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Critiques de Chigozie Obioma (116)
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La Prière des oiseaux

Subjuguée par la prose de Krasznahorkai, du Japon de l'auteur hongrois, me voici au Nigeria de Chigozie Obioma, noyée dans une prose figurative riche et vivide, dans un tout autre style. Celles ou ceux qui ont lu son magnifique premier livre,”Les pêcheurs” s'en rappèleront.

Ici le roman débute dans un contexte déboussolant, le narrateur étant le « chi » ou l'esprit ange gardien de Nonso notre protagoniste. Il nous raconte les tribulations de ce dernier, qu'il appelle son “hôte”, de sa tribune du monde des esprits, encré dans le monde des mythes cosmiques Igbo, un système complexe de croyances et de traditions qui ont longtemps guidé le peuple Igbo.

Nonso est un jeune aviculteur, dans l'actuel Nigeria. Il vit seul, sa mère est morte en couches alors qu'il était très jeune, son père récemment décédé, sa soeur aux abonnés absents. Il va rencontrer le destin, une nuit, au retour d'un marché, sous la forme d'une femme en pleine tentative de suicide sur un pont. Elle s'appelle Ndali Obialor, futur pharmacienne, elle vient d'un milieu riche et chrétien et va changer le cours de sa vie au grand plaisir ou désarroi de son “chi” et du nôtre, sinon cette histoire n'aurait jamais existé, pour le meilleure et le pire !.....Je ne vous en dirais rien de plus, même pas de référence sur le titre, qui d'ailleurs se révèle rapidement; et essayez d'éviter de lire des critiques trop bavardes, car les surprises sont nombreuses et vaut la peine de n'en rien savoir......



Le Chi ici est vraiment un personnage. Non seulement il est ange gardien ( là j'ai un peu des doutes sur ses capacités 😊), mais aussi fin psychologue 😊, sauf qu'il n'arrive pas à faire grand chose avec ses diagnostiques, qu'il nous énonce catégoriquement sans pouvoir en faire bénéficier son “hôte”. Très frustrant ! Il a aussi une vie sociale, fréquentant les « Chis » des voisins et autres, pouvant ainsi suivre de près les potins du quartier et du monde. J'avoue que suivant les circonstances il peut devenir énervant, très énervant 😊! Ça a l'air tarabiscoté, mais absolument pas, c'est simple et sérieux !

Ici, comme dans Les Pêcheurs, Obioma jongle entre deux mondes, ceux des esprits et ceux des humains par le biais de trois langues parlées de son pays, la langue locale le Igbo, le pidgin ( mélange de l'anglais avec la langue locale) et l'anglais, la langue officielle du Nigeria, celle “ de l'homme blanc “. Le mélange est superbe (v.o.).

Un roman complexe d'amour, de vengeance, de rédemption et de pardon.

Il est en lice pour le prix Man Booker Prize 2019, et sa version française sera publiée chez Buchet-Chastel en janvier 2020. En attendant pour un avant goût, vous conseille de lire son superbe premier livre “Les Pêcheurs “, si non déjà fait. Si non attendez celui-là , et ne passez surtout pas à côté si vous aimez la littérature nigériane. Perso, j'adore, jamais, jamais déçue.



“....every man is a mystery to the world.”

( ...chaque homme est un mystère au monde.)



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Les Pêcheurs

Où l’on assiste à la longue et inexorable descente aux enfers d’une famille nigériane : quatre frères : Benjamin (le narrateur), Ikenna, Boja, et Obembe, profitent de l’absence de leur père, représentant incontestable de l’autorité dans la famille, pour aller pêcher dans le fleuve interdit Omi-Ala. Au cours d’une de leurs parties de pêche, ils croisent Abulu le fou, personnage malfaisant, qui s’adressant à Ikenna, l’aîné de la fratrie, lance un malédiction : Ikenna mourra de la main d’un de ses frères. Cette prophétie va bouleverser la famille, d’autant plus que les prédictions du fou semblent connues pour se réaliser. Et l’on assiste au morcellement d’une fratrie précédemment unie, à la déchéance d’une famille dans un pays où les malédictions, prophéties et autres sortilèges ont la vie dure.



Ce roman constitue un excellent ouvrage pour étudier le profil psychologique de personnages. il conduit à analyser une action de départ et ses conséquences, s’interroger à propos de ces gens qui se prétendent capable de voir l’avenir, montrer comment on se forge une destinée à partir de faits qui nous conditionnent et peuvent nous amener à agir en fonction d’une réalité que nous nous créons et sur laquelle nous finissons par n’avoir plus aucune prise. C’est sans doute cela le destin.



Les personnages au cours du roman, délivrent chacun leur vérité et présentent des différences bien marquées qui les rendent très intéressants :



Le père, autorité incontestable, aux principes sur lesquels on ne revient pas,

La mère, qui agit en accord avec les lois du patriarche, garde tout de même sa personnalité et ses convictions. Personnage à la personnalité affirmée, avec ses points forts et ses faiblesses, avec son âme de mère qui ressent les soucis de ses enfants au plus profond d'elle même.



Les frères dont on observera l’évolution du comportement en fonction des événements qui surviennent dans le roman chacun ayant sa propre sensibilité.



Abulu le fou, personnage répugnant et immonde qui possède intérieurement certainement plus de bestialité que d’humanité, et néanmoins fascinant.





Ce premier roman de Chigozie Obioma est très bien écrit et c’est un pur plaisir de déguster ce texte. j’ai eu parfois l’impression de retrouver la plume de Yasmina Khadra. Je vous conseille cette pépite qui fera assurément partie mon top 10 de l’année !
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Les Pêcheurs

Akure,Nigéria.

Ikenna(15), Boja(14),Obembe(11), Benjamin, le narrateur (9) ,David (3) et Nkem(1), cinq frères et soeur Igbo, y mènent une vie de famille soudée et disciplinée. Janvier 1996, leur vie bascule. Leur pére qui travaille à la Banque Centrale est muté à l'autre bout du pays, et ne peut y emmener sa famille. Le pére parti, profitant aussi de l'absence de la mère qui travaille, les quatre aînés , à la sortie de l'école, vont pêcher à la rivière,un endroit mal fréquenté qui leur est interdit.......une activité qui va leur être fatale. Une mauvaise rencontre qu'ils vont y faire, va radicalement changer leurs relations et leurs futurs......

Pourtant , le pére qui rêve grand pour ses fils, apprenant leurs activités clandestines, suite à une lourde sanction, leur sermonne d'en faire un usage positif : "...même ce que vous avez fait était mal,cela prouve qu'une fois de plus que vous avez le courage de vous lancer dans des entreprises aventureuses.Cet esprit aventureux,c'est l'esprit des vrais hommes.C'est pourquoi, à dater de ce jour, je veux que vous canalisez cet esprit vers des entreprises plus fécondes. Je veux que vous soyez des pêcheurs d'un autre ordre.".....mais le mal est fait......l'effet boule de neige est enclenché....trop tard rien ne pourra plus changer le cours des choses....



Un roman puissant sur la fraternité,sur l'Afrique, ses coutumes,sa spiritualité et ses superstitions, sur une vie où on n'échappe pas à la fatalité,à son destin. Une fatalité dans le cadre d'une situation économique et politique versatiles ( dépréciation de l'unité monétaire,pénuries, guerre civile......) et des conséquences désastreuses des agents météorologiques (pluie,sécheresse...)

Superbement écrit (lu en v.o.),l'auteur jongle entre trois langues. Dans la famille, les parents parlent leur langue d'origine l'Igbo avec les enfants, alors que ces derniers entre eux parlent Yoruba,la langue d'Akure. L'anglais la langue officielle du Nigeria, uniquement parlée avec les étrangers,est la langue des prières et des châtiments que la mère utilise dans des situations graves, "cette langue qui a le pouvoir de creuser des cratères entre vous et vos amis et parents...". La prose est fluide,l'anglais trés raffiné et précis.

Ce premier roman que son jeune auteur lui-même définit comme "une tragédie igbo"(l'ethnie dont il est issu) était un des finalistes de Man Booker Prize 2015, ce qui lui a permit d'être propulsé au devant de la scène littéraire .

Vive la littérature nigériane ! Jamais déçue ,que des perles ! Ne passez pas à côté, en un seul mot,c'est Magnifique !
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Les Pêcheurs



Se référant au premier fratricide de l’histoire des hommes, Cain et Abel, et le transposant, puisque toute tragédie a lieu d’être quelque soit la civilisation, dans un village Igbo près d’Akure, ville du sud-ouest du Nigéria, dans un milieu catholique, Chigozie Obioma fait parler un des cinq frères. Ce sont des chenapans, ils décident de braver les interdits, en particulier d’aller vers la rivière dite maudite où ils décident, en se cachant et avec des cannes bricolées, de pêcher de petits poissons… uniquement pour le faire.

Le père représente l’autorité, c’est un aigle, un roc, un modèle ; il fouette ses enfants s’ils désobéissent, mais il est nommé dans une autre ville : Ben dit que leurs malheurs ont commencé lors de son départ.

Un sorcier fou se rapproche, et lance ses malédictions.

Tout le livre reprend le meurtre du fils ainé par son frère plus jeune, sa mort, et les innombrables péripéties faisant suite à ces premiers drames.

L’auteur fait référence plusieurs fois au livre de Chinua Achebe : « le monde s’effondre », avec le sacrifice, demandé par les esprits, du fils adoptif par le père Okonkwo.



Et puisqu’il ne s’agit plus, après leur mort, de jalousie comme ce qui dresse l’un contre l’autre Ikenna, l’ainé et Boja le second, mais qu’il s’agit de vengeance contre cet esprit du mal, la référence biblique change. Il s’agit de David et Goliath, les faibles enfants contre le sorcier qui les nargue.



Tragédie universelle, que ce premier livre de Chigozie Obioma rapporte, avec la prise de conscience peu à peu du narrateur Ben, dont nous apprenons dès le début du livre qu’il a 9 ans au moment des faits. A chaque chapitre, Ben compare l’un ou l’autre membre de sa famille à un animal, expliquant par-là ses agissements et son destin.

Car il est question de destin, les prophéties du fou au double visage, comme deux démons jumeaux (deux frères ?) prenant possession de l’esprit d’Ikenna, avec les conséquences s’en déroulant.

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La Prière des oiseaux

Dès que j'ai vu son motif "wax", le livre "La prière des oiseaux" de Chigozie Obioma a attiré mon attention, puis cet homme qui pleurait suivi de la lecture du résumé ont renforcé mon envie de le lire. C'est une tragédie, c'est beau et on en reste le souffle coupé.

Ce livre est une approche de la cosmologie Igbo, de la culture Nigériane et c'est aussi le drame de la pauvreté et de l'ignorance à travers cette rencontre de deux êtres de mondes différents.

L'histoire est narrée par le Chi où esprit, âme de Nonso, qui a eut plusieurs hôtes avant lui et connaît bien les méandres de la pensée humaine après plusieurs incarnations. du début à la fin, il nous tient en haleine en nous relatant bribes par bribes l'histoire de Nonso et Ndali.

Nonso est un jeune homme simple, bon, qui vit heureux à s'occuper de son élevage de poules. Et le destin mettra Ndali sur sa route alors qu'elle tente de se suicider . Il fera tout pour la sauver et c'est à ce moment là quand il sacrifie deux poules que l'on réalise son manque de connaissance qui l'empêche de s'exprimer et le rend capable de violence par impuissance à trouver les mots.

Ndali est très malheureuse car un homme l'a abandonné après avoir profité de son argent; Elle sera séduite par la bonté de Nonso mais sa famille excessivement riche fera tout pour l'humilier.

Et ce sont tout un tas d'ennuis qui vont s'abattre sur Nonso à partir du moment où il décide de partir étudier à Chypre afin d'être digne d'épouser Ndali.

À partir de ce moment-là, il sera victime de son manque de connaissance, de sa trop grande confiance envers les autres car la pauvreté rend certaines personnes malhonnêtes et Nonso devient une proie idéale. Et c'est ainsi que le Chi en viendra à nous conter l'incroyable fin de cette histoire.

J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur qui mêle le spirituel et cette escalade de malheurs où le Chi constate mais est obligé de laisser son libre arbitre a Nonso qui n'écoute pas sa petite voix intérieure. On y voit bien les dégâts subis par la mondialisation : arnaques pour partir en Europe, perte des racines, la sagesse des anciens n'est plus écoutée, la religion s'efface au profit de la technologie et on y parle même de "Qui veut gagner des millions ?"

Pour toutes ces raisons et pour bien d'autres que vous découvrirez par vous-même, c'est une lecture que je recommande chaudement.

Merci aux éditions BUCHET.CHASTEL de m'avoir accordé leur confiance.



# La prière des oiseaux # NetGalleyFrance
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La Prière des oiseaux

Composée d’éléments hétéroclites a priori peu compatibles, la très belle couverture choisie par l’éditeur BUCHET-CHASTEL illustre parfaitement cet ouvrage. Comment dire ? Ouvrir ce roman m’a fait la même impression que la vision pour la première fois d’un tableau grand modèle de Jean-Michel Basquiat. Dérouté au début, on ressent, peu à peu, ce que signifie l’oeuvre mais sans cesser d’être à chaque instant électrisé par des éléments surprenants, qui évoquent des images ou des sensations a priori éloignés du sujet. Ainsi en est-il aussi du style, varié, multiple avec des associations de mots peu évidentes mais qui donnent un rendu intéressant et novateur. La tension et l’attention du lecteur demeurent permanentes au cours du livre ce qui est, à mon sens, une amélioration par rapport au roman précédent « Les pêcheurs ».

S’il fallait indiquer une éventuelle parenté littéraire, je pense avant tout à Fernando de Rojas à qui on attribue « La Célestine » pièce de théâtre émaillée de sentences et proverbes de sagesse populaire grecques et latines (La sagesse des Anciens). Mais aussi à Amos Tutuola, premier auteur Nigérian (Yoruba) à être publié en anglais du temps de la colonisation, «  L’ivrogne dans la brousse » qui mêle à son récit des croyances et traditions de son peuple.

Prendre en mains « La prière des oiseaux », c’est entrer de plain pied dans la littérature moderne à travers un très beau conte philosophique et humaniste rédigé dans un style unique qui nous rappelle finalement que, nonobstant l’impermanence des choses et des êtres, l’homme actuel, n’a pas varié d’un iota depuis ses origines tant il est vrai que ses manifestations d’ amour, haine, vengeance, rouerie, mensonge etc... n’ont pas pris une ride depuis la nuit des temps. Et pourtant... il se reproduit encore !

Pour encore un grand plaisir de lecture, à bientôt de vous lire à nouveau Monsieur Obioma.
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Les Pêcheurs

Chigozie Obioma est réellement un conteur hors pair. Il nous décrit le Nigéria des années 90 sous la dictature du général Abacha (autoproclamé en 1993), ses ethnies diverses (principalement Igbos, Yorubas et Haoussas) regroupées contre toute logique dans un même pays, sa conjoncture particulièrement instable entre révoltes, luttes intestines entre les différentes communautés et pauvreté, mais surtout il nous raconte l'histoire de la famille Agwu, d'origine Igbo habitant Akure, et de ses quatre aînés Ikenna, Boja, Obembe et Benjamin (le narrateur). C'est une histoire tragique qui explore avec génie l'un des nombreux tours que nous joue notre cerveau.



Ikenna, l'aîné de la famille, croise un jour le chemin d'Abulu le fou qui lui fait une prophétie alors que ses frères et lui rentrent d'une partie de pêche au bord du fleuve Omi-Ala réputé maléfique. Abulu est impressionnant dans son rôle de prédicateur et ses prophéties sont particulièrement prises au sérieux dans la ville "On se mit à considérer ses visions comme inéluctables, à voir en lui l'oracle du télégraphiste du destin. Dès lors, à chacune de ses prédictions, ses destinataires étaient si convaincus de son inévitabilité qu'ils faisaient tout pour y échapper." En faut-il beaucoup plus pour influencer Ikenna ?



Sans doute nous croyons être maître de notre destin, nous croyons pouvoir faire la part des choses entre conte et réalité mais les dernières découvertes en neurosciences l'on montré, c'est sans compter sur le pouvoir de notre inconscient. Ce dernier est souple, en constante adaptation. Il suffit d'y croire, même un tout petit peu, et une prophétie peut agir comme un venin qui s'instille au plus profond de l'inconscient et le pousse à tout mettre en œuvre à votre insu pour que la prédiction se révèle exacte. Cela offre un regard nouveau et passionnant sur le côté inéluctable ou non du destin.



Le récit de Chigozie Obioma est pur, logique, structuré à la perfection : les graines du malheur ont été semées et on les voit germer implacablement au fil des pages, rien ne vient bouleverser le long cheminement du poison qui fait son chemin à travers les artères de tous les membres du corps familial. La famille dans son entier doit affronter un mal invisible et personne ne sait si elle s'en relèvera. C'est bien simple ce roman est organisé comme un thriller : on se demande jusqu'au bout ce qu'il va bien pouvoir advenir de la famille Agwu et de ses enfants. Une très belle réussite.

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La Prière des oiseaux

Il y a parfois des histoires simples qui deviennent remarquables par la façon de les raconter.



Je suis son « chi », son esprit protecteur dans la cosmologie Igbo. C’est moi le narrateur.

Lui, c’est Chinonso, je l’habite, mais je n’ai pas habité que lui, dès qu’ils rejoignent l’Alandiichie, le domaine des ancêtres, j’en habite un autre.



Pauvre Chinonso, éleveur de poules au Nigéria, avec lui j’ai du boulot !

Depuis la disparition de son papa, il est seul.

Même son oison, passion de son jeune âge, a quitté la maison.

En amour, il va tomber et Ndali va l’aimer aussi.

« Selon l’expression des grands anciens, l’amour change la température de la vie. Elle fait croître les choses infimes et briller les reflets du tissu de sa vie. »



Afrique et traditions interdiront cette idylle, Chinonso sera profondément humilié par les riches parents de Ndali lui reprochant son inculture et sa piètre extraction.



Pour conquérir sa belle aux yeux de son père, il partira, sur les conseils de son ami Jamike à Chypre reprendre ses études.

Débuteront alors ses descentes aux enfers, abominables, qui dureront des années.

« Ô Akwaakwuru, la tortue retournée fera tout pour se remettre sur pattes, même si c’est lent et long. »



Chigozie Obioma entraîne le lecteur dans un univers de croyances régi par la cosmologie au delà de Jesukri et où Chukwu règne en maître avec des dizaines de divinités et d’êtres surnaturels qui répandent au fil des pages les dogmes des anciens.



Le « chi » omniprésent s’échine à déployer des trésors d’ingéniosité pour éviter à Chinonso la misère, la solitude, la haine, la rage ou la peur mais sa naïveté, sa grandeur d’âme, sa générosité, malgré tout vont lui voler sa vie.

« Toute sa vie ou presque il avait été un homme réservé, qui ne scrutait pas le monde pour le percer à jour, mais lui dérobait des regards comme si ce spectacle était tabou. Il ne demandait que peu de chose au monde. Et ce qu’il demandait ces derniers temps était tout simple : pouvoir vivre avec la femme qu’il aimait. »



J’ai apprécié cette lecture qui parfois peut s’apparenter à une fable ou à une parabole avec la trahison en tendance, la vengeance en méthode et la rédemption en morale.



« Ô Chukwu, chaque fois que chez un hôte la voix de la conscience dialogue avec celle de l’esprit, j’écoute attentivement, car j’ai appris que c’est souvent quand elles se mettent d’accord qu’un homme prend ses meilleures décisions. »



Ô Gaganaogwu, dans un monde idéal, Chinonso aurait pu devenir le « berger » des oiseaux.



Je remercie bien sûr Babelio et les Editions Buchet-Chastel de cet envoi masse-critique privilégié.

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La Prière des oiseaux

Chinonzo est aviculture, il est passionné par les « oiseaux » depuis l’enfance. Il a perdu sa mère très jeune, alors il a grandi avec son père qui vivait sur sa ferme, avec ses volailles, ses légumes. Quand il était enfant, en accompagnant son père qui voulait absolument trouver des oies sauvages, il en tue une avec son fusil, laissant son oison « en pleurs ». Nonso réussit à convaincre son père d’emmener cet oison pour le soigner.



Mais, cela ne se passera pas très bien, et occasionnera un chagrin quand il le perdra.



Quelques années plus tard, sa petite sœur quitte la maison pour se marier contre l’avis paternel. Nonso travaillait bien à l’école, mais son père meurt et il doit s’occuper de la ferme et les études deviennent moins prioritaires.



Un jour, en revenant d’un marché, où il a acheté un coq blanc et d’autres poules, il voit une jeune fille qui s’apprête à se suicider en sautant d’un pont. Il essaie de l’en dissuader allant même jusqu’à sacrifier son coq blanc pour arrêter son geste.



Il va la revoir et une histoire d’amour commence, mais la jeune femme, Ndali, est étudiante en pharmacie et sa famille est aisée alors il est très mal accueilli, humilié par les parents et le frère de Ndali.



Qu’à cela ne tienne, il va reprendre ses études, pour leur prouver qu’il est quelqu’un de bien et c’est le début de la descente aux enfers : un camarade d’école lui fait miroiter qu’il est plus facile de faire des études à Chypre, dans la partie turque. Il va s’occuper de tout, pour lui obtenir une place à l’université et Nonso va vendre tout ce qu’il possède pour un mirage.



Il va tout perdre, et finira même en prison alors qu’il n’a rien fait de mal. Mais comment se défendre dans un pays dont on ne parle pas la langue et quand tout s’acharne autour de lui.



Ce roman est très particulier : ce qui pourrait être une simple histoire d’amour nous entraîne beaucoup plus loin avec des réflexions sur le poids de la culture, du statut social sur ce couple, l’humiliation, ce qu’on peut faire pour prouver qu’on est quelqu’un de bien devant l’intolérance de l’autre.



Il nous propose aussi une réflexion aussi sur la confiance, sur l’amitié, le pardon, la survie quand on a subi l’innommable, sur la loi de causalité, les conséquences des actes dans cette vie et même dans les précédentes, et aussi sur la rédemption : un ami qui vous a trahi et causé beaucoup de mal peut-il être sincère quand il dit qu’il regrette, car il a trouvé Dieu ? et peut-on lui faire confiance à nouveau.



L’auteur utilise un mode de narration surprenant : c’est le Chi, l’esprit qui s’est réincarné en lui, qui raconte l’histoire, en s’adressant à une sorte d’assemblée des anciens, pour tenter de plaider la cause Chinonzo, en invoquant au passage des « divinités » de la cosmologie Igbo. On ne peut pas parler d’ange gardien, car son Chi se contente d’observer mais n’a pas le droit d’intervenir, seulement de lui souffler des idées pendant son sommeil.



La notion de réincarnation m’est familière, via ma pratique du Bouddhisme (lequel préfère le terme de Transmigration à celui trop galvaudé de réincarnation) mais, c’était beaucoup plus compliqué dans la culture Igbo, car je la connais très mal, pour ne pas dire pas du tout.



Dans ce roman, on est souvent dans la fatalité, il y a peu de libre arbitre pour modifier le destin, peu de prise sur les évènements.



Une scène touchante : les poules pleurent lorsqu’il arrive quelque chose de tragique à leurs congénères, par exemple, quand le héros les met en cage pour aller les vendre, donc les faire mourir…



Malgré ce côté un peu ardu, et les longueurs, les invocations d’entités aux noms bizarres que je n’ai pas réussi à retenir, j’ai aimé ce roman, ainsi que la poésie de l’écriture de Chigozie Obioma auteur nigérian que je ne connaissais pas du tout. Il m’a donné envie de lire « Les Pêcheurs » son précédent roman qui a été finaliste du Booker Price.



Je découvre, tout doucement, à mon rythme, la littérature africaine et son mystère me fascine.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet-Chastel qui m’ont permis de découvrir ce roman, que j’ai choisi au départ après avoir lu des critiques intéressantes, et son auteur. La couverture est très belle et le titre est déjà une invitation au voyage.



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La Prière des oiseaux

Chigozie Obama a le don particulier de faire parler un « Chi » ou un ange gardien si vous préférez.

Dans un récit à la première personne empreint d’un réalisme poétique qui n’a d’égal que l’universalité d’une histoire d’amour qui aurait pu être belle, le Chi se met au service de son hôte, le jeune Chinonso, modeste éleveur de volailles pour nous raconter sa rencontre avec Ndali.

Il passait par hasard sur un pont lorsqu’il vit une belle jeune fille sur le point de se jeter dans le vide. Bien sûr, il la sauva, ils se revirent, tombèrent amoureux, mais hélas la famille de la jeune fille ne vit pas cette idyle d’un bon œil.

Las d’être humilié, Chinonso va tout faire pour être accepté. Il vend tous ces biens et part étudier à Chypre en espérant revenir avec les diplômes nécessaires à un bel avenir professionnel.

Mais hélas, il arrive que les rêves se transforment en cauchemars.



Cette histoire aurait pu être une banale love story, sans le talent de l’auteur.

L’idée de départ de faire parler un esprit est pour moi l’atout majeur de ce roman. En effet le « Chi » garde un œil sur les faits et gestes de son « hôte » prodiguant conseils et avis, tout en se gardant bien de prendre parti.



Plus qu’une histoire d’amour, « La prière des oiseaux » est un magnifique texte sur la culture et la mythologie nigériane.

C’est aussi un livre sur l’amitié, le pardon, la foi, la renaissance.

L’écriture ensorcelante et poétique décrit parfaitement les sentiments des personnages.

Une magnifique lecture qui procure un dépaysement total.



Merci à NetGalley et aux Editions Buchet-Chastel pour cette découverte.

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La Prière des oiseaux

Quelle puissance ce roman ! C'est une épopée palpitante au cœur de l'être humain incarnée dans la cosmologie Igbo du Nigéria, dont l'auteur nous ouvre grand les portes. Une histoire d'amour entre deux êtres passionnés de milieu différent ce qui va compliquer leur relation et leur devenir. Pour conquérir la famille de sa bien aimée, Chinonso décide de vendre tous ses biens, la maison, héritage sacré de ses ancêtres pour partir à Chypre étudier. Un sacrifice démesuré, qui lui déchire le cœur et en même temps le rempli d'espoir pour son avenir qu'il projette avec Ndali.



Cette histoire prend une tout autre dimension dans la mesure où elle nous est racontée par le Chi de Chinonso. Le Chi qui n'est pas sans rappeler l'énergie vitale dans la culture ancestrale chinoise, est ici dans cette communauté du Nigéria, et la cosmologie Igba, l'esprit protecteur. Il loge au cœur de cet homme qui est son hôte. Entre la conscience, l'esprit tout ce qui fait l'individu est mis à nu.



Histoire de croyances et de traditions au cœur d'une communauté



L'auteur nous projette dans ce monde passionnant des esprits et des hommes, de l'ici-bas et du très haut...de ce qui nous environne mais que nous ne voyons pas pour la plupart d'entre nous.



Le monde actuelle nous coupe de tout cet univers autre, ces autres mondes, qu'il peut être bien imprudent hélas de pouvoir parler ici...maintenant !



Entrée dans ces univers par le biais de la littérature m'a passionnée je l'avoue d'autant plus que vraiment l'auteur à réussi parfaitement à conjuguer le tout pour nous offrir un petit bijou d’œuvre littéraire comme il est bien rare de découvrir ces temps !



C'est une histoire envoûtante, haletante de son commencement à sa toute dernière fin que je vous conseille vivement pour toute personne qui aime voyager au cœur de l'être humain et s'imprégner d'autres cultures.



Un coup de cœur !



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La Prière des oiseaux

C'est Bookycooky, une fois de plus, qui m'a fait connaître cet auteur nigérian avec « Les pêcheurs » dont la prose m'a conquise. La couverture colorée, avec la larme qui coule sur la joue de l'homme noir au centre, a attiré mon regard. Et quand j'ai vu le nom de Chigozie Obioma j'ai pensé « Chouette, son deuxième roman ! »

Les premières pages sont un peu déroutantes avec comme narrateur un chi (esprit protecteur) qui habite le corps de Nonso, un jeune éleveur de poules. Une vie simple et monotone de travailleur qui a repris la ferme de ses parents décédés. Jusqu'au jour où il sauve une jeune femme près à se jeter d'un pont. Ils vont s'aimer. Ce qui gravite autour va l'embarquer dans un tourbillon qui semble ne jamais s'arrêter ou comment tout se dérègle quand une poussière s'infiltre dans la roue d'un engrenage. Des murs qu'il faut franchir pour être accepté, principalement argent et diplôme. Jusqu'où peut-on aller par amour ? Un personnage fort attachant qui va se rendre à Chypre où l'on peut voir, en autre, que malgré le côté arnaque de certains nigérians, c'est un peuple d'une grande solidarité. Une bonne analyse sur nos comportements. Ce roman bien construit et plein de surprises restera, pour moi, un grand moment d'évasion.
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Les Pêcheurs

J'ai lu ce livre il y a quelques mois et j'attendais de trouver les bons mots pour en parler mais ils continuent encore de m'échapper... Pourtant ce livre m'a fortement marqué, j'ai été totalement happée par l'histoire de ces frères unis qui reçoivent une malédiction d'Abulu, un fou du village. Les rapports entre ces quatre frères ne sont plus les mêmes après cette prophétie, ils se méfient les uns des autres alors qu'ils étaient soudés. J'ai aimé la construction de récit, ces comparaisons avec les animaux qui donnent une image poétique de chaque garçon. Le style de Chigozie Obioma est emprunté d'une poésie que laisse le lecteur se faire porter par la vie nigériane et cette famille bouleversée. La fin m'a paru assez confuse mais je reste tout de même sur une belle impression. Un auteur qui je n'hésiterai pas à relire.
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La Prière des oiseaux

Dès les premières pages , on est dépaysé , l’auteur est nigérien , il a choisi de nous conter une bien triste histoire d’amour en évoquant le chi , c’est à dire , l’esprit protecteur , l’ange gardien dans la mythologie Igbo .

Chinonso est un jeune éleveur de volailles qui aime beaucoup ce qu’il fait , il n’est pas riche mais est néanmoins propriétaire de son petit lotissement.

Un soir , il va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie , il va croiser le chemin d’une jeune fille qui veut en finir en se jetant d’un pont .

Cette nuit là, Chinonso bouleversé va sauver celle qui s’appelle Ndali .

Commence une histoire d’amour contrariée dès le début , Ndali a étudié à l’étranger , elle vient d’une famille très aisée qui ne peut accepter que Chinonso , un simple éleveur de volailles fasse partie de la famille .

Les deux jeunes gens souffrent de la situation , à ce moment Chinonso décide d’être digne de sa future femme , il veut qu’elle soit fière de lui , il vend tout ce qu’il possède , mais sans se rendre compte qu’il se sépare de tout ce qui faisait que Ndali l’aimait .

Voilà pour la trame de ce roman assez déroutant , j’ai bien aimé malgré quelques petites réserves , ça m’a semblé long par moments et surtout sans espoir , pas la moindre petite lueur d’espoir .

En résumé , un très beau roman de littérature étrangère , j’adore découvrir des nouveaux auteurs , découvrir d’autres pays , d’autres coutumes .

C’est un auteur que je vous recommande chaleureusement.

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La Prière des oiseaux

Pour décrire mon impression du roman La Prière des Oiseaux du sublime auteur Chigozie Obioma, j'avais en tête une épigraphe au début de Mystic River de Dennis Lehane

(Il ne comprenait pas les femmes. Non comme les barmen ou les comédiens ne comprennent pas les femmes, mais plutôt comme les pauvres ne comprennent pas l'économie. Ils pourraient très bien se poster devant l'immeuble de la Girard Bank tous les jours que Dieu fait, et pourtant, ne jamais avoir la moindre idée de ce qui se passe à l'intérieur. Raison pour laquelle, au fond de leur coeur, ils préfèrent encore braquer un 7-Eleven.)

Pete Dexter, God's Pocket

Mais ce ne serait pas rendre justice à l'histoire de Chinonso-Solomon raconté par son Chi. Un Chi dans la cosmologie Igbos est un esprit protecteur qui accompagne son hôte toute la vie durant, un peu comme nos anges gardiens du catholicisme. Chinonso éleveurs de poulet, sauve la vie de Ndali et en tombe amoureux. Ndali appartient à une riche famille et éduqué qui regarde de haut et humilie Chinonso. Ndali étudie pour devenir pharmacienne, accepte le travail de Chinonso et est prête à vivre l'amour avec lui malgré sa famille qui le rejette. Chinonso vend tous ses biens, sa terre, sa maison pour se rendre à Chypre pour étudier à l'université afin d'être accepté par la famille de Ndali. Une fois sur cette ile, l'enfer se déchaine, Chinonso victime d'une arnaque de son ami et accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, va vivre quatre années en prison. Après de retour au Nigeria son pays, veut récupérer son amour Ndali.

Pour Chinonso l'amour est une corde qui retient l'être cher, un peu comme l'oison qu'il a trouvé lors d'une chasse avec son père. le jeune Chinonso alors avait attaché une corde à une patte de l'oison pour qu'il ne s'envole pas, un ami emprunte l'oison à Chinonso et le garde. Chinonso va avec sa fronde briser la patte de son oison qui va en mourir, car l'oison est à lui et lui seul peut l'aimer. Ce roman, que j'ai connu à travers une lecture de Free Queens de Marin Ledun, nous donne l'aperçue de la philosophie Igbos qui est présente dans une douzaine de pays d'Afrique.

Le roman est désarçonnant pour le lecteur occidental que je suis. le Chi de Chinonso raconte la vie de son hôte et plaide sa cause auprès des Dieux.

Sans être Ainsi parlait Zarathoustra, il pourrait être l'Insoutenable légèreté de l'être Africain.

Chigozie Obioma est à mon avis un auteur majeur du Nigeria et de l'Afrique en général.
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Les Pêcheurs

Ce roman a la puissance d'une tragédie Antique. Tous les ingrédients y sont : l'oracle, le destin terrible vers lequel on se précipite en pensant lefuir, la force des émotions,les déchirements familiaux, les devoirs et engagement cornéliens...Le décor est cependant contemporain (années 90) et le drame se déroule au Nigeria. La langue est double comme les aspirations du père : l'anglais,langue officielle du pays mais surtout celle qui représente l'éducation occidentale convoitée pour ses fils afin d'atteindre l'avenir glorieux qu'il espère pour eux. L'yoruba la langue d'Akure, celle qui relie aux racines, aux valeurs familiales,aux coutumes. Les acteurs de ce drame sont principalement quatres jeunes frères,leurs parents et Abulu, le fou du village mais aussi celui dont les prophéties se réalisent. Alors que ,comme tous gamins dignes de ce nom, les quatres frères enfreignent un interdit en allant pêcher au bord du fleuve,ils croisent Abulu qui leur assène la terrible malédiction. C'est alors l'entrée dans la spirale infernale. Bien que les thèmes abordés dans ce roman soient universels: les liens familiaux, les interdits, la superstition, la violence, l'éducation; l'écriture est vraiment représentative de la littérature africaine. Les paraboles se succèdent, les proverbes et dictons jalonnent le quotidien, les métaphores servent de support à l'éducation et aux messages primordiaux. Mais c'est aussi le rapport au monde qui diffère de la pensée européenne. Cette lecture m'a bousculée, obligée à sortir de mon paradigme . Cela n'a pas été une lecture facile pour ces raisons mais également parce que la violente destruction qui s'opère et pulvérise cette famille est réellement bouleversante.
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Les Pêcheurs

Chigozie Obioma est issu d'une famille de 11 enfants. Son premier roman, Les pêcheurs, avant toute chose, lui rend magnifiquement hommage à travers une fiction qui a pourtant des allures de tragédie grecque (ou igbo, plutôt). Dès la première page, le style de l'écrivain nigérian (splendide traduction à souligner) s'impose par sa fluidité et son réalisme poétique. Rarement une écriture et une histoire ont convergé de cette manière pour aboutir à ce que l'on qualifierait sans hésitation de chef d'oeuvre si le terme n'était pas autant galvaudé. Tout commence dans une petite ville de Nigeria, au milieu des années 90, au sein d'une famille où le père travaille loin de la maison et de ses 6 enfants dont 4 frères inséparables qui ont pris l'habitude d'aller pêcher le long d'un fleuve maudit, sans en avertir leur mère. Une désobéissance qui est à la base du drame qui va se jouer avec l'intercession d'un fou nommé Abulu dont les imprécations et la prophétie vont instiller un poison mortel dans cette fratrie. Abulu, présent par intermittences dans le livre, est un personnage diabolique et terrifiant comme on en voit peu. Il aurait sa place comme démon méphitique dans un livre d'horreur. Mais la force du roman d'Obioma est de réaliser une fusion parfaite entre les contes traditionnels africains, avec leur spiritualité et leurs superstitions, et le thriller, avec son suspense et ses ruptures de ton, le tout enveloppé dans une prose tendre et sensible autour de la complicité (en péril) entre frères. Aucune surcharge dramatique n'apparait dans le ton du livre dont le lyrisme doux a quelque chose d'apaisant alors que des événements atroces se produisent. C'est le premier roman de Chigozie Obioma et sa maîtrise est confondante pour un livre dont n'a de cesse de tourner les pages tout en se retenant pour en apprécier chaque passage. Le premier réflexe, une fois l'ouvrage terminé, est d'ailleurs de relire son tout premier chapitre. Il est indéniable que Les pêcheurs marquera cette année littéraire avec la découverte d'un auteur dont on attend déjà le prochain livre. Un seul mot d'ordre : votez Obioma !
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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La Prière des oiseaux

Tout dans ce récit pourra paraître déconcertant à l'européen rationnel qui n'accepte d connaître que par sa raison ! Pourtant, il est, en vérité, d'une bien belle profondeur humaine.

Le lecteur se sent rapidement en empathie avec Chinonso, éleveur de volailles nigérien. Ce fermier au coeur tendre cherche à vivre en bonne entente avec son chi, cette petite voix intérieure, ange gardien, esprit protecteur des Igbos. C'est d'ailleurs ce chi qui nous conte l'histoire et nous fait comprendre, dès le début, que Chinonso a commis une faute puisque son Esprit protecteur cherche à intercéder en sa faveur auprès des divinités supérieures de ce peuple. Face au hasard, à sa disponibilité envers l'autre et son esprit sans arrière-calcul, on ne va tout de même pas lui reprocher d'avoir sauvé Ndali, jeune fille qui voulait en finir avec la vie en se jetant du pont ?

C'est évident, ces deux-là n'appartiennent pas au même monde. Elle est issue d'une famille aisée, fait des études universitaires et, même sauvée de la mort, elle reste loin d'être gagnante pour la vie. Son milieu n'acceptera jamais une liaison avec un fermier nourrisseur de poulets !

Chinonso, amoureux contrarié, va prendre une décision radicale. Pour être digne de sa belle, il vend tout ce qu'il possède pour, lui aussi, s'inscrire et apprendre à l'université. C'était sans avoir compris que ce qu'il avait, plus encore ce qu'il était, constituait la raison profonde de l'amour de Ndali à son égard.

Ce roman, d'une écriture ciselée, fine, poétique et sage est un condensé d'espoirs et de désespoirs, de volonté de bien faire et de ratés, d'amour cherchant à se poser au-dessus des convenances ancestrales et de la dure loi de l'appartenance à son rang.

"La prière des oiseaux" est une ouverture sur un monde que nous connaissons peu, un livre qui confronte l'Homme à son Destin et qui magnifie la force de ceux qui luttent contre tout déterminisme.



Merci à NetGalley, France et aux éditions Buchet-Chastel pour leur envoi et leur confiance.

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La Prière des oiseaux

Je crains d'aller à l'encontre des avis presque unanimement élogieux.

Alors oui, l'histoire est poignante avec cet homme qui enchaîne les mauvais choix et les mauvaises rencontres.

Il est évident que la culture nigériane et la spiritualité sont intéressantes et bien contées.

Bien sûr, le style est puissant mais la construction narrative, avec les digressions de l'esprit du personnage principal, m'a perdue.

Oui je suis allée jusqu'au bout car j'avais envie de savoir s'il y aurait une lueur d'espoir dans cette histoire d'amour ; mais que ce fut laborieux.

Je me suis malheureusement ennuyée.

Cet auteur parlera sans doute à d'autres lecteurs mais, en ce qui me concerne, je suis passée à côté.

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La Prière des oiseaux

Comment ne pas être subjuguée par un roman aussi puissant?

Ce pourrait être l'histoire d'un ver de terre amoureux d'une étoile, c'est celle d'un jeune nigérian éleveur de poules, Nonso, qui n'a pu terminer ses études; il tombe amoureux d'une jeune fille, Ndali,nigériane elle aussi, mais qui n'est pas de son milieu. Même si l'amour est partagé, il y a la famille...

Nonso décide donc de larguer naïvement son jeune passé et celui de sa famille pour pouvoir s'élever socialement, et revenir épouser Ndali , la tête haute.

C'est son "esprit protecteur", son "chi" qui raconte la tragédie qui en découlera, et ce sur plusieurs années.

Cette Afrique noire à l'ère d'internet , de ses amitiés vraies, de ses arnaques est le fil rouge qui mène Nonso d'une petite vie tranquille à la découverte sauvage de la trahison, du désespoir dû parfois à l'abandon des "grands anciens" et des mères pleines de sagesse.

C'est un superbe roman, foisonnant, parfois un peu mystique, la si belle littérature africaine de notre époque.
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