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Citations de Christophe Masson (61)


- Pendant les actes sexuels, vous avez utilisé un préservatif ? demande Sylvie Galley, très attentive aux détails car, on le sait, c’est là que réside le diable.
- Oui.
- Vous aviez emporté une boîte avec vous, dans votre valise ?
- Oui.
- Qu’en avez-vous fait après usage ?
- Je les ai jetés dans les W.-C.
- Les W.-C. ont été explorés, on n’a rien retrouvé.
Coincé. Une autre image vient alors à l’esprit, celle du taureau dans l’arène, harcelé par les banderilles plantées par le matador.
- Vous avez aimé Narumi ? reprend l’avocate de sa voix douce, enveloppante.
- Oui, sa disparition me fait de la peine.
- Elle n’est toujours pas morte pour vous ? Qu’est-ce qu’elle fait alors depuis cinq ans et demi, Narumi ?
- Croyez-moi, j’aimerais aussi le savoir.
- Vous lui avez fait quoi, à Narumi ?
- Nada. Rien.
- Les cris, deux minutes, puis un silence, et à nouveau deux minutes de cris, puis un silence, puis deux minutes de cri… Six minutes, Monsieur Zepeda, c’est long pour mourir.
- Je n’ai rien entendu de tout cela.
Un temps de silence.
- Six minutes…, répète Sylvie Galley en faisant signe qu’elle en a terminé.
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Élégante en pantalon grège et chemisier coloré, la silhouette fine, Jacqueline Laffont dépose son sac Dior, ôte son manteau vert et enfile sa robe noire. Julie Benedetti sort une dizaine de dossiers d’une grosse valise et les empile à côté de ceux qui trônent déjà sur sa table. En face des avocates de la défense, les parties civiles semblent rejouer une scène d’un film noir des années 1950, la blonde fatale et le privé bourru. Encore en tenue de ville, Matthieu Husson jette un œil sur la salle, à la manière d’un acteur de théâtre juste avant son entrée en scène : « C’est bien, le public est là, la recette sera bonne. »
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Avec son 1.90 m pour 90 kg, Randall Schwerdorffer est une belle bête de prétoire, la mèche rebelle, la cinquantaine replète. Chaque fois que je lis son nom, je pense au héros d’Au nom de la loi, interprété par Steve McQueen, que je regardais, gamin : Josh Randall, un chasseur de primes du Far West armé d’une Winchester à crosse et canon sciés. On imagine bien l’avocat bisontin tenir dans un western le rôle du shérif plus assidu à une table du saloon, à jouer au poker et à écluser des whiskies, qu’à lanterner dans son bureau.
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On est tous passés par là, à s’imaginer que l’on ne peut plus exister sans la présence d’une personne. À vingt-six ans, quand Narumi le quitte, Nicolas n’a pas eu le temps d’apprendre que nos chagrins d’amour s’étiolent avec les saisons. Abandonné à l’automne, il aurait rebondi l’été suivant dans les bras d’une jolie morena de Valparaiso ou de Viña del Mar. Il aurait peu à peu oublié sa Japonaise, peut-être même jusqu’à l’effacer de sa mémoire. Et de fait, au moment de son extradition, Nicolas avait une nouvelle petite amie. Au lieu de quoi, il risque de pourrir pendant une vingtaine d’années dans une cellule de dix mètres carrés. Pour l’acte dont on l’accuse, Nicolas encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
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Est-ce à Santiago que Narumi a commencé à se poser des questions sur ce garçon « au profil envahissant et inquiétant », selon les mots d’une procureure de Besançon ? Interrogée par Willy Graff, Honami, une des deux sœurs de la Japonaise, témoignera : « J’ai passé beaucoup de temps avec Narumi et Nicolas. Il était gentil avec moi, mais tout ce qu’il voulait, c’était avoir Narumi pour lui tout seul. Il prenait pour acquis le fait que Narumi lui donne la priorité dans sa vie, plutôt qu’à sa famille. Je ne pouvais pas, par exemple, profiter du temps avec ma sœur quand elle revenait de Tsukuba et qu’elle rentrait à la maison. » En résumé, un garçon possessif et jaloux, avec sans doute un comportement un rien macho, typique de la culture latino-américaine, devant les siens, lui l’héritier mâle du clan Zepeda.
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Lorsqu’ils ne se détestent ou ne se jalousent pas, des affinités, des sympathies peuvent naître entre écrivains. Séparément, et parfois ensemble pour des récits de voyage à quatre mains, Christian Garcin et Éric Faye parcourent le monde, puisent leur inspiration et leur énergie dans les histoires et les paysages d’un ailleurs lointain. Au gré de nos écrits, l’Argentine, le Japon, la Chine ont pu nous réunir. Mais un thème souterrain nous relie, comme une obsession lancinante. Dans Des femmes disparaissent, le détective privé de Christian se lance sur les traces de ces jeunes Chinoises vendues par leur famille à des paysans frustes et brutaux en manque d’épouses. Éric, dans ses Éclipses japonaises, décrit le destin tragique de ces Japonaises enlevées à la fin des années 1970 par les services secrets nord-coréens pour servir de « formatrices » aux espions de la dynastie Kim et leur apprendre la langue et les coutumes de leur pays.
Pas moins de quatre de mes romans tournent autour d’une histoire de disparition. À ce niveau-là, cela ne relève plus du simple hasard. Il est vrai qu’il s’agit d’un ressort romanesque imparable. Quelqu’un est là, plus ou moins proche de vous, et le temps de tourner la tête, il ou elle a disparu, créant un gouffre sans fond. Benoît, dans La Grande Vague, se rend à Kyoto à la recherche de Yuko, son amoureuse de la Sorbonne, dont il n’a plus de nouvelles après le tsunami de 2011. Des hommes en quête de femmes qui ont disparu en Asie. Et me voilà écrivant sur Tiphaine et Narumi.
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Mrs Wang en convalescence, nous mîmes la musique à fond, "Hollywood Nights" de Bob Seger et "Hot Blooded" de Foreigner. Sur le petit matin, ses ongles m'écorchant le dos, Manuela m'exhorta à lui faire un enfant. Déjà soucieux des problèmes de surpopulation de la planète, je jugeai plus judicieux, Manuela s'étant égarée un instant sous les draps, d'en profiter pour lui jouir dans la bouche.
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À la fin de la séance, Yuko et moi rentrâmes à mon studio dans l'air glacé de la nuit en nous tenant par la main, silencieux et pressés. C'était un vendredi soir et nous ne remîmes le nez dehors que le dimanche en fin d'après midi. Ce qui se passa pendant ces deux jours dédiés à la force et à la plénitude du désir n'appartient qu'à nous. Par la suite, je ne revivrais plus jamais de moments aussi intenses et je suis bien sûr que Yuko non plus.
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Désormais, seule l'écriture me poussait à partir. J'avais ainsi du mal à profiter de l'instant présent et retirais plus de satisfaction "après" que "pendant", "d'y être allé" plutôt que "d'y être". Et ce ne serait qu'une fois transformé en fiction romanesque que le voyage m'apparaîtrait plaisant et peuplé de bons souvenirs.
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Un dicton japonais disait : "En voyage, débarrasse-toi des interdits." Yuko disposait de dix mois de liberté, à dix mille kilomètres des carcans de sa famille et de la société japonaise, le temps de vivres des expériences qu'elle n'aurait ensuite plus le loisir d'expérimenter. Je deviendrais ainsi la pièce maîtresse de cet intermède enchanté qui allait, à mon corps défendant, bouleverser ma vie.
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Au début, Grandet m’accompagna inspecter des rizières. Là, je regardais des femmes à chapeaux coniques, pantalons retroussés sur les cuisses, repiquer des jeunes plants trop à l’étroit dans leur premier enclos ; les buffles tiraient la charrue puis, avec la moisson venait le temps des touffes de riz liées en gerbes, des grains battus et vannés avec des mouvements lents et aériens de danseuses khmères. A l’ombre sous un appentis, devant une citronnade, Grandet me racontait des histoires de la colonie.
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J'étais parti, la tête farcie de rêves d'aventures, avec l'espoir de devenir quelqu'un ici, quand je n'étais personne là-bas, et je m'imaginais alpiniste mutilé mais glorieux, comme Herzog, comme Terray. A mon retour, on m'attendrait avec ferveur au pied de la passerelle du Junker, et les jeunes filles insolentes m'aimeraient enfin
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Je débutais toujours mon petit laïus d'introduction en évoquant le jeu de mot persan "Esfahan Nesf-e Jahan" qui faisait d'Ispahan "la moitié du monde", un des joyaux de l'univers, notre ville-jardin, "la rose fleurie du paradis", une oasis verdoyante perchée à plus de quinze cents mètres, dominant l'immense plateau désertique iranien. Capitale des Safavides au dix-septième siècle, la ville avait alterné destructions et renaissances, au carrefour des routes commerciales entre la Chine et l'Europe, le golfe Persique et la Russie.
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Christophe Masson
Vous vivez peinard au bord d’un lagon polynésien, entouré de vahinés aux seins nus, avec la marmaille qui s’agite dans le soleil couchant sous un ciel immense drapé de rouge et d’or. Des poissons à la chair ferme, des fruits dégoulinant de jus, la nature a tout prévu pour vous rassasier. Vous ne le savez pas – les missionnaires n’ont pas encore débarqué sous ces tropiques -, ce paradis après lequel courent les hommes après leur mort, vous l’avez là, de votre vivant, sur terre. Quelques siècles plus tard, Paul Gauguin et Jacques Brel fuiront les brumes européennes pour venir y renaître. Vous possédez tout, et pourtant, éternel insatisfait, il vous manque quelque chose.
D’une curiosité inlassable ou pressés par le danger, vos lointains ancêtres avaient navigué d’ouest en est, passant d’île en île comme on traverse une rivière de galet en galet, des actuelles Philippines au chapelet des Salomon, Fidji, Tonga et Samoa, pour s’arrêter en Polynésie. La nature généreuse, les atolls regorgeant de poissons, ils s’y fixèrent – d’autant plus qu’il semblait ne plus y avoir de terres à découvrir là où le soleil se lève. S’offrant une pause de plusieurs siècles, nos valeureux navigateurs peuplèrent ces îles avec un sentiment de félicité et d’accomplissement.
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » écrivait Blaise Pascal. À la longue, le bonheur se charge d’ennui. Alors un matin on pousse une pirogue sur les eaux turquoise, on y entasse une centaine d’inconscients et on s’élance sur l’océan, direction l’inconnu, un ailleurs qui fait rêver. Quelle folie de partir ainsi dériver sur le Pacifique en calant sa course sur celle des étoiles, en déduisant du vol des oiseaux, du mouvement des nuages et des nuances de la houle qu’il existe une terre à portée d’horizon. Et au fil des expéditions toucher enfin, à des milliers de kilomètres de chez soi, à ce que de futurs explorateurs nommeront Hawaï, l’île de Pâques et Aotearoa, « le pays du long nuage blanc ».
Selon la légende, le dieu-magicien Maui serait parti de Polynésie pêcher avec ses frères. Parvenu à ce qui est aujourd’hui le détroit de Cook séparant les deux îles formant la Nouvelle-Zélande, il prit un poisson gigantesque ayant la forme de l’île du Nord, à bord d’une pirogue qui deviendrait l’île du Sud. Maui pria ses frères de laisser le poisson tranquille mais ceux-ci ne savaient raisonner qu’à coups de hache. Meurtrie pour toujours, l’île-poisson se creusa de montagnes et de vallées et accumula dès lors les cataclysmes, les éruptions volcaniques et les tremblements de terre.
Les légendes s’évanouissent dès qu’un homme pose le pied pour de vrai sur une terre inexplorée. Si les historiens peinent à dater l’arrivée des premiers Polynésiens – entre le neuvième et le quatorzième siècle -, c’est bien en 1642 que le navigateur hollandais Abel Tasman fait trois petits tours dans les parages et puis s’en va. Il faudra attendre 1769 pour qu’à bord de l’Endeavour James Cook cartographie les côtes de cette Nouvelle Terre des Mers qui aurait pu devenir possession française si les marins du Mascarin n’avaient pas fini préparés en ragoût par des autochtones un brin susceptibles – nos moussaillons ayant violé sans le savoir un tapu, un tabou. Prélude à la sempiternelle rengaine de la colonisation, dopée par la chasse à la baleine, aux cachalots et aux phoques, les exportations de bois de kauri, la spoliation des meilleures terres maories, pendant que les natifs tombaient comme des mouches, décimés par les épidémies propagées par les Européens.

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Christophe Masson
Je gardais toutefois les romans d’Antoine Blondin, l’homme qui m’avait donné envie de devenir écrivain. Je l’avais rencontré dans sa retraite du Limousin, où nous avions passé la journée à boire et à évoquer le souvenir de ses années parisiennes et de ses amis morts – de quoi remplir une belle Pléiade de l’amitié : Marcel Aymé, Roger Nimier, Paul Morand, Céline… J’avais alors vingt-cinq ans et Antoine soixante. Et voilà qu’à mon tour, la boucle bouclée, j’avais soixante ans et un faux-fils de vingt-cinq ans prénommé Antonio. Mes admirations de jeunesse – Blondin mais aussi Johan Cruyff et David Bowie – étaient tous morts à soixante-neuf ans, emportés par un cancer. Il n’en fallait pas plus pour me persuader que j’étais entré dans ma dernière décennie. Cela tombait bien, je ne tenais pas à devenir, tel le narrateur de Monsieur Jadis, « un de ces vieux messieurs qui ont gardé le cœur jeune ».
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Je ne voyais plus grand-monde désormais. Sentant que je ne lui proposerais jamais de raffermir nos liens, par nature distendus avec un garçon aussi peu engagé que moi, ma petite Valérie avait demandé sa mutation dans un lycée du Cher pour être plus proche de sa mère malade. Dans son volume de poésies Urban Melancholia, mon vieil ami londonien, Peter Chambers, évoquait la fin d’une histoire d’amour pour cause de « missing engagement ring », la bague que je ne passerais jamais au doigt de Valérie. Nous nous étions promis de nous revoir à l’occasion mais, les mois passant, celle-ci ne se présenta pas – un petit gâchis de plus dans ma hotte déjà bien garnie - et je jetai peu à peu les rares objets témoignant de son bref passage dans ma vie : une brosse à cheveux, une boîte pour lentilles de contact, une petite culotte de rechange, une paire de mules roses. Il me fallait bien l’admettre, je ne serais jamais doué pour les romances, trop indépendant, trop épris de solitude. Me revenait alors en mémoire une phrase de Montherland : « Vive celui qui m’abandonne : il me rend à moi-même. » Je ne ressentais aucune motivation à l’idée de nouer une nouvelle relation, devoir égrener une fois encore – une dernière fois ? - les étapes d’un parcours qui ne cessait de s’allonger avec le temps, s’abandonner à la frénésie sexuelle des débuts et glisser peu à peu vers une conjugalité de confort, passer par-dessus les défauts d’une autre, tout en faisant accepter les miens. Ma mécanique sentimentale avait du plomb dans les rouages.
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Comment les choses se mettaient-elles en ordre de bataille dans notre cerveau ? Quel dieu farceur s'amusait ainsi à nous égarer avant de nous remettre soudain sur la bonne voie ? Quand, au lieu de se combattre, la logique et l'instinct unissaient enfin leurs forces et dégageaient un chemin dans une forêt obscure.
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Rien ne sert de lutter contre le courant. Bombay, la ville où Jules était mort ; l'admiration de Claire pour son grand-père et son amour des bijoux ; et maintenant cette "Étoile de Bombay" qui avait donné son nom à une marque de gin, Bombay Sapphire. Lequel servait de base à la confection d'un cocktail qui, lui, me ramenait à Adèle ... L’Étoile de Bombay : 60 ml de dry gin, 15 ml de sirop de sucre de canne, 6 cubes de cantaloup à écraser à l'aide d'un pilon, un blanc d’œuf et des glaçons. C'était presque trop. Même les dates concordaient : Jules mort en 1919, un an avant le mariage des Brad Pitt-Angelina Jolie du cinéma muet. Jusqu'à cette Étoile de Bombay qui usurpait son nom, extraite en réalité d'une mine au Sri Lanka.
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Très tôt, j’avais accepté l’idée que mon existence soit placée sous le signe d’une étincelante médiocrité. Dénué de tout talent, je n’espérais rien de miraculeux et, de ce point de vue, la vie ne m’avait pas déçu. D’abord hanté par un rêve de jeune homme - coucher avec toutes les femmes de la terre et n’en aimer qu’une seule -, j’avais dû vite en rabattre. Je m’étais alors nourri de maigres espoirs, obtenant des résultats en exacte proportion, et sur le plan sentimental avais entretenu des passions paisibles, qui jamais ne vous brûlent.
J’avais ensuite abordé le second versant de l’existence, d’abord en pente douce puis guettant avec une anxiété croissante les signes annonciateurs qui me feraient dégringoler vers l’abîme. Je rédigeais mes biographies et réduisais nos Classiques avec de moins en moins d’allant mais cette déperdition d’énergie me semblait naturelle, « dans l’ordre des choses ». Quant au sexe, j’avais encore des contacts avec une ou deux vieilles copines qui m’invitaient de moins en moins souvent à dîner avec elles et ne me gardaient plus dans leur lit que pour les grandes occasions, un Noël ou un jour de l’An cafardeux, un anniversaire solitaire, l’attente angoissante des résultats d’un examen médical. Nos mises en train se révélaient bien laborieuses et leur conclusion relevait moins de l’extase que du soulagement d’en avoir fini. Autant dire que rien ne me préparait à affronter l’ouragan Adèle.
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Nous longeâmes une voie ferrée, à la course lente avec un train sans portes d’où débordaient des grappes d’hommes. Chaque année, sur le seul réseau ferroviaire de Bombay, on enregistrait entre trois et quatre mille décès, entre électrocutions, chutes mortelles, passants écrasés sur les voies. Sur des centaines de mètres, du street art déroulait ses fresques sur le mur séparant la route de la voie de chemin de fer. Un Batman perplexe interpellé par une grand-mère désemparée se désolait de ne pouvoir faire face aux embouteillages : « Traffic !!! ». Plus loin, des affiches de films bollywoodiens se décollaient, lessivées par les dernières pluies de mousson.
À un carrefour, des odeurs de fruits et de fleurs en décomposition se mêlaient à celles de la poiscaille, au milieu de cageots vides et de blocs de glace finissant de fondre, pour le plus grand bonheur d’oiseaux picorant de fraîches entrailles. Enfin les bâtiments victoriens de l’Oval Maiden achevèrent de nous mettre sur la bonne voie. Mon bras droit se tendit comme dans un songe en direction de Colaba, ranimant en moi le jeune homme qui avait marché des heures durant aux abords du Prince of Wales Museum, du cinéma Regal et bientôt du bord de mer. Le Bentley’s nous espérait sous une voûte verdoyante, dans une rue calme du centre occupée avec nonchalance par des taxis assoupis.
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