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Critiques de Charles Lewinsky (38)
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Melnitz

De 1871 à 1945, on suit la vie des Meijer, famille suisse de confession juive, discrète et affable. On se rend rapidement compte que le sort des juifs est à peu près partout le même, y compris en Suisse. Ils sont tolérés mais doivent rester dans leur coin sans faire de bruit. D'ailleurs les non juifs pratiquent un antisémitisme sans complexe, les ostracisent, s'adressent à eux comme s'ils étaient forcément sournois et cupides, ne cachent pas leur mépris et se permettent de leur parler de leurs "youpineries". Néanmoins la Suisse pratique un antisémitisme assumé comme tant d'autres pays.



L'humour des Meijer affleure au fil des pages, leur donnant un côté facétieux qui m'a fait sourire plus d'une fois. Une galerie de personnages dont la plupart sont très attachants, avec vraiment pour moi une préférence pour Zalman, tellement nature et foncièrement bon, mais aussi Arthur l'altruiste, Hinda la généreuse,  Désirée la rêveuse, le bon Pin'has, l'étrange Monsieur Grün, beaucoup moins Mimi, éternelle gamine totalement égocentrique. Mais voilà,  ses raisonnement sont drôles tant ils sont stupides. Et Melnitz. L'oncle Melnitz, absent et pourtant là, quand il le faut. Un sage, sorte de mousquetaire de la famille Meijer dans le genre un pour tous ! Il est inénarrable, taquin, espiègle, et tellement avisé et utile. Il est un peu la voix off qui nous permet de comprendre tant de choses, la mémoire de la famille, et du peuple juif.



À aucun moment ce pavé de 960 pages ne m'a paru long ! J'ai suivi avec un infini plaisir les joies et les peines de la famille Meijer sur plusieurs générations, leur réussite sociale, le mépris qu'ils ont eu à subir, leur désir de s'intégrer tout en étant systématiquement gardés à une certaine distance. J'ai appris beaucoup sur leur mode de vie, leurs rituels, et j'ai été impressionnée par la religion qui régit absolument tous les moments de la vie.



Ce roman, qui commence à la fin de la guerre avec la Prusse et se termine après la libération en 1945, qui nous fait traverser une page d'histoire de la Suisse, mais aussi de l'Europe, au coeur de la communauté juive, est réellement passionnant ! Et douloureux ! Et émouvant ! Et joyeux !!! On passe par toutes sortes de sentiments, liés entre autre aux tragédies de l'Histoire et à la fureur nazie mais aussi à l'intransigeance des religions qui parfois blessent durablement, quand par ailleurs les joies de la vie de famille apportent la lumière. Et moi qui suis athée, j'ai été impressionnée par cette foi qu'ils ont, chevillée à l'âme et qui leur sert de guide.



À travers la vie de la famille Meijer-Pomeranz-Kamionker, Charles Lewinsky nous raconte la destinée du peuple juif à travers deux guerres, essentiellement en Suisse qui a été épargnée par la Shoah, sur soixante-quatorze années, avec la douceur d'une brise légère balayée par le vent de l'histoire qui laisse un souvenir brutal, amer, et six millions d'absents, effacés par la fureur et la haine.



Ah mais quel roman ! Un coup de coeur +++++
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Melnitz

Que me suis je ennuyé en lisant ce roman, ou plutôt je ne me suis ennuyé qu'à moitié car j'ai arrêté au bout de 350 pages. Tout d'abord sur la forme : la traduction imparfaite rend très compliqué la compréhension du texte , tout le monde n'a pas fait yiddish première langue . Ensuite j'ai trouvé ce roman beaucoup trop centré sur cette famille qui semble pratiquement vivre hors du monde. que se passe t il au cours de cette histoire dans la grande histoire du monde ? ce n'est pas abordé. la guerre e 1870 ? balayé au travers d'une anecdote etc ... est ce du à la situation suisse qui elle aussi vit en partie hors du monde ? Quant à la dimension religieuse , ce livre est quasiment un livre d'apprentissage, j'avoue trop connaitre pour y avoir appris quelque chose et trop connaitre pour que cela m'intéresse vraiment. Enfin l'écriture, même si ce n'est pas l'élément essentiel de ce genre de roman , il n'y en a vraiment rien à dire face à cette absence totale de relief. Alors peut être que tout cela décolle et s'épanouit dans la deuxième partie mais cela est trop tard pour moi.
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Melnitz

800 grammes, 765 pages et près d’une semaine de lecture… La grande amatrice de sagas familiales et historiques que je suis n’est pas prête d’oublier cet excellent roman!



Le dramaturge, metteur en scène et romancier suisse allemand Charles Lewinsky (1946) est l’auteur de douze romans, dont le dernier, Sein Sohn, est paru en août 2022. Melnitz (2006), qui a nécessité quatre années de recherches documentaires, a rencontré un vif succès en Suisse et en Allemagne et fut ensuite traduit dans de nombreuses langues. En France, il a obtenu en 2008 le Prix du meilleur livre étranger.



L’écrivain zurichois signe avec ce roman une grande et captivante fresque familiale dans laquelle il se penche sur l’émancipation des juifs de Suisse à travers cinq générations d’une famille établie dans le canton d’Argovie. A travers l’histoire de la famille Meijer entre 1871 et 1945, il aborde les obstacles et les combats qui ont jalonné l’histoire des juifs en Suisse depuis qu’ils ont obtenu l’égalité des droits civiques et politiques en 1866. Si depuis cette date, ils ont le droit de s’installer et de travailler librement partout en Suisse, de nombreux juifs vivent en 1871 encore cantonnés dans les deux communes argoviennes juives de Lengnau et Endingen.



C’est précisément dans cette dernière commune que débute Melnitz. En 1871, le patriarche Salomon Meijer, « le Juif avec la canne », est un important marchand de bétail de la région. Avec l’arrivée à Lengnau de Janki Meijer, un parent éloigné et un déserteur de l’armée française, personne ne se doute encore que la vie de la famille Meijer est sur le point de connaître un changement radical.



Au rythme des grands événements historiques qui ont façonné le dernier quart du XIXème et la première moitié du XXème siècle -depuis la Guerre franco-allemande de 1870-1871 à la Deuxième Guerre mondiale-, Charles Lewinsky nous plonge de façon très immersive dans le quotidien et l’intimité de la famille Meijer. Au fil des ans, les jeunes générations décident de quitter Endingen pour s’installer à Baden, le chef-lieu du canton d’Argovie et un important centre marchand, puis à Zurich. L’intrigue se déplace donc progressivement des bourgades aux villes où les jeunes générations veulent exercer d’autres métiers. De marchands de bétails, les Meijer deviennent ainsi marchands de tissus, stylistes ou encore propriétaires de grands magasins.



Charles Lewinsky signe avec Melnitz un roman passionnant dans lequel il décortique avec beaucoup de précision les coutumes religieuses et culturelles juives et brosse un portrait très intéressant du contexte socio-politique suisse de l’époque. A travers les choix controversés de certains membres de la famille Meijer, il aborde par ailleurs d’importantes thématiques en relation avec l’assimilation et l’intégration, le communisme ou encore le sionisme en tant que réponse à l’ignominie nazie.



Une excellente découverte et un auteur à suivre!




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Melnitz

J'ai beaucoup aimé ce livre. Bien qu'il ait presque 1000 pages, il se lit très facilement. On n'arrive pas à le lacher. C'est l'histoire d'une famille juive , en Suisse allemande, sur 5 générations. Il y a un personnage omniprésent, l'oncle Melnitz, qui représente, d'après mon interprétation, du moins, l'esprit juif. Il est critique, ironique et "après sa mort, il revenait. Toujours." Ce livre est très bien écrit, plein de finesse, d'ironie et de dérision. On y retrouve le fameux humour yiddish. La dernière partie, celle qui correspond aux années 1937-1945, touche beaucoup le lecteur. Elle nous laisse un goût amer, justement parce que tout y est raconté avec simplicité .
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Melnitz

Avec un style littéraire très agréable, ainsi qu’une truculence des personnages et un ressort de leurs aventures sociales font de Melnitz un livre excellent !

Il est également un bon manuel d'Histoire sur la communauté juive helvétique…

On suit donc les amours, les malheurs, les joies et les angoisses des Meijer, Juifs installés en Suisse allemande.

Dans un pays qui n'était pas réellement antisémite, les petites brimades, les humiliations exposent le lecteur à une réflexion.

La force de ce roman est de nous plonger dans la peau des personnages et de décider d’être plus tenace et intelligent que celui d’en face…

Qu’il ne faut jamais baisser la garde, ni se réjouir trop vite… car rire aujourd’hui, c’est pleurer demain…

On ne voit pas passer ces 800 pages et des poussières… on plonge dans les 5 parties entre amour, humour et détresse… et puis cette voix « off », cette gouaille yiddish…

Ce livre est un beau tourbillon, une fresque familiale, historique et qui pointe, toujours, une certaine actualité… Bref, une très belle lecture pour cette fin 2020 !!!!

J’ai commencé avec le magnifique A Crier dans les ruines, avec un cœur serré, et je finis avec un cœur plus léger malgré les circonstances et les angoisses de cette famille !

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Melnitz

Fresque , saga, d'une famille juive ashkénaze suisse sur 4 générations , 19 et 20 e siècles . C'est fascinant . On le dévore en un rien de temps et c'est une mine d'information sur la little europa et le monde d'avant
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Un village sans histoires

Après avoir été conquise par Melnitz , roman saga d'une famille juive suisse sur plusieurs générations, j'attendais beaucoup de ce court roman dans le huis-clos de campagne française.



Un village sans histoires, dont le "s" est important, est une sorte de Clochemerle rural où un narrateur s'attache, histoire de passer le temps, à observer ses voisins, avec leurs manies, leurs rancœurs, leurs jalousies, leurs haines recuites...



Le fait que notre conteur soit allemand donne une certaine distance à la chronique qui se lit sans déplaisir mais qui reste une friandise aigre-douce sans réelle densité.



Néanmoins, les personnages de cette villégiature paumée font une peinture sociale savoureuse et assez crédible. Du maire obséquieux, des amants dans les placards, au benêt de service, sa palette de faits divers dessine les meurtres, des adultères, des suicides, et autres vilénies de nos contemporains.



Un petit roman pas inoubliable mais que l'auteur a dû écrire avec jubilation!

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Melnitz

Il est réellement difficile de lâcher ce livre une fois qu'on l'a commencé.

Nous suivons l'histoire de la famille Meijer de 1871 à 1945, sur presque 800 pages qui défilent comme un feuilleton.

Les amours, les chagrins, les joies et les angoisses des Meijer, Juifs installés en Suisse allemande, nous sont contés avec une profondeur touchante.

L'originalité de ce roman est de nous faire ressentir la difficulté d'être Juif, même dans un pays qui n'était pas viscéralement antisémite. Les petites brimades, les humiliations banales, sont narrées sans pathos excessif.

La force de Charles Lewinski réside dans sa capacité à nous placer « dans la peau du Juif », et on comprend que ce n'est pas une place enviable tous les jours. Il faut être plus intelligent, plus tenace et plus patient que « l'Autre » pour vivre en être humain à part entière.

L'Oncle Melnitz, fil rouge du roman et sorte de voix de l'inconscient collectif, revient ponctuellement pour rappeler aux siens qu'il faut toujours être sur ses gardes et ne jamais se réjouir trop tôt, lorsqu'on est juif. Le rire d'aujourd'hui est porteur de la larme de demain.

C'est malheureusement toujours d'une actualité bouleversante et ce n'est pas là le moindre mérite de ce magnifique roman.
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Melnitz

Mon Dieu, quel bouquin !

C'est assez amusant, au fond, les hasards... mais existe t'il seulement le hasard ?

Ce bouquin traine dans mon bureau depuis bien longtemps et je ne me décidais pas à le lire. Enfin, je me décide....Au moment ou les réfugiés syriens font la une des journaux.

Ce livre raconte l'histoire d'une famille juive sur plusieurs générations.

Les presque mille pages se lisent sans aucune baisse de régime, sans lassitude. J'avoue même avoir mis le roman sur le côté une journée entière lorsque j'ai vu que j'arrivais à la fin.... juste pour faire durer le plaisir de ce livre, tant je l'ai apprécié.

Il m'a fait l'effet d'une voleuse de livres mais en version "adulte".

C'est un grand 5 étoiles pour moi en tout cas que ce bouquin.
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Melnitz

j'ai aimé cette saga d'une famille juve en suisse allemande, allant de 1870 à 1945. Le livre a un très bon lexique sur les termes yiddish utilisés tout le long du livre.
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Un village sans histoires

Quoi dire de ce livre et surtout de ce titre un village sans histoire...

ce livre m'as mis la tète à l'envers, même l'impression de l'avoir lu a l'envers, sans histoires oh que non et c'est tout le contraire on est censé partir sur l'histoire de ce prof qui se terre dans un village perdu afin d'oublier son histoire mais le problème c'est que ce village en est remplis et de trop même avec tous ces personnages on a du mal a suivre le fil , si bien que pour ma part je l'ai perdu a maintes reprises, dommage il me paraissait prometteur et je n'en ressent que de la déception

dommage
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Melnitz

Belle fresque familiale ; les juifs de Suisse et d' Allemagne depuis 1870 jusqu'à la 2e guerre mondiale ..roman instructif , captivant , bien écrit et émouvant .
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Melnitz



Melnitz, roman fleuve dans la tradition du roman familial avec son lot de bonheur et de drames sur une famille juive, les Meijer que l’on suit sur cinq générations, de la fin du XIXème au milieu du XX ème siècle en Suisse alémanique.



A Endingen, en 1871, le patriarche de la famille Meijer, Salomon, est éleveur de bestiaux. Cette bourgade est une des seules de Suisse où les juifs sont autorisés à résider. Il a deux filles (une adoptive) dont les familles vont se lancer dans le commercer et prospérer au fil des ans jusqu’à l’éclatement de la première guerre mondiale qui signera également l’éclatement de la famille.



La construction autour de l’oncle Melnitz qui est un peu le fil rouge de cette longue saga est intéressante puisqu’au fil des pages, l’oncle réapparaît pour commenter avec sagesse et malice les comportements de ses descendants.



C’est bien écrit (et traduit) mais je ne sais pas si c’est parce que je ne l’ai pas choisi mais j’ai eu un peu de mal à aller au bout des ces quelques 800 pages. L’histoire (la grande) est intéressante, mais le problème vient des personnages. J’ai suivi leur destinée sans émotion … et c’est quand même fort dommage.
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Retour indésirable

Il y a toujours un prochain train pour Auschwitz



Theresienstadt après Westerbork. « A Westerbork règne une autre démence qu’ici, à Theresienstadt. Mais elle aussi a sa méthode et ses lois. Pour pouvoir être expédié à Auschwitz en tant qu’unité humaine comptabilisée de plein droit, il faut être âgé d’un moins une demi-année ».



Theresienstadt « le ghetto le plus culturel existant dans le mode d’aujourd’hui ». Theresienstadt, la vitrine pour épater la Croix Rouge, les journalistes et le monde. Le camp mensonge exposé comme envers des camps d’extermination niés.



Kurt Gerron, acteur et metteur en scène, « Mon principal défaut ? Je crois possible de faire une mise en scène du monde » face au tournage d’un film pour montrer (« Juste montrer ce qui n’est pas. Croupir en enfer et narrer le paradis ») au monde les conditions de vie agréables à Theresienstadt, « Une ville dont les rues ne sont pas sillonnées, chaque jour, de charrettes emportant les cadavres de vieillards morts de faim ». Le choix sans choix, « Je dois, de mon plein gré, raconter ce qui n’est pas. Taire ce qui est ».



Le temps particulier d’un camp, le temps du gris avant la fermeture de la porte, le temps du dernier acte, « celui qui, au théâtre, selon la règle immémoriale, est toujours le plus court ».



Le cabotinage de l’artiste, « La loyauté est une chose, les applaudissements une autre ». La mise en scène de sa propre vie, l’invention et la réalité.



Le temps de la mémoire, celle de la première guerre mondiale, « Notre jeunesse a pris fin à l’été 1914 ». Bon pour le service, « Seul un cerveau malade peut avoir imaginé cette histoire de « bon (ou pas) pour le service ». Depuis quand un boucher ne fourre-t-il que de la viande de première qualité dans sa machine à chair à saucisses ? Comme si l’on ne pouvait pas sauter sur une mine lorsqu’on a les pieds plats ! ». La grande boucherie, mais dans les formes, « Envoyer une classe de garçons de dix-sept ans à la guerre, les expédier à l’abattoir au nom de l’empereur et de la patrie, rien à redire. Pourvu que ce soit dans le strict respect des formes ». Les imbécillités de l’institution et de la hiérarchie militaire. L’apprentissage du pliage du lit, de la marche cadencée, du salut, etc., mais « Pas un mot sur les choses qui nous auraient vraiment servi. Comment creuser avec du feldspath la terre mouillée. Qu’il ne faut pas se troubler si on tombe sur un cadavre. Pourquoi il ne faut pas donner à boire à un blessé au ventre. Comment craquer des poux. Pas un mot de tout cela ». La blessure et la croix de guerre. Cette guerre que rien ne peut effacer, « Quelques millions d’hommes s’étaient abattus et fait sauter mutuellement. Ça ne se laisse pas suspendre dans un placard comme les anciens uniformes. C’est imprimé en vous ».



Le temps des acteurs, du théâtre et du cinéma, de la gloire, Peter Lorre, L’ange bleu, Marlène Dietrich, Emil Jannings, Max Reinhardt Bertold Brecht peu apprécié, L’opéra de quat’sous…



Et la femme aimée, Olga.



Tourner un film :



« Réalisateur : Kurt Gerron



Quel genre d’homme serais-je si je fais cela ?



Un homme qui ne sera pas expédié à Auschwitz.



Un homme qui aurait mérité d’être expédié à Auschwitz.



Il faudrait pouvoir prier. Il faudrait qu’il existe un Dieu que l’on puisse questionner.



Seulement : il n’y a pas de Dieu. Surtout pas de bon Dieu ».



La mémoire de l’enfance, des parents, « Maman savait peler une orange avec un couteau et une fourchette, mais non comment prendre quelqu’un dans ses bras ».



La faim et la dysenterie.



La mise en définition des juifs, la suppression des droits, de la citoyenneté, le passé nié, « Les circoncis, à présent, on leur faisait aussi l’ablation de leurs titres ».



La complicité organisée, « Il nous ont fait instituer des Conseils juifs. Conseils des Anciens. Administrations. Mille bureaux où s’écrivent des listes pour les attributions de nourriture et les déportations. Nous faisons le travail pour eux. Suicide avec comptabilité en partie double. La victime doit fonctionner à l’allemande ». Faire en se persuadant « à chaque fois qu’ils évitent ainsi des horreurs pires encore ».



L’espace de la fiction et de l’imaginaire, « Nos vérités fictives n’ont pas besoin de tenir une éternité. Rien que le temps de chanter la chanson ou de jouer la scène jusqu’au bout. Rien que jusqu’au prochain black-out », jusqu’au départ du train, celui du dernier voyage, ce train en direction d’Auschwitz.



La faim, toujours la faim.



Tourner un film, « On vient de me proposer le plus grand film de mon existence. Avec une ville entière pour la figuration. Je peux décider, librement, si je veux le faire ou pas. En toute liberté. Je peux aussi monter dans le prochain train pour Auschwitz. C’est comme je veux ».



Des questions sur l’aveuglement. « Nous ne manquons pas de grands cerveaux. Quoiqu’ils n’aient pas eu l’intelligence de quitte l’Allemagne à temps ».



Les hommes ordinaire, la banalité du mal. « A la réflexion, tous les nazis de haut vol que j’ai connus étaient ce genre de comptables. Des administratifs petit-bourgeois. De ceux qui accrochent un cintre derrière la porte de leur bureau afin de pouvoir retirer leur veste d’uniforme sans qu’elle se froisse. Qui refusent de signer une condamnation à mort si la secrétaire a laissé s’y glisser une faute de frappe. Ils ont un abonnement au théâtre. Peu leur importe le programme pourvu qu’ils y aient leur place réservée ».



Semaine après semaine, toujours le temps suspendu, et la sécurité comme illusion. « Chaque semaine, la peur. C’était ça le pire ». Chaque jour et des histoires, des réminiscences, chaque jour de survie.



Les listes, être heureux « que je sois sur la liste et pas eux ».



Le cinéma. « Il faudra bien qu’un jour ou l’autre viennent des jours meilleurs. Coup de cymbales » Le temps de la fuite, du cinéma intérieur, les rêveries, les constructions valorisantes de soi, « mais cela ne s’est pas passé comme cela ».



De plein gré, jusqu’au moment où un SS…



Et Olga.



La vie jusqu’à l’instant… Le poids des mots, de l’humour, de la désespérance et de l’amour dans le monde de presque-la-mort. Justement de presque-la-mort. Là est toute la différence.



« Beaucoup de choses, dans ce roman, sont inventées. Mais ce qui suit est hélas authentique : le 30 octobre 1944, Kurt Gerron et sa femme Olga furent assassinés à Auschwitz. Trois jours plus tard, les chambres à gaz arrêtèrent de fonctionner. »
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Melnitz

Un énorme coup de coeur pour moi !
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Melnitz

Il s'agit d'une véritable saga très bien documentée et très réaliste.



Le roman est découpé en période 1871, 1893, 1913, 1937 et 1945. La famille évolue entre ces temps choisis.

L'oncle Melnitz est le "fantôme" de cette famille. Il tient lieu de mémoire des moments difficiles de l'histoire juive à travers le temps. Il dialogue avec les personnages et donne à certaines scènes un effet fantastique.
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Retour indésirable

C’est une histoire très réelle que nous raconte Charles Lewinsky dans "Retour indésirable", un destin terrible, horrible, mais traité de manière merveilleuse et émouvante. On croyait avoir déjà tout lu sur l’Allemagne d’entre-deux-guerres et l’Holocauste. Ce roman nous en offre un regard neuf et captivant de bout en bout.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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Melnitz

Ce roman s'étend sur plusieurs générations. Il va de 1871 à 1945. En outre, il est constitué de cinq parties. Entre chacune, l'auteur fait des ellipses d'environ vingt ans (sauf entre les deux dernières où l'ellipse est de huit ans). La plupart des auteurs qui s'essaient à structurer leurs romans ainsi se fourvoient, à mon avis. En effet, leurs personnages sont bâclés, car on ne les voit que par petits tableaux successifs, par instants qui en décrivent trop peu.

Dans «Melnitz», ce n'est pas le cas. Les personnages sont assez creusés, les parties sont assez conséquentes pour que l'auteur ne se contente pas de les effleurer.



Lorsqu'une ellipse couvre un si long laps de temps, en général, l'auteur a trop de choses à résumer. En ce qui me concerne, je me sens perdue, car les changements sont trop importants.

Charles lewinsky a su éviter cela. Il résume très simplement ce qui se passe pendant les ellipses. C'est continu et fluide.

[...]

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Melnitz

Dans la petite ville d'Endingen vit une communauté israélite traditionnelle. « On est ici en Suisse où l'on a vécu toutes ces années sur une île, à pied sec, au milieu des inondations» dit le revenant Melnitz qui « se souvient de tout » et ponctue le récit en se faisant la voix de l'histoire du peuple juif et de ses malheurs.



Comme chez Martin du Gard, Romain Rolland, ou Georges Duhamel, c'est la saga, sur plusieurs générations et deux siècles, d'une famille semblable à toutes les familles, avec tous les métiers (marchands de bestiaux, médecin, commerçants en tissus...) tous les caractères (du religieux de stricte observance au juif devenu goy), toutes les préférences sexuelles.



Le roman est typé en ce qu'il est truffé de références en yiddish qui justifient l'indispensable glossaire en fin d'ouvrage. Mais les épisodes rapportés, tragiques ou comiques, sont universels par l'humanisme chaleureux dont ils témoignent, car, comme le note l'auteur, « la bonne société ....ne fonctionnait guère autrement que la communauté juive d'Endigen ».



On est emporté dans cet univers familier et attachant, guidé par un arbre généalogique qu'il vaut mieux consulter en fin de lecture si l'on ne veut pas connaître trop tôt rencontres et unions des protagonistes ...



On comprend enfin les vraies raisons d'une disposition de la Constitution helvétique sur l'abattage rituel des animaux, question qui a intrigué des générations d'étudiants en droit, et on n'ignorera plus rien de ses règles subtiles. On rencontre, au congrès socialiste de Stuttgart en 1893, un étrange rabbin devenu athée qui ne cesse de « démontrer par des citations talmudiques l'inanité du Talmud ». On est initié aux mystères de l'interprétation numérologique. On découvre la splendeur des automobiles Buchet, les prodigieuses capacités fabulatrices du journal local. On partage les désarrois de deux adolescents, l'un juif, l'autre antisémite, engagés ensemble dans de folles équipées, « ni amis, ni ennemis, il devrait exister un mot pour ça... ». On vit l'effroi d'un enfant fasciné par le Panoptikum, musée des horreurs dans lequel il se perd...



Mille choses encore dans ce millier de pages qui sont un tourbillon d'émotions, dont on sort reconnaissant à l'auteur, Charles Lewinsky, de nous y avoir plongé. A partir du quotidien de la petite communauté, il fait revivre tout le destin d'un peuple où les vivants et les morts ne se quittent jamais vraiment.



C'est, à coup sûr, un grand livre, superbement écrit, élégamment traduit, qui vous emporte et vous transporte.
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Un village sans histoires

J'ai du mal à évaluer ce livre dont l'intrigue est pourtant bien ficelée. J'ai avancé avec avidité pour savoir, mais ne me suis pas attachée aux personnages. Le style, à moins que ce soit la traduction, manque de fluidité, les phrases abondent de subordonnées, de relatives, d'adjectifs, de virgules...
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