Caryl Phillips

Je craignais la violence indiquée dans la 4e de couverture mais si le thème de la traite des noirs fait frémir d'horreur (comment les occidentaux ont-ils pu avoir de telles pensées sur les Africains, main d’œuvre utile et méprisée dans les colonies d'Amérique ?!), le roman se lit assez facilement... bien qu'il me laisse une sensation de flou.

Une demoiselle dans la trentaine est envoyée par son père dans la plantation sucrière des Antilles britanniques qui lui appartient mais qu'il ne gère que de très loin. L'abolition de l'esclavage commence à être une question de société.

Est-ce crédible qu'une femme parte ainsi à l'époque victorienne ? Je l'ignore mais ça permet de découvrir avec sa naïveté, son éducation de grande dame anglaise sans affection parentale et sa curiosité cette île à la nature (climat, flore, faune) et à la population (blanche, noire et créole) si différentes de sa patrie, et c'est ce qui est le plus intéressant même si cette femme ne permet pas l'empathie. Une île où les histoires ont des vérités incertaines...

Très beau livre mais quelque peu déconcertant au niveau de sa structure. Nous suivons différents personnages sur différentes époques (différents siècles) et différents continents. Les personnages essaient de survivre malgré la cruauté de la vie et de ce qui leur arrive. Attention, ce n'est pas très joyeux, nous sommes plongés dans des histoires très tristes, touchant à l'esclavagisme, au racisme, à la vente d'enfants, à la guerre et à la maladie (entre autres). Certaines choses m'ont d'ailleurs mise hors de moi !

L'auteur nous donne un bon aperçu des horreurs qui ont pu se produire et des difficultés rencontrées par des personnes africaines. Ces gens sont des esclaves ou des descendants d'esclaves, arrachés à leur pays et obligés à se convertir et à s'adapter à un autre continent.

Il y a bien sûr de nombreuses critiques, notamment de la religion chrétienne : comment peut-on se dire chrétiens et agir ainsi ?

Un père vend ses trois enfants à un négrier, nous sommes au début du XIXe siècle, l’un sera retrouver au Liberia, tandis que l’autre deviendra G.I. pendant la seconde guerre mondiale et la troisième est partie vivre sa vie au Far-West. Deux cent ans il attendra leur retour, entre culpabilité, souffrance, humiliation mais aussi l’espoir. Tout au long du roman il raconte aussi l’histoire de l’Afrique et de ses peuples, de la colonisation et du sort réservé aux locaux.

C’est bien écrit, plutôt touchant comme histoire que l’on voit à travers le prisme de l’Histoire, aucune précipitation dans le récit, on contemple, on observe mais jamais un jugement n’est posé et c’est ce qui m’a le plus plu. J’ai également beaucoup apprécié la forme, tantôt journal de bord, tantôt lettres écrites à un père, on découvre l’intrigue avec beaucoup de diversité.

C’est un beau roman que je recommande si vous voulez découvrir l’Afrique et les histoires de ceux qui la peuple. C’est aussi un bon moment de pause à savourer, ce n’est pas un coup de cœur mais c’est un beau livre.

Même si ce récit est beau, choral, et donne plein d'émotions, je suis un peu restée sur ma faim. 3 destins, 3 âmes perdues, un témoignage de plus des ravages de la colonisation, et de l'esclavage, peut-être est-ce moi qui en est trop lu?

Bref mitigée, même si c'est très bien écrit.

Une pièce de théâtre, dramatique, intense, très bien construite qui aborde plusieurs thèmes intemporels en trois actes : les secrets de famille, les rapports mère/fils et les problèmes d'identité suite à l'immigration.



"Mother" a quitté les Caraïbes pour se réfugier à Londres avec ses deux fils. Elle a travaillé dur, a tout sacrifié pour eux, pour qu'ils aient "une bonne éducation". Mais ses fils, devenus de jeunes adultes, ne trouvent pas leurs places et sont confrontés au racisme. En réaction, le plus jeune devient militant au sein des mouvements Black tandis que l'aîné saisit l'occasion de retourner pour 15 jours au pays.



Ce qu'il découvre durant ce séjour le perturbe beaucoup. Sa mère lui a mentit sur les raisons de leur départ des Caraïbes et la famille restée au pays ne l'accueille pas comme il avait imaginé. A son retour à Londres, il confronte sa mère et lui reproche son mal-être, il ne sait plus qui il est.



La pièce est d'une grande intensité. Les dialogues rendent bien la violence et le malaise qui habitent les deux jeunes gens.

Différentes images de l'esclavage, de la négritude, de la quête d'identité, du combat pour la survie. Magnifique périple sur trois continents et trois siècles mais pas sans unité, sans mouvement d'ensemble.