-Chaque pays a besoin d'une armée, pour protéger son peuple.
-De toute évidence, en Afrique, nous avons besoin d'armées pour tuer notre peuple.
Parfois j'ai l'impression que chaque enfant a besoin de deux mères: une pour lui donner la vie, une autre pour lui pardonner ses caprices.
Les Haoussas, on ne peut pas leur faire confiance, surtout quand ils sourient. Tu es à peine le dos tourné qu'ils sortent leur poignard. ceux qui ne leur servent à rien, ils ne leur sourient même pas, leurs visages sont de véritables murs. Ils sont parfaitement capables de te sourire tout en complotant ta mort...

La ville a rétréci, ou peut-être qu'il y a toujours plus de monde. C'est la saison des pluies, et Deola se demande comment elle a un jour pu appeler ça l'été. Les rues sont détrempées. Elle aperçoit certaines nouveautés, comme le service de navettes pour les ouvriers, mais dans l'ensemble la ville lui est familière. Les taxis jaunes, les minibus, les bus arborant des messages bibliques comme «El Shaddaï» et «Weep Not Crusaders», les camions débordant de sable mouillé, les bâtiments inachevés et les voitures en panne. Les gens traversent le terre-plein central de l'autoroute et des béliers paissent en contrebas. Les étals d'Oshodi Market évoquent des cellules de prison et les toits sont encombrés de panneaux publicitaires pour des compagnies de fret, des banques et des écoles d'informatique. De la fumée s'élève derrière un bosquet de palmiers. A une extrémité du Third Mainland Bridge, une agglomération, à l'autre extrémité, l'université de Lagos. La rive de la lagune est couverte de pirogues et de filets de pêche.
Quand elle y sera, elle prendra un laxatif et, avec un peu de chance, elle expulsera les sachets avant l'arrivée de ses contacts. Elle est humiliée par leur expression quand ils doivent attendre qu'elle finisse dans la baignoire. Même elle ne supporte pas l'odeur, ni la vue, quand elle rince ses excréments. Elle se demande qui peut fumer une substance en sachant qu'elle sort des intestins d'un inconnu, ou la sniffer, ou se l'injecter dans le sang.
- Les ministres volent, continuait-elle, les gouverneurs d'État volent, les entrepreneurs volent, le président vole. Et toi, tu trimes, tu trimes, tu trimes. Tu peux même pas te payer un peu de viande pour le dejeuner. Tu te fais insulter par un directeur. Je le jure devant Dieu, si je revois cet homme, quand j'en aurai fin avec lui, il se croira à Armageddon.
Les mots, c’est comme oeufs. Quand on les laisse tomber, impossible de les récupérer.
(Actes Sud, p. 170)
C’était une chose de faire face à une communauté africaine et de leur dire de traiter une femme comme un être humain. C’en était une autre de faire face à une dictature africaine et de leur dire de traiter les gens comme des citoyens (P. 364)
L'honnêteté divisait les gens.C'était la duplicité qui les rapprochait.
Je savais que les gens m’observaient, guettant le moindre faux pas. Les gens sont bizarres. Quelqu’un d’important te fait du tort et tout le monde te traite comme si c’était de ta faute. Même toi tu commences à avoir l’impression que c’est de ta faute. Pourquoi ? Il n’y a pas de raison. Absolument aucune raison.