D'abord érigé à des fins militaires, le bâtiment de la Bibliothèque de l'Arsenal a basculé dès la seconde moitié du XVIIIe siècle dans le champ de la sociabilité savante et mondaine, sous l'égide du marquis de Paulmy qui y constitua une remarquable collection encylopédique à partir de 1756.
À sa suite, d'autres hommes et femmes s'illustrèrent à l'Arsenal comme passeurs pédagogiques et culturels, à l'instar de Madame de Genlis, Charles Nodier ou José Maria de Heredia.
Anne-Bérangère Rothenburger, conservatrice à la Bibliothèque de l'Arsenal, vous invite sur les pas de ces illustres, à travers une promenade dans les représentations iconographiques variées (gravures, statues, peintures, photographies
) conservées dans les collections de la BnF.
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Le vrai bonheur est dans le calme de l'esprit et du coeur.
Quiconque est parvenu à discerner le bien et le mal a déjà perdu son innocence, car le propre de l’innocence est de ne pas connaître le mal.
Dans Revue de Paris (avril 1839 p.243)
Après le plaisir de posséder des livres,
il n'y en a guère de plus doux que d'en parler

Or, si je donne une minute par jour à la sensation,
Une minute par jour à la perception,
Une minute par jour à l'appréhension,
Une minute par jour à la compréhension,
Une minute par jour à la réflexion,
Une minute par jour à la discussion.
Une minute par jour à l'intuition,
Une minute par jour à la méditation,
Une minute par jour à l'invention,
Une minute par jour à la disposition,
Une minute par jour à la distribution,
Une minute par jour à l'exécution,
Et quatorze cent vingt-huit minutes à la distraction et au sommeil (c'est réellement la moindre mesure de délassement et de repos qu'on puisse dispenser à une vie occupée de labeurs si vastes et si sérieux); –
Cela fait quatorze cent quarante minutes dont je me départirois quotidiennement en faveur de l'Histoire du roi de Bohème et de ses sept
châteaux.
Mais la composition du premier volume m'ayant coûté trente ans, trois semaines et quelques heures, nous ne compterons que trente ans pour éviter le calcul des fractions, - je ne pourrois guère fournir ma dernière livraison avant le mois de mars de l'an ving-neuf cent neuf.
Le bibliophile est un homme doué de quelque esprit et de quelque goût, qui prend plaisir aux œuvres de génie, de l'imagination et du sentiment. Il aime cette muette conversation des grands esprits qui n'exige pas de frais de réciprocité, que l'on commence où l'on veut, que l'on quitte sans impolitesse, qu'on renoue sans se rendre importun. (p.92-93)

La position de Trieste a quelque chose de mélancolique qui serrerait le cœur si l’imagination n’était pas distraite par la magnificence des plus belles constructions, par la richesse des plus riantes cultures. C’était le revers d’un rocher aride, embrassé par la mer ; mais les efforts de l’homme y ont fait naître les dons les plus précieux de la nature. Pressé entre la mer immense et de hauteurs inaccessibles, il offrait l’image d’une prison ; l’art, vainqueur du sol, en a fait un séjour délicieux. Ses bâtiments, qui s’étendent en amphithéâtre depuis le port jusqu’au tiers de l’élévation de la montagne, et au-delà desquels se développent, de degrés en degrés, des vergers d’une grâce inexprimable, de jolis bois de châtaigniers, des buissons de figuiers, de grenadiers, de myrtes, de jasmins, qui embaument l’air, et au-dessus de tout cela la cime austère des Alpes illyriennes, rappellent aux voyageurs qui traversent le golfe l’ingénieuse invention du chapiteau corinthien ; c’est une corbeille de bouquets, frais comme le printemps, qui repose sous un rocher. Dans cette solitude ravissante, mais bornée, on n’a rien négligé pour multiplier les sensations agréables. La nature a donné à Trieste une petite forêt de chênes verts, qui est devenue un lieu de délices : on l’appelle, dans le langage du pays, le Farnedo, ou le Bosquet. Jamais ces divinités champêtres, dont les heureux rivages de l’Adriatique sont la terre favorite, n’ont prodigué, dans un espace de peu d’étendue, plus de beautés faites pour séduire. Le Bosquet joint souvent même à tous ces charmes celui de la solitude ; car l’habitant de Trieste, occupé de spéculations lointaines, a besoin d’un point de vue vaste et indéfini comme l’espérance. Debout sur l’extrémité d’un cap, et sa lunette fixée sur l’horizon, son plaisir est de chercher une voile éloignée, et, depuis le Farnedo, on n’aperçoit pas la mer.
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Les brigands avaient paru à Santa-Croce, à Opschina, à Materia ; on assurait qu’ils occupaient même le château de Duino, et que c’était du pied de ce promontoire qu’ils se jetaient, à la faveur de la nuit, comme des loups affamés, sur tous les rivages du golfe, où ils portaient la désolation et la terreur. Les peuples épouvantés se précipitèrent bientôt sur Trieste. La casa Monteleone surtout était loin d’être un asile sûr. Un bruit s’était répandu qu’on avait vu Jean Sbogar lui-même errer, au milieu des ténèbres, sous les murailles du château. La renommée lui donnait des formes colossales et terribles. On prétendait que des bataillons effrayés avaient reculé à son seul aspect.
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Oserois-je vous demander quel livre n'est pas pastiche, quelle idée peut s'enorgueillir aujourd'hui d'éclore première et typique!
Ce sont des hommes redoutables que le désir de voir du sang tient éveillés pendant les plus longues nuits d’hiver, et qui égorgeraient une jeune mariée pour avoir son collier de perles.
CONDOLA.
Épigraphe du chapitre II
Et voilà pourquoi les sociétés marchent lentement. Chaque siècle a ses besoins.
Le besoin le plus pressant de notre époque pour un homme raisonnable qui apprécie le monde et la vie à leur valeur, c'est de savoir la fin de l'histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux.
Moi, je n'ai besoin que d'un cheval : soit nécessité, soit caprice, je n'irai pas en Bohême sans cheval. Une entreprise comme celle-ci vaut bien les frais d'un cheval, et cependant j'ai vu passer vingt souscriptions sans qu'il fût question d'un cheval pour aller en Bohême !
Un cheval ! un cheval !