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Citations de Catherine Larrère (18)


L'historien et philosophe des sciences Georges Canguilhem en tire la leçon dans une conférence intitulée "La question de l'écologie", qu'il prononce en 1973 : "Il est certain que la croissance exponentielle des besoins énergétiques dans les sociétés industrielles (énergie alimentaire, énergie motrice) est, à terme, incompatible avec la limitations des ressources organiques et minérales offertes à l'espèce humaine."
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Le capitalisme suppose le déni de la finitude: pour qu’il puisse se développer, il faut que les désirs des individus soient illimités afin qu’ils consomment les produits de l’industrie et des services. Les ressources indispensables à la production nécessaire pour satisfaire ces désirs doivent de même être illimités. La croissance est ce qui dope le système économique, en garantissant la paix sociale en dépit des inégalités. Or, il n’est plus possible de tabler sur des ressources illimitées et sur la capacité de la planète à absorber une quantité croissante d’effluents, de déchets et d’artefacts. Depuis l’industrialisation, notre prospérité tient à l’extraction de ressources fossiles a a pour effet de dérégler le climat et d’éroder la biodiversité. (p. 68-69)
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Si nous ne transformons pas notre vie sociale, nos rapports à la nature vont se détériorer jusqu’à rendre notre vie sociale impossible.
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Catherine Larrère
Notre destin, aujourd’hui, ressemble à celui des habitants de l’île de Pâques : il n’y a pas de rupture brutale de l’écosystème, mais une dégradation continue des conditions de vie. La menace d’une catastrophe imminente n’est pas ressentie comme plausible par les gens, et l’effondrement progressif leur échappe.
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Qu'est-ce que la crise environnementale ? Une multitude de dommages précis, de pollutions localisées, de dangers identifiés, mais aussi des catastrophes exemplaires (Seveso, Bhopal, Tchernobyl, la "mort de la mer d'Aral", les "marées noires") et jusqu'à la probable menace qui pèse sur nos ressources (érosion de la diversité biologique, déforestation des régions tropicales) ou sur notre vie (déchirure de la couche d'ozone, effet de serre...).
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C'est ce que nous avons appris pendant la crise du coronavirus. On a besoin de l'État. Sans État, pas d'hôpitaux, pas de chômage partiel, pas de maintien des services essentiels... S'il n'y a pas eu d'effondrement, c'est que l'État a tenu. Mais s'il a tenu, ce n'est pas tant grâce à la gestion avisée d'un executif qui a plutôt acumulé les retard, les imprévoyances, les négligences et les bévues, qu'aux très nombreux travailleurs qui ont continué d'assurer les services vitaux - des travailleurs qui sont d'ailleurs surtout des travailleuses, ce qui attire l'attention sur la hiérarchie des travaux et leur distribution selon le genre. C'est cette base sociale de travaux sous-payés, invisibilisés, ignorés, tardivement reconnus pendant la crise, qui a évité la catastrophe annoncée.
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(p. 173)
Pour échapper à la sidération que peut provoquer la hantise de l’effondrement, il nous faut retrouver confiance dans notre capacité d’agir. Pour cela, nous devons nous déprendre du point de vue exclusivement global qui ne met en avant que notre impuissance. C’est d’autant plus difficile que l’histoire de l’environnement a été massivement construite comme une histoire globale. (…) Ce que [la connaissance de l’écologie] gagne en généralité, elle le perd en précision. Elle ne rend pas compte de la diversité des situations sociales et environnementales du monde. Elle ne nous livre pas les moyens qui nous permettent d’avoir prise sur elles et renvoie systématiquement le reflet de nos échecs, de notre impuissance.
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p. 89, Edgar Morin a écrit dans Le Monde en avril 2020 à propos de l'épidémie du Coronavirus : « Toutes les futurologies du XXe siècle qui prédisaient l'avenir en transposant sur le futur les courants traversant le présent se sont effondrées. Pourtant, on continue à prédire 2025 et 2050 alors que l'on est incapable de comprendre 2020. L'irruption de l'imprévu dans l'histoire n'a guère pénétré les consciences. Or, l'arrivé d'un imprévisible était prévisible, mais pas sa nature. D'où ma maxime constante "Attends-toi à l'inattendu"[...]. Sachons enfin que le pire n'est pas sûr, que l'improbable peut advenir et que, dans le titanesque et inextinguible combat entre les ennemis inséparables que sont Eros et Thanatos, il sain et tonique de prendre le parti d'Eros. »
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Dans quasiment tous les pays (et en particulier dans ceux à qui s'adresse le discours effondriste), on a assisté à la remise en cause de l'Etat Providence : délitement du secteur public (par rigueur budgétaire ou privation partielle), abandon d'avantages sociaux acquis de longue date, dérèglement des marchés, etc. Quasiment tous les gouvernements subventionnent les entreprises qui exploitent les énergies fossiles ou qui détruisent l'environnement ; tous répriment les résistances qui se font jour, tout en ne se mobilisant guère pour réprimer les évasions fiscales et la délinquance en col blanc. Mais ils le font de façon plus ou moins radicale. Il vaut mieux vivre (surtout quand on n'est pas un "premier de cordée") dans un pays où les manifestations politiques et les luttes sociales ne sont pas trop durement réprimées.
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Quand les collapsologues écrivent que « nous sommes confrontés » un effondrement systémique et que ce qui est en cause est « notre » civilisation techno-industrielle et « notre » mode de vie, de quel « nous » s'agit-il au juste ? Le discours collapsologiste s'adresse « à des gens dont le monde tiens encore à peu près, vaille que vaille, et qui jouit d'un certain niveau de confort, bref, des gens qui ont quelque chose à perdre ». Il ne concerne ni ceux qui n'ont quasiment rien ou qui ont déjà tout perdu, ni ceux qui bénéficient du système et qui s'entendent à faire tourner les catastrophes à leur profit, sachant depuis longtemps faire payer par les pauvres et les anciens colonisé les dégâts donc ils sont largement responsables.
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Que faire dans une telle situation d'imminence constante ? Faire comme si la catastrophe pouvait se produire à tout instant ? Cela coûterait fort cher et provoquerait des critiques outrées si la catastrophe ne se produisait pas et que l'argent avait été dépensés en vain. Autant ne pas en tenir compte : c'est la conduite la plus rationnelle si l'on raisonne en terme de coût/avantage. Que la catastrophe sois constamment possible sans que l'on sache précisément quand elle arrivera incite les grands de ce monde à ne pas changer de comportement et donc à ne pas se départir du business as usual, quitte à prendre des mesures pour limiter la casse et à se mettre plus ou moins à l'abri. Elle ne favorise guère plus la détermination des citoyens à mobiliser d'urgence toute leur énergie pour affronter les tendances lourdes de la société que les gouvernements défendront bec et ongles.
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On peut au contraire être convaincu qu'une transition écologique réussie ne peut se limiter à la substitution des énergies renouvelables aux énergies fossiles, mais passe par une transformation des modes de vie dans la perspective ouverte par les théories de la décroissance : une vie plus sobre, plus ouverte au partage, redonnant une place aux biens communs, développement des formes de vie démocratiques... Faut-il pour cela être collapsologues ?
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L'objectif du développement durable est la continuité des processus : polluer moins pour polluer plus longtemps, pour le dire de manière quelque peu caustique.
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L'histoire qui mène à la dégradation actuelle de la planète est celle de la recherche du profit, de l'exploitation des travailleurs, de la domination des colonies et de la mise en coupe réglée de la nature, que son appropriation tend à détruire. Un certain nombre d'historiens ont ainsi proposé de parler de capitalocène.
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Certes, toutes les espèces modifient leur environnement, mais si l'humanité est la seule à l'avoir à ce point altéré, c'est aussi la seule à être capable d'en prendre conscience.
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Ce qui caractérise le changement climatique, c'est que, quel que soit le lieu d'émission des gazs à effet de serre, ils se concentrent dans l'atmosphère, et leurs conséquences sur le climat affectent toute la planète. La question devient alors celle de la capacité des interventions techniques humaines à modifier la Terre dans sa globalité et en affecter les habitants, humains et non humains. (Anthropocène)
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p. 162 :
"Aussi, le plus mauvais service que l'on puisse rendre aux collectifs en lutte pour la défense de leurs milieux de vie est-il de "penser la rupture" (celle de l'effondrement) "plutôt que les continuités" (celles que leurs mouvements tissent patiemment dans les ruptures en cours). D'où les dangers d'une trop grande focalisation sur l'urgence. Ouvrir les possibles, c'est admettre que le temps se prolonge."
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p. 152 : "La collapsologie, [écrit Pierre Charbonnier] se trouve au croisement du développement personnel et de la vie simple : entre Boris Cyrulnik et Pierre Rabhi."
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