Citations de Chloé Lambert (19)
Il ramasse, trie, nettoie la poubelle que je finis de vider devant lui. Je crache cette histoire inutile par petite séquences désordonnées, à la manière d'un puzzle dont les morceaux éparpillés dans ma mémoire émergent au gré de marées changeantes ; marées qui déposent sur le sable de ma conscience, indice après indice, les motifs décousus. Manquants.
"se souvenir" a un coût dont il faut pouvoir se remettre
Si le métier de psychanalyste consistait à avoir raison, les cures psychanalytiques seraient rapides et le métier d’analyste moins difficile.
Donnelheur affirme que la culture est le seul moyen de transformer ou de supporter la barbarie humaine. La connaissance qu’il recommande, dont il connaît les vertus, n’est pourtant pas préétablie. Elle n’a pas d’autre origine que la quête d’une âme tourmentée ou réjouie. Grâce à elle, se déploient des manières infinies devoir le monde, de survivre, de créer de partager.
De ce jour, je crus qu'il existait une vérité alors que (et cette étude en est la preuve), il est impossible d'être dans la vérité, seule existe la quête de la vérité que personne ne détient.
p. 151 :
Dieu existe-t-il ? Je ne crois pas. Achille Donnelheur a-t-il deviné à travers mon silence le petit soliloque intérieur que je poursuis ? Mystère et boule de gomme. Je sors de son immeuble avec la sensation d’avoir été battue. Mon reflet dans le miroir me souffle et me fait des grimaces… Un pied marche sur ma tête. Les couleurs n’en sont plus. Ni fait, ni à faire comme image. Je me laisse tomber sur le banc…
J’apprends ainsi grâce à lui que l’honnêteté envers soi-même n’est pas seulement une vertu morale mais une force humaine sur laquelle il est possible de rétablir et même bâtir une santé tant physique que mentale.
Isabelle : Nous sommes là pour vous aider à restaurer la communication entre vous. (Un léger silence. Pierre soupire.) Monsieur, vous ne semblez pas convaincu ? Il est important que vous vous engagiez dans ce processus, autrement la médiation est vouée à l'échec.
Pierre : Vous savez, nous avons déjà eu des rendez-vous avec un pédopsychiatre et cela n'a rien donné de bon, alors je ne suis pas très optimiste.
Isabelle : Votre fils va voir un pédopsychiatre ?
Pierre : Non. Notre fils va très bien. Nous y sommes allés.
Isabelle : Je ne comprends pas bien. Vous y êtes allés avec votre enfant ?
Pierre : (presque rigolant) Non, nous y sommes allés nous deux : les parents. (Désignant Anna.) C'était son idée. Et à deux cents euros la demi-heure, on a fini par se haïr complètement !
Isabelle : Nous ne sommes pas là pour vous juger, ni pour prendre parti.
Pierre : Vous êtes la Suisse et nous le couple franco-allemand cherchant la construction européenne.
Mes yeux se ferment. Qui dit qu'ils s'ouvriront encore ?
La politesse, la pudeur, l'éducation servent de garde-fou ou de cache-misère. Il faut se retenir, se contenir, mais surtout bien se tenir. Autrement dit : on peut parler du temps qu'il fait ou bien se taire.
Un cœur à sec transforme aisément des faits en petits pois de princesse.
Est-il nécessaire d’être responsable de quelque chose pour susciter des comportements ambivalents ou des réactions agressives et incompréhensibles ?
Je m'étais donc trompée sur l'amour, sur les liens entre les enfants et les adultes. A nouveau, je n'ai plus de mots. Alors que lui, le chevalier Donnelheur que je m'imaginais vêtu de rouge, n'a plus de mots assez forts pour dézinguer mon entourage. Il dénonce l’immaturité de certains, les obsessions infantiles des autres, les jalousies des femmes et la folie de mon grand-père Alfred.
Reste que dans le cadre de nos rendez-vous hebdomadaires, à partir du moment où je m'assois en face de lui et jusqu'à la fin des quarante-cinq minutes, je dois (et c'est la règle absolue du dispositif) dire tout ce qui me vient à l'esprit sans rien censurer.
A l’aube des années 1990, je crois pourtant que mes parents ne connaissent pas grand-chose de ce qui éclaire une petite partie du monde depuis plus de soixante ans. Freud, son génie, ses collègues, ses disciples et se contradicteurs ne sont pas parvenus jusqu’à eux, ou alors uniquement sous la forme d’une information intellectuelle.
Certains enfants peuvent-ils être mauvais pour leurs parents ? Peut-il arriver que ceux-ci, à leur insu, deviennent toxiques pour leur famille ?
L’addition des dégâts causés par les pulsions inconscientes auxquelles on refuse de s’intéresser, que l’on retient, est parfois explosive.
Le bonheur est de l’ordre de la volonté.
La politesse, la pudeur, l’éducation servent de garde-fou ou de cache-misère. Il faut se retenir, se contenir, mais surtout bien se tenir.