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Citations de Charles Wright (172)


Cela fait presque un mois que nous vivons sans Internet, ni radio, ni télé, ni journaux, sevrés des vaguelettes de l'actualité. Les bienfaits de cette cure d'inactuel sont incalculables. Quand on se coupe du vacarme ambiant, qu'on se dégage de l'écume, l'âme s'allège et se dilate. (p. 283)
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Pour moi, cette vie au seuil de l'instant me procure une allégresse continuelle. La joie crépite par tous les pores de ma peau. Les cellules de mon corps me font savoir qu'elles sont heureuses. (p. 171)
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A force d'enchaîner ces moments de plénitude, nous commençons à comprendre que la sobriété n'est pas la vie à basse intensité. Au contraire, en se désencombrant, en s'allégeant, en limitant certains besoins qui nous distraient, on accède peu à peu aux fêtes de l'instant, ces petits riens qui, si on sait les saisir, révèlent leur poids de beauté et de mystère. La pauvreté est une voie vers la joie parce qu'elle ouvre un espace illimité d'accueil. Quand on n'a rien, on est obligé d'ouvrir les mains, et on se dispose ainsi à tout recevoir. (p. 171)
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L'avancée dans le dépouillement est une marche lente et difficile. En décidant de ne rien posséder, de vivre au jour le jour sans amasser de réserves, nous nous exposons au mirage du manque. Pourtant, chaque jour, nous renouvelons l'expérience que les choses dont on a besoin arrivent au moment opportun, mais la peur est un tyran impitoyable. (p. 161)
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C'est le neuvième jour du voyage. Je sens que le chemin opère peu à peu en moi un travail de métamorphose. La longue marche n'est pas seulement un sport, c'est une ascèse, une hygiène du cœur, un chemin de transformation. Elle éclaire le regard, débarrasse des scories, débroussaille notre fouillis intime, fait venir à la vérité. Et puis, elle est le lieu où s'éprouve intensément la liberté, "la liberté libre", selon la belle expression de Rimbaud. [p. 154]
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Je tiens de vieux moines avec lesquels j'ai vécu que plus on a de religion, moins on en parle, et que les choses de l'Esprit se manifestent toujours de façon discrète, à bas bruit. [p. 140]
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"Si tout le monde était parfait, qu'aurions-nous à offrir à Dieu ?" écrit l'auteur pour qui le christianisme n'est pas une religion de purs, de parfaits, de bigots, mais le recours des blessés, des cabossés, des désespérés, puisque c'est notre misère, non le déploiement de nos efforts ou l'étalage de notre vertu, qui touche le cœur du Christ des évangiles. [p. 112]
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Car, dans le fond, qu'espère le pèlerin ? Non pas la cagnotte du loto, la dot d'une héritière ou le dernier iPhone, mais le prochain hameau, la forêt à venir, la fontaine à venir. La marche redonne à l'espérance sa juste mesure. Quand on voyage à pied, sans but et sans rien, le moindre village annoncé sur la carte augure des bonheurs possibles. Chaque lieu est un désir, une attente. Le credo du pèlerin, c'est le pas de plus. "En marche", comme s'exclame Rimbaud dans "Mauvais sang" : la terre promise est devant nous !
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Dans un voyage, les rencontres sont intenses sans doute parce qu'elles sont sans lendemain. Elles sont aussi marquées par l'absence de précédents et l'ignorance du passé des uns et des autres. Sur cette trame de l'instant présent, chacun se donne sans retenue, intensément, conscient que le relation ne sera suivie d'aucun attachement. Et puis, en arrivant chez les gens les mains nues, on réveille en eux ce qu'il y a de meilleur : la générosité, la bonté, l'acte de donner. Quand on a été témoin de cette assomption de l'humanité au-delà de sa mesquinerie coutumière, c'est dur de reprendre la route comme si de rien n'était... (p. 91-92)
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Est-ce l'influence du soleil sur ma météo intérieure ? Ou les premiers effets de la vie en plein air ?
Je sens la joie couler à nouveau dans mes veines. La marche fouette le sang, attise la vitalité et chasse les idées noires. Elle communique un surplus d'être. Comme j'ai bien fait de prendre la clé des champs ! Et qu'il est bon d'aller par les chemins, en sifflant, au hasard ! Dormir dans des abris de fortune, enjamber les ruisseaux, comme les oiseaux, picorer ici ou là de quoi vivre. Ne plus rien prévoir, s'ouvrir à l'inattendu, n'appartenir qu'à la route. Et puis s'arrêter selon les envies, parce qu'un arbre nous appelle sous son feuillage ou que l'oeillade d'une vache nous a séduits. La vie errante est la liberté à l'état pur. (p. 83)
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L'écriture est une arme contre la décomposition, une façon de capturer l'instant fugitif avant que l'oubli l'ensevelisse. Avec ce petit calepin bleu qui ne quitte jamais mes poches, je suis l'archiviste du temps qui passe. (p. 75)
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Benoît peut bien botter en touche, je sens bien que notre nouvel état ne le laisse pas tranquille. De fait, n'être plus rien ni personne donne le vertige.
Désormais, pour exister aux yeux des autres, on ne peut plus s'appuyer sur le métier, les biens, l'apparence, la réputation, tous ces pedigrees qui mesurent d'habitude le standing d'une personne. Le costume de cérémonie qu'on enfile pour apparaître sur le théâtre social, avec son beau chapeau, ses beaux souliers, ses décorations et ses insignes brodés, on l'a laissé au vestiaire. Notre seule raison sociale est celle de pèlerin ou de mendiant, c'est peu pour étayer un ego et habiller un être. (p. 61)
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"De ce que j'ai aimé, que restera-t-il ?" s'interroge Saint-Exupéry.
Cette question m'obsède. Je me sens orphelin d'un monde disparu. Tout ce à quoi je tiens le plus est submergé par l'énorme vague de la modernité en marche : la culture de l'intériorité, le silence, la gratuité, la lenteur, le sens de la nuance, de la mémoire et de la profondeur historique. (p. 43)
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Tandis que l'obscurité se répand, nous établissons nos pénates sous un vieux lavoir léché par un affluent de la Touvre, à l'écart de l'agitation. Surmonté d'une toiture en tuiles et protégé des regards par d'épais murs en pierre de taille, l'endroit est un abri idéal, même si la proximité de l'eau présage des piqûres de moustiques. Pendant que Benoît dispose le lieu, je tente une razzia de nourriture dans les rares maisons où il y a de la lumière. Dans l'une d'elles, manifestement une maison de vacances, un militaire en garnison à Angoulême ne trouve que trois carottes et une boîte de maquereaux dans les réserves. La baraque attenante allonge le festin avec deux morceaux de pain de la veille. Quand il découvre la moisson, Parsac tourne pâle.
- Putain, poétise-t-il, un mois, ça va être long !
Sous notre lavoir de fortune, l'énergie brusquement défaite, nous éclatons de rire.
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Comme le héros de Balzac, les êtres normalement constitués aspirent à grimper à l'échelle sociale, à monter en grade. Parsac et moi faisons partie des rares farfelus à prendre le chemin inverse. Trente jours durant, nous allons suivre la voie de l'abaissement. Vagabonds, mendiants, voyageurs sans bagage, nous allons expérimenter une vie sans appui avec, pour seule fortune, l'heure présente, le bel aujourd'hui. (p. 37)
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Ce chemin avait la réputation d'être bien balisé et peu fréquenté. C'était la solution de facilité -si nous avions opté pour le hors-piste, il eût fallu un sac entier de cartes d'état-major-, une promesse de solitude, et l'assurance de faire, pendant un mois, provision de beauté. (p. 34)
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Notre voyage s'inscrivait dans ce sillon : c'était un rite d'initiation.Nous allions faire nos gammes de spirituels non pas en feuilletant des manuels ou en avalant des traités mais en nous coltinant la réalité. Les jésuites sont des hommes réalistes que les jongleries de concepts n'impressionnent guère. C'est une chose de gloser sur la confiance ou de remuer des idées sur la providence, c'en est une autre d'affronter concrètement la faim, la soif, la peur, la pauvreté, l'inquiétude, l'absence d'abri quand la nuit tombe. Pour eux, rien ne vaut le livre de l'expérience. (p. 25)
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Je pratiquais une religion buissonnière, faisant mes dévotions en contemplant les frondaisons des arbres plus volontiers que dans les églises où des liturgies plates arasaient le mystère. J'estimais certains de ces novices, ils étaient plein d'ardeur et d'idéal, mais nous ne parlions pas la même langue. (p. 23)
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En ces temps d'extinction de foi, je faisais partie des derniers fidèles du Galiléen. J'appartenais à la réserve d'Indiens. (p. 21)
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Nous comptions sur le dévouement de nos fiancées pour nous achalandé en nourriture et en encouragements. Nous allions vivre d'amour et d'eau fraîche. Le romantisme de notre désertion avait les accents du "Grand Meaulnes". Mais il y avait aussi du "Walden" dans le projet de revenir à la nature sauvage et un peu des "Aventures du Petit Nicolas" puisque, dans notre fantaisie, nous n'avions pas totalement omis d'être sages : fort consciencieusement, nous avions glissé dans nos valises de quoi réviser le brevet des collèges...C'était une épopée de cour d'école, une turbulence d'enfants sages, une chimère de gamins désireux de hisser le réel à la hauteur de leurs rêves. (p. 16)
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