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3.69/5 (sur 52 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Née en 1981, Chloé Saffy vit dans la région toulousaine. Auteur de trois romans, dont A fleur de chair paru en 2021 chez La Musardine, elle est également l'auteur de Subspace, un essai consacré au Maitre des Illusions de Donna Tartt chez Le Feu Sacré Editions.

Source : amazon.fr
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Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Ses talons claquent sur les pavés de la rue de Rivoli. Anabel inspire, expire l’haleine de la nuit. Bientôt elle sera chez elle, elle boira un thé avec sa colocataire devant la télévision, elle ira se démaquiller, retirer ses chaussures à talons, ses bas, son string de dentelles encore humide, son soutien-gorge, ses vêtements noirs. « Tu es adorable, tellement adorable. » Alors qu’elle approche de la colonne de la Bastille, Anabel se demande si c’est bien d’être adorable, si cela ne suffirait pas d’être seulement aimable, mais de l’être "vraiment".
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"Il enroule la corde dans mes cheveux, la replie en deux entre mes dents et ramène mon visage en arrière, mors entre mes molaires, crinière maintenue. Je suis maintenant petit poney docile. Son poney qu’il travaille, dresse. Contraint, cajole et monte de sa queue bandante. Il prend encore des photos, en m’obligeant à relever les yeux vers lui. Sur ces images, on voit que je le défie. Du moins, on y devine une altération dans l’attente. Quand il se redresse, et tourne autour de moi, je ne vois plus que ses chaussures noires, brillantes, qui passent et repassent devant moi... et je comprends que quelque chose a changé dans la façon dont j’appréhende la suite. La confiance a pris le pas sur la peur. L’envie prédomine sur l’attente. Il s’accroupit devant mon visage, me fait tirer la langue. Pose un des jeux de baguettes chinoises sur ma langue et serre. En souriant, il caresse ma langue entre deux doigts."
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"La sensation pénible le reprit le jour où il récupéra les photos. Bien qu'à chaque fois il fût déçu des images de ses amantes, il ne pouvait s'empêcher de vouloir capturer leurs bouches qui s'ouvraient démesurément alors que leurs yeux se fermaient sur leurs éparpillements de plaisir. Les corps animaux qui prenaient la place des corps humains, comme les chimères déchirent l'épiderme de ceux dont elles ont volé l'apparence pour s'incarner. Toujours, il ratait tout cela : le flash écrasait tout et recrachait des images sans âme, qui asséchaient l'ardeur du moment, l'objectif figeait les étreintes sans jamais les saisir. Pourtant il s'obstinait. Il rangeait les photos dans un album, et les revoyait non pour ranimer le souvenir de ces nuits sensuelles, mais pour se rappeler que dans son souvenir elles étaient justement bien plus vertigineuses que ces icônes dépouillées de fièvre. Ce jour-là, Verlaine se jura de ne jamais prendre Anabel en photo. Elle avait droit à mieux que d'être enfermée sur le papier de cette manière. Il ne voulait pas de ça pour invoquer son image et souvenir, il ne voulait pas d’elle comme simple souvenir. Il glissa une à une les photos dignes d'être conservées dans les pochettes translucides de l'album."
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"Toutes ces fois où nous nous quittions alors que tu portais encore les stigmates de l'étreinte, je filais aussitôt en baiser d'autres. De la baise entre adultes codifiée, calculée. Je baisais avec des femmes qui jouissaient sans se départir de leur distinction, chiennes en apparence, mais jamais assez pour tenir la distance sur la longueur. Des femmes qui étaient toutes plus belles, mieux faites et d'un milieu plus élevé que là d'où tu viens. C'était stupide, tellement stupide, je les baisais comme un salaud, un vrai connard, je les achevais du bout de ma queue. J'avais envie de les souiller, de les salir d’être si lisses, de ne plus me convenir comme avant, c'est pour ça que je finissais par dégueuler mon foutre sur elles, pour leur donner enfin de la consistance. Et elles aimaient ça, se pâmaient sans que je sache si c’était leur rôle, ou si je les bernais en beauté. Je les punissais de se croire arrivées, de se croire parfaites et de ne pas me donner envie de les traiter mieux."
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"Je voudrais tellement lui dire cette gratitude qui tournoie d’un bout à l’autre de mon corps, mais je crois que tout mon être le lui exprime à force de couler. Larmes, morve, bave, cyprine... Si nous étions en été, je serais certaine de me noyer dans ma sueur. Et puis vient le moment où je pousse un cri effroyable. Un cri qui n’a plus rien d’humain. Un son qui traverse mon ventre et sort de ma gorge, se prolonge, se frayant un chemin à travers le mors. Avec le recul, j’ai eu l’impression que ce cri n’en finissait pas. Je ne le voyais plus à travers mon rideau de cheveux et de larmes, hurlant, pleurant, bavant, penchée en avant. Il s’arrête et me laisse hurler. M’observe, me détaille. Plus tard, alors que je m’accrochais à mon verre de vin comme à une bouée, il me dira : C’était très beau ce cri... on ne savait pas si c’était de rage, de douleur, de plaisir, de perte de contrôle... ou tout ça en même temps. Il a fait sauter avec patience toutes les ouvertures."
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"Alors elle laisse son bras là où il est. Elle est si fière de marcher dans les rues de Paris au bras d'un homme comme lui. Parce qu'il est beau ? Il est passé au-delà du beau pour elle. Il est. Alors d'où lui viennent ses hésitations ? Ça vient peut-être de ses éclipses. Parfois, elle le sent tellement ailleurs, tellement en dehors. Et dès qu'il revient à elle, son regard est d'une douceur et d'une acuité insoutenables, il l'émeut trop, bien trop. Quand il ne voit qu'elle, quand il murmure seulement pour elle et lui parle pour emporter ses dernières résistances, elle pardonne. Lorsqu'ils arrivent devant ce restaurant du Marais, ils n'ont pas marché plus d'un quart d'heure. Juste le temps d'apaiser l'ardeur, souvenir d'il y a une heure encore, quand il lui a écarté les jambes sur son lit. Et lui a dit « Je vais te sucer » avec juste ce qu'il faut de perversité pour sourire de sa gêne."
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"Je lui parle alors de ces autres que j’ai vus pendant son absence. Pour certains, cela faisait des mois, des années. Comment tout cela s’est fini dans les larmes et les regrets. Combien le désir de suivi, d’engagement s’est soldé par un échec. Ce couple que je voyais depuis des années et dont l’épouse a signifié mon congé le jour où elle a rencontré une autre femme, plus jeune, sans doute plus malléable. Cet homme avec qui j’étais liée, dont l’amitié était passée à quelque chose de plus amoureux et qui s’est révélé être un menteur, un pervers. Jamais en si peu de mois je n’ai eu à gérer tant de douleurs, de désillusions. Jamais depuis que je suis mariée, dans cette relation libre ouverte, je n’ai été aussi affaiblie, épuisée. Il m’écoute en silence, sans commentaires, mais prend la mesure, je crois, de combien ces mois ont été durs. De vrais mois de deuil."
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"Verlaine s'étonnait souvent qu'une jeune femme si calme puisse réclamer ces luttes des corps et des mots dans leurs jeux sexuels. Il la voyait baisser les yeux, trembler de toutes ses peurs délicieuses. Puis elle le mordait là où l'épiderme était accessible, très fort, avec rage pour aiguiser sa colère, il passait la main sur sa gorge, serrait lentement et murmurait d'abominables menaces qui la faisaient défaillir, il devait la retenir pour éviter qu'elle ne s'effondre totalement à ses pieds. Maintes fois, il avait ôté la ceinture de son jean d'un coup sec, formé une boucle, et tout en la maintenant allongée face contre terre, sa main libre enserrant ses poignets, il l'avait cinglé de coups sur les côtes et le bas du dos après avoir pratiquement arraché ce qu'elle portait pour découvrir enfin omoplates et colonne qui se couvraient de sueur et de frissons."
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"— J’ai longtemps aimé nager. J’aimerais recommencer. Retourner nager dans l’océan... J’aimerais être plus souvent seule, je veux dire, vraiment seule. Je ne le suis jamais. Ce n’est pas que je me sente coincée, mais... Je crois que...
Delphine s’arrête un instant, le regard perdu, comme si elle avançait sur une place déserte, dont les lampadaires s’allument les uns après les autres.
— ... J’en veux à Antoine parce qu’il a quelque chose qui lui appartient, quelque chose qui le transcende et dont je suis privée.
— Qu’est-ce qui vous empêche de trouver vous aussi ce quelque chose ? Je ne vous dis pas de prendre un amant, ça ne sert à rien de se forcer si on n’en a pas vraiment envie... Vous me parliez de l’océan... Qu’est-ce qui vous oblige à rentrer dormir chez vous ce soir ? Vous pourriez prendre votre voiture et passer la nuit sur la côte."
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"Je la regarde avec admiration. Elle est parfaite. Je savais l’avoir bien choisie pour cette session partners in crime, mais cela éclate sous mes yeux comme un cristal roule, rebondit et se pulvérise sur la roche. Je le trouve tellement beau dans cette semi-obscurité : couvert de sueur, le sourire béat, quelques confettis de cire rouge collés sur le torse. Il ne savait pas encore à ce moment-là que sa perte de contrôle l’empêcherait de jouir en bonne et due forme. Et que ce qu’il allait vivre serait encore meilleur qu’une banale éjaculation. L’accompagnant dans cette quête de l’orgasme, je me tiens près de lui, sa main cherche ma chatte, je retire son gagball. Il salive à tire-jus, nous lui détachons sa couche, souillée de mouille que Sasha avait gardée
dans son verre plus tôt, puis opportunément versée sur lui."
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