Cédric Sire

Le village est livré à l'assaut du vent , aux cercles patients des vautours dans le ciel et aux yeux glacés des hyènes tapies à distance prudente pour l'instant mais qui se rapprochent lentement.

Il se retourna, brandissant un doigt d'honneur à l'intention de l’automobiliste, et son regard croisa celui d'une jeune femme qui se frayait elle aussi un chemin au milieu des voitures immobilisées. Cheveux noirs tressés. Maquillage charbonneux. La fille était mince, habillée tout de noir. Mignonne, songea Ariel.

Elle était tétanisée par la vision du loup dans son appartement. Il n'était plus de l'autre côté du miroir. L'animal se trouvait bel et bien là. Chez elle. Dans le monde réel. Elle ne put s'empêcher de se demander de quel miroir il avait pu jaillir, celui-là, avant de se dire que c'était ridicule, les loups ne voyageaient pas à travers les miroirs.

Un tueur masqué, ici, se serait parfaitement fondu dans le décor.
Et l'avait peut-être fait. Pour épier sa proie.

Un cœur malade ne guérit jamais.

- J'écris des romans...

- Une écrivaine. On dit comme ça ?

- Je crois que plus personne ne sait comment on dit. Personnellement, je préfère le neutre. Écrivain.

Le sang a éclaboussé les murs, la moquette, les fauteuils en cuir. Les projections ont atteint jusqu’à la baie vitrée. A la lueur des éclairs, il s’écoule, doucement, imitant la pluie au-dehors.
Tout ce sang merveilleux.
Cette éternelle source de pouvoir.

La magie n’aimait pas la lumière du jour, il avait assez de bon sens pour comprendre cela.
Il se retourna donc vers le sentier.
Il vit que les animaux s’étaient rassemblés en cercle compact autour de la clairière, de tous côtés.
-Nenia

Marie n’eut pas à regarder sa copine pour se rendre compte qu’elle allait se laisser embobiner par le type. Liz aurait suivi les yeux fermés n’importe quel mâle aux cheveux longs qui se donne une apparence intellectuelle. Or Marie n’aimait pas ce type, ses manières efféminées, son look de dandy de carnaval…
-Nocturnes

- Dites… Votre nom de famille… Il est connu, non ?
Thomas est habitué à cette question. Il sourit poliment.
- C’est à cause de Robert Stevenson.
- Ah ?
- L’écrivain.
- Oh, je vois, dit la jeune femme qui ne voit rien du tout.

La fille s'appelait Éloïse Lombard, elle avait seize ans, et à présent elle savait qu'elle allait mourir. Il était évident que ses ravisseurs comptaient la tuer.

- Sur votre ordre, mon colonel. Nous étions vos marionnettes. Vous nous avez donné vie. Vous avez cru pouvoir nous la retirer tout aussi facilement. Le pire, c'est que vous avez presque réussi....
page 518

On savait tous qu'il avait reçu des pressions d'en haut pour que son expérience cesse. Mais on n'aurait pas pensé une seule seconde que, dans sa logique tordue, la solution la plis simple pour dissoudre l'unité serait de l'effacer physiquement. Quel meilleur moyen de se débarrasser de personnes qui n'existent plus? Les envoyer dans une mission qui n'existe pas plus qu'eux, dont personne n'entendra jamais parler. Le néant annule le néant...
page 489

Si cette vie m'a appris une chose, c'est bien que les gens sont capables de l'impossible, quand ils sont suffisamment aux abois. Vous avez l'air aux abois, Olivier Salva. A vous de décider à quel point.
page 459

On est tous responsables de nos actes. A la fin, on en paye tous le prix.
page 319

Des rumeurs commencent à se répandre.
- Les rumeurs sont bonnes pour apporter la peur.
-Les rumeurs sont un cancer, mon colonel. Si quiconque se doute de votre petite expérience, c'est tout le service qui sera pointé du doigt.
Silence. Souffle lent. Tension.
- Quelle serait la solution, selon vous?
-La dissolution pure et simple de l'unité. Je ne vois rien d'autre.
page 232

A la radio, Depeche Mode succède à Death In Vega. Puis David Bowie rappelle que tout le monde peut être un héros un jour. Un jour.
Quelle bêtise.
Il n'y a pas de héros. Jamais.
Seulement des perdants.
Et d'autres moins chanceux encore.
page 151

Il a passé sa vie à mentir. Pour réclamer l'affection de ses proches. Pour fuir les sanctions professionnelles, toutes ces fois où il a dérapé. Toujours, ça a été plus fort que lui. Et pour quel résultat. Sa femme est partie. Ses amis ne lui ont jamais fait confiance pour autant. Quand à son temps dans la police, pour ce qu'il en sait, celui-ci est peut-être déjà compté.
page 141

Les miracles, ça n'arrive jamais, dit Salva.
page 72

Seules comptent les apparence.
Elles sont tout ce à quoi on s'attache.
Quand elles sont accablantes, elles deviennent des preuves. Rassurantes et définitives.
page 51