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Citations de Christian Page (II) (19)


Lundi dernier, quand le dernier rapport du Collectif des Morts* a été publié, la presse titrait sur le prochain débat à l’Assemblée nationale : chocolatine ou pain au chocolat ?
Faut croire que le sujet est plus brûlant que les huit enfants qui sont morts dans la rue cette année.
Voilà, voilà. Dans les prochaines semaines, on va payer un tas d’attachés parlementaires, de secrétaires, de rapporteurs, pour discuter de l’appellation d’une viennoiserie. Ca me rappelle le débat sur le nom des nouvelles régions : tous ces cons qui s’inquiétaient de devoir bientôt cohabiter avec des étrangers qui diraient « poche » au lieu de « sac en plastique ». Le repli identitaire a été déclenché comme un incendie en France et plus aucun des pyromanes, intellos ou politicards, ne sait comment l’éteindre. L’’étau va continuer à se resserrer. Un jour, on sera allé tellement loin que la rue de Belleville va s’entretuer avec la place Sainte-Marthe, sous prétexte qu’on n’est pas du même pâté de maison.
Moi, j’aurais préféré que l’Assemblée nous rassemble et débatte sur ces huit enfants qui ne mangeront plus ni chocolatines, ni pains au chocolat.

*Le Collectif Les Morts de la rue est une association loi de 1901 créée en 2002. Il mène des actions liées aux décès de personnes vivant ou ayant vécu dans la rue.
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Le rituel est toujours le même. Je déplie mon matelas maison sur les galets normands, matériel primitif anti SDF des années 1990. Rien à voir avec ces belles sculptures en cerceaux métalliques conçus par les industriels inventifs des années 2000 ou ces très récents pieux aiguisés qu’on commence à voir un peu partout, bien plus coupants que les piques des grilles des Buttes-Chaumont, où l’idée me prend parfois d’aller dormir au vert. Ce ne sont que des galets coulés dans un lit de béton. Vous croyiez que c’était décoratif ? Non, c’est pour nous.
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Dans la rue, on n'a pas droit à l'erreur, on tombe pour un rien.
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Contre le découragement, la tristesse, le rire fut une arme d'une redoutable efficacité. Un cri pour la vie.
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Elle m'a dit :" C'est pas normal qu'il y ait des Français dans la rue!" Je lui ai répondu que j'étais bien d'accord avec elle, mais que je n'étais pas exactement français*. Elle a pas trop compris ce que je voulais dire et elle est partie en marmonnant avec ses sacs à provisions. Je sais que beaucoup de gens pensent la même chose, c'est l'époque qui veut ça. Le repli devient roi, comme dirait mon Nassim.
(...)
Il y a des choses qu'on ne devrait pas dire ici. Ici à Belleville, parce qu'on reste un bastion dressé contre la connerie humaine. On n'est pas n'importe où. On a été le premier quartier à offrir des logements vacants aux migrants espagnols qui fuyaient la guerre civile. Et pendant la commune, on est le dernier quartier à avoir tenu les barricades contre les Versaillais.
Ici, on croit à l'accueil, au brassage parce que tous les migrants du monde sont passés par là, Polonais, Arméniens, Juifs, Tziganes, Arabes, Chinois. "On est ensemble", comme disent les Maliens. Même si ça ne se voit pas toujours et si on y croit plus vraiment, au fond ça reste vrai: on est tous dans le même bateau. Et quand ça se voit, eh bien, c'est beau à voir. Et ça s'entend aussi, et c'est beau à entendre. Dans notre tour de Babel, ça parle wolof et verlan, arabe et titi, et moi, je veux que ça dure.

* Christian Page est Suisse.
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L'attention minuscule, les mots bons, les mots doux : ça nous manque plus que tout le reste. C'est ce qui nous réchauffe le plus, très loin devant la douche, le lit et la soupe.
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Je venais de basculer, pour quelques heures seulement, de l'autre côté. À mon tour, je voyais les passants d'un autre œil, depuis cet angle si aigu qui est celui d'un trottoir.
Je me souviens de leurs regards. Souvent furtifs, tous différents.
Jamais je ne me suis senti tant observé et, étrangement, aussi invisible......
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C'est difficile, parfois, de distinguer le vrai du faux.
Place Sainte-Marthe, cet après-midi j'ai croisé : un nain gringalet ancien légionnaire, un gitan parrain de la mafia et un gamin qui a fait le tour du monde en quatre-vingt dix ans.
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On se plaint rarement dans la rue mais je vais vous révéler un secret de polichinelle : on est des âmes détruites dans un corps détruit.
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Dans la rue, il n'y a pas beaucoup de solidarité. C'est même plutôt le contraire. Plus on est dans la merde, plus l'enfer, c'est les autres.
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17 avril 2015 - 6 août 2018, il faudra que je compte le nombre de jours.
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Egalité, fraternité ... J'ai oublié le troisième. Liberté, c'est ça. Un mot qu'on prononce plus, dans la rue, tellement c'est évident.
La liberté, c'est tout ce qui nous reste.
A y réfléchir, ça n'a pas grand chose d'enviable.
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Il était prof de Français, il est tombé, comme nous tous, à la suite du triple sacrement de la poisse (problème de couple, problème de boulot, problème de logement), et il a 58 ans.
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Je ne sais pas non plus où a été enterré Surcouf. Pas au Père-Lachaise, en tout cas. Ils ont supprimé la dernière fosse commune pour gagner de la place. ça faisait tache entre Oscar Wilde et Yves Montand.
Les morts de la rue sont désormais enterrés à Thiais ou à Pantin, au carré des indigents que le Collectif a rebaptisé le Carré de la fraternité.
Quatre mille places nous attendent.
Merci, ça fait beaucoup.
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Une capuche recouvrait en partie mon visage.... A mon tour je voyais les passants d'un autre oeil, depuis cet angle si aigu qui est celui d'un trottoir.
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Les levers de soleil sont somptueux vus d'ici. Surtout pour un contemplatif comme moi. Ma vie est rapide, violente, mais dés que j'en ai l'occasion, je bloque. Je regarde les arbres qui dansent sous le vent, les oiseaux qui piaillent.
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Le vin est la passion dont j'avais fait mon métier. Mon penchant pour l'alcool m'incite à ne pas trop en boire. Le vin reste un domaine réservé que j'entends déguster, décrire et partager. Je le protège de mon ivresse.
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Dans la rue, on n'a pas droit à l'erreur, on tombe pour un rien. Le pauvre type qui vole sa dose de mauvais alcool ira droit chez les flics si le gérant du magasin a décidé de le faire tomber. Le fils de bourge qui se fait attraper avec une bouteille de vodka dans son sac ne connaît pas le même sort: il paie à la caisse et il rentre chez lui.
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Quand je vais acheter mes bières, je marque toujours un arrêt devant les bouteilles de vin de l'étalage du haut, une déformation professionnelle. Je passe devant le Petit-Chablis, vin sec et vulgaire. Si j'avais les moyens, je commencerais par ce Pouilly-Fuissé qui me fait les yeux doux, puis je confinerais avec ce gentil Sancerre pour le déjeuner .... Et le soir, je me terminerais au Cheval Blanc dans un beau verre de cristal
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