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Critiques de Charlotte McConaghy (70)
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Je pleure encore la beauté du monde

Une magnifique fable écologique et féministe qui nous emmène à la rencontre des loups dans les imposantes forêts d'Ecosse. Mais nombreux sont ceux qui s'opposent à cette réinsertion dans leurs terres, pourtant indispensable pour la survie de tous. Bouleversant et puissant, indispensable !
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Je pleure encore la beauté du monde

« On avait huit ans le jour où papa m’a coupée en deux, de la gorge jusqu’au bas ventre. »



Voilà comment débute ce roman, entre malaise et incompréhension. Aggie et Intie sont jumelles, elles vivent entre l’Australie et le Canada, entre mère et père.



Leur père leur fait découvrir les grandes forêts de Colombie Britannique, les rapproche de la nature, au plus près des derniers animaux sauvages qui vivent librement.



Leur mère les endurcit, surtout Intie, compte tenu de son don particulier…



À l’âge adulte, elles ne se quitteront pas et Aggie suivra Intie dans les Highlands en Ecosse pour l’aider à réintroduire des loups. Mais rapidement elles vont faire face à l’hostilité du monde et des hommes, dominés par leur peur et leurs préjugés.



Quel roman fabuleux ! Les descriptions de la nature sont à couper le souffle. J’ai eu l’impression de vivre au milieu des loups, de les sentir, de caresser leur pelage. Et puis, quel portrait de femmes ! Dans ces nuits noires, hantées par l’hostilité des hommes, Intie brille. Je pleure encore sur la beauté de ce roman.



À mettre dans toutes les mains, urgemment !
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Je pleure encore la beauté du monde

La rage m’habite

Le beau se montre à moi

Mais il est trop faible

Face à toute l’horreur environnante

Le beau est broyé

La bonté est moribonde

La rage l’emporte

La haine est victorieuse

La violence omniprésente

Pourtant, je sais que cette noirceur me détruira l’âme

Mais qu’importe

Le futur n’existe pas

Je vis dans le présent

Je me consume

~

Un récit qui m’emporte loin entre bonté et violence, entre sagesse et fatalisme, entre écologie et mercantilisme. Tout dans ce récit est dualité, combat… Certains combats sont perdus d’avance malheureusement, mais cela ne signifient pas pour autant qu’ils ne doivent pas être menés.
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Je pleure encore la beauté du monde

Un superbe roman entre le policier et le nature writing sur fonds d'écologie ! L'histoire d'Inti est magnifiquement racontée, son personnage, sa capacité à ressentir les autres et l'omniprésence du loup permettent une belle exploration de la nature humaine.
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Je pleure encore la beauté du monde

Un titre magnifique, une couverture inspirante, une présentation qui fait envie et un contenu subtil, bien pensé et porteur de sens. Tous les ingrédients d’un coup de cœur.

Inti Flynn est une biologiste australienne, elle est venue, avec son équipe, s’installer en Ecosse, dans le but de réintroduire des loups dans les Higlands afin de rééquilibrer la présence des cerfs (trop nombreux, le loup sera leur prédateur) et ainsi permettre à la forêt de reprendre sa place.

Mais venir avec quatorze loups gris dans ses « bagages », dans un coin où les troupeaux sont nombreux, n’est pas simple. Les habitants lui font vite comprendre qu’au moindre problème, ils n’hésiteront pas à se débarrasser des loups.

Int souffre de synesthésie visuo-tactile, c’est la capacité de ressentir la douleur et les émotions des autres. Elle perçoit les souffrances, les douleurs, de ceux qu’elle côtoie (les loups, les amis, les hommes et les femmes qu’elle rencontrer). Elle peut donc s’évanouir sous le coup de la douleur ou se sentir très très mal. C’est handicapant car ça va plus loin que l’empathie ou le partage.

« Papa me disait souvent que mon don le plus précieux était ma capacité à me glisser dans la peau d’un autre humain. Il me disait que j'étais la seule à pouvoir ressentir ça, la vie d'un autre, l'éprouver vraiment et me balader avec. Il disait que le corps sait un tas de choses et que moi, je possédais ce don miraculeux de ne pas connaître qu'un seul corps. L'incroyable intelligence de la nature. »

Int aime son métier, elle le doit en partie à son père qui l’a emmenée très jeune, avec sa sœur, dans la nature. Mais sa profession la consume. Les liens, qu’elle tisse avec les loups, sont forts, ils ont une place prépondérante dans son quotidien. Elle est prête à tout pour eux. Toute son énergie est tournée vers eux, leur bien-être, quitte à s’oublier elle-même. Elle les trouve beaux, ils font partie de sa vie, de ses fibres -j’irai presque jusqu’à écrire- « maternelles ».

« Quand on parle de préservation, de sauver cette planète, il faut commencer par les prédateurs. Parce que tant qu’on ne les aura pas sauvés eux, on n’aura aucune chance de sauver le reste. »

« Moi, je vois leur puissance subtile, leur patience immense et leur beauté incomparable. »

Le récit oscille entre passé, présent, observations de la meute, questionnements sur des faits bizarres, ressentis exacerbés de Int. On découvre les personnages, les gens qu’elle rencontre, les rapports qu’ils entretiennent. La psychologie, l’approche humaine sont importantes. De nombreux sujets sont abordés, la gémellité, la violence mentale et physique (et les traces indélébiles qu’elle laisse), le besoin de sauvegarder la nature et ceux qui l’habitent etc.

C’est un magnifique texte (bravo à la traductrice) où les mots sont choisis pour exprimer toute une palette visuelle dans les descriptions, sensible dans les émotions. Chaque phrase est sublimée par l’atmosphère qui se dégage de ce roman. On peut parler de thriller écologique mais ce raccourci est bien trop réducteur. Je ne sais pas si on peut mettre cet écrit dans une case, il est tellement complet et bouleversant. Int et son amour des loups sont inoubliables ….


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Je pleure encore la beauté du monde



De CHARLOTTE Mc CONAGHY : Je pleure la beauté du monde. (360 pages)



Quand vous avez commencé de lire ce livre il vous est difficile de le poser.



Inti Flynn est une jeune biologiste qui mène un programme de réintroduction du loup dans les Highlands écossais.

Inti a été élevée avec sa jumelle Aggie , deux mois par ans chez leur père à Vancouver qui leur apprend a vivre et même survivre au milieu des bois et le reste de l année avec leur mère commissaire de police à Sydney.

Perturbée dans leurs vies de jeunes adultes les deux sœurs se refugieront sur la terre écossaise.



La réintroduction du loup dans un territoire d'élevage n'est pas sans conséquences.

Le cadavre mutilé d'un éleveur alors que les loups sont lâchés dans la nature créera un doute dans la population.



Ce livre nous explique les bienfaits que l'animal sauvage peut apporter à la nature, nature qui a été son domaine avant que l'homme ne la modifie.



Superbe livre lu en deux jour.
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Je pleure encore la beauté du monde

« Je pleure encore la beauté du monde » est la version française du nouveau roman de Charlotte McConaghy, « Once There Were Wolves ». En 2021, j’avais eu un énorme coup de cœur pour « Migrations », un texte qui abordait le voyage des Sternes arctiques vers l’Antarctique. À travers le personnage de Franny Stone, Charlotte McConaghy mettait déjà en lumière une femme brisée par l’effondrement du monde. Elle réitère cette pensée dans « Je pleure encore la beauté du monde » avec Inti Flynn, biologiste et spécialiste de la réintroduction des loups en milieu naturel. Nous sommes en Écosse, dans le parc naturel des Cairngorms, où quatorze loups vont être renvoyés à la vie sauvage dans un but bien particulier.



« Ce que nous observons en Écosse, explique Evan, est un écosystème en crise. Le réensauvagement de la région est une nécessité absolue qu’il faut entreprendre de toute urgence. Si nous réussissons à étendre la couverture forestière de cent mille hectares d’ici 2026, alors nous serons en mesure de réduire drastiquement les émissions de CO2, qui participent au réchauffement climatique et nous pourrons offrir de nouveaux habitats aux espèces endémiques. La seule manière d’atteindre cet objectif consiste à contrôler la population herbivore et le moyen le plus simple et le plus efficace d’y parvenir est de réintroduire un prédateur essentiel qui vivait ici bien longtemps avant nous. L’élément de prédation indispensable à la survie de l’écosystème a disparu depuis plusieurs siècles, depuis que les hommes ont traqué et supprimé tous les loups, jusqu’à l’extinction de la population. »



Le travail d’Inti et de son équipe consiste à faire en sorte que la réintroduction des loups se passe bien, autant pour eux, que pour les habitants du cru, majoritairement propriétaires terriens et éleveurs de bétails qui ne voit pas d’un très bon œil l’arrivée de ces prédateurs. Mais, « Je pleure encore la beauté du monde » est un récit en deux temps, celui du présent en Écosse ET celui du passé d’Inti et de sa sœur jumelle Aggie, ballottées entre leur mère citadine et cartésienne à Sydney, et leur père rêveur, attaché à la terre, resté « à l’état sauvage » dans une forêt proche de Vancouver. C’est précisément dans le passé que le lecteur prend la dimension de deux choses fondamentales. La première c’est qu’Inti est atteinte d’une capacité insolite qui lui permet d’être en permanence connectée aux autres. « La synesthésie visuo-tactile. Mon cerveau recrée les expériences sensorielles des créatures vivantes, de tous les êtres humains et parfois même des animaux. Quand je vois, je ressens, et pendant quelques instants, je suis les autres, eux et moi ne faisons qu’un et leur douleur ou leur plaisir et le mien. » La seconde concerne un drame survenu dans la vie de sa sœur qu’Inti espère pouvoir guérir en la ramenant dans le cocon de nature de leur enfance et dont il faudra remonter aux origines. Ajoutez à cela la partie du présent, le travail auprès des loups, la didactique qui s’y rapporte tant au niveau de l’animal en lui-même que de l’action écologique, et vous obtenez un roman qui pousse les murs de l’intériorité et de l’intimité pour venir se mêler aux problématiques du monde.



Aimer les loups, c’est d’abord les comprendre. Il faut dire que Charlotte McConaghy a fait énormément de recherches sur le sujet pour apporter le plus de réalisme possible sur leur sens de la famille, leur façon de chasser, leur intelligence. Au-delà de l’imaginaire de conte de fées qui entoure ces animaux fascinants, ils sont la clé d’un écosystème que je n’appréhendais pas. L’idée de départ de « Je pleure encore la beauté du monde », le réensauvagement grâce à l’introduction des loups et toutes les conséquences qui en découlent était fort alléchante, mais je n’imaginais pas à quel point l’histoire intime de ces jumelles allait faire corps avec le récit et le sublimer. Car, si une meute est capable de faire pousser de nouvelles plantes, revenir au cœur de la forêt peut offrir à Inti et Aggie un nouveau départ. En se reconnectant à la nature, Inti espère sauver sa sœur d’un vécu traumatique et elle-même d’une violence devenue intrinsèque.



Inti est une femme en colère, cabossée de l’intérieur, complexe. Elle a été le témoin de l’inhumanité des hommes, elle a subi la société, a expérimenté toutes les haines face à la réintroduction d’un animal dont tout le monde a une peur panique. Son « don » qui se rapproche d’une empathie extrême évolue au fil du roman, mais grâce à lui, elle perce le secret des émotions humaines, elle fonctionne à l’instinct. Comme les loups dont elle se sent si proche qu’elle voudrait pouvoir se glisser sous l’une de leur peau. Le pouvoir de la meute est aussi fort chez les loups qu’entre sa sœur et elle, comme l’instinct de la douceur ou du danger…



« Papa me disait souvent que mon don le plus précieux était ma capacité à me glisser dans la peau d’un autre humain. Il me disait que j’étais la seule à pouvoir ressentir ça, la vie d’un autre, l’éprouver vraiment et me balader avec. Il disait que le corps sait un tas de choses et que moi, je possédais ce don miraculeux de ne pas connaître qu’un seul corps. L’incroyable intelligence de la nature. Il nous avait aussi enseigné que la compassion était la qualité la plus importante de toutes. Si quelqu’un nous faisait du mal, nous n’aurions qu’à puiser dans notre capital empathie, et le pardon viendrait facilement. »



Imaginez souffrir de cette maladie neurologique que j’aime à définir comme un don, imaginez les conséquences que cela aurait dans nos sociétés… ressentir la douleur des autres ferait sans doute de nous de meilleurs humains.



Vous imaginez sans doute que dans « Je pleure encore la beauté du monde », il sera question d’adaptation des hommes et de prise de territoire des loups. Que cette cohabitation pourra s’avérer ardue. Je ne reviens pas là-dessus. Au-delà de tout ce que je vous ai déjà dit précédemment, il y a évidemment un très fort message écologique dans ce texte. J’ai aimé la façon dont Charlotte McConaghy le transmet, à la fois par des exemples très concrets, mais aussi par un langage plus abstrait. Il est énormément question de langage silencieux dans ce roman : le langage silencieux des sœurs, dont Aggie a inventé les mots, le langage des loups, le langage des arbres et de leurs racines que le père des filles leur a enseignés. Nous pouvons tous être acteurs du changement, nous reconnecter à la nature pour retrouver l’harmonie et guérir. Nous devons changer notre regard au monde.



Dans cette traduction française du titre, « Je pleure encore la beauté du monde » il y a à la fois toute l’enfance d’Inti et d’Aggie, le pouls de la forêt transmise par leur père, les douleurs vécues au cœur de la meute humaine, la peur panique de voir disparaître tout être vivant qui ne soit pas humain. En ensauvageant le naturel, peut-on se reconnecter à notre part sauvage ? « Je hoche lentement la tête. Mon père disait souvent que le monde avait déraillé quand nous avions commencé à nous détacher du sauvage, quand nous avions cessé de ne faire qu’un avec le reste de la nature, que nous nous étions installés à l’écart. Il disait que nous pourrions survivre à cette erreur si nous trouvions un moyen de nous réensauvager. Mais comment doit-on s’y prendre, sachant que notre existence terrorise les créatures avec lesquelles nous sommes censés nous reconnecter ? »



Ce roman est d’une beauté fulgurante, autant dans les descriptions de la nature, du système de connexion qui existe entre les loups, que par ce qu’il dit de l’histoire de deux sœurs, dont l’une a clairement subi la violence du monde. Le sens de la famille qui y est développé grâce à l’observation de la meute et devrait éveiller nos consciences sur notre propre humanité. Le don d’Inti à ressentir physiquement la douleur des autres ne fait qu’accentuer la force du récit. Les portraits de ces deux sœurs, réellement unies face au monde, sont tout à fait bouleversants. Que serait-on capable de faire par amour ? Par peur ? Par instinct ?



« Je pleure encore la beauté du monde » est riche d’émotions, résolument féministe, énergiquement écologiste et efface l’espace-temps. Magnifique !



Merci à Marie Chabin pour sa traduction.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Je pleure encore la beauté du monde



Ayant beaucoup aimé le premier roman, Migrations, de cette autrice, je me faisais une joie d'ouvrir celui-ci. Il avait en effet tout pour me plaire: une histoire de réintroduction de loups dans une forêt des Highlands (une pure fiction , apparemment) et j'étais déjà ravie.

Hélas, le défaut que j'avais déjà évoqué comme bémol pour son précédent ouvrage se donne ici libre-cours: le pathos. 

On accumule les personnages torturés, les situations prévisibles (voire invraisemblables) et à trop vouloir accumuler les thèmes (violence faites aux femmes, loups accusés de tous les maux, y compris de meurtre sur humains) l'autrice m'a totalement déçue. Dommage.Il n'en reste pas moins qu'on sent ci un véritable amour  de la nature et des loups.





 Éditions Gaïa 2024. Traduit de l'anglais (Australie) par Marie Chabin.
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Je pleure encore la beauté du monde

Je pleure encore la beauté du monde

Un titre magnifique pour une histoire qui l’est tout autant. Ma plus belle lecture de ce début d’année.

Inti est une biologiste chargée de réintégrer 14 loups dans les forêts écossaises afin de permettre la biodiversité et de réduire le réchauffement climatique.

Mal accueillie avec son équipe par les éleveurs inquiets pour leurs élevages, elle doit faire face en plus à la disparition du plus irascible d’entre eux. Une enquête commence où les loups sont montrés du doigt. Une enquête qui confronte surtout Inti (et sa jumelle Aggie) à leur passé traumatique…

Entre passé et présent, l’Australie, le Canada et l’écosse, un roman puissant, palpitant où l’animal n’est pas celui que l’on croit. Une histoire de violences. D’amour. Et de rédemption.

Magistral

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Je pleure encore la beauté du monde

J'ai beaucoup aimé ce roman, malgré ses imperfections. Les personnages sont construits sur un modèle décalé mais convainquant. L'intrigue est à couper le souffle.

Je regrette de ne pas avoir vraiment adhéré aux parties institutionnelles, justifiant l'étiquette eco-roman, qui me semblent être artificiellement ajoutées.

Les loups n'ont pas été réintroduits en Écosse car la société n'est pas prête. Je conclus de cette lecture que l'environnement n'est pas non plus adéquat, ce qui ajoute à mes réticences à promouvoir ce roman. Il y a trop d'invraisemblances et une fin confuse. L'auteur a-t-elle manqué de temps, de capacité à gérer l'ensemble des sujets abordés ? Cette auteur n'est pourtant pas une débutante.

Ce roman est une promesse qui n'atteint pas ses objectifs ambitieux, et c'est dommage. Il y a d'excellents développements qui restent inaboutis. Le résultat me donne une impression de négligence.

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Je pleure encore la beauté du monde

Une fable écologique, à laquelle se mêlent la puissance du thriller et l’intensité du roman psychologique : un récit haletant, poétique et bouleversant.





L’arrivée d’Inti Flynn, responsable du « Caingorms Wolf Project », dans les Highlands écossais, vient bouleverser le quotidien des habitants : alors qu’avec son équipe, elle a pour mission de réintroduire le loup dans la région afin de régénérer l’environnement, elle se heurte à l’hostilité des paysans. Comment les réconcilier avec cette figure tant redoutée que fantasmée ? Comment concilier des intérêts aussi antagonistes, surtout quand chacune des deux parties est convaincue du bienfondé de ses arguments ?

Alors que l’autrice a réussi à me saisir avec un incipit redoutable d’efficacité, certains passages au début de l’oeuvre, confèrent au roman une portée didactique qui vient rompre la magie romanesque pour servir le discours engagé.

Si, comme moi, ce mélange des genres vous agace, ne refermez pourtant pas le roman. Il recèle bien d’autres qualités à côté desquelles il serait dommage de passer.



D’abord, la narratrice parvient à nous transporter dans cette région de l’Ecosse où la nature domptée par l’humain côtoie une nature sauvage et majestueuse : sous les yeux d’Inti, on re-découvre les paysages des Caingorms dont la beauté est à couper le souffle, chaque saison révélant une palette de tons inégalée. Cette acuité exceptionnelle exercée durant l’enfance aux côtés d’un père naturaliste, se mêle chez la jeune femme à une sensibilité pathologique : vécue le plus souvent comme un handicap face aux humains, elle lui offre pourtant des instants de grâce durant lesquels, en symbiose avec la nature, elle semble en comprendre la langue originelle. De ces moments privilégiés émane un souffle poétique vibrant et puissant.



Ce décor majestueux sert de cadre à une histoire qui m’a littéralement happée, tant l’intrication des deux intrigues s’y déploie habilement. D’un côté, Charlotte McConaghy sait maintenir ses lecteurs en haleine en nous plongeant dans l’univers du thriller : comme prévu, avec la réintroduction des loups, les cadavres se multiplient. Pourtant, si comme Inti en est convaincue, ces prédateurs ne sont pas les coupables, qui vient donc rôder à la nuit tombée pour assouvir sa soif de violence ? Le mystère perdure jusqu’à la fin.

De l’autre, l’autrice parvient à créer des personnages complexes et nuancés qui se dévoilent progressivement, aux lecteurs et à eux-mêmes, grâce aux va-et-vient temporels. Je pense bien sûr à l’héroïne : défiante et animée d’une colère froide, elle ne semble pouvoir s’apaiser qu’au contact de la nature et des loups. Je pense aussi aux personnages secondaires, tels Angie, la soeur jumelle d’Inti : autrefois extravertie et polyglotte, elle est devenue une ombre, ne s’exprimant que par signes. Quel événement traumatique a transformé les deux soeurs ? La vérité ne pourra émerger qu’à la fin du roman, à l’issue d’un douloureux travail introspectif.



Enfin, dans ce décor sauvage se déploie une violence humaine aux visages multiples que l’autrice analyse avec finesse : à l’opposé de la violence instinctive du loup qui « passe sa vie à mourir lentement de faim », la violence humaine apparait comme un langage vain, celui des frustrés, des impuissants, des vulnérables pour tenter d’assouvir leur soif de domination. Est-il possible de sortir de son cercle infernal et vicieux ? Quels remèdes lui opposer pour tenter de se réconcilier avec soi-même et avec les autres ? La confrontation de l’humain avec le loup permet enfin de questionner fructueusement notre rapport à l’autre et au monde.




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Je pleure encore la beauté du monde

C est une tempête de sentiments et d émotions que j 'éprouve en lisant la dernière phrase de cette belle histoire. J ai été bousculée choquée, charmée, bercée. Je suis passée des larmes aux sourires sans oublier les soupirs de soulagements après les angoisses.Je me suis mise à aimer les loups ,la forêt, la neige.

Quand nous étions enfants les adultes nous inculquait la peur du loup, la menace ,la punition.

Ces loups si décriés sont ici glorifiés considérés bien meilleurs que certains hommes. Maintenant on a envie d aller caresser une louve blanche.



L 'héroine Inti avec son association introduit 14 loups dans les Highlands en Ecosse afin de pouvoir retrouver la biodiversité d autrefois, de régénérer l environnement, d'étoffer la forêt .C'est une écologie toute simple :si les loups chassent le trop plein de chevreuils et d 'herbivores, les jeunes pousses d arbre pourront grandir et faire surgir une nouvelle canopée.



Les personnages sont authentiques avec leur courage, leur faiblesse.

Inti a une soeur jumelle avec laquelle elle est fusionnelle . toutes les deux ont vécu un drame ,elles s en sortent plus ou moins bien chacune soutenant l autre.

Inti souffre de synesthésie maladie qui lui fait ressentir dans son corps tout ce qu elle visualise chez les autres y compris les animaux.

Il en faut du courage a notre héroïne pour mener son projet à terme car elle se heurte à l hostilité des éleveurs .

Duncan le policier sous un aspect rugueux cache une sensibilité exacerbée .



L auteure surfe sur de nombreux thèmes ;les femmes battues, les tromperies , les secrets, des morts ,des suspects, la culpabilité systématique des loups.

Ce livre très riche nous fait naviguer sur plusieurs lieux :l Australie ,la Colombie britannique, l Alaska et enfin l Ecosse ;sur plusieurs époques.

C est un tour de magie de l auteure d avoir écrit à la fois un plaidoyer pour l écologie, un thriller, un drame intime suivi d'un long chemin vers la résilience et la renaissance et une approche passionnante sur la vie des loups .

L écriture est belle dans sa sobriété , sans fioritures avec beaucoup de pudeur et l art de la petite phrase venue au bon moment.

C est un régal de lecture qui se termine quand le jour se lève.
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Je pleure encore la beauté du monde

Mon coup de cœur de ce début d'année. Une personnalité très attachante du personnage principal, une intrigue pour le dynamisme, le contemplatif de la nature et des loups, et au final une vraie réflexion sur ses propres valeurs. Personne n'est épargné, et c'est sans doute ça qui en fait une histoire à laquelle on peut s'identifier.
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Je pleure encore la beauté du monde

Inty Flinn débarque en Écosse avec 3 loups et une équipe de scientifiques avec l'objectif de réintroduire les canidés depuis longtemps disparus dans les Highlands. Tous vont devoir prouver aux habitants du village que la réintroduction du loup dans les forêts est une nécessité pour sauver l'écosystème et lutter contre le réchauffement climatique.

Inty est une femme secrète et sèche, qui semble cacher de nombreux démons. Mais pour le bien de son projet et pour éviter des conflits inutiles avec les villageois, elle va devoir apprendre à mettre de l'eau dans son vin...



Un roman d'une grande force qui nous plonge dans le quotidien des loups et des hommes, qui sont encore trop effrayés par ces animaux.
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Je pleure encore la beauté du monde

D'abord, il y a la couverture qui a retenu mon attention, la quatrième qui a confirmé que l'histoire parlait de loups, mais aussi d'Ecosse (ma prochaine destination de vacances) , de nature, de la difficulté de les réintégrer dans leur milieu naturel et de femmes complexes et passionnées ...

Et puis au cours de ma lecture, j'ai découvert des personnages ombrageux, cabossés, violents, délicats et exaltés.

J'ai été fascinée par les loups, Numéro 10, Cendre et la petite blanche chétive cascadeuse et déterminée, car les loups réintégrés à cette superbe terre de légendes que sont les Cairngorms sont bien les héros mythiques et sauvages de ce roman.

Et surtout, j'ai été happée par l'intrigue, les cadavres d'animaux ou d'hommes qui apparaissent ou disparaissent, sont retrouvés et enterrés ...

Enfin, parce qu'une histoire sans amour, sous toutes ses formes ne serait pas la vraie vie, Charlotte Mcconaghy a su justement doser les sentiments et les émotions de ses personnages, elle a rendu Inti si belle et si farouche, Duncan si secret et si patient et Aggie si forte et si fragile, les habitants et les paysans hostiles au projet plus vrais que nature et parfois attachants...

Vous l'aurez compris , j'ai tout aimé dans ce roman , une petite pépite qu'on ne voit pas assez sur les tables de librairie, que je vous invite instamment à découvrir et venez me dire ce que vous en avez pensé, ce que vous avez aimé ou pas....mais faites vite, j'ai hâte d'échanger !
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Je pleure encore la beauté du monde

"Je pleure encore la beauté du monde" de Charlotte McConaghy est un roman à la fois écolo et polar.



Babelio m'avait suggéré cette lecture pour je ne sais plus quelle occasion. Ce qui m'avait intéressé en premier lieu était le titre, que je trouvais mélancoliquement poétique (oui, j'étais dans cette humeur-là), ainsi que la couverture que je trouve encore aujourd'hui de toute beauté. Puis j'ai lu la quatrième et jackpot! Un roman qui relis les deux thèmes que je recherchais!



Le livre est bien! Écrit à la première personne, ce roman nous emmène en Écosse où une australienne réintroduit des loups dans la nature. La mission n'est pas de tout repos entre les instincts des animaux et la peur des habitants locaux (armés).

En plus d'une histoire bien ficelée, j'ai eu le sentiment d'apprendre plein de choses sur les loups et les pratiques écologiques; notamment la démographie des défenseurs de la nature. Il est tout à fait possible que cela ne soit que les fruits d'une fiction, à 100% l'invention d'un auteur inspiré et plein d'espoir. Cependant, si ces informations ne sont que fictionnelles, elles font du bien.



L'histoire est complexe, si bien je laisse les lecteurs le découvrir d'eux-même. Je ne préciserai qu'une seule chose: j'ai trouvé la fin un chouilla chaotique. Bien, mais chaotique.



Je recommande vivement ce roman!
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Je pleure encore la beauté du monde

Biologiste écartelée entre deux continents et les deux codes de vie de ses parents séparés – La Colombie-Britannique où vit son père homme des bois, et l'Australie où vit sa mère policière - Inti dirige dans les Highlands un programme de renaturation destiné à freiner le réchauffement climatique grâce à la réintroduction du loup en milieu naturel. Concomitamment, elle souffre de synesthésie visuo-sensorielle, affection neurologique épuisante qui lui fait éprouver en se glissant dans leur peau, les sensations vécues par les humains ou animaux qu'elle côtoie. Elle vit avec sa soeur jumelle dont elle prend soin, depuis qu'elle est déconnectée du monde après des violences irréparables de la part de son mari qui « l'aimait à mort », prouvant une fois de plus que "l'homme est un loup pour l'homme et un relou pour la femme" (Miss.Tic).





Dans ce second roman, Charlotte McConaghy atteint l'excellence. Avec un talent, un style, une précision et une maturité hors normes, elle entrelace dans la même intrigue des thématiques aussi graves et lourdes que les violences infligées à la planète, les violences infligées aux femmes, en leur accordant la même importance. A partir de ce qui n'aurait pu être qu'un énième appel à la raison ou enfonçage de portes ouvertes pour sauver ce qui reste sauvable, elle crée une histoire déchirante peuplée de personnages complexes, qui tous tentent, à leur manière, de s'en sortir, de se réparer tout en réparant le monde.





Si j'ai apprécié chaque mot de Je pleure encore la beauté du monde, si j'ai apprécié le style envoûtant et poétique de l'auteure, j'ai également été sensible à son aspect pédagogique. Grâce à des explications documentées et simples bien intégrées dans le roman, j'ai enfin compris pourquoi la réintroduction du loup est autant primordiale pour l'avenir commun. L'auteure n'est pas manichéenne, elle ne pratique pas le sentimentalisme niaiseux, mais rapporte des données scientifiques. Elle évoque les conflits qui opposent les biologistes aux éleveurs autochtones, les premiers souhaitant sauver une espèce, les seconds s'érigeant en propriétaires de la terre et du paysage, s'intéressant davantage à leurs revenus qu'à la préservation du bien commun alors qu'ils sont grassement indemnisés si très rarement, l'une de leurs bêtes est attaquée. Au passage, qui a tué l'un d'entre eux, grande gueule, tabasseur et chasseur ?





Enfin, et j'en resterai là, j'ai aimé découvrir la nomenclature de Werner (publiée en 1814) qui relie les mondes animal, végétal et minéral, identiques et uniquement distingués par des nuances de couleurs, que Charlotte McConaghy utilise pour parer le monde de teintes jusqu'alors inconnues : l'orange orpiment et le jaune citron des frelons ; le vert tarin des aulnes, couleur des poires Colmar bien mûres, des pommes Irish Pitcher et de la pierre brillante baptisée torbernite ; le rouge hyacinthe comme les taches de la punaise Lygaeus apterus ou l'orange hollandais comme la crête du roitelet à couronne dorée. Si vous voulez apprendre que le sang frais a la couleur des cerises et de la tête des chardonnerets, Je pleure encore la beauté du monde est fait pour vous. Mais pas uniquement pour ce motif. Un très grand roman sensoriel, beau, émouvant, utile si l'on considère qu'un autre monde est possible. Et nécessaire.
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Je pleure encore la beauté du monde

Cinq loups stylisés se sont substitués en couverture au titre original « Once there were wolves », que remplace en français une citation du livre « Je pleure encore la beauté du monde ». La quatrième de couv' en fait plus en retombant dans d'anciens travers spoilers. La composante roman policier n'intervient en effet qu'après un bon tiers du récit. le thème général est un projet de réensauvagement des Highlands où ne subsistent que des lambeaux des anciennes forêts celtiques qu'ont décimées des hardes de chevreuils laissées sans prédateurs.

Si l'on excepte les éleveurs de bétail, les loups ont actuellement la cote dans le reste de la population, notamment auprès des pianistes. On pourrait de ce fait s'attendre à une narration convenue, un genre de nouveau western avec une flamboyante biologiste, une certaine Inti Flynn, responsable du projet d'un côté et des éleveurs hostiles à l'esprit bovin de l'autre, même si dans la région, on travaille plutôt sur du mouton. Mais l'examen du CV de l'autrice nous révèle qu'elle est scénariste avant même d'être romancière et de ce point de vue, elle n'a pas ménagé ses efforts pour imaginer un dispositif éminemment complexe : ladite biologiste souffre d'abord d'un syndrome qui lui fait éprouver dans sa chair la douleur de l'être qu'elle observe. Son personnage en outre se double d'une jumelle, autrefois polyglotte et aujourd'hui rendue muette quoique communicant par des signes. Le récit fera dès lors des allers et retours entre le présent et le passé pour nous en révéler la cause. Une intrigue secondaire – mais pas tant que ça – est centrée sur la violence faite aux femmes. On ajoute que les parents de cette doublette sont un père bûcheron repenti (et repentant) survivant désormais en autarcie dans la forêt au Canada, divorcé d'une mère commissaire de police opérant en Australie et déplorant la trop extrême sensibilité de sa fille.

Avec ça il y a de quoi faire et Charlotte McConaghy fait la démonstration d'un talent certain, même si de temps à autre, une barque aussi chargée a tendance à tanguer et que la densité des personnages secondaires en pâtit un peu, ce qui ne l'empêche pas de conduire son affaire avec brio, avec des morceaux de bravoure superbes comme l'approche du cheval sur le lac gelé et d'autres que je ne parviens pas à retrouver, mais qui ne vous échapperont pas, j'en suis certain. Avec des loups au rendez-vous pour tout ce qu'on peut attendre d'eux, depuis Romulus et Remus en passant par Jack London.

J'allais oublier de louer le très beau travail de la traductrice.

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Je pleure encore la beauté du monde

Du très positif qui côtoie du assez négatif!

J'arrivais presque à la moitié, . De plus, Inti, l'héroïne, me tapait sur les nerfs. Toujours à foncer dans le tas, toujours à prendre à rebrousse-poil tout le monde. Il m'a fallu une semaine pour arriver là, et je commençais vraiment à me demander si j'allais arriver au bout. Les loups et les Highlands ont été les seuls à m'accrocher.

Et puis, enfin, l'intrigue s'est installée, l'histoire a décollé. Inti est devenue plus intéressante, les personnages se sont étoffés. L'histoire parallèle d'Aggie s'est précisée, même si elle peut se deviner très rapidement. À partir de là, je n'ai plus lâché le livre, et je l'ai terminé en deux jours.

La fin est magnifique. Pas totalement crédible peut-être, mais j'ai été emportée malgré tout. Les loups et les Highlands y ont à nouveau été pour beaucoup!

Bref, si vous cherchez une histoire Nature writing, sans concession sur la destruction de l'écosystème par l'humain, avec une belle incursion dans le monde du loup, je peux vous le conseiller.

Accrochez-vous juste jusque la moitié !
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Je pleure encore la beauté du monde

En reliant domination des hommes sur les femmes et des humains sur la nature, McConaghy fait de son roman un polar écoféministe assumé, dont le personnage principal soigne ses blessures personnelles dans sa fusion avec la nature […].
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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