Cécile Pardi

Quand je me lève le matin, la maison n'est pas vide, la journée ne s'étale pas devant moi comme un terrain vague abandonné.

Moi, je vais te faire découvrir des livres sensationnels parce que tu sais, les livres, c'est comme les huîtres. Il faut en ouvrir beaucoup pour trouver des perles.

Au début, trouver un compliment par jour n’était pas si évident, surtout que je m’étais donné pour règle absolue d’être toujours sincère. Et puis, j’étais de nature assez timide et mes mois de chômage et d’isolement n’aidaient pas. Mais, le temps passant, je m’améliorais doucement. Comme je cherchais matière à complimenter, je devais trouver des choses positives. À force d’entraînement, je voyais moins ce qui clochait et davantage ce que la vie avait de joli.

Madame, c'est à moi de vous remercier. Fanette et vous m'avez ouvert les yeux sur quelque chose d'essentiel que nous ne devrions jamais oublier, surtout dans un lieu comme l'hopital. C'est l'humanité.

Ce qui compte, c’est que je me sente utile et mon salaire, c’est la satisfaction de créer du positif… Un peu de douceur dans un monde de brutes, tu vois ?

Cette rencontre ressemblait à des retrouvailles, comme si nous avions été amies ou sœurs et qu’après une longue séparation, nous faisions défiler les images du film de nos vies. Elle avait une façon très directe d’aborder les choses, un peu masculine, qui me plaisait beaucoup. Et aussi une qualité d’écoute qui poussait à la confidence. C’est pour cela sans doute que je lui ai parlé de mes missions de bonheur.

Ca tombe bien, le silence moi, ça ne me dérange pas. De nos jours, il se fait rare, les gens l'évitent. Moi, je l'aime bien, je l'utilise pour laisser pousser les choses? Les confidences, par exemple. En ajoutant du temps au silence, on fait des miracles.

On me considère comme un vieux yaourt, un déchet. On me conseille plus ou moins gentiment de me recycler. C'est déjà une bonne nouvelle : je suis recyclable ! Mais en quoi ?

Tu vois, tu peux rester zen. Pas la peine de s’énerver contre les mufles de cette espèce, ça leur retombe toujours sur le nez. Toi, ton job, c’est de faire tes missions de bonheur et même si les autres le comprennent pas, c’est pas grave. Tu restes sur ta ligne, tu traces ton sillon sachant qu’un beau matin, la vie te sourira. Je crois que c’est l’erreur que font beaucoup de gens. Ils arrêtent d’être gentils parce qu’il trouvent les autres ingrats. Mais il faut pas s’arrêter à un ingrat, ni deux, ni même trois ou quatre parce qu’un jour, Perrine, ça te reviendra…

Quand tu achètes quelque chose, ce n'est pas avec de l'argent mais avec du temps de vie, le temps que tu as passé à gagner cet argent. Tu as réalisé qu'en fait tu achetais ta voiture avec ta vie?

Et les deux chevaux soupirent de même. La voici au paradis. Dans cette communion intime et profonde avec ces animaux mystérieux. Avant eux, elle ne savait rien de cette béatitude.

.... les livres, c'est comme les huitres. Il faut en ouvrir beaucoup pour trouver des perles.

« Mais c'est formidable ! Parce qu'il y a tellement de livres ennuyeux qui auraient pu te dégoutter de la lecture. Moi, je vais te faire découvrir des livres sensationnels parce que tu sais, les livres, c'est comme les huîtres. Il faut en ouvrir beaucoup pour trouver des perles. Et moi, j'en ai ouvert des milliers. »

Je ne suis pas toujours en pleine forme ou parfois je ne trouve tout simplement rien de gentil à dire, car j’ai une règle très stricte : c’est la sincérité. Si je fais un compliment, il doit être cent pour cent sincère, sinon ça ne compte pas ! Et puis, bien sûr, il ne faut pas être blessant. L’autre jour, j’ai failli féliciter le poissonnier sur ses belles oreilles. Heureusement, je me suis rattrapée au dernier moment.

Petite, quand on lui demandait ce qu’elle voulait faire plus tard, elle disait qu’elle voulait faire l’amour. Elle ne comprenait pas les rires et les mines gênées des adultes. Elle voulait être dans son cœur et faire du bien.

Ça rend heureux de rendre les autres heureux !

Je l’ai trouvée ce matin sous le pont de la nationale. Elle était tellement faible et si sale que je l’ai crue malade ou blessée. Mais non, comme tu vois, il a suffit d’un repas, d’une sieste et d’une douche pour la remettre sur pattes !
– Tu vas devoir demander au vétérinaire de la région si sa disparition a été signalée. Elle doit appartenir à quelqu’un.
– J’aimerais tellement la garder… Qu’en penses-tu, Petite Bête ? Tu aimerais rester avec nous ?
Elle a répondu affirmativement en aboyant d’une belle voix claire. Cela nous a fait rire. Elle était avec nous depuis quelques heures et nous apportait déjà le bonheur.

Moi je vais te faire découvrir des livres sensationnels parce que tu sais, les livres, c'est comme les huîtres. Il faut en ouvrir beaucoup pour trouver des perles? Et moi, j'en ai ouvert des milliers.

Quand je me lève le matin, la maison n'est pas vide, la journée ne s'étale pas devant moi comme un terrain vague abandonné.

Il cachait son visage dans le revers de sa veste et je pouvais sentir toute sa honte.
La honte d’être là, humilié par la vie, réduit à demander la charité sur le trottoir, dans une rue de sa ville. Je n’ai pas pu lui donner une pièce, j’avais l’impression que cela aurait encore ajouté à sa déchéance.