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Citations de Charles Nodier (90)


[...] si Sterne avoit été réservé par la providence du génie à cette époque raisonnable , sérieuse et puissante, où toutes les vérités utiles peuvent se montrer sans masque, il auroit jeté bien loin de lui la béquille de Trim et les grelots de Tristram ! Il y avoit cependant au fond de son ingénieuse satire un intérêt, une famille, une action, un roman. Dans l'ébauche insignifiante du copiste, je ne vois que la fastidieuse paresse d'un phrasier de profession, qui couvre le papier de mots tirés au hasard à l'inépuisable loterie des dictionnaires, et lancés avec fracas au travers d'un livre comme les dés du trictrac.
Cette monomanie sans exemple ne peut même s'expliquer que par un
accident physique, tel que l'action trop verticale des rayons du soleil auxquels l'auteur a exposé imprudemment dans ses voyages lointains la boîte osseuse dont les physiologistes font le mystérieux "scrinium" de nos facultés rationnelles, et qui ont tellement desséché, à travers la frêle enveloppe de son sinciput trois fois trépané, ce long chiffon nerveux roulé en tampon qu'on appelle vulgairement le cerveau, que celui de notre auteur est réduit, de l'avis de tous les anatomistes, à des proportions incomparablement inférieures en dimension, consistance et capacité, à celles de l'organe occulte qui tient lieu du "sensorium commune" au plus petit des animalcules microscopiques, vulgairement connus dans la science sous le nom d'infusoires.
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Madame, voulez-vous que...crac.

Ceux de mes lecteurs qui ne comprennent pas le sens de crac sont prévenus qu'on peut le remplacer par suffit. Cependant, comme suffit n'est pas crac et que crac n'est pas suffit, comme il n'y a point de synonymes dans la langue, pas même suffit et crac, et que par conséquent suffit peut signifier autre chose que crac et crac autre chose que suffit, ils sont libres de choisir entre suffit et crac.
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MOI-MÊME

roman qui n'en est pas un,
tiré de mon portefeuille gris-de-lin

Pour servir de suite et de complément à toutes les platitudes littéraires du dix-huitième siècle.
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Là-dessus nous nous séparâmes, le vieux charpentier plus convaincu que jamais de ma folie, et moi réfléchissant à l’aveugle suffisance du vulgaire, qui ce croit le droit de mépriser tout ce que sa faible intelligence de s’explique pas.
La fée aux miettes, Charles Nodier,
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« ...le plus grand des crimes, c’est de tuer la langue d’une nation avec tout ce qu’elle renferme d’espérance et de génie. Un homme est peu de chose sur cette Terre, qui regorge de vivants, et avec une langue, on referait le monde. »
La fée aux miettes, Charles Nodier, 1832
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Aussi, je ne crains pas de l'affirmer, tant qu'il restera sur notre hémisphère un peuple, une tribu, une bourgade, une tente où la civilisation trouve à se réfugier contre les invasions progressives de la barbarie, il sera parlé aux lueurs du foyer solitaire de l'odyssée aventureuse du Petit Poucet, des vengeances conjugales de Barbe Bleue, des savantes manœuvres du Chat Botté; et l'Ulysse, l'Othello, le Figaro des enfants vivront aussi longtemps que les autres.
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« O vous! mes amis, que le feu divin qui anima l'homme au jour de sa création n'a pas encore tout-à-fait abandonnés ; vous qui conservez encore une âme pour croire, pour sentir et pour aimer ; vous qui n'avez pas désespéré de vous-mêmes et de votre avenir, au milieu de ce chaos des nations où l'on désespère de tout, venez participer avec moi à ces enchantements de la parole, qui font revivre à la pensée l'heureuse vie des siècles d'ignorance et de vertu ; mais surtout ne perdons point de temps, je vous en conjure ! Demain peut-être il serait trop tard ! le progrès vous a dit : Je marche, et le monstre marche en effet. Comme la mort physique dont parle le poète latin, l'éducation première, cette mort hideuse de l'intelligence et de l'imagination, frappe au seuil des moindres chaumières. Tous les fléaux que l'écriture traîne après elle, tous les fléaux de l'imprimerie, sa sœur perverse et féconde, menacent d'envahir, les derniers asiles de la pudeur antique, de l'innocence et de la piété, sous une escorte de sombres pédants. Quelques jours encore, et ce monde naissant, que la science du mal va saisir au berceau, connaîtra un ridicule alphabet et ne connaîtra plus Dieu ; quelques jours encore, et ce qui reste, hélas ! des enfants de la nature, seront aussi stupides et aussi méchants que leurs maîtres. Hâtons-nous d'écouter les délicieuses histoires du peuple, avant qu'il les ait oubliées, avant qu'il en ait rougi, et que sa chaste poésie, honteuse d'être nue, se soit couverte d'un voile comme Ève exilée du paradis. »
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Oserois-je vous demander quel livre n'est pas pastiche, quelle idée peut s'enorgueillir aujourd'hui d'éclore première et typique!
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Or, si je donne une minute par jour à la sensation,
Une minute par jour à la perception,
Une minute par jour à l'appréhension,
Une minute par jour à la compréhension,
Une minute par jour à la réflexion,
Une minute par jour à la discussion.
Une minute par jour à l'intuition,
Une minute par jour à la méditation,
Une minute par jour à l'invention,
Une minute par jour à la disposition,
Une minute par jour à la distribution,
Une minute par jour à l'exécution,
Et quatorze cent vingt-huit minutes à la distraction et au sommeil (c'est réellement la moindre mesure de délassement et de repos qu'on puisse dispenser à une vie occupée de labeurs si vastes et si sérieux); –

Cela fait quatorze cent quarante minutes dont je me départirois quotidiennement en faveur de l'Histoire du roi de Bohème et de ses sept
châteaux.

Mais la composition du premier volume m'ayant coûté trente ans, trois semaines et quelques heures, nous ne compterons que trente ans pour éviter le calcul des fractions, - je ne pourrois guère fournir ma dernière livraison avant le mois de mars de l'an ving-neuf cent neuf.
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« C'est elle! » répéta-t-il extatiquement, avec je ne sais quel mélange indescriptible d'étonnement joyeux et de joie étonnée.
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Et voilà pourquoi les sociétés marchent lentement. Chaque siècle a ses besoins.

Le besoin le plus pressant de notre époque pour un homme raisonnable qui apprécie le monde et la vie à leur valeur, c'est de savoir la fin de l'histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux.

Moi, je n'ai besoin que d'un cheval : soit nécessité, soit caprice, je n'irai pas en Bohême sans cheval. Une entreprise comme celle-ci vaut bien les frais d'un cheval, et cependant j'ai vu passer vingt souscriptions sans qu'il fût question d'un cheval pour aller en Bohême !

Un cheval ! un cheval !
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Le plus doux privilège que la nature ait accordé à l'homme qui vieillit, c'est celui de se ressaisir avec une extrême facilité des impressions de l'enfance.
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Je suis bon par caractère, libertin par étourderie, paresseux par goût, amoureux par caprice, joueur par désoeuvrement, malheureux par imagination, modeste par amour-propre, et je barbouille du papier quand je n'ai rien de mieux à faire.
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Cependant des éclairs fréquents parcouraient l'atmosphère, et ouvraient dans les nuages déchirés d'éclatantes avenues et de vastes portiques de feu. La foudre glissait sous les voûtes de la nuit, comme une épée flamboyante ; et, à sa lueur passagère, on voyait quelquefois des ombres sinistres se balancer sur le vallon, semblables à ces esprits de vengeance qui sont envoyés sur les ailes de la tempête, pour effrayer les enfants des hommes. Les vents frémissaient dans les forêts, ou grondaient dans les abîmes ; et leurs voix impétueuses se confondaient, dans les profondeurs de la montagne, avec les sons graves du tocsin, le tumulte de la cascade et le fracas des tonnerres ; et dans le silence même qui succédait, triste et terrible, à ces harmonies imposantes, on distinguait des bruits étranges et des concerts mystérieux, comme ceux qui doivent s'élever dans les solennités du ciel.
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Charles Nodier
Quiconque est parvenu à discerner le bien et le mal a déjà perdu son innocence, car le propre de l’innocence est de ne pas connaître le mal.

Dans Revue de Paris (avril 1839 p.243)
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J'allais dormir, si je ne dormais, car pour dire la vérité, monsieur, mes impressions de la veille et du sommeil se sont quelquefois confondues, et je ne me suis jamais fort inquiété de les démêler, parce que je ne saurais décider au juste quelles sont les plus raisonnables et les meilleures. J'imagine seulement qu'à la fin cela revient à peu près au même.
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Alors je fis quelques pas pour m'approcher du spectre, comme j'allongeais la main pour le saisir, il disparut, et je trouvais à sa place le monstre le plus hideux qu'on puisse voir : je ne m'épouvantai cependant point, et je fus pour le prendre à bras-le-corps, mais cet horrible spectre était tout garni de pointes aiguës qui me firent reculer, je pris mes armes : vain espoir, les balles, et le fer ne pouvaient rien sur lui.
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Charles Nodier
IL y'a deux choses qui servent au bonheur : C'est de croire et d'aimer .
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Les fêtes du mariage s'accomplirent dans toute la splendeur requise entre de si grands personnages, et leur ménage ne cessa jamais d'être un parfait exemple d'amour, de constance et bonheur.
C'est ainsi que finissent les contes de fées.
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L'histoire que je vous raconte est celle d'une Société secrète, dont le secret s'est si bien conservé, que son nom même est à peine connu hors de son propre sein, quoiqu'elle ait failli plusieurs fois influer sur le sort du monde.
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