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Citations de Charles Foster (19)


Il faut que la mort soit dans l’air pour que nous soyons pleinement en vie.
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Les cerfs sont conçus pour être chassés par les loups. Et il est facile d’être un loup. Voici comment j’ai fait. Pour commencer, je suis né dans une société qui ne cesse de bêler : "Acquérir, c’est bien ; renoncer c’est mal". Puis j’ai fréquenté une école où l’on avait le culot de donner des cours obligatoires en économie du laisser-faire appelés "richesses de le communauté" et où, le mardi après-midi, nous prenions dans le collimateur des fusils Lee-Enfield de la Seconde Guerre mondiale des communistes qui nous attaquaient, et avions droit à de superbes insignes pour en avoir abattu d’une balle entre les deux yeux. Puis je suis allé à l’université, une université vénérable, comme nous le disaient les vieilles pierres et un professeur ivre à l’occasion, parce qu’à chaque génération l’excellence arrive au sommet en vertu d’une loi naturelle d’antigravité, et se mêle à davantage d’excellence pour engendrer encore plus d’excellence. Et cela devrait continuer jusqu’à ce que le monde déborde de la gloire d’Adam Smith comme les eaux ont rempli la mer.
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Ceux qui, traditionnellement, écrivent sur la nature commettent deux péchés : celui d'anthropocentrisme et celui d'anthropomorphisme. Les anthropocentristes décrivent le monde naturel tel qu'il apparaît aux humains. Ces derniers étant leurs lecteurs, peut-être est-ce avisé du point de vue commercial, mais cela reste assez fade. Les anthropomorphistes supposent que les animaux sont semblables aux humains (…). Je me suis efforcé d'éviter ces deux écueils et j'ai bien évidemment échoué. Je décris le paysage tel que le perçoivent un blaireau, un renard, une loutre, un cerf et un martinet. À cette fin, je recours à deux méthodes. Je m'immerge d'abord dans la littérature physiologique pertinente et découvre ainsi ce que l'on a appris dans les laboratoires sur le fonctionnement de ces animaux. Ensuite, je m'immerge dans leur monde. Lorsque je suis un blaireau, je vis dans un terrier et mange des vers de terre. Quand je suis une loutre, j'essaie d'attraper des poissons avec les dents. (…)
Ce livre s'articule autour des quatre éléments qui, dans les traditions anciennes, formaient le monde, chacun représentatif d'un animal : la terre (le blaireau y creuse son terrier et le cerf noble y galope), le feu (le renard qui trotte hardiment dans les zones urbaines illuminées), l'eau (la loutre) et l'air (le martinet commun, parangon de l'habitant des airs, qui dort en vol, s'élève en spirale avec les courants ascendants thermiques la nuit et se pose rarement). L'idée est qu'en combinant convenablement les quatre éléments, quelque chose d'alchimique se produit.
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Lorsque vous mettez un ver dans votre bouche, la chaleur qu’il sent est pour lui quelque chose de sinistre. On pourrait croire qu’il tenterait de descendre dans votre œsophage, où l’obscurité plus grande signifie d’ordinaire pour lui la sécurité, là où il est chez lui. Mais non, il cherche à s’échapper par les interstices entre vos dents. Il y en a plein entre les miennes. Personne n’avait d’appareil dentaire à Sheffield dans les années 1970. Le ver se fait mince comme un fils et se faufile à travers. S’il est contrarié dans sa tentative, comme il le serait par un bridge, il est pris de frénésie : il fouette vos gencives en faisant tournoyer l’une de ces extrémités comme une centrifugeuse autour du milieu de son corps. Puis, frustré, il s’enroule dans l’espace humide près du frein de la langue et considère sa situation. Si vous desserrez les dents, il s’enfuit immédiatement en prenant appui de la queue sur le plancher de votre bouche comme un sprinter sur ses starting-blocks.
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nous n’étions pas dans le bois depuis longtemps, mais nous l’avions déjà fait nôtre. C’est ce sentiment de propriété, et non quelque inquiétude suscitée par des dangers physiques, qui nous faisait sortir avec précaution du terrier au crépuscule et humer l’air, exactement comme le font les blaireaux. Un sens exacerbé de la propriété est ressenti comme un danger.
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C. S. Lewis fait remarquer que si les réductionnistes avaient raison , l'homme ne devrait pas se plaindre autant de la mort . Il devrait l'accepter gaiement comme quelque chose d'aussi naturel que la respiration .
" Les poissons se lamentent-ils de l'humidité de la mer ? "
s'interroge -t-il . Selon lui , le fait que les humains se plaignent de la mort laisse supposer qu'ils n'ont pas été conçus pour mourir . Et si les cerfs ne s'en plaignent pas ,
c'est qu'ils sont faits pour cela .
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A peu près cinq fois sur les quelques centaines où j'ai bondi , j'ai aperçu ma proie , qui s'esquivait furtivement , moqueuse et arrogante . L'un des campagnols s'est même retourné pour me regarder .
Qui eût crû qu'anatomiquement , ils étaient capables de ricaner ? Ils le sont , je le sais maintenant .
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Ces quelques jours et nuits passés sous terre m'ont beaucoup appris. Par exemple qu'en dépit de mes prétentions à l'anarchie, je restais un lamentable banlieusard, que je préférais un mur passé à la chaux à une paroi en terre aux changements incessants et fascinants, et les motifs répétitifs d'un papier peint floral à la réalité qu'il représente. En fait, et tel était mon principal souci, je préférais presque toutes les fabrications de l'esprit à la réalité. Je préférais mes idées sur les blaireaux et la nature aux blaireaux réels et à la réalité du monde sauvage. Plus obéissantes et moins complexes, leurs exigences étaient moindres. Et elles ne mettaient pas en évidence mes insuffisances de façon aussi aveuglante. Toutes ces insuffisances étaient les symptômes d'une sale maladie contre laquelle je me croyais immunisé : le colonialisme.
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Ainsi , peut être aimais je ces animaux . Cette pensée me fait grincer des dents . Sur deux cents pages , j'ai craint de sombrer dans l'anthropomorphisme et me voilà apparemment coupable de la pire de ses formes . Plus grave encore , le genre d'amour dont je parle , quel qu'il soit , est nécessairement réciproque . Je ne peux pas vraiment aimer Untel s'il ne m'aime pas . Voilà une idée à explorer
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les combinaisons de plongée sont des préservatifs qui empêchent votre imagination d'être fertilisée par les rivières de montagne.
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Les jeunes coucous ne connaissent pas leurs parents. Ces derniers quittent l'Europe à destination de l'Afrique environ quatre semaines avant que la nouvelle génération soit prête à partir. Les jeunes coucous trouvent leur chemin vers les lieux nourriciers ancestraux d'Afrique sans aucune aide et sans être accompagnés.
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Les souvenirs vivent longtemps dans les têtes sauvages. Les cerfs nobles sont pris de panique si on leur fait sentir des fumées de lion, alors qu'ils n'ont plus à s'inquiéter de ce fauve depuis des millénaires.
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C'est dans la cuisine de Burt que, des années auparavant, j'avais commencé à réfléchir sérieusement à la possibilité d'être un autre animal. Ce n'est pas parce que Burt vit comme un amphibien, penchant gaiement tour à tour vers l'humanité et l'animalité ; ça, je le savais depuis longtemps et c'est une grande partie de son charme. Ce n'est pas non plus parce que sa cuisine est une frontière fluctuante entre la nature sauvage et Peppa Pig. C'est parce que sa femme, Meg, est une sorcière.

Elle l'est dans le meilleur sens du terme. Elle pique les gens avec des aiguilles pour leur faire du bien au lieu de piquer leur effigie en cire pour leur faire du mal. Mais sa conception des liens étroits entre les choses lui auraient valu le bûcher dans l'Angleterre du bon vieux temps.

Burt est pour elle un familier plutôt qu'un mari, un compagnon venu d'au-delà d'une de ces frontières arbitraires entre espèces, hirsute, courant de-ci de-là à grandes enjambées maladroites, pas incommodé outre mesure quand il a la jambe prise dans un piège.
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C'est par la souplesse de son comportement que le renard m'impressionne le plus. Je peux avoir une appréhension intellectuelle, ou du moins poétique, de la vive sensibilité d'un autre animal. Mais à la fois une vive sensibilité et une grande tolérance au pire, voilà qui dépasse mon entendement. Et il ne s'agit pas d'une simple aptitude à supporter l'insupportable avec réticence pour les besoins de la survie, comme chez le blaireau qui, parce que les habitats convenables sont difficiles à trouver, peut se contenter d'un remblai de chemin de fer - pas vraiment l'idéal. Non, les renards semblent se complaire dans l'extrême. Ils s'épanouissent avec ostentation dans des conditions de vie objectivement lamentables.
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Les vers de terre ont un goût de bave et de terre. C'est l'aliment local par excellence et, comme diraient les œnologues, ils ont un « terroir » bien à eux. Les vers du Chablis ont une touche minérale longue en bouche, ceux de Picardie une odeur de moisi, un goût d'éclats de bois pourri. Les vers du High Weald, dans le Kent, sont frais et sans complications ; ils se marieraient sans doute bien avec la sole grillée. Ceux des Somerset Levels ont un goût affirmé et démodé de cuir et de bière brune. Alors que les vers des montagnes Noires du pays de Galles sont difficiles à situer et représentaient un vrai défi lors d'une dégustation en aveugle.
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Je veux savoir quel effet ça fait d'être un animal sauvage.

C'est peut-être possible. les neurosciences peuvent y aider, de même qu'un peu de philosophie et beaucoup de poésie à la John Clare. Mais surtout cela implique de descendre dangereusement l'arbre de l'évolution pour arriver dans un terrier à flanc de colline au pays de Galles et sous les rochers d'une rivière du Devon, d'apprendre ce qu'est l'apesanteur, la forme du vent, l'ennui, la sensation d'avoir de la paille dans le nez, ce que sont le frémissement et le craquement des choses qui meurent.

Écrire sur la nature a généralement été le fait d'hommes arpentant le terrain en conquérants, qui décrivent ce qu'ils voient du haut de leur mètre quatre-vingts ou d'autres faisant comme si les animaux portaient des vêtements. Ce livre est une tentative de voir le monde à hauteur de blaireaux gallois, de renards de Londres, de loutres de l'Exmoor, de martinets d'Oxford et de cerfs nobles d'Écosse et du sud-ouest de l'Angleterre, tous dans leur plus simple appareil (...)
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Au Paléolithique supérieur, période au cours de laquelle la conscience humaine semble s'être éveillée pour la première fois dans le maquis neuronal laissé par l'évolution, les hommes sont entrés dans la matrice froide des cavernes et ont représenté sur leurs parois des créatures thérianthropes, des hybrides mi-hommes mi-bêtes : hommes à tête et sabots d'animaux, animaux aux mains d'homme armées de lances.

Le religion a conservé ce culte des créatures hybrides même dans les cultures urbanisées, systématisées de l'Égypte et de la Grèce. Les dieux grecs se sont toujours transmués en animaux pour espionner les mortels ; l'art religieux égyptien est un collage de parties du corps humaines et animales. Et dans l'hindouisme, évidemment, la tradition se perpétue. Une représentation du dieu Ganesh à tête d'éléphant me regarde tandis que j'écris ces lignes. Pour des millions de personnes, les seuls dieux qui méritent d'être vénérés sont des dieux amphibies, ceux capables d'aller et venir entre les mondes. Et ces mondes sont représentés par des formes humaines et animales. Il semble exister un besoin ancien et impérieux d'unir ces deux univers.

Les enfants, qui ont moins perdu que les adultes, connaissent ce besoin. Ils se déguisent en chien. Ils se peignent le visage pour ressembler à des tigres. Ils dorment avec leurs nounours et veulent garder leur hamster dans leur chambre. Avant de s'endormir, ils se font lire des histoires d'animaux qui s'habillent et parlent comme des humains. Pierre Lapin et Sophie Canétang sont les nouveaux hybrides chamaniques.
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Un tel moteur exige une quantité de carburant inconcevable - de l'ordre d'un cinquième du poids de la loutre quotidiennement.

Je pèse quatre-vingt-quinze kilos. Si l'on ne considère que le poids de la nourriture ingérée, pour être à égalité avec la loutre je devrais manger quotidiennement quelque 88 Big Mac (les trois étages au complet, incluant les deux steaks, les cornichons et la sauce rose bizarre), ou 3 800 paquets de chips, ou 229 boîtes de haricots blancs, ou 792 côtelettes d'agneau ou croquettes de poisson.
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Nous étions à même de marquer assez précisément nos reptations les yeux bandés à partir du terrier en ne nous référant qu'aux chênes situés à proximité : « À la sortie du tunnel, tourner à droite. À quinze mètres, tabac brut, turc surtout : tout droit. Après trente secondes, mur de citrons verts et vomi devant. Se résout en oranges frottés sur du cuir à gauche et en risotto aux champignons avec trop de parmesan à droite. Se diriger doucement vers le bas de la colline. Selle de cheval écaillée, avec huile de pied de bœuf quelque part sur la saillie. Continuer vers le bas en direction des toiles d'araignée et de la purée d'ail. »
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