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Citations de Christine de Pisan (53)


Mais le meilleur exemple de la curiosité de Christine, de sa soif de science, demeure sans doute l'ouvrage que nous présentons ici. Le Chemin fait parcourir le monde à son héroine, offrant à son regard les merveilles des villes et des campagnes, des peuples exotiques et de leurs richesses. Tout le voyage se fait dans le désir de savoir. Christine, en 1402, nous fait penser à ces explorateurs du siècle suivant, qui rentraient chez eux avec des spécimens étonnants cueillis dans des pays lointains- sauf que ses collections à elle ne consistent pas en objets, mais en connaissances uniquement. Les plus beaux trésors, ainsi qu'elle ne cesse de le répéter.
Préface
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La nostalgie, ou tout simplement la solidarité avec le passé, joua un rôle essentiel dans le développement de Christine en tant qu'écrivain. (...); son esprit conservait le souvenir de son mari, de son père, du roi qu'elle avait tant estimé. L'ère de Charles V, celle de sa jeunesse, l'aimantait. Elle ressentait la séduction de la vertu morale, de la gravité, de l'ordre -qualités qu'elle attribuait à cette époque. Et cette nostalgie se doublait d'une autre, plus générale, et que Christine partageait avec ses contemporains, d'un passé où le mérite et la probité gouvernaient la conduite des hommes. La perception d'un présent chaotique et d'un avenir au mieux précaire, le signe de la peur qui accompagne l'incertitude, l'aspiration à un âge d'or -antique, biblique, ou mythologique- hantaient les esprits au tournant des années 1400. Que Christine citât en exemple dans ses écrits la simplicité de Diogène ou la sagesse de Salomon, elle recherchait l'intégrité qui lui semblait manquer au monde de son temps.
Préface
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Christine de Pizan grandit pendant le règne de Charles V, mais écrit sous le sixième. Née à Venise en 1365, elle arriva à Paris à l'âge de quatre ans, et ne quitta plus la France. Son père, médecin et astrologue formé à la célèbre université de Bologne, avait passé quelques années, en tant que conseiller, auprès de la République vénitienne, avant de se voir invité à faire profiter de sa science l'entourage du roi sage. Charles V appréciait, d'une part, les calculs astronomiques de Thomas de Pizan, qui lisaient les événements terrestres dans les cieux, et donc favorisaient les démarches politiques du monarque : d'autre part , il devait se féliciter de l'expérience apportée par ce nouveau conseiller italien, venu d'une cité célèbre.
Christine se souvient de cette époque avec nostalgie et fierté. Sa famille fut introduite dans le cercle parisien des érudits et des courtisans; les connaissances de son père, et la confiance du roi en ses talents, assurèrent aux nouveaux venus fortune et réputation. Pour Christine, l'avancement de son père témoigne de la vertu récompensée; elle vouera toute sa vie un amour au savoir, qui transparaît ici dans l'admiration qu'elle éprouve pour la science de Thomas et pour le discernement du roi qui l'avait appelé à ses côtés.
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L'époque du fils transforma le calme en turbulence, et la prudence en folie. A la cour du roi Charles VI, on préfère les prouesses physiques aux livres, la recherche du plaisir au recueillement. Charles est très jeune encore lorsqu'il manifeste son indépendance vis-à-vis de ses oncles qui essaient de le régenter : il a vingt ans. Il a un goût marqué pour le faste et les fêtes brillantes. Autour de lui, on s'enivre de beaux idéaux chevaleresques, même si l'exaltation est celle de déchus, de décadents. très vite pourtant, la joyeuse vie se teinte de nombreuses angoisses; Charles perd de plus en plus la raison, et les luttes de pouvoir qui résultent de son affaiblissement donnent lieu, au cours des années, à l'enlèvement de son fils, au meurtre de son frère Louis, à la guerre civile.
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De Charles V à Charles VI, du père au fils, l'atmosphère change à la cour de France. Du temps du père, on se préoccupe de l'admiration de l'Etat, de la répartition de ses fonctionnaires, de la reconquête stratégique de terres récemment cédées aux Anglais. La maître mot est prudence, avec tout ce que le terme dénote pour nous de sagacité, de réserve, de perspicacité, de retenue. Au palais du Louvre, dans une bibliothèque choisie, règnent un goût prononcé pour l'étude et le souci de faire traduire en français des ouvrages importants de latinité. Prudence encore; entendons, comme le faisait la langue du XIVe siècle, essentiellement raison et sagesse. Le calme et le désir de savoir se conjuguent pour conférer au roi sa force.

Préface
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6. « Et vous, chères amies qui êtes mariées, ne vous indignez pas d'être ainsi soumises à vos maris, car ce n'est pas toujours dans l'intérêt des gens que d'être libres. C'est ce qui ressort en effet de ce que l'ange de Dieu disait à Esdras : que ceux qui s'en étaient remis à leur libre arbitre tombèrent dans le péché, se soulevèrent contre Notre-Seigneur et piétinèrent les justes, ce qui les entraîna dans la destruction. Que celle qui a un mari doux, bon et raisonnable, et qui l'aime d'un véritable amour, remercie le Seigneur, car ce n'est pas là une mince faveur, mais le plus grand bien qu'elle puisse recevoir sur cette terre ; qu'elle mette tous ses soins à le servir, le chérir et l'aimer de cœur fidèle – comme il est de son devoir – vivant dans la tranquillité et priant Dieu qu'il continue à protéger leur union et à leur garder la vie sauve. Quant à celle dont le mari n'est ni bon ni méchant, elle doit aussi remercier le Seigneur de ne pas lui en avoir donné un pire ; elle doit faire tous ses efforts pour modérer ses excès et pour vivre paisiblement selon son rang. Et celle dont le mari est pervers, félon et méchant doit faire tout son possible pour le supporter, afin de l'arracher à sa perversité et le ramener, si elle peut, sur le chemin de la raison et de la bonté ; et si, malgré tous ses efforts, le mari s'obstine dans le mal, son âme sera récompensée de cette courageuse patience, et tous la béniront et prendront sa défense. » (p. 276)
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5. « "[…] Je m'étonne fort de l'opinion avancée par quelques hommes qui affirment qu'ils ne voudraient pas que leurs femmes, filles ou parentes fassent des études, de peur que leurs mœurs s'en trouvent corrompues."
Elle me répondit : "Cela te montre bien que les opinions des hommes ne sont pas toutes fondées sur la raison, car ceux-ci ont bien tort. On ne saurait admettre que la connaissance des sciences morales, lesquelles enseignent précisément la vertu, corrompe les mœurs. Il est hors de doute, au contraire, qu'elle les améliore et les ennoblit. […] Je ne dis pas qu'il soit bon qu'un homme ou une femme s'adonne à l'art de la sorcellerie ou aux sciences interdites, car ce n'est pas sans raison que la sainte Église en a défendu la pratique. Mais que la connaissance du bien corrompe les femmes, c'est ce que l'on ne saurait admettre." » (pp. 178-179)
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4. « "[…] Mais je ne puis passer sous silence cette coutume si répandue parmi les hommes et même chez certaines femmes, car au terme de leur grossesse, quand les femmes mettent au monde une fille, il arrive souvent que les maris soient mécontents et se plaignent de ce que leurs femmes ne leur aient pas donné un fils ; et leurs femmes, sottes qu'elles sont, au lieu de se réjouir pleinement que Dieu ait permis que l'accouchement se passe bien et de l'en remercier de tout cœur, elles aussi sont mécontentes, puisqu'elles voient que leurs maris le sont. Comment se fait-il, ma Dame, qu'elles s'en affligent ainsi ? Croit-on donc que les filles sont un plus grand fardeau que les garçons, ou qu'elles portent moins d'amour à leurs parents, ou s'occupent moins d'eux que ne le font leurs fils ?"
Elle me répondit : "[…] le motif principal de leur mécontentement est la crainte des frais qu'ils prévoient quand il faudra les marier, car ils devront alors engager des dépenses. D'autres le font encore parce qu'ils redoutent que jeunes et naïves, elles ne succombent sous le charme d'un séducteur. Toutefois, aucune de ces raisons ne résiste à l'examen critique." » (p. 138)
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3. « "Ma Dame, je vois bien qu'on peut trouver de fort nombreuses femmes instruites en sciences ou en arts, mais je vous demande si vous n'en connaissez point qui, par intuition, savoir, intelligence ou habileté, aient créé d'elles-mêmes quelques techniques nouvelles ou sciences nécessaires, bonnes et utiles, qui n'eurent jamais été inventées ou connues auparavant. Car ce n'est pas bien difficile d'apprendre dans les pas d'autrui une matière déjà constituée et reconnue, mais c'est tout autre chose que de trouver soi-même une science totalement neuve et originale."
Elle me répondit : "Il est bien sûr évident que l'intelligence et l'habileté féminines ont découvert un nombre considérable de sciences et techniques importantes, tant dans les sciences pures, comme en témoignent leurs écrits, que dans le domaine des techniques, comme en font preuve les travaux manuels et les métiers." » (p. 99)
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2. « "[…] Je souhaite vivement connaître la réponse, car les hommes affirment que les femmes n'ont que de faibles capacités intellectuelles."
Elle me répondit : "Mon enfant, tout ce que je t'ai dit auparavant te montre que cette opinion est tout le contraire de la vérité […] Je te le redis, et n'aie plus peur du contraire ; si c'était la coutume d'envoyer les petites filles à l'école et de leur enseigner méthodiquement les sciences, comme on le fait pour les garçons, elles apprendraient et comprendraient les difficultés de tous les arts et de toutes les sciences tout aussi bien qu'eux. Et cela arrive en effet, car […] les femmes ayant le corps plus délicat que les hommes, plus faible et moins apte à certaines tâches, elles ont l'intelligence plus vive et plus pénétrante là où elles s'appliquent."
[…]
"Sais-tu pourquoi elles savent moins ?
- Non, ma Dame, il faut me le dire.
- C'est sans aucun doute qu'elles n'ont pas l'expérience de tant de choses différentes, mais, s'en tenant aux soins du ménage, elles restent chez elles, et rien n'est aussi stimulant pour un être doué de raison qu'une expérience riche et variée.
- Ma Dame, si leur esprit est aussi capable d'apprendre et de concevoir que celui des hommes, pourquoi n'apprennent-elles pas davantage ?"
Elle me répondit : "Ma chère enfant, c'est qu'il n'est pas nécessaire à la société qu'elles s'occupent des affaires des hommes, comme je te l'ai déjà dit. Il leur suffit d'accomplir les tâches ordinaires qu'on leur a confiées." » (pp. 91-92)
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1. « […] on pourrait tout aussi bien demander pourquoi Dieu n'a pas voulu que les hommes fassent les travaux des femmes ou les femmes ceux des hommes. À cette question il faut répondre qu'un maître avisé et prévoyant répartit à sa maisonnée les différents travaux domestiques […]. Dieu a ainsi voulu que l'homme et la femme le servent différemment, qu'ils s'aident et se portent secours mutuellement, chacun à sa manière. Il a donc donné aux deux sexes la nature et les dispositions nécessaires à l'accomplissement de leurs devoirs, même si parfois les êtres humains se trompent sur ce qui leur convient. » (p. 62)
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A vous entendre, je me rends compte encore plus que jamais combien grande est l'ignorance et l'ingratitude de tous ces hommes qui médisent les femmes ! Je croyais déjà qu'il dût leur suffire, pour retenir leurs mauvaises langues, d'avoir tous eu une mère et de connaître chacun les évidents bienfaits que les femmes font habituellement aux hommes (...) Qu'ils se taisent donc ! Qu'ils se taisent dorénavant, ces clercs qui médisent des femmes !
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Christine de Pisan
Je conclus que tout homme raisonnable
Doit les femmes priser, chérir, aimer.
Qu'il ait souci de ne jamais blâmer
Celle de qui tout homme est descendu.
Ne lui soit le mal pour le bien rendu.
... C'est sa mère, c'est sa soeur, c'est sa mie
Ne sied pas qu'il la traite en ennemie.

Plaidoyer pour les femmes
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