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Citations de Claire North (258)


L’aube se lève dans les rues de Venise. Sa lumière grise baigne les îles de la lagune, traverse les ateliers endormis de Murano puis l’orgueilleuse Place Saint-Marc, bâtie pour défier l’ambition byzantine, longe les eaux paisibles du Grand Canal jusqu’à atteindre San Polo, où se révèlent les trésors de Thene.
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L'homme a appris à sculpter avec les outils de la nature, mais il n'a aucune vision de l'oeuvre qu'il est en train de créer.

p411
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Harmony trouvait la gentillesse plus difficile à supporter que le mépris. Le mépris, elle pouvait l'encaisser, tisser autour d'elle une armure, un mur de colère, d'hostilité et de douleur. Le mépris était chaud et brillant, redoutable. La gentillesse réduisait à néant le peu de forces qui lui restait, si bien qu'enfin elle raconta tout.
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Nous marchons un peu en silence. La cité se resserre autour de nous ; nous nous écartons de plus en plus du Grand Canal, des rues passantes de la ville, pour visiter des voies sombres, des voies étroites, les ruelles et les cavernes formées par les maisons en saillie ; nous traversons des cours d’eau trop étriqués pour les gondoles mais trop larges pour être qualifiés de caniveaux, nous dépassons des sanctuaires consacrés à des saints en pleurs et des héros martyrs, des braseros autour desquels se rassemblent les mendiants et les dames de la nuit frigorifiées pour réchauffer leurs doigts blanchis. Nous marchons, nous marchons à travers des rues qui ne changent jamais, où le sang est aussi vieux que la pierre, le sang d’antiques familles dont les grands-parents ont été nourris par l’eau de la lagune qui aspergera un jour le front du nouveau-né destiné à porter le même nom dans la même maison, la même rue de cette cité figée qu’est Venise. Nous marchons et nul ne connaît notre importance ni notre force, nul sauf ceux qui savent et en qui nous saluons des inconnus familiers, des amis méconnus. Nous marchons.
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Alors qu'ensemble dans l'obscurité elles chuchotent en toute discrétion, un voile couvrant le visage d'une des femmes, un masque celui de l'autre, avec la lumière du feu de cheminée et le vacarme des ivrognes dehors, dans la rue, la Reine de Coupe, Pisana, femme de lettres et dame de la nuit, déclare :
« Faliere est tellement froid que je commence à me demander s'il est seulement humain, si c’est un homme ou une statue animée à laquelle il arrive de chier et de cracher, mais qui ne montre pas davantage que ces fonctions naturelles.
-J'en déduis que vous n'avez pas réussi à infiltrer sa maison, murmure Thene.
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Un batelier décharge des tonneaux de serpents vivants. Il a récolté dans les marais de l’est ces grandes masses enchevêtrées, rouge, noir, marron, vert, dont les éléments cherchent à se mordre les uns les autres tandis qu’on les accroche au bout d’une perche. Sa fille de quatre ans, assise à l’avant de la péniche, joue avec un tout petit reptile curieusement épris de la courbe de son poignet, jusqu’à ce que le frère de la fillette, dix ans mais déjà de taille adulte, empoigne l’animal par sa gueule ouverte et le jette avec ses pareils, le condamnant à un destin culinaire ou médical.
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Le passé est le passé. Tu es vivant aujourd'hui, c'est tout ce qui compte. Tu ne dois pas oublier, parce que tes souvenirs sont ton identité, mais tu ne dois pas non plus nourrir de regrets. Jamais. Regretter ton passé, c'est rejeter ton âme.

p211
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New York, l’été. Une ville à deux climats. Dedans, l’air conditionné abaisse les températures jusqu’au froid arctique ; dehors, les ventilateurs extracteurs ajoutent à la chaleur déjà miroitante jusqu’à ce que l’air même semble fondre et couler sur la peau en un désespérant déluge de transpiration.
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Venez.
Observons ensemble, vous et moi.
Nous écartons les brumes.
Nous prenons pied sur le plateau et effectuons une entrée théâtrale : nous voici ; nous sommes arrivés ; que fassent silence les musiciens, que se détournent à notre approche les yeux de ceux qui savent. Nous sommes les arbitres de ce petit tournoi, notre tâche est de juger, restant en dehors d’un jeu dont nous faisons pourtant partie, pris au piège par le flux du plateau, le bruit sec de la carte qu’on abat, la chute des pions. Pensiez-vous être à l’abri ? Croyez-vous représenter davantage aux yeux du joueur ? Croyez-vous déplacer plutôt qu’être déplacé ?
Comme nous sommes devenus naïfs.
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Le grand jeu est pour bientôt.

Pas encore, pas encore, le plateau n’est pas tout à fait prêt, les pièces ne sont pas en place, mais il est pour bientôt. Pourquoi ne nous a-t-elle pas détruits ? Elle si belle, en tout point si gracieuse, pourquoi ne nous a-t-elle pas écrasés quand nous étions tellement plus faciles à écraser ?

Peut-être parce qu’en tout point, le jeu le plus grand est celui qui apporte le plus de plaisir.

(Incipit)
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Nous voilà arrivés — enfin ! —, nous voilà tout au bout.
Nous pratiquons ce jeu depuis si longtemps, vous et moi, sans jamais effectuer le moindre déplacement.
Venez, à présent, venez. Le plateau est disposé ; les cartes sont prêtes.
Le denier qui a été lancé doit enfin retomber.
(Incipit)
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Perdre la courtoisie, c’est perdre le contrôle ; perdre le contrôle, c’est se perdre soi-même.
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Pour l'essentiel, ce que nous savons faire de mieux avec le temps, c'est le perdre.
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C'est l'histoire de la Maison des Jeux, où viennent s'affronter les plus glorieux, les plus anciens. Venez, rois et généraux, prêtres et empereurs, vous grands industriels et vous femmes de lettres, venez à la Maison des Jeux. Venez vous disputer la maîtrise d'une ville, la conquête d'un pays, la richesse d'une civilisation, l'histoire d'un palais, des secrets d'espions et des trésors de voleurs. Notre échiquier est ici un quadrillage posé sur la Terre; un coup de dés et des inconnus meurent; des cartes s'abattent, le denier tourne, tourne, tourne, et, quand nous aurons terminé, des armées seront décimées, le niveau des océans aura monté, et nous aurons gagné, nous vivrons, ou bien nous aurons perdu, nous mourrons.
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Une loyauté achetée avec de l'argent ne dure que jusqu'à l'offre suivante.
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Venise est un joyau de contradictions. Installés au bord de la lagune, vous et moi, nous observons le clair de lune plissé sur les eaux, sous un ciel piqueté d’étoiles. Comme les craquements des bateaux parviennent à nos oreilles, le parfum des poissons qui rissolent dans les poêles à nos narines, comme nous entendons les rires lointains et sentons la chaleur qui s’échappe d’une porte ouverte, nous comprenons que cette belle cité est sans conteste le paradis, et nous nous émerveillons de la grandeur des oeuvres humaines. 

Pourtant retournons-nous. Qu’y-a-t-il à présent là qui ne représente une menace ? Les ruelles trop sombres, les murs trop rapprochés, l’eau qui vous lèche les pieds, affamée, assoiffée de sang. Combien d’os ont-ils été dépouillés de toute chair par les poissons aux larges yeux qui échappent aux asticots et à la canne à pêche pour se gorger en de plus verts pâturages ? Combien des corbeaux nichant dans les plus hautes tours ont-ils, lors d’une nuit d’hiver gelée, fondu du ciel pour arracher un oeil fixe à un cadavre qui, le lendemain, n’aura pas de nom à inscrire sur sa pierre tombale ? Beauté et sang : le sang sublime-t-il la beauté ? La peau est-elle plus pâle lorsqu’elle est inondée de rouge ? Ou est-ce le sang lui-même qui est beau : les hommes flamboient sans doute plus fort lorsqu’ils savent risquer d’être noyés le lendemain.

Mais la vérité la plus terrible est peut-être la suivante : dans une cité aussi soumise aux marées que Venise, il est simplement trop difficile de trouver amour, loyauté et vérité ; on investit donc son coeur en d’autres vertus - passion, beauté, poésie et chanson -, en s’imaginant les ombres de la première aussi grandioses que l’amour lui-même.
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Mais la vérité la plus terrible est peut-être la suivante : dans une cité aussi soumise aux marées que Venise, il est simplement trop difficile de trouver amour, loyauté et vérité ; on investit donc son cœur en d'autres vertus - passion, beauté, poésie et chanson -, en s'imaginant les ombres de la première aussi grandioses que l'amour lui-même.
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Quelqu’un jura, lançant des mots que la brise emporta, puis on jura à nouveau : « Imbécile, imbécile, je t’ai dit d’attacher… »
Le vent emporta les voix.
Remy tourna plusieurs fois sur lui-même, écoutant, regardant.

Lors de sa troisième rotation, il vit enfin l’éléphant. L’ani­­mal était à moins de cinquante mètres de là et s’y trouvait depuis le début. Comment, se demanda l’Européen, une créature aussi massive et pesante pouvait-elle aussi bien se cacher ? L’éléphant le fixa, il fixa l’éléphant, ses oreilles qui chassaient pensivement les insectes posés sur sa peau plissée, sa trompe qui se tortillait comme s’il tentait de mastiquer l’air.
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Trop facile, trop facile pour un joueur, perdu dans sa propre astuce, d’oublier les mouvements des autres astucieux !
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Je venais de me lancer dans la quête traditionnelle de l'ignorant qui s'efforce de comprendre sa situation en tentant de communier avec une quelconque divinité dans le secret de son âme.
Je tenais là le même raisonnement que tous les kalachakras, ceux qui voyagent à travers leur propre histoire.

P106
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