Élégante en pantalon grège et chemisier coloré, la silhouette fine, Jacqueline Laffont dépose son sac Dior, ôte son manteau vert et enfile sa robe noire. Julie Benedetti sort une dizaine de dossiers d’une grosse valise et les empile à côté de ceux qui trônent déjà sur sa table. En face des avocates de la défense, les parties civiles semblent rejouer une scène d’un film noir des années 1950, la blonde fatale et le privé bourru. Encore en tenue de ville, Matthieu Husson jette un œil sur la salle, à la manière d’un acteur de théâtre juste avant son entrée en scène : « C’est bien, le public est là, la recette sera bonne. »
Avec son 1.90 m pour 90 kg, Randall Schwerdorffer est une belle bête de prétoire, la mèche rebelle, la cinquantaine replète. Chaque fois que je lis son nom, je pense au héros d’Au nom de la loi, interprété par Steve McQueen, que je regardais, gamin : Josh Randall, un chasseur de primes du Far West armé d’une Winchester à crosse et canon sciés. On imagine bien l’avocat bisontin tenir dans un western le rôle du shérif plus assidu à une table du saloon, à jouer au poker et à écluser des whiskies, qu’à lanterner dans son bureau.
On est tous passés par là, à s’imaginer que l’on ne peut plus exister sans la présence d’une personne. À vingt-six ans, quand Narumi le quitte, Nicolas n’a pas eu le temps d’apprendre que nos chagrins d’amour s’étiolent avec les saisons. Abandonné à l’automne, il aurait rebondi l’été suivant dans les bras d’une jolie morena de Valparaiso ou de Viña del Mar. Il aurait peu à peu oublié sa Japonaise, peut-être même jusqu’à l’effacer de sa mémoire. Et de fait, au moment de son extradition, Nicolas avait une nouvelle petite amie. Au lieu de quoi, il risque de pourrir pendant une vingtaine d’années dans une cellule de dix mètres carrés. Pour l’acte dont on l’accuse, Nicolas encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Est-ce à Santiago que Narumi a commencé à se poser des questions sur ce garçon « au profil envahissant et inquiétant », selon les mots d’une procureure de Besançon ? Interrogée par Willy Graff, Honami, une des deux sœurs de la Japonaise, témoignera : « J’ai passé beaucoup de temps avec Narumi et Nicolas. Il était gentil avec moi, mais tout ce qu’il voulait, c’était avoir Narumi pour lui tout seul. Il prenait pour acquis le fait que Narumi lui donne la priorité dans sa vie, plutôt qu’à sa famille. Je ne pouvais pas, par exemple, profiter du temps avec ma sœur quand elle revenait de Tsukuba et qu’elle rentrait à la maison. » En résumé, un garçon possessif et jaloux, avec sans doute un comportement un rien macho, typique de la culture latino-américaine, devant les siens, lui l’héritier mâle du clan Zepeda.
"J'y crois parce que je veux y croire."
En Inde, on dit qu'élever une fille, c'est arroser le jardin du voisin.
Les Martiens nous envahissent l'été prochain
Le monde va mal
Au bureau, je me donne un mal de chien
Pour foutre que dalle