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4.22/5 (sur 18 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1975
Biographie :

Journaliste, Cécile Hennion est grand reporter au journal "Le Monde" depuis 2004.

Elle a couvert de nombreux conflits au Moyen-Orient, zone dont elle est la correspondante.

En 2008, en Irak, elle a été agressée dans l'hôtel où elle logeait et gravement blessée.
Elle est basée à Beyrouth depuis 2009, où elle couvre l'actualité des conflits du Moyen-Orient.

Source : Ombres Blanches Toulouse
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A l'occasion du Prix Bayeux-Calvados, rendez-vous avec Patrick Chauvel, doublement récompensé pour son reportage sur la fin de Baghouz en Syrie, et Cécile Hennion, dont le livre "Le fil de nos vies brisées" sert de fil rouge à l'exposition "Alep-Machine". La Grande table Culture d?Olivia Gesbert ? émission du 29 août 2019 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/saison-26-08-2019-29-06-2020 Abonnez-vous pour retrouver toutes nos vidéos : https://www.youtube.com/channel/¤££¤15Alep-Machine6¤££¤6khzewww2g/?sub_confirmation=1 Et retrouvez-nous sur... Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture

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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Alors, aux fils de leurs vies, j'ai mêlé le mien. Malgré les blessures, beaucoup de mes interlocuteurs ont cultivé l'art de faire éclore l'humour et la grâce dans les recoins les plus sombres de leurs confidences. Ils entretiennent des fleurs fragiles au-dessus du marécage.
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Cécile Hennion
Un jour, j'ai sympathisé avec un vieil Alépin. Il était collectionneur de voitures anciennes et de dissques vinyles. Malgré les bombardements qui avaient éventré les murs de sa maison, transformé ses rideaux en lambeaux et recouvert le lit conjugal de strates de cendre grise, il lisait ses bouquins de poésie. Quand l'électricité le gratifiait de son exceptionnelle présence, il écoutait sa musique en fermant les yeux, prétendant fumer sa pipe (le tabac était trop rare et trop cher)) : l'image sereine du type en pantoufle qui attend qu'on l'appelle pour se mettre à table. Il est devenu mon mentor. SI j'ai tenu bon, c'est grâce à lui. J'aimais sa philosophie de la vie, et sa tranquillité. Tout n'était plus que vacarme et tumulte dans la ville, mais le vieux restait en suspension. Il lévitait au-dessus des ruines... Il avait décidé de rester quoi qu'il arrive. Alors, je suis resté, comme lui.
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Cécile Hennion
«Nous, le peuple, sommes des enfants de ce pays. Ce pays est le nôtre, on s’en fout de Bachar ! Jamais on n’avait imaginé qu’il nous chasserait de notre pays. Il nous a chassés, mais il n’a pas réussi à chasser le pays de notre cœur», dit Oum Ibrahim. L’abandon d’Alep inspire à ses habitants les mots les plus déchirants. «J’ai échoué, j’ai tout raté. Personne n’admettait ses erreurs. C’est pourquoi je suis parti. Tout le monde était blâmable : les honnêtes et les malhonnêtes, les bons et les méchants. Les pays voisins sont coupables eux aussi. Pourquoi auraient-ils voulu notre liberté quand ils la refusaient à leur propre peuple ? J’accuse aussi l’Europe et les Etats-Unis qui n’ont regardé que leurs intérêts, malgré leurs promesses grandiloquentes et leur ligne rouge infranchissable, au détriment de millions de nos citoyens qui les suppliaient de leur porter secours», soupire Akil avant de quitter sa ville. Evoquant l’atmosphère de fin du monde des derniers jours de guerre, la jeune Ola, troisième femme parmi les témoins du livre, veut s’accrocher aux bons souvenirs. «Il y eut tant de moments de joie ! J’en ai oublié les circonstances, mais l’important c’est qu’aux dernières heures de sa résistance, Alep-Est a formé une famille, une entité débordante d’émotions, de solidarité et d’amour.»
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Ah, qu'ils étaient beaux nos mômes ! Gracieux comme les roses. Ephémères comme les roses... La vie leur était ôtée, telles des herbes folles qu'on arrache d'un bouquet. Leurs rêves s'étaient perchés au firmament, en compagnie des anges et des martyrs, loin des réalités de notre ville.
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Notre peuple gravissait la colline pour boire le lait tiède dans le creux des mains du prophète. Voilà pourquoi, dans les ruelles de mon enfance, les nécessiteux ne réclamaient pas la charité ; ils s’adressaient aux passants en leur rappelant la nature généreuse de leur cité : « Du lait Ibrahim ! Du lait Ibrahim ! » Cette histoire magnifique, mon père me la contait encore et encore quand j’étais tout petit.
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Il nous fallait étudier, lire, apprendre et dîner, selon le rythme immuable qu’il avait fixé. Surtout, rester bien sages et silencieux. Chez nous régnait un silence absolu. Nous étions élevés dans un univers où les questions étaient proscrites. Or il y en avait tant ! Pourquoi, par exemple, les anniversaires n’étaient-ils pas célébrés chez nous ? Pourquoi mon père devenait-il invisible, comme frappé par un mauvais sort ? Pourquoi ma mère faisait-elle mine de ne pas s’apercevoir de son absence ? Chez nous, les questions n’étaient pas pour les enfants. Cette ordonnance paternelle n’était ni discutable ni discutée.

De toute ma vie, je n’ai jamais entendu une seule dispute éclater entre mes parents ; mes frères ont gardé le même souvenir de ce silence perpétuel et hégémonique. Cette atmosphère était encore plus insolite quand je la comparais à l’ambiance bruyante caractérisant les familles d’autres enfants de ma connaissance. Nous étions surveillés de près : avec qui nous jouions, qui étaient nos amis… L’arrivée d’un nouveau voisin suscitait la méfiance, plutôt qu’une bienveillante curiosité.
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J'étais un photographe couvrant les événements d'Alep, et les spectacles atroces des corps déchiquetés se reproduisaient à l'infini. J'ai découvert que la lentille optique protège la sensibilité du photographe : elle instaure un décalage entre la réalité tragique et l'émotion que celle-ci suscite.
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Il faut être terriblement résigné ou n’avoir jamais été jeune pour ne pas saluer la vaillance de ces gamins qui entreprirent un projet que ni le Régime ni la religion ne leur avaient enseigné : celui de s’emparer de leur destinée.

 
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Au temps de mon enfance et même de mon adolescence, personne ne s’intéressait à la religion. Aux heures régulières de la prière (excepté pour le sermon du vendredi), les quatre mosquées de mon quartier n’attiraient jamais plus de dix ou quinze fidèles chacune, et encore, seulement des vieillards décrépits. Quant aux Kurdes, ils ne priaient jamais. Ils se prétendaient musulmans mais, à mon avis, l’islam ils s’en fichaient. Mais bon, cela n’avait aucune espèce d’importance. Les enfants arabes, kurdes et turkmènes fréquentaient les mêmes écoles. On jouait ensemble au football.

 

Je ne veux pas insulter la mémoire de mon père, mais le pauvre n’était pas très éduqué. J’imagine que cela explique ses nombreuses bizarreries, tant dans son parcours professionnel que dans sa conception de l’éducation.
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À  part les mathématiques qui m’amusaient beaucoup, le moment que j’attendais avec impatience était l’heure de la sortie des classes. Mon école, située dans le quartier de Seif Al-Daoulé, n’était pas loin de chez moi et j’avais l’autorisation d’y aller et d’en revenir à pied avec aller et d’en revenir à pied avec mes amis, dans des concours de cavalcades et des matchs de foot le long des trottoirs. Le jeu le plus rigolo consistait à sonner à chaque porte de la ruelle, avant de nous enfuir et de nous cacher en nous esclaffant derrière les voitures. Les habitants de mon quartier étaient très gentils : à l’heure de la fin des classes, ils ne s’inquiétaient pas trop de ces sonneries retentissantes. La plupart d’entre eux ne se donnaient même plus la peine d’ouvrir pour voir qui les réclamait.
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