Christopher Buckley

- (...) pourquoi faites-vous ça?
- Par défi, dit Nick. C'est le boulot le plus dur que je connaisse.
Elle parut ne pas gober ça. Mieux valait se la mettre dans la poche avant l'émission.
- Vous voulez vraiment savoir pourquoi?
- Ouais.
- Ma façon à moi de réguler la démographie, murmura Nick.

- Cass, dit-il d'un ton posé, que je t'explique. Nous sommes une entreprise de relations publiques. Notre métier est de... d'appliquer des feuilles de vigne. Nous répandons le calme là où il y a de l'agitation. S'il y a du bruit, nous apportons le silence. Nous améliorons les choses. À défaut, nous cherchons à donner l'impression de les améliorer. Tu vois où je veux en venir ? Tu crois que nos clients viennent nous demander notre aide parce qu'à nos heures perdues nous encourageons la population à... se révolter contre le gouvernement des États-Unis ? La réponse est claire : non.

Philomène me fixa de ses grands yeux noisette. J'étais incapable d'argumenter avec elle. Sur le moment, son interprétation du récit tiré de mon bréviaire me parut claire comme de l'eau de roche. Elle venait de me révéler la Troisième Loi de la Croissance Spirituelle et Financière :
" Tant que Dieu connaît la vérité, peu importe ce que vous dites à vos clients. "
(p.71)

- Comment ça s'est passé avec Mitchell ?
Le président et Clenndennynn regardaient la télévision dans les appartements privés de la Maison Blanche. La candidature de Pepper ouvrait tous les bulletins d'infos.
- Il va faire trancher la tête d'un cheval et la faire glisser dans vos draps.
- Bien, fit le président.
(p.76)

Nick leva la main. Oprah et les autres intervenants le regardèrent avec une incertitude certaine.
- Je peux fumer ? fit-il.
Le public en resta bouche bée. Et Oprah elle-même, baba.
- Vous voulez fumer ?
- Oui, la tradition veut que, face au peloton d’exécution, le condamné ait droit à une dernière cigarette.

Ce n’est pas parce que j’ai vieilli que je ne connais plus la colère. Un bon scotch me permet simplement de la dominer.
- On est donc passé de « Ne faites confiance à personne ayant plus de trente ans » à « Ne buvez pas de scotch ayant moins de trente ans ». C’est ça qu’elle est devenue, ta révolution ? » p 94

Pendant toute ma vie professionnelle, j’ai fait passer des pets de lapin pour du civet. Je vais avoir cinquante balais. J’entends claques les tongs de la Grande Faucheuse qui approche. Il faut que je me magne. Il est temps que je me mette aux pets de lièvre. » p 224

Mike Wallace renifla l'air ambiant pendant que nous nous dirigions vers le chai.
- Vous avez fait du feu ?
Le prieur le gratifia d'un clin d'œil.
- Juste brûlé quelques hérétiques sur le bûcher hier au soir. Nous sommes très arriérés par ici, vous savez.
(p.206)

Mon arrivée dans la salle des marchés en robe de moine provoqua quelques remous. Les têtes se relevaient ou se retournaient sur mon passage tandis que je me dirigeais vers le bureau de Bill. D'anciens amis me faisaient fête, et même ceux avec qui je n'avais jamais été à tu et à toi me saluaient chapeau bas.
(p.84)

Un beau matin, frère Jérôme m'amena un visiteur.
- Je lui ai fait faire le grand tour, me chuchota-t-il. Je lui ai même montré mes cochons. Mais il a sorti une espèce de badge et m'a dit qu'il voulait rencontrer le maître de chai.
Il avait bien un badge où on lisait BUREAU DES ALCOOLS, DU TABAC ET DES ARMES A FEU.
(p.80)

Les reportages télé retraçant le premier jour de la juge Cartwright sur la colline du Capitole ouvrirent sur l'image de Pepper bondissant de son pick-up rouge cerise. En quelques heures, le fabricant signalait un pic des ventes de ce modèle.
(p.103)

- Qu'est-ce qui vous fait penser que Graydon Clenndennynn... me déteste ?
- Eh bien, il m'a dit : "Dexter Mitchell incarne tout ce qui est pourri et ignoble dans le gouvernement d'aujourd'hui." Ce qui m'a donné d'emblée une petite idée.
- Vraiment ? Eh bien. Eèk. Venant de lui c'est un compliment, je dois dire. Mais je vous remercie de votre franchise, juge.
- La franchise n'a rien à voir là-dedans. Il m'a dit de vous le dire.
(p.99)

Une sorte de conseil de guerre fut mis sur pied au Retropolitan Club, à quelques encablures de la Maison Blanche ; Graydon Clenndennynn et Hayden Cork pouvaient y préparer Pepper pour les auditions.
(p.78)

- Juge Cartwright, reprit le Président, tentant de donner l'impression de la prendre de haut. Ne supposez-vous pas que j'y aie réfléchi un tantinet ?
- Un tantinet, peut-être.
- Vous êtes parfaitement qualifiée pour ce poste. Enfin, selon la Constitution, on n'a même pas besoin d'être juriste pour siéger à la Cour suprême.
(p.46)

- Et si vous nous parliez de tous ceux que vous avez irradiés pendant vos essais nucléaires au Nouveau-Mexique ? Vous ne voulez pas qu'on parle un peu de leurs cancers, à eux ?
(p.80)

- Ce que je ne comprends pas, dit Nick, c'est pourquoi vous ne m'avez pas confié, plus tôt, que vous étiez un enculé pareil.
- Je vous croyais au courant, fit Carlinsky.
(p.374)

- Ecoutez, dit Nick à Mike, le chef des trois gardes du corps, ça vous dérangerait de ne pas entrer en même temps que moi dans le restaurant ? J'ai rendez-vous avec une journaliste et je vais avoir l'air complètement débile si j'entre là-dedans avec vous sur mes talons, les mecs.
- Peux pas faire autrement, Nick. Ce sont les ordres.
(p.135)

C'était le moment idéal pour dévoiler la nouvelle campagne contre la tabagie des mineurs.
- En fait, nous sommes sur le point de lancer une campagne de cinq millions de dollars pour encourager les jeunes à ne pas fumer, claironna Nick. L'argent est sur la table. Qui dit mieux ?
(p.81)

- Vos contacts, ils sont à la CIA ?
Delame-Noir sourit.
- Mon prince, demander à un vieil espion de révéler ses sources, c'est comme demander à une putain le nom de ses clients. C'est une question de vanité professionnelle.

Les explosions ont beau être monnaie courante au Moyen-Orient, ce n'est pas tous les jours que le dirigeant d'un pays saute sur son propre chameau. La nouvelle fit rapidement le tour de la planète, malgré l'embargo officiel du Matar sur toute information liée à ce qui s'était passé.