout parce que j'ai le nez dans mon carnet, mais je vois clair, en fait. Je veux dire, je vois plus clair en dessinant les autres qu'en les observant dans les yeux. Si je ne parle pas au lycée, ça ne veut pas dire que je ne m'intéresse pas. Il y a plein d'élèves qui m'intriguent, je me demande comment sont leurs parents, leur chambre, ce qu'ils font de leurs week-ends, alors je cherche des infos sur leurs réseaux sociaux. Je vois passer toutes les photos des soirées auquelles je n'ose pas aller, tous les évènements que j'ai raté à cause de ma peur de me déplacer. C'est frustrant, et même douloureux, de me sentir à la fois si proche de certains élèves et dans une bulle.
p.78/79
Quinze ans, c’est un enfant de cinq ans ; fois trois.
Quelqu’un pleure constamment en toi.
Ils préfèrent jouer près du fleuve, construire des cabanes et dessiner au Colorama.
Je suis tout seul.
Dans ma bulle, il n'y a personne d'autre.
Les villageois, conquis, repartent avec une bonne histoire glissée entre leurs tablettes de chocolat.
Tu voudrais sauter cette case. Être déjà sur la ligne d'arrivée. Mais le top départ n'a pas encore été donné, tes jambes flageolent, tu crains de t'écrouler avant même de t'élancer.
Ne t'inquiète pas, je suis là.
Et si je suis là, c'est que tu as survécu à ton adolescence.
- Et pourquoi il n'y a rien sur notre plaisir à nous ? s'interroge ta copine après avoir lu le livre.
Tu ne l'avais pas remarqué, comme s'il était normal que tout tourne autour du pénis. Et cela t'interpelle. Vous parcourez de nouveau toutes les pages, trouvez à quelques reprises le mot "vagin", pas une seule fois le mot "clitoris". Ce qui concerne la sexualité féminine reste secret, secondaire ou tabou, selon les âges et les sociétés. Décidément, ta curiosité se heurte à des portes fermées.
La lecture de Moby Dick te maintient la tête hors de l'eau.
Tu crois qu'on peut se débarrasser de son enfance en poussant brutalement la porte de l'indépendance et que demain la ville te tendra les bras.
Le temps nous glisse des mains, laissant tout juste quelques taches d’encre sur les doigts; des carnets secrets pour se rappeler.
My brain is on fire and I let flow my desire.
Pouvoir choisir précisément le mot qui sort de sa bouche, lui donner une teinte particulière, unique, qui reflète vraiment notre âme à un moment donné, c'est pourtant, selon moi, la plus grande des libertés.
On est peut-être tous des fêlés qui n'ont pas choisi leur famille, mais qui ont choisi de vivre, et qui l'oublient.
À mon avis, on sort du ventre seulement quand on sait qu'on peut y arriver. Quelles que soient les épreuves qui vont nous tomber dessus, on avait senti qu'on pourrait les supporter.
J'ai toujours manqué de motivation. En tout cas, on m'a seriné les oreilles avec ça, comme si j'étais un mollusque qui se traînait du canapé au lit depuis sa naissance. Je ne sais pas si c'est vrai. Peut-être me confiait-on uniquement des missions que je n'aimais pas, sans chercher à découvrir ce qui pouvait me faire vibrer ? Les profs me priaient de faire un effort. Moi, je priais pour qu'une tornade vienne secouer cette vie morne.