Citations de Caroline Solé (128)
Un type s'amènerait derrière moi et pointerait un révolver sur ma nuque en menaçant "la bourse ou la vie", j'éclaterais de rie. "Pas de bourse, mec, ni de vie. T'as braqué le mauvais numéro." Donc, pour la plupart des gens, ça, c'est un problème. Il faut avoir une bourse pleine et une existence enviable, voilà ce qu'ils pensent. Alors que c'est justement cette bourse et cette vie qui vont leur attirer des problèmes, non ?
La lecture de Moby Dick te maintient la tête hors de l'eau.
Si un jour, la célébrité vous tombe dessus comme la fiente d'un pigeon sur la tête, ne perdez pas de temps à vous pavaner derrière des lunettes de soleil : fuyez. Fuyez au plus profond de vous-même sans craindre votre ombre, elle ne mord pas.
Car le roman est un espace magique, où tout ce qu’on tait peut s’écrire. Parfois le seul lieu où s’exprimer et se réfugier quand la vie nous agresse. Quand on se sent mal comprise, ignorée, blessée. Frustrée.
« En ville, la pollution masque les étoiles. Je dois chercher longtemps avant de trouver la Grande Ourse. Et je n'ai pas intérêt à pointer quelqu'un du doigt ! Je me prends pour un espion en écoutant les conversations des passants. Parfois, je croise leurs regards et je les fixe pour attirer leur attention. Ils détournent les yeux. Ils doivent nous prendre pour des fous sur notre campement de fortune, pourtant ils me paraissent plus perturbés que nous. Ils courent dix lièvres à la fois, s'époumonent dans leur téléphone portable tout en retenant par leur col leur gamin colérique, leur sac tombe et ils ne s'arrêtent pas de parler pour le ramasser. Ils achètent un nombre incroyable de choses, on les regarde passer avec des paquets remplis de nourriture, de produits de beauté ou des vieux trucs trouvés dans des brocantes, on se demande bien avec Jimmy où ils peuvent entasser tous ces objets. On dort près des égouts, mais on se sent plus légers. Enfin, point de vue mobilier. »
Jusque-là, je cliquais en pensant être à l’abri. Personne ne pouvait connaître mon historique de navigation, quels profils je consultais sur les réseaux sociaux. Oui, jusque-là, j’avais l’impression d’être un fantôme qui épiait la vie des autres sans déranger personne, et sans intéresser non plus personne, et je découvre qu’on me traquait, moi aussi. C’est violent.
"Dieu, ne te dérange pas, on se débrouille très bien sans toi". Je ne sais pas pourquoi j'ai écrit ça. peut être ai-je pensé à un des types de Dieu? A quelqu’un qui aurait dû protéger et qui ne l'a pas fait.
Quand on touche le fond, il paraît qu’on ne peut pas chuter plus bas. Pourtant, tu as longtemps chuté d’un fond vers un autre fond.
Tu as cru que ça ne s’arrêterait jamais.
« J’aimerais pouvoir écrire simplement, d’un trait, ce qui me donne envie d’en finir, mais ce n’est pas évident de saisir un vague à l’âme. On peut lancer longtemps un lasso dans le vide. »
Voilà. Pas besoin d'en faire un roman, ma vie se résume en un mot : survivre.
À une fille, on parle toujours de la mère. De la sienne et de celle qu’elle deviendra, comme si c’était acté pour elle. Mais on parle rarement de la femme. C’est pourtant la question primordiale : quelle femme souhaites-tu devenir ?
Certaines personnes chercheront à répondre à ta place. Ne te laisse pas influencer par ces gens qui penseront savoir mieux que toi quelle femme tu devrais être. Vivre libre, c’est mener l’existence que l’on porte en soi. Et personne ne peut savoir, et encore moins te dicter quel doit être ton accouchement.
Ils ne s'aperçoivent pas qu'ils reproduisent tous les mêmes gestes en faisant glisser leur doigt sur leur portable, leur tablette ou leur lecteur mp3. Il adorent se prendre en photo avec leur téléphone portable. La main tendue devant eux, ils prennent un cliché d'eux-mêmes puis le postent sur les réseaux sociaux. Flash, flash, leur visage sur un écran.
Tout le monde veut devenir célèbre. Dans mon patelin, en tout cas, tout le monde en rêvait.
On partage le même trottoir, mais un fossé nous sépare. Pourtant, j'ai l'impression qu'on vit de la même façon. Ou plutôt, qu'on fuit la vie de la même façon.
Sa mère peine à soutenir son regard, si inquiète pour sa fille, pour les otages.
- Je ne te le dirai pas deux fois, maman : tu prends mamie et vous retourner à la maison en attendant mes instructions. Et si tu préviens la police, je les tue.
J'ai claqué toutes les portes, mais l'ombre du père s'est infiltrée en moi. Il m'empêche de dormir toutes les nuits. Des sacs plastique virevoltent dans le ciel de Chinatown, avec les fantômes de ma vie, là-bas, dans cette maison aux herbes folles où les mots sont remplacés par des gnons.
Tu voudrais mener une existence passionnante. C’est la routine, ta vie d’élève : l’emploi du temps, les devoirs, les contrôles, les récrés, les week-ends, les vacances, les rentrées.
Tu quittes le collège sans regret.
Toc, toc, toc, qui est la? Les coups qui lui parvienne aux oreilles évoquent a Lou l'histoire des trois petits cochons. Le loups rôde et elle s'emmêle les pinceaux en intégrant dans sa rêverie éveillée le Petit Chaperon Rouge.
Quand Akita ressent une colère noire, son corps devient chaud, tremblant comme s’il était parcouru par une vague incontrôlable et qu’un monstre allait sortir de sa bouche.
La première fois qu’elle a ressenti cette force mystérieuse et menaçante, il y a quelques mois, elle a pensé à un animal sauvage, celui qu’elle guette par la fenêtre : l’ours, le mammifère le plus puissant sur Terre.
« Terminée l’époque de La petite maison dans la prairie avec les enfants qui gambadent cheveux au vent parmi les poules, les chevaux, qui jouent tous ensemble dans les ballots de paille. Aujourd’hui, c’est l’asphalte, le surgelé, le mondialisé. C’est la portion individuelle, le mot de passe, la courte durée. Des emplois éphémères, des partenaires éphémères : des vies mâchées trop vite, sans goût. Je l’ai écrit dans une dissertation, le prof a marqué « hors sujet ». »
« J’en ai connu, des copains qui pouvaient rester enfermés, comme elle, dans leur chambre à tchatter, skyper, tweeter avec le monde entier sans sortir à l’air libre. Les autres, ils préféraient leur parler à travers un écran. Ils évitaient leur sueur, leurs mauvaises odeurs et ils pouvaient cliquer pour se déconnecter à tout moment. Rêver, c’est parfois le seul espace de liberté. »