AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Chigozie Obioma (95)


J'ai entendu dire que lorsque la peur prend possession d'un cœur, la personne s'en trouble affaiblie. On aurait pu le dire de mon frère, car, lorsque la peur prit possession de son cœur, elle le dépouilla de bien des choses : sa sérénité, son équilibre, ses relations, sa santé, et même sa foi.
Commenter  J’apprécie          330
Elle cessa de parler, et ainsi débuta le silence qui allait engourdir son monde tout entier. À dater de ce moment, elle resta à la maison, assise, silencieuse, fixant le vague d'un regard fou. Quand notre père lui parlait, elle se contentait de le dévisager comme si elle n'avait rien entendu. Naguère, cette langue à présent pétrifiée produisait des mots comme les champignons produisent des spores. Quand elle était agitée, les mots surgissaient de sa bouche comme des tigres, et coulaient comme une fuite d'un robinet cassé quand elle était calme. Or, après ce soir-là, son cerveau devint un réservoir de mots dont aucun ne filtrait ; ils gelaient dans son esprit.
Commenter  J’apprécie          310
A fe f ko le fe ko
man kan igi oko

Osupa ko le hon ki
enikan fi aso di

Oh, Olu Orun,
eni ti mo je Ojise fun

E fa orun ya,
e je ki ojo ro

Ki oro ti mo to
gbin ba le gbo

E ba igba orun je,
ki oro mi bale mi

Ki won ba le gbo.

-----------------------------------------------

Comme le vent ne peut pas souffler
sans effleurer les arbres,

Comme personne ne peut masquer le clair
de lune avec un drap,

Oh père de l'armée
dont je suis un oracle,

Je t'implore de déchirer les
cieux et de verser la pluie

Pour que les plantes
que j'ai semées puissent vivre

Mutile les saisons pour que
mes mots respirent,

Et qu'ils portent leurs fruits.
Commenter  J’apprécie          317
A chaque ballon détruit, nous nous cotisions pour en acheter un autre - tout le monde sauf Kayode qui, issus de cette frange indigente de la population qui proliférait dans la ville, ne pouvait se permettre de dépenser le moindre kobo. Il portait souvent un short déchiré, usé jusqu'à la corde, et vivait avec ses vieux parents, chefs spirituels de la petite Eglise apostolique du Christ, dans un bâtiment à un étage resté inachevé, situé dans le virage qui menait à notre école. A défaut de contribution financière, il priait pour le ballon, demandait à Dieu de nous aider à garder celui-ci plus longtemps en l'empêchant de sortir de la clairière.
Commenter  J’apprécie          310
Il était de tradition de franchir le seuil de la nouvelle année dans le cadre d'un office religieux, et tout le monde s'entassa dans la voiture de notre père pour aller à l'église, qui était bondée au point que des fidèles demeuraient à l'entrée ; tout le monde allait à l'office ces soirs-là, même les athées. C'était un moment lourd de superstitions : on craignait l'esprit maléfique des mois en "-bre" qui luttait bec et ongles pour empêcher les gens de franchir le cap du Nouvel An.
Commenter  J’apprécie          302
The early fathers often say that a planned war does not take even the crippled by surprise. But an unplanned one, that which is unexpected, can defeat even the strongest army.
( Nos ancêtres disent qu’une guerre prévue ne pourrait même pas prendre par surprise un handicapé. Mais une guerre non prévue, peut vaincre même l’armée la plus solide.)
Commenter  J’apprécie          280
....the old fathers say that if a secret is kept for too long, even the deaf will come to hear of it.
Nos ancêtres disent que si un secret est conservé trop longtemps, même le sourd l’apprendra.
Commenter  J’apprécie          261
Si la proie ne donne pas sa version de l’histoire, le prédateur sera toujours le héros des récits de chasse.
Proverbe igbo
Commenter  J’apprécie          242
L'homme malade commence par éprouver une sensation inhabituelle. A mesure que la douleur se répand dans son corps et que le glas de la fièvre résonne dans son crâne, des émotions surgissent, à commencer par une nervosité insolite. (...) Alors une forme d'angoisse met peu à peu sa machinerie en place. (...) Jusqu'à quand,jusqu'à quels extrêmes la maladie va-t-elle persister? L'homme est submergé d'angoisse. Mais il n'y a pas que cela. Vient la stupéfaction de voir la maladie prendre possession de son corps, dicter quelles parties du corps il faut lui céder, et comment il faut lui complaire pour espérer guérir. Mais le plus grave, c'est comment la maladie instille chez le malade la conviction qu'il en est lui même la cause.(...) Alors la maladie devient le serpent silencieux qui, délogé de sa paisible demeure, en conçoit rage et rancoeur, et qui inflige ainsi sa vengeance légitime.
pp.445,446.
Commenter  J’apprécie          220
Tout lui sembla comme d'habitude ce matin-là, semblable aux vingt et un jours précédents, car l'homme est dénué du pouvoir de prescience. Telle est, en suis-je venu à croire, la plus grande faiblesse humaine. Si seulement l'homme pouvait voir le lointain comme il voit ce qu'il a sous les yeux, voir le caché comme le visible, entendre ce qui est tu comme ce qui est dit, il s'épargnerait bien des malheurs. Resterait-il même une force pour le détruire ?
Commenter  J’apprécie          210
Ô Olisabinigwe, les glorieux anciens disent que, lorsqu'un homme pénètre en pays inconnu, il redevient un enfant.

Ô Egbunu, le silence est souvent la forteresse où se réfugie l'homme brisé, car c'est là qu'il peut communier avec son esprit, son âme et son chi.

pp. 215 et 248
Commenter  J’apprécie          210
“Don’t allow Father to visit again. Let him stay in Yola, please Jesus. Please listen to me: you know how hard he would whip us? Don’t you even know? Listen, he has cowhides, kobokos he bought from the meat-roasting mallam—that one is very painful! Listen, Jesus, if you let him come back and he whips us, we won’t go to Sunday school again, and we won’t sing and clap in church ever again! Amen.”
Commenter  J’apprécie          202
La plupart du temps, l’homme en fureur brûle d’une passion unique : la justice. La rétribution. Si on l’a frappé, pouvoir rendre les coups. Si on lui a dérobé un être ou un bien, pouvoir le retrouver. C’est là un point crucial, car c’est ainsi seulement qu’il peut redevenir lui-même.
Commenter  J’apprécie          180
Rien en ce monde n'appartient vraiment à personne. Si on conserve ce qu'on possède, c'est parce qu'on s'y accroche, qu'on refuse de lâcher. En étant ici, debout, sous un toit, je m'accroche à ma vie. Si je lâche, on me l'enlèvera.
Commenter  J’apprécie          180
Ô Ebubedike, les anciens disent d'un homme angoissé et effrayé qu'il est enchaîné.
Commenter  J’apprécie          171
Car l’âme d’un homme peut endurer longtemps des conditions impitoyables, mais elle finit, n’en pouvant plus, par se redresser, se révolter. Bien des fois j’ai vu cela. À la soumission succède de la rébellion. À l’endurance succède la résistance. L’homme se dresse avec toute la fureur d’un lion noir et sert le poing pour défendre sa cause, accomplir sa vengeance. Et ce qu’il est alors capable de faire ou de ne pas faire, même lui ne peut le prévoir.
Commenter  J’apprécie          160
Or j'ai appris que si un chi ne sait déterminer la meilleure voie pour son hôte, mieux vaut qu'il garde le silence. Car c'est par le silence qu'il cède pleinement à la volonté de son hôte. Il laisse ainsi l'homme être un homme. Cela vaut infiniment mieux que de le mener sur la voie de la destruction. Car le regret est le poison de l'esprit protecteur.
Commenter  J’apprécie          160
Nourrir la haine en son cœur, c’est garder un tigre affamé dans une maison emplie d’enfants et d’infirmes : la bête refuse d’être domptée ou de se lier à l’être humain. A peine s’est-elle reposée qu’elle se réveille affamée et fond sur l’homme qui l’a nourrie pour le dévorer. La haine est un saccage du cœur humain.
Commenter  J’apprécie          150
- C’est pas parce que t’es pauvre. Non. Ni parce que tu n’as pas de diplôme. Tu comprends, Nonso, tu comprends ? Ils ont tellement la grosse tête qu’ils ne songent même pas qu’il puisse y avoir des gens orphelins. Et le Nigeria est un pays si dur ! Combien de gens sans famille arrivent à aller à l’université ? Même publique ? Où trouver l’argent des pots-de-vin, même avec des notes excellentes ? Hein ? Dis-moi, comment on fait, rien que pour payer l’inscription ?
Commenter  J’apprécie          150
Il venait grossir le troupeau évoqué par Tobe, celui de tous ces gens dépouillés de leurs biens : la jeune Nigériane près du commissariat, l'homme de l'aéroport, et tous les captifs du passé ou du présent contraints de faire ce qu'il ne voulaient pas, pris dans un système qu'ils refusaient. Innombrables. Tous ceux qu'on a enchaînés et battus, au territoire pillé, à la culture éradiquée, tous ceux qu'on a réduits au silence, violés, déshonorés, assassinés. Avec tous ces gens, il partageait désormais un sort commun. Ils étaient les minorités du monde, avec pour seul recours l'orchestre universel qui n'avait plus qu'à pleurer et gémir.
Commenter  J’apprécie          150



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Chigozie Obioma (403)Voir plus

Quiz Voir plus

Vocabulaire ...❓

"Lacustre" signifie ...

suranné
au bord d'un lac
champêtre
près de la mer

14 questions
113 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , vocabulaire , mots , expressions , signification , définitionsCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..