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Citations de Christine Delphy (113)


On ne nait pas femme, on le devient à travers des pratiques coercitives, humiliantes et singularisantes pour finir
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… c’est au nom de la république, au nom de ses valeurs, parmi lesquelles l’égalité figure en bonne place, que toute mesure pour assurer une égalité réelle, substantielle, étaient et continue d’être dénoncée
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La sociologie scientifique se heurte sans cesse à ce réductionnisme psychologisant de la sociologie spontanée qui explique tautologiquement les violences policières par la brutalité des policiers et les violences conjugales par le mauvais caractère des maris.  En réalité, bien entendu, c'est l'organisation sociale qui non seulement rend les individus violents mais aussi leur permet la violence, et non des traits pré-sociaux des individus. (p. 15)
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Les libéraux voudraient que les individus, opprimés en tant que membres d'une catégorie spécifiée par le groupe dominant, se présentent néanmoins, au départ de la lutte, comme ils voudraient être à l'arrivée, c'est-à-dire comme des individus. C'est faire bon marché du caractère nécessairement dialectique de tout combat pour l'inclusion dans l'universel, c'est-à-dire pour la capacité à être considéré dans sa singularité de personne et non en tant que femme, Noir, etc. (P. 71)
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Les femmes ne peuvent pas être les égales des hommes tels qu'ils sont aujourd'hui, car tels qu'ils sont aujourd'hui" présuppose la subordination des femmes. La peur de certaines féministes différentialistes - que l'égalité signifie l'alignement des femmes sur le modèle masculin - est infondée. (P. 68)
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La France n'était pas censée être raciste, le racisme était le monopole des États-Unis. Mais entendre des gens traités d'immigrés de la deuxième génération, comme si la qualité d'immigré pouvait s'hériter, cela était stupéfiant. (...) il se passait là quelque chose qui n'avait pas d'antécédent dans les immigrations antérieures et ne ressemblait qu'à la situation des Noirs descendant d'esclaves. (P. 46)
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Accepter la notion même de discrimination, c'est-à-dire qu'une femme ou un Noir devraient être pris en compte à l'égal d'un homme ou d'un Blanc, que c'est la nouvelle norme, représente pour ka population française blanche et la population masculine une mutation culturelle : c'est tout simplement "le monde à l'envers". Mais cette nouvelle norme n'est pas seulement un bouleversement culturel : elle annonce la perspective pour cette population masculine et blanche de perdre les bénéfices qu'elle retire de la discrimination. (P. 25)
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La sociologie scientifique se heurte sans cesse à ce réductionnisme psychologisant de la sociologie spontanée qui explique tautologiquement les violences policières par la brutalité des policiers et les violences conjugales par le mauvais caractère des maris. En réalité, bien entendu, c'est l'organisation sociale qui non seulement rend les individus violents mais aussi leur permet la violence, et non des traits pré-sociaux des individus. (p. 15)
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On m'accordera que le premier empêchement à lutter contre son oppression, c'est de ne pas se sentir opprimée. Donc le premier moment de la révolte ne peut consister à entamer la lutte mais doit consister au contraire à se découvrir opprimée : à découvrir l'existence de l'oppression. L'oppression est découverte d'abord quelque part. Dès lors son existence est établie, certes, mais non son étendue. C'est à partir de la preuve qu'elle existe qu'on la cherche ensuite ailleurs, ici, là, en progressant de proche en proche. La lutte féministe consiste autant à découvrir les oppressions inconnues, à voir l'oppression là où on ne le voyait pas, qu'à lutter contre les oppressions connues. (p. 164)
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Le retournement de l'accusation de racisme est une réaction classiquement défensive et une défense classiquement réactionnaire. Et cela fait quelque temps déjà que l'on voit les femmes accusées de sexisme par des gens qui souvent n'en connaissent même pas le sens originel, mais qui ont l'excuse de ne pas poser aux « révolutionnaires », encore moins aux « féministes ». L'accusation de « contre-racisme » ou de « sexisme à l'envers » est typiquement réactionnaire ; elle l'est déjà a priori, avant tout examen, en cela seul qu'elle pose implicitement une symétrie entre oppresseurs et opprimés. Il est incroyable qu'on ose proférer de telles choses à propos des Noirs, dont le mouvement est plus ancien, plus connu et plus reconnu, que celui des femmes. Il est incroyable que quiconque se prétendant non seulement au courant des luttes, mais de surcroît « spécialiste », fasse preuve d'une telle ignorance, au sens premier d'absence d'information ; et que quelqu'un qui ignore des faits élémentaires de l'histoire contemporaine ose aborder le sujet. En effet, le « concept » de « contre-racisme » a été démystifié depuis longtemps pour ce qu'il est : une tentative d'intimidation. (p. 161)
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L'« amitié » de nos amis est du paternalisme : une bienveillance qui comporte nécessairement une bonne dose de mépris, mieux, une bienveillance qui ne s'explique que par le mépris. Ils se mêlent de nos affaires parce qu'ils nous estiment incapables de nous en occuper. Mais « ce n'est pas tout » : la vérité - une autre vérité - c'est qu'ils ne peuvent se résigner, eux qui sont les premiers partout, à ne plus l'être aussi là ; or, là, ils ne peuvent manifestement pas l'être. Leur bienveillance n'est qu'une tentative de garder une place, de n'être pas exclus. Il existe une raison objective et majeure à leur tentative de contrôler la direction des mouvements : la peur qu'ils ne se dirigent contre eux ; mais de surcroît une tendance imprimée en eux dès leur naissance, et devenue une seconde nature, est plus forte qu'eux : il faut que cette place soit leur place, et leur place c'est devant. (p. 154)
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On est en face d'un paradoxe : d'une part le mariage est le lieu - institutionnel - d'une exploitation pour les femmes, d'un part, précisément en raison de cette exploitation, leur situation potentielle (celle de toutes les femmes et pas seulement celle des femmes effectivement mariées) est si mauvaise que le mariage est encore la meilleure carrière - économiquement parlant - pour elles. Si une situation initiale ou potentielle est mauvaise, l'état de mariage ne fait ensuite qu'aggraver cette situation, et renforce donc sa propre nécessité. (p. 126)
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La non-valeur de ce travail [ménager] est induite institutionnellement par le contrat de mariage et que le contrat de mariage est un contrat de travail. Plus précisément c'est un contrat par lequel le chef e famille - le mari - s'approprie tout le travail effectué dans la famille puisqu'il peut le vendre sur le marché comme le sien propre, comme dans le cas de l'artisan ou de l'agriculteur. Inversement le travail de la femme est sans valeur parce qu'il ne peut pas être porté sur le marché, et il ne peut l'être en raison du contrat par lequel sa force de travail est appropriée par son mari. Cependant, le tiers environ des femmes mariées travaillent à l'extérieure. On constate que ceci va de pair avec l'extension de la production industrielle - et donc du salariat - et la diminution de la production familiale, artisanale ou commerciale. Dès lors que la production destinée à l'échange (au marché) est effectuée hors de la famille, sur le mode du salariat, dès lors que l'homme ne vend plus un produit mais son travail, la production marchande ne peut plus incorporer le travail gratuit des femmes. Celui-ci ne peut plus être utilisé que dans la production destinée à l'autoconsommation : la production de services domestiques et d'élevage des enfants. (p. 123-124)
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Si un divorce est la fin d'un mariage en tant qu'institution. Il n'a pas été créé pour détruire le mariage puisqu'il ne serait pas nécessaire si le mariage n'existait pas. En ce sens, comme bien des auteurs l'ont montré, même la fréquence des divorces peut être interprétée non comme un signe que l'institution du mariage est malade, mais au contraire comme un signe qu'elle est florissante. (p. 122)
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Dans le modèle méritocratique, l'accès individuel aux positions sociales n'est pas fondé sur l'association individuelle avec les détenteurs par la filiation ou la cooptation, mais sur l'application de critères formels et, en langage parsonien, « universalistes », de capacités. Les thèses de Bernstein, Bourdieu, Passeron, et de leurs écoles, se fondant implicitement sur ce modèle pour critiquer le fonctionnement réel de l'École, non seulement ne mettent pas en cause le système de classes, mais d'une certaine façon le valident, comme le fait le modèle méritocratique qui loin de critiquer la hiérarchie, tend au contraire à la rationaliser et à la justifier. (p. 101)
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Alors que le salarié dépend du marché (d'un nombre théoriquement illimité d'employeurs), la femme mariée dépend d'un individu. Alors que le salarié vend sa force de travail, la femme mariée la donne : exclusivité et gratuité sont intimement liées. (p. 47)
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L'un des axiomes, sinon l'axiome fondamental de ma démarche, est que les femmes et les hommes sont des groupes sociaux. Je pars du fait incontestable qu'ils sont socialement nommés, socialement distingués, socialement pertinents, et je m'interroge sur cette pratique sociale : comment est-elle réalisée ? À quoi sert-elle ? Même si l'on donne un poids minimal à cet aspect social, même si l'on se contente de constater la pertinence du sexe pour la société, on est obligé de considérer que cette pertinence est un fait social, qui requiert donc une explication elle aussi sociale. C'est pourquoi une partie importante de mon travail est consacrée à dénoncer les démarches explicitement naturalistes, qui cherchent une explication naturelle à un fait social. (p. 22)
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Une institution présente ne peut être expliquée par le simple fait qu'elle a existé dans le passé, même si ce passé est récent. Je ne nie pas que certains éléments du patriarcat d'aujourd'hui ressemblent à des éléments du « patriarcat » d'il y a cent ans : simplement cette durée - si tant est qu'il y ait durée, c'est-à-dire qu'il s'agisse bien de la même chose - ne constitue pas en elle-même un facteur explicatif. (p. 18)
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Christine Delphy
Il est évident que toute société établit des différences ; mais elle le fait à partir de sa pratique. On peut penser que la procréation est très importante pour la praxis humaine, et que de ce fait les sociétés seraient enclines à différencier les gens pouvant porter des enfants des autres. Mais encore une fois, si la pratique invite à faire des différences, elle ne force à les faire ni d’une façon hiérarchique, ni d’une façon binaire. Les différences binaires sont suspectes par leur exhaustivité même, par le fait qu’elles englobent l’ensemble de la population.
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Christine Delphy
Aujourd’hui, ce que j’appelle matérialisme pourrait aussi s’appeler constructivisme social. Il s’agit d’une démarche anti-naturaliste qui affirme la primauté des rapports sociaux. Ce qui est perçu ou non ne peut jamais préexister à un ordre social. C’est celui-ci qui nous fait apparaître les objets en tant qu’objets discrets. À l’inverse, Françoise Héritier ou Geneviève Fraisse pensent qu’on ne peut pas *ne pas* se servir de la différence anatomique des sexes comme catégorie différenciante : cette différence, non-contente d’exister, ordonnerait à l’humanité de lui donner un rôle tout-puissant. Pourtant, il y a de nombreuses différences que l’on perçoit et dont on ne se sert pas comme différences discriminantes ni classifiantes.
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