AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Chris Vuklisevic (246)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Derniers jours d’un monde oublié

Folio SF a organisé un concours pour célébrer ses 20 ans, visant à publier un premier roman français d’imaginaire. Après plus de 300 manuscrits reçus, l’heureuse élue est Chris Vuklisevic qui publie ainsi son premier roman Derniers jours d’un monde oublié. Il s’agit d’un roman de fantasy assez sombre mettant en scène la fin d’un monde.



La grande nuit a frappé ce monde, elle a laissé ses marques et conduit à l’oubli de certaines choses. Comme l’île de Sheltel, qui se trouve en plein milieu du Désert Mouillé. Erika et ses compagnons pirates sont bien heureux de trouver cette île, synonyme d’eau, de vivres et de possibles butins et surtout havre de terre après des jours et des jours passés en mer. L’arrivée des pirates dirigés par la capitaine Kreed va avoir des répercutions inattendues sur l’île de Sheltel. Les habitants de Sheltel vivaient depuis des années en reclus. Ils sont gouvernés par le Natif, un roi béni. Le fonctionnement de l’île est strict et des règles régissent la population, notamment sur le nombre de naissances et de mort. Il ne peut y avoir trop de monde sur un territoire qui ne peut s’étendre, et la consanguinité doit être éliminée à tout prix. Sur Sheltel, plusieurs personnages ont un rôle d’importance hormis le Natif : la Bénie,une prêtresse qui a de forts liens avec un vieux marchand du nom d’Arthur Pozar, et la Main, une sorcière chargée de tenir l’arbre généalogique de l’île et d’agir en cas de problème. Pour l’aider, la Main dispose de 5 Phalanges qui obéissent scrupuleusement à ses ordres.



Le roman suit trois personnages, Arthur Pozar, Erika et La Main. Trois personnages très différents, dont les destins vont se rejoindre sur cette île pendant 12 jours, des jours qui vont changer Sheltel à jamais. Ces trois personnages sont très bien construits, tour à tour touchants, violents voire cruels, pris au piège des traditions et désirant échapper à quelque chose. Les deux personnages féminins sont particulièrement réussis et passionnants à suivre. Elles sont bien crédibles, élaborées avec nuances, justesse, sans manichéisme. Pourtant dans un monde aussi âpre que l’île, il aurait été facile de basculer facilement d’un côté ou de l’autre.



L’univers décrit par l’autrice est rude, la vie y est très difficile. La Main règne en maitre sur la vie de chacun dès la naissance. En peu de pages, Chris Vuklisevic dépeint un monde à l’équilibre précaire que tout peut faire basculer rapidement. L’atmosphère est pesante, les manques, notamment en eau, se font cruellement sentir. L’arrivée des pirates ravive les tensions, la peur de l’autre qui devient forcément un ennemi, développe les inégalités. C’est l’occasion pour l’autrice d’aborder différents thèmes comme l’écologie avec la rareté des ressources primordiales à la vie, la peur des autres et l’ouverture sur l’extérieur, les méfaits du pouvoir et de la toute puissance. Des thèmes qui font facilement écho aux lecteurs tant on peut les projeter dans notre monde.



Entre chaque chapitre se trouvent des encarts qui servent à développer l’univers. On y trouve des articles de journaux, des proclamations officielles sur la situation de l’île ou encore des publicités. Ces encarts sont d’importances relatives, certains plus intéressants que d’autres, mais apportent rapidement différents éléments sur le monde. Par contre, ils sont imprimés très petits et leur lecture n’est pas très aisée.



Certains points de l’univers auraient mérités d’être un peu plus approfondis, et on serait bien restés un peu plus longtemps en compagnie des personnages de ce monde oublié. Néanmoins, Chris Vuklisevic nous offre un très bon premier roman plein de noirceurs et loin de tout manichéisme, un roman que l’on découvre avec plaisir et qui offre de belles promesses pour de prochains écrits de l’autrice.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
Commenter  J’apprécie          130
Du thé pour les fantômes

J'ai déjà eu quelques coups de cœur depuis le début de cette année, et ce roman vient s'y ajouter.

J'y ai retrouvé ce que j'aime, l'imaginaire dans un monde réel.

Paradoxe... je m'explique.

Une passeuse de fantômes, une sorcière = imaginaire

Nice, sa colline, son cours Saleya, les ruelles de la vieille ville, la mer = monde réel (que je connais un peu) et puis aussi l'arrière-pays et ses paysages à couper le souffle.



Bon tout ça est un peu réducteur tant il est difficile d'écrire une critique de cette histoire.

Ce que je peux dire, c'est que, j'ai souvent souri et parfois éclaté de rire devant des situations cocasses et un langage familier (mais pas vulgaire).



Mais c'est aussi l'histoire de secrets de famille et d'une relation entre deux sœurs (peu importe qu'elles soient sorties d'un monde imaginaire) de ces mots qu'il est parfois si difficile de dire, de ces regards qui peuvent en dire plus long que les paroles.



Et j'ai failli oublié de mentionner le thé, qui a pourtant un rôle très important dans ce récit !



L'écriture est empreinte de poésie et n'est pas sans me rappeler celle de Carole Martinez, autre auteure que j'apprécie beaucoup.



Accompagnée de ma fille, j'ai eu l'occasion de rencontrer Chris Vuklisevic lors d'un salon Lire à Limoges, et la façon dont elle parlait de son livre nous a interpellées toutes les deux.

Ma puce a eu l'occasion de le lire avant moi et, quand j'ai constaté que la médiathèque que je fréquente venait de le mettre en rayon, inutile de dire que je n'ai pas hésité une seconde.



On a pu commenter notre lecture hier soir par téléphone et, en se remémorant certains passages, partager des éclats de rires ou un peu de nostalgie. Ne serait-ce que pour cette raison, merci à l'auteure !

C'est donc avec le sourire aux lèvres que j'écris ce petit billet, qui j'espère vous donnera envie de plonger dans cet excellent moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          120
Du thé pour les fantômes

Cette lecture est un petit bonbon. C'est fin, sensible, intelligent. J'ai suivi ces sœurs, moi-même accompagnée d'un bon thé, avec le plus vif intérêt. Voir leur relation se créer, évoluer. Même d'un point de vue formel, voir leur dialogue d'abord bien séparé, puis progressivement se rapprocher et se mêler était très beau.

Identité, hérédité, indépendance, toxicité, apprivoisement, rejet, singularité, sororité le tout dans un écrin de réalisme magique.

Tiens, je vais me refaire un thé moi.
Commenter  J’apprécie          121
Derniers jours d’un monde oublié

J’attendais pas mal de la rencontre de tous ces gens qui n’ont plus rien en commun et qui pensaient les autres disparus depuis trois siècles.



Le roman se lit bien, c’est assez agréable à parcourir, ça commençait bien et j’aimais bien l’idée derrière. L’ennui, c’est que ce roman n’en finit jamais de commencer. Il ne décolle jamais vraiment. Il ne manque pas grand-chose, juste… un peu de saveur. C’est comme un poulet rôti sans herbes de Provence, sans vin et qui n’aurait pas assez doré au four.



J’avoue d’abord ne pas avoir vraiment saisi comment les habitants de Sheltel se satisfont aussi bien des conditions de vie sur ce caillou, tant cette société est quasi dictatoriale. On va dire que sans connaissance de rien d’autre, on peut difficilement comparer et espérer mieux. Mais il est demandé au lecteur, malgré tout, d’accepter tout ce qui s’y déroule sans réserve, alors que certaines scènes sont d’une sauvagerie à mon sens difficilement compréhensible (si la sauvagerie peut l’être). Non, je dois dire que je n’ai pas avalé tout cela sans me poser de questions. Un voile de perplexité est alors venu se jeter entre ces pages et moi. Les quelques extraits de registres, etc. en début de chapitres étoffent certes un peu cette construction d’univers, mais pas assez pour que j’y adhère pleinement.



Comme je le disais plus haut, j’attendais beaucoup de la rencontre de ces peuples que tout sépare désormais. Sauf qu’il ne se passe jamais vraiment grand-chose dans ce roman. Si vous attendez un roman d’action, passez votre chemin. C’est davantage un roman psychologique, qui suit quelques personnages dont la vie, les pensées et les modes d’action vont être impactés par le débarquement des pirates. Mais là encore, rien à faire, la mayonnaise ne prend pas, selon moi.

Le roman ne parvient jamais vraiment à sortir de la logique propre à chaque personnage, empêtré dans ses petites histoires et avec ses casseroles aux fesses (que là encore, j’ai eu du mal à comprendre, tant cela me paraissait absurde). L’angle choisi était intéressant mais le roman ne prend pas la hauteur suffisante pour remettre tout ça en perspective et apporter un message percutant.

Je n'ai pas été convaincue non plus par les chapitres assez courts et pas très approfondis, ni par l'alternance de focus sur ces personnages.



Bon, bref, rencontre manquée avec ce roman qui ne m’a pas captivée ni convaincue, et dont je ne suis pas sûre d’en retenir grand-chose sur la durée, malheureusement.
Commenter  J’apprécie          121
Du thé pour les fantômes

Cette lecture qui devait être une agréable promenade a plutôt pris des allures de cauchemar éveillé. Jamais un livre ne m'a donné autant de fil à retordre, je n'ai pas pour habitude de finir un livre avec lequel ça ne matche pas dès le début cela évite les prises de tête. Mais quelques fois un petit pincement au coeur me retient de le faire, ça était le cas de ce livre. J'avais tant envie de l'apprécier que j'ai persévéré entrecoupant mes moments de lectures de grande pause, on peut même dire de bouffée d'air frais dans ce contexte-là. Mais rien à faire, pas la moindre étincelle n'a jailli jusqu'à la toute dernière page.

Ce qui explique cela, c'est sûrement la lenteur du récit ajouté à ça un manque d'intérêt pour les pérégrinations de nos 2 héroïnes et vous avez un cocktail très déprimant. le principe autour du thé et des fantômes est assez original comme concept et apporte une touche surnaturelle à l'histoire. Les remarques intempestives de la narratrice m'ont fait beaucoup rire. Quant à l'écriture elle est sublime mais ces trois choses font plutôt office d'emballage cadeau car au fond l'histoire racontée et les thématiques abordés sont beaucoup trop triviaux.
Commenter  J’apprécie          120
Du thé pour les fantômes

Alerte Pépite !



Voici un texte atypique, qui mêle les genres, les époques, les narrateurs et qui dégage une aura indescriptible.

Sorte de conte fantastique avec une belle part d’onirisme, de sensibilité et une pointe de gothique, Du thé pour les fantômes est un récit riche et très poétique.

L’autrice joue avec la langue, avec les axes narratifs, avec le temps, les noms et situations parfois burlesques, touchantes ou même terrifiantes.



Le destin de ces trois femmes, une mère et ses jumelles, se dessine, fascine et intrigue.

Les secrets se révèlent, les non-dits rongent l’âme, la rancune est tenace et le pardon est espéré.



Quelques passages un peu nébuleux participent à l’atmosphère quasi fantasmagorique.



𝐄𝐧 𝐁𝐫𝐞𝐟 :



Un roman sensible, touchant, poétique, absolument envoûtant avec une narration qui bouscule et une construction brillante et une plume ensorcelante.

À lire et à relire 🌟
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          110
Du thé pour les fantômes

Je ne sais pas trop quoi penser de ma lecture. Au début il faut s’adapter au fait que le narrateur nous parle comme si on était en face de lui dans le salon de thé.

Il nous raconte l’histoire des ces deux jumelles qui ne se sont pas vues depuis 30 ans. L’une est passeuse de fantômes, elle peut les voir et les faire parler grâce à du thé, la deuxième est sorcière tout ce qu'elle touche vieilli. A la mort de leur mère elles vont partir chercher son fantôme pour lui poser des questions.

L’écriture est poétique, cela pourrait ressembler à un conte. Plus que l’histoire de leurs pouvoirs c'est une quête d'identité qui est raconté ici. L’histoire de cette famille est très intéressante.

Mais je ne sais pas si ce sont les personnages auxquels je ne me suis pas attaché ou autre chose mais il m’à manqué quelque chose pour vraiment apprécier ce livre.
Commenter  J’apprécie          111
Du thé pour les fantômes

C'est un coup de cœur !

J'ai retrouvé tout ce que j'aime dans un livre, le fantastique, le suspens, la poésie, la littérature,...

Pour ne rien gâcher, le paysage du roman se déroule à Nice et dans son arrière pays que j'affectionne tant et que je connais bien depuis toute petite. Je vis depuis toujours non loin de là, et c'est un peu mon terrain de jeu en randonnées. Évidemment, c'était un plus pour ma part, qui donnait une saveur toute particulière à cette lecture.

J'ai adoré l'histoire des sœurs, de leur différence traité avec poésie, ainsi que leur histoire singulière qui pas à pas nous amène des éléments de réponse auxquels on ne s'attend pas. L'imagination de l'autrice est prolifique, et son univers me correspond totalement.

On note des traits d'humour, avec un narrateur qui est présent à part entière, et qui nous raconte l'histoire de ces deux protagonistes en mettant de temps en temps son grain de sel. Ça ne m'a pas du tout dérangé, j'ai trouvé au contraire que ça apportait quelque chose à l'histoire, une sorte de signature toute personnelle.

Suivre ces deux sœurs en quête d'elles même, c'était quand même une sacrée aventure, que j'ai adoré et que je recommande.
Commenter  J’apprécie          110
Derniers jours d’un monde oublié

Avant propos de ma critique :

Comment garder toute son objectivité quand on connaît l'auteure depuis sa plus tendre enfance? Je vais essayer d'être la plus neutre possible dans mes propos rassurez-vous !



Ma critique:

Derniers jours d'un monde oublié est le premier roman de Chris Vuklisevic.

Dans ce livre, on découvre les vies entremêlées de trois personnages. (Un chapitre par personnage, ce qui laisse le suspens s'installer pour chaque rebondissement)

Leurs petites histoires qui influenceront la grande Histoire de l'île.

Au fil des pages, nous découvrons des règles de vie strict pour préserver la communauté, les horreurs d'une dictature forcée, une île mystérieuse et pleine de magie, les dangers de vivre reclus et surtout l'appréhension de l'inconnu. (Personne, intention ou lieu)

Il est impossible de lâcher le livre quand on le commence. L'écriture du roman est fluide et précise. Il n'y a pas de superflu.



Les amateurs du Trône de fer, de Magyk et des livres de Stephen King, apprécieront cette histoire.



J'ai adoré cet univers et tout particulièrement le personnage de Nawomi, qui arrive à se reconstruire comme elle s'imagine et non comme on lui impose.



Hâte de lire d'autres univers de l'auteure !
Commenter  J’apprécie          110
Du thé pour les fantômes

Comme j'aurais voulu aimer ce livre.....

La narration m'a éloigné de l'histoire.

Et dieu m'en est thé-moin chapitre après chapitre je me suis forcée a continuer.

Mais non rien à faire, la plume n'était pas pour moi.

Cependant je garde en mémoire le côté poétique de ce livre.
Commenter  J’apprécie          101
Du thé pour les fantômes

Je ne m’attendais pas à autant apprécier cette lecture. C’est fantasmagorique, évanescent, c’est de l’étrange-thé à chaque page. J’ai souri, j’ai eu les larmes aux yeux, j’ai eu envie de les connaitre et d’écouter leurs histoires, à toutes. A toutes ces femmes, Félicité, Agonie, Véra, Carmine, Marine ou même Adélaïde. Écouter leurs histoires, boire de l’étrange-thé, me rappeler, vivre leurs souvenirs, leurs aventures, leur quête.



Il faut dire que les histoires ou plutôt l’histoire de ces femmes, car finalement, mises bout à bout, tout est lié, est très forte, emplie de chagrin, de mystification, de mensonges, de pleurs mais aussi d’amour. Un amour fort et sincère entre elles, même lorsqu’on ne peut pas l’imaginer. C’est finalement une démonstration de ce qu’il faut faire: comprendre le pourquoi avant de juger. Ce livre n’est pas moralisateur du tout, mais c’est ce que j’en retiens, l’histoire entre Carmine et Agonie en est la preuve.



Ce roman m’a offert une jolie parenthèse, un moment de magie, très fort.




Lien : https://loeildesauron1900819..
Commenter  J’apprécie          100
Du thé pour les fantômes

« Du thé pour les fantômes » possède un bien bel écrin pour une histoire singulière aux thématiques beaucoup plus denses que ce récit de sœurs où l’une est sorcière et l’autre chasseuse de fantômes. Cet écrin où l’on rencontre des théières qui prennent vie, des théières-mère, des étranges-thés qui « sentent la mousse et le vent », des thés en préparation, l’art du kintsugi et des fantômes en nombre. Chris Vuklisevic crée une ambiance de salons de thé, chaleureuse, feutrée et un peu magique pour venir explorer des thématiques bien plus complexes que la 4è de couverture le laisse présager.



Félicité et Agonie sont sœurs jumelles. L’une est chasseuse de fantômes et passée maître dans l’art de l’utilisation de thés aux vertus multiples. L’autre est sorcière, de celles qui font peur aux enfants : lorsqu’elle parle, des papillons et divers autres insectes sortent de sa bouche et font mourir instantanément tout ce qu’ils touchent. Depuis leur naissance, l’une a été choyée, l’autre presque martyrisée. Carmine, leur mère leur donne naissance dans l’arrière-pays niçois, dans l’un de ces villages désertés devenant inaccessible au fil du temps. Car dans « Du thé pour les fantômes », l’amour des lieux est aussi important que les personnages qui y vivent.



La temporalité du roman ressemble à des poupées gigognes. Un narrateur raconte une histoire qui lui a été racontée, parfois par l’une des jumelles, parfois 16 ans plus tard, puis 30 ans plus tard, puis le récit revient sur les jeunes années de la mère. Pourtant, malgré ce choix dans la construction, le lecteur n’est jamais perdu. Ni par la temporalité ni par le récit dans le récit, dans le récit. On comprendra qui est le mystérieux narrateur « Du thé pour les fantômes » à la toute fin du roman, lorsque l’histoire complète de cette famille aura été racontée. J’insiste quand même sur le fait que ce récit nécessite un peu de concentration pour s’y plonger, donc l’apprécier à sa juste valeur. Essayez de ne pas focaliser sur les différentes temporalités, mais plutôt sur les personnages et les thématiques que Chris Vuklisevic développe ici.



Certes, dans « Du thé pour les fantômes » les théières sont magiques et prennent vie. On y découvre des troupeaux de théières sauvages, mais également l’importance de la théière-mère « qui guidera ensuite tout le troupeau et la soumettra à sa volonté ». Les théières ont une vie qui leur est propre, une âme, des missions des plus importantes. « Puisqu’il est là, justement, le pouvoir des étranges-thés : raviver les souvenirs, libérer les langues. Combler les failles et les silences où s’engouffrent les fantasmes, les cauchemars et les rancunes. Faire éclore la vérité en somme. » Il est également possible de lier deux êtres par le pouvoir des feuilles de thé de leur tasse afin qu’ils y échangent des mots lisibles par eux seuls.



Au début du roman, Félicité et Agonie ne se sont pas parlé depuis 30 ans. C’est le décès de leur mère qui les oblige à reprendre contact. C’est grâce à cet événement que le narrateur va raconter leur naissance, puis leur jeune enfance auprès de cette mère excentrique, et leur quête commune. Carmine était une mère bienveillante avec Félicité, et maltraitante avec Agonie. Car, sous les abords d’un récit tout doux, aux aspects de conte teinté de pointes de surnaturel, « Du thé pour les fantômes » est d’abord un roman qui traite de la maternité, de l’héritage, des rapports mère/fille, des relations entre sœurs, mais surtout de la transmission durant des générations de traumatismes qui unissent les êtres d’une même famille. En savoir plus sur l’existence de Carmine doit permettre de retracer le passé d’une femme pour comprendre la façon dont elle a appréhendé son rôle de mère, et les différences qu’elle a fait subir à ses filles. Félicité, chasseuse de fantômes, se met en tête de retrouver le spectre de sa mère afin de dévoiler les secrets de sa personnalité par son histoire personnelle.



Chris Vuklisevic crée un univers de salon de thé moelleux, un peu magique pour développer des thématiques plus houleuses telles que la construction de soi lorsqu’on ne se sent pas aimé, l’ardeur et l’acharnement de la vindicte maternelle par héritage intergénérationnel, le pouvoir des prénoms que l’on donne à ses enfants dans la structuration de leur personnalité. L’avenir n’est pas similaire lorsque l’on se prénomme Félicité ou Agonie… « Du thé pour les fantômes » est un roman plus sombre qu’il y paraît et c’est bien là tout le génie de l’écrivaine. En créant une atmosphère enchantée, tantôt surnaturelle, tantôt tangible, elle fait passer des messages forts, car son lecteur est en confiance : il est sous un plaid avec son thé préféré sans aucune raison de craindre de terribles révélations. En plus de jouer avec les temporalités, Chris Vuklisevic alterne également le rythme de plusieurs scènes : certaines sont écrites pied au plancher, d’autres sont bien plus introspectives. Le mélange des deux est étonnant et détonnant. L’écriture est une merveille, savant mélange d’un ouvrage porteur de messages philosophiques forts, de seconds degrés de lecture et d’une histoire qui reste très fluide reposant sur son univers propre avec son langage spécifique et spécialement créé pour asseoir cette ambiance si singulière. Attachant, profond, souvent vibrant, « Du thé pour les fantômes » est d’une poésie folle. Chaque scène a été pensée avec intelligence, ce qui rend l’ensemble extraordinairement fluide. Générer du noir dans un monde qui inspire autant de plénitude relève d’un certain génie, et d’une sacrée originalité qui m’a totalement conquise. Un vrai tour de force où la puissance des émotions est décuplée, comme les papillons qui sortent de la bouche d’Agonie.



J’ajoute que le travail éditorial des éditions Denoël est de toute beauté. Une couverture sublime, étrange, énigmatique, à l’ambiance gothique et onirique qui illumine tous les aspects sombres du roman. Je vous le disais en préambule : un très bel écrin pour une histoire insolite aux thématiques difficiles et intenses. « Du thé pour les fantômes » fera partie de mes meilleures lectures de l’année autant sur la forme que sur le fond. Une véritable prouesse littéraire. Et, pour ne rien gâcher, d’une audacieuse originalité !
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
Commenter  J’apprécie          102
Derniers jours d’un monde oublié

𝕋𝕒𝕟𝕥 𝕢𝕦𝕖 𝕟𝕠𝕦𝕤 𝕧𝕚𝕧𝕣𝕠𝕟𝕤, 𝕟𝕠𝕦𝕤 𝕣𝕖𝕤𝕥𝕖𝕣𝕠𝕟𝕤 𝕝𝕖 𝕔𝕠𝕖𝕦𝕣 𝕓𝕒𝕥𝕥𝕒𝕟𝕥 𝕕𝕦 𝕞𝕠𝕟𝕕𝕖.



Les habitants de l’île de Sheltel vivent entièrement isolés depuis que le monde a disparu à la suite d’une catastrophe naturelle. Mais un jour, après 300 ans, un navire accoste au large de l’île. Et si le monde extérieur n’avait finalement pas disparu ? Quoi qu’il en soit, les nouveaux venus vont, par leur simple présence, bouleverser la vie des insulaires, et peut-être même changer tout l’avenir de l’île.



J’ai vraiment passé un excellent moment de lecture avec ce très bon premier roman, et c’est en très grande partie grâce aux personnages. L’autrice nous propose des protagonistes en trois dimensions, plein de défauts, de failles, de nuances. Je pense notamment au personnage d’Arthur qui fait plutôt mauvaise impression dans les premiers chapitres mais auquel on parvient finalement presque à s’attacher tant il ne se résume pas à ce qu’il peut laisser paraître de prime abord.



Mais en toute honnêteté, ce sont les personnages féminins que j’ai trouvé les plus intéressants. Que ce soit Erika, La Main ou même la capitaine dans une moindre mesure, les femmes du roman nous font passer par toutes les émotions. J’ai particulièrement aimé découvrir le passé tragique de La Main et voir ce qu’elle a réussi à faire de sa vie.



En termes de thématiques, le roman est très riche puisqu’on y parle de différence, d’émancipation, d’introspection, de rédemption ou encore de pardon. Attention cependant aux thématiques secondaires : le roman contient à peu près tous les triggers warnings imaginables. Tout n’est pas forcément explicitement décrit mais on parle de meurtre, de torture, de viol, d’inceste ou même de mutilation. Attention donc si ces sujets vous sont particulièrement difficiles.



Concernant l’univers, j’ai beaucoup aimé ce que nous propose l’autrice, même si sur certains points, j’ai trouvé qu’on avait soit trop, soit trop peu d’informations. Par exemple, en ce qui concerne les différentes populations de l’île, ou même par rapport à La Bénie et son groupe, je me suis parfois senti un peu perdu, sans que ça n’entache non plus mon ressenti global sur le roman.



J’ai par contre bien accroché au système de magie que j’ai trouvé vraiment original, surtout en ce qui concerne La Main et ses Phalanges. Tout n’est pas forcément expliqué de manière très explicite, mais c’est de la magie donc ce n’est pas forcément un problème. Bon, j’avoue avoir été quand même un peu frustré par les « explications » concernant le mystère de la sirène (je n’en dis pas plus, ceux qui savent comprendront). Pour le coup, j’aurais aimé une réponse un peu plus explicite sur ce point, mais ça reste un élément assez trivial à l’échelle du livre donc tant pis !



Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas forcément du roman le plus joyeux, assez loin de l’ambiance générale de Du thé pour les fantômes, mais ça reste un roman très efficace et bien agréable à lire. L’autrice n’hésite pas à prendre des décisions radicales et à malmener ses personnages, et ça, on aime !



Pour ma part, c’est un sans faute de la part de l’autrice et j’ai hâte de découvrir ses prochaines pépites.
Commenter  J’apprécie          100
Du thé pour les fantômes

J'attendais tellement de ce livre tant tout me faisait envie... Le résumé, le titre et la sublime couverture.

Malheureusement, je n'ai pas aimé. Le plus gros bémol, le style narratif, l'histoire est raconté par un narrateur extérieur et cela donne un côté impersonnel, distant. Ses touches d'humour nous sortent du fil de l'histoire.

Beaucoup de longueurs et les personnages sont froids et caricaturaux.... dommage
Commenter  J’apprécie          90
Du thé pour les fantômes

À l’heure où l’autrice sort son 3 ième roman j’ai toujours la tête dans les théières de @chris.vuklisevic_ada.vivalda !

Comment oublier un moment ou l’on quitte la vie pour prendre son ticket pour un monde utopique, gothique et onirique ?

Prendre place dans ce monde fréquenté par des sorcières, des médiums et des théières bienveillantes a été l’expérience la plus surprenante de 2023.

En plus d’un récit épique fantomatique l’auteure use de sa plume autant poétique que pragmatique et parfois classique.

Un turn page qui rend le lecteur addict mais parfois perdu, la capacité de raisonnement et nos émotions sont mises à rudes épreuves afin de pouvoir garder son sang froid !

Des lignes parfois horrifiques et parfois mélodieuses nous retourne et nous accroche à une histoire finalement belle et originale.



Un livre beau longtemps, qui nous donnes envie de le relire vite et qui rentre dans aucune catégorie de peur d’amoindrir le style et l’histoire.

Pour être dithyrambique: offrez le vous et le dépaysement sera tel qu’il sera difficile de trouver une lecture après 🥲

Mais osez le !
Commenter  J’apprécie          90
Du thé pour les fantômes

Installez-vous bien confortablement chez Félicithé, n’ayez crainte de la sorcière derrière le comptoir, ni des théières qui versent seul leur thé et encore moins des tasses qui semble se vider comme par magie. Ici, mort et vivant on le droit de se délecter des meilleurs thés et de bénéficier de leur bienfait.



Et une fois votre boisson servit, laissez-vous conter l’histoire des tenancières de ce drôle d’endroit.



Agonie et Félicité sont jumelles, mais n’ont rien en commun, l’une est une sorcière et l’autre est passeuse de fantômes, même Carmine, leur mère, les traitait différemment, elle en aimait une tandis qu’elle rejetait durement l’autre.



Après trente ans de silence et d’amertume, nos deux protagonistes sont contraints de se retrouver, car elles doivent débusquer le fantôme de leur mère pour l’aider à quitter cette terre. Mais cette quête ne sera pas de tout repos, puisque celle-ci ne les attendra pas dans sa dernière demeure.



Carmine est un être fragmenté, aux multiples vécus et visages, pleins de mystères, au grand damne de Félicité qui pensait qu’elle n’avait aucun secret pour elle.



J’ai rarement lu un livre si dense, poétique et plein d’humanité. L’autrice révèle les failles qui peuvent s’installer dans nos multiples relations avec beaucoup de beauté. Le récit quant à lui prend son temps, comme un bon thé qui doit infuser suffisamment longtemps pour révéler tous ses arômes.



Et il en vaut le coup !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          90
Du thé pour les fantômes

J'ai commencé ce livre avec un peu d'impatience, je l'avoue - j'avais vraiment envie de l'aimer, de la couverture à l'idée, en plus écrit par une française, j'ai abandonné d'autres lectures en cours pour celle-ci.



Eh bien ça a raté, sur toute la ligne. La narration, d'un point de vue ultra extérieur puisque c'est un autre personnage qui raconte l'histoire, qui lui a été contée par un des protagonistes, qui s'essaie trop à l'humour, m'a sortie plus d'une fois du récit. Ajoutons à ça les longueurs dans l'écriture et dans l'histoire, les personnages caricaturaux et souvent antipathiques, et pour lesquels j'ai peiné à éprouver la moindre chose. Même Agonie qui avait tout pour faire pleurer les chaumières m'a laissé au final très indifférente, et l'histoire des thé(ières) m'a semblé ultra accessoire à l'histoire, outre pour justifier le point de vue de narration. On saute d'une idée à l'autre constamment. Je me suis surprise plusieurs fois à laisser couler en mode automatique l'histoire sans parvenir m'y ré-accrocher, ni à regretter d'avoir loupé quelque chose. L'intrigue même n'a pas réussi à me concerner, ni son dénouement qui m'a paru aussi tiré par les cheveux que certains passages.



C'est dommage parce que je suis généralement très friande des sagas familiales, surtout qui mêlent du fantastique et du surnaturel, mais j'ai dû me forcer à finir ce roman.
Commenter  J’apprécie          93
Du thé pour les fantômes

Du thé pour les Fantômes était une lecture plaisante, et j'aurais adoré l'aimer encore plus. L'histoire, le style d'écriture, l'ambiance générale et les idées sont incroyables. J'ai un faible pour le surnaturel, les histoires glauques et... les fantômes et le thé ! Et tout ça sans même parler de la si jolie couverture. La plongée dans le Vieux Nice n'est pas sans me rappeler les vacances chez la grand-mère non plus.



Néanmoins, cette histoire a rebondissements multiples est plutôt indigeste -c'est du moins mon ressenti. Si j'ai adoré suivre les péripéties à étapes et les allers-retours dans les souvenirs et le temps, j'ai trouvé les personnage exécrables. A cause de ça, c'est dur d'en avoir réellement quelque chose à faire de leurs histoires. J'ai un faible pour Agonie, et j'avais à cœur de savoir vers où l'intrigue allait nous mener pour elles. Les autres, pas tellement. Des motivations discutables, superficielles et égoïstes, une cruauté sans limite et aucune qualité rédemptrice. Même le rebondissement final très attendu ne justifie pas la vie de souffrance imposée aux jumelles Félicité et Agonie. Ne pas de méprendre sur ma phrase précédente : rien ne justifie de tels abus, mais la conclusion aurait pu avoir une moral douce-amère où l'on se questionne sur "et si c'était moi?". Non, là c'est juste cruel.



En conclusion, je reste vraiment sur une lecture positive, avec des tas d'éléments gothiques qui ne sont pas pour me déplaire, avec un bonus de soupçons de proses poétiques si agréables. Je pense cependant que si j'avais aimé plus de personnages, ce roman aurait été un de mes favoris, sans aucun doute. On pourra dans tous les cas saluer le travail sur lesdits personnages, parce que je pense qu'iels ne laisseront personne indifférent.



Et je rêve d'avoir mon propre troupeau de théières !
Commenter  J’apprécie          90
Du thé pour les fantômes

J’ai adoré ce livre ! Très original ! Dans un Nice sombre et enfumé, deux jeunes filles naissent avec des particularités. L’une voit les fantômes, l’autre fait pourrir tout ce qu’elle touche. Alors que l’une se développe presque normalement, l’autre doit se cacher, fuir les gens. Elles se retrouvent à la mort de leur mère car il faut la faire passer de l’autre côté… Une très jolie quête, très touchante. Les paysages sont improbables car ce n’est pas le Nice des touristes mais plutôt un arrière-pays montagneux tout proche. Il y a un beau discours plein de poésie sur le thé. Le thé qui a un pouvoir y compris sur les fantômes. Les deux sœurs bien que proches étant jeunes ont du mal à s’accepter, se retrouver. Il y a des hauts et des bas, des archivistes fantômes, des troupeaux de théières sauvages, des fleurs carnivores géantes, des outrenoms, et plein de petits drames familiaux qui créent des âmes incomplètes, brisées mais aussi de beaux moments de complicité amicale et familiale. Idéal pour l’automne avec ses montagnes sombres et ses thés brûlants !
Commenter  J’apprécie          90
Du thé pour les fantômes

Lecture (Commune) terminée !



🫖🫖🫖/5



Approchez lecteurs et lectrices ,entrez, installez-vous et commandez un étrange-thé …



🫖 l’eau chauffe 🫖



De prime abord, au vu et lu du résumé, j’ai été très attirée par cette lecture qui me paraissait prometteur … J’avais trouvé une camarade de lecture, 400 et quelques pages en 4 jours nous voici donc parties gaiement.



🫖 choisissez des feuilles bien sèches 🫖



Le premier quart a été pour moi génial! On avait l’intrigue : deux jumelles séparées depuis 30 ans se retrouvent contraintes à la discussion suite au décès de leur mère. L’une d’elle étant passeuse , elle se met à la recherche de son fantôme. Ne le trouvant pas de suite, elle « s’associe » avec sa sœur à la notoriété de sorcière pour cette quête. La quête devient littéralement enquête et le fil de l’histoire de la mère va être remonté jusqu’à être dénoué.



🫖 un thé pour un effet 🫖



L’univers et le vocabulaire associé est tout simplement impeccablement trouvé : on comprend très bien comment le quotidien des fantômes s’articule et les enjeux du travail de la passeuse. Bien. Seulement vous la sentez aussi l’odeur de brûlé qui arrive? Vous avez fait trop chauffer la bouilloire non?



🫖 choisissez la plus belle tasse 🫖



Passé le premier quart … patatras! La théière-mère tombe au sol, se fracasse et impossible de recoller les morceaux. L’image parfaite pour mon expérience de lecture : il y avait décidément trop de noeuds dans ce fil pour moi. L’auteure m’a perdue. Je n’ai pas été réceptive au côté « lunaire » de certains passages et honnêtement à la moitié du livre une question m’est venue : c’est quoi l’histoire déjà?



🫖 laissez infuser 3min et dégustez 🫖



Trop impliquée dans la LC pour abandonner j’ai tout de même poursuivi et terminé ce roman. La fin ne m’a pas apporté de réponses satisfaisantes. J’ai trouvé certains éléments capillotractés , d’autres peu approfondis...Je retiendrai de cette lecture l’univers créé par l’auteure au delà du récit en lui même.
Commenter  J’apprécie          90




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Chris Vuklisevic (1085)Voir plus


{* *}