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4.25/5 (sur 33 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 06/09/1972
Biographie :

Christelle Cebo est docteure en sciences et chercheuse en biologie.

En avril 2017, après le décès de sa fille Pauline d’une overdose d’opiacés (codéine) à l'age de seize ans, elle s’est battue pour interdire la délivrance de ces médicaments sans ordonnance.

Grâce à son courage et à sa pugnacité, en juillet 2017, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a signé un arrêté plaçant tous les médicaments contenant de la codéine, du dextrométhorphane, de l’éthylmorphine ou de la noscapine sur la liste des spécialités dont la délivrance est soumise à prescription médicale obligatoire.

Dans son livre, "Pauline, un drame familial" (2019), elle confie le récit d’une tragédie en sourdine.

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Christelle Cebo : son combat pour sa fille Pauline, décédée d’une overdose de codéine


Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je croyais te connaître, j’ai découvert une étrangère le matin du 22 avril, une jeune fille qui masquait son mal-être derrière des rires et des blagues. Une jeune fille qui croyait se soigner avec des drogues légales. Mais je ne t’en veux pas Pauline, tu n’es pas coupable, toi aussi tu es une victime. 
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J'apprendrai plus tard, beaucoup plus tard, que ces bruits étaient des laryngospasmes, des inspirations très bruyantes, suivies par des mouvements respiratoires de plus en plus courts. Un dernier sursaut du corps pour grappiller un peu d'oxygène... Si j'avais réveillé Pauline à cet instant, peut-être qu'il n'aurait pas été trop tard. Je ne le saurai jamais. J'étais loin d'imaginer ce qui nous attendait.

Je me suis levée et j'ai aperçu de la lumière dans la cuisine. Pauline ouvrait la porte d'une armoire où se trouvent des petites choses à grignoter, mais également nos médicaments, sur l'étagère du haut. Je lui ai demandé si ça allait. Oui, tout allait bien. Que cherchait-elle ? Sur le moment, je n'ai rien remarqué de particulier. Je me rends compte que je n'ai presque pas écouté sa réponse, tellement j'étais fatiguée de cette semaine harassante. J'aurais dû insister : c'est la dernière fois que je l'ai vue vivante.

Franck et Jérôme descendent avec difficulté Pauline de la mezzanine : c'est lourd, un corps qui ne veut plus vivre.

En fait, me priver me permet de retrouver un semblant de confiance en moi. Je suis au moins capable de quelque chose. C'est en ça que c'est dangereux, parce que je ne veux plus retourner comme avant.

La mort me fait peur certes, mais vivre devient insupportable. Je ne supporte plus.

J'ai pas envie de grandir. Je veux rester gamine.

Je ne veux pas me rater. Le jour où je voudrai réellement me tuer, je ne voudrai pas me rater. Ce sera la vraie fin. Je ne veux pas faire comme toutes ces connes, « Oh ! la la j'ai avalé trois Doliprane, j'en pouvais plus de la vie, j'ai fait une TS ». Non. Moi ce sera violent, définitif.

J'ai appris à aimer mon visage, mon corps, mais ma personnalité, mon mental, me fera toujours défaut. Je ne suis pas comme je veux.

Je n'aime pas le lycée. Je n'aime pas les gens. Je veux être chez moi, au chaud, seule, tranquille.

Ils semblent dire que je me voile la face, que je refuse d'admettre qu'il n'y a plus d'espoir. Comment une mère peut-elle entendre ces mots ? Je n'y crois pas en effet, c'est un cauchemar, je vais me réveiller...

Une image bien éloignée de celle que je me faisais d'elle, car Pauline disait souvent avoir peu d'amis alors qu'elle était en réalité très entourée. Peut-être était-elle consciente d'endosser un rôle ? Elle savait qu'elle n'était pas comme les autres, mais elle portait un masque, dissimulant à ses camarades autant qu'à nous ce qui n'allait pas.

Je sais ce qui cloche dans ma vie. Il faudrait que je me bouge un peu le cul et que je sois parfaite, ou au moins que je me rapproche de la perfection. Que je fasse les choses au lieu de laisser traîner. Que je sois mince, belle, que je prenne soin de moi, que je fasse du sport, que je fasse mes devoirs en temps et en heure, et non que je laisse en disant « la flemme ». Que je retrouve l'envie de vivre, en gros. Et comment faire ? En étant plus heureuse. Et comment faire ? En prenant des cachets. Ce sera un bonheur artificiel, certes, mais un bonheur quand même.

Un jour, on m'a demandé si je pensais à Pauline tous les jours. Stupéfaite, j'ai répondu à cette personne en la regardant droit dans les yeux : « Pauline, j'y pense tous les jours. À chaque minute. À chaque seconde. Demandez-moi plutôt quand je ne pense pas à elle. »

Je croyais te connaître, j'ai découvert une étrangère le matin du 22 avril, une jeune fille qui masquait son mal-être derrière des rires et des blagues. Une jeune fille qui croyais se soigner avec des drogues légales. Mais je ne t'en veux pas, Pauline, tu n'es pas coupable, toi aussi tu es une victime. Tu es mon Titanic à moi. J'ai fait naufrage avec toi, mais je n'ai pas sombré. Je suis une rescapée qui doit apprendre à vivre sans toi. Jusqu'à nos retrouvailles. Je t'aime, Pauline. Nous t'aimons. Aujourd'hui, et pour l'éternité.

Enfin, je remercie mes deux autres filles, mes deux autres trésors. Un jour, vous lirez ses pages et vous comprendrez pourquoi votre maman est parfois triste quand elle vous regarde grandir. Je voudrais juste vous dire que si un jour vous aviez un problème, il faut nous en parler, à votre papa et à moi. L'amour que nous vous portons est au-dessus de notre amour-propre. Le ridicule ne tue pas, c'est le silence qui tue. Nous pouvons tout entendre, tout comprendre, tout pardonner. Sachez le.

Je termine en remerciant Franck, mon mari, mon prince « plus que charmant ». Sans toi à mes côtés, je n'aurais jamais pu survivre un tel drame. Sans toi à mes côtés, je n'aurais pas pu porter dignement ce combat. Nous sommes unis pour le meilleur et pour le pire. Nous avons vécu le pire. Puisse-t-il nous rester le meilleur.
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