Claire Braud

Je n'ai jamais rien vu de si prodigieux, de si fantaisiste, de si admirable et poétique dans l'art. (il parle là, de l'Exposition consacrée au Japon qui s'est tenue au Grand Palais). Qu'en est-il de l'Exposition Universelle ? Vous y êtes vous rendu ? Renan en parle comme d'un spectacle certes éblouissant pour les yeux, mais qui doit bien peu à la pensée et finit ainsi : "notre siècle ne va ni vers le bien, ni vers le mal, il va vers la médiocrité". C'est également ma crainte et ce ne sont point tant les changements que je déplore que l'enlaidissement qu'ils entraînent. Je me promenais l'autre jour à Houlgate en Normandie, on y a construit des lotissements qui défigurent le paysage si grandiose. Cela m'a attristé. La même pensée m'a assailli à l'instant lorsque cherchant un endroit pour vous écrire, j'ai poussé mon chemin jusqu'au jardin zoologique. Je me suis arrêté devant la fosse aux ours. L'ours était là, pantois, faisant et refaisant le tour de sa cage. Ces ours disparaîtront comme tous ces grands animaux que l'homme ne sait pas ou ne peut pas utiliser. Je pleure par anticipation leur disparition future.
Si vous aviez vu les grimaces qu'il fit pour avoir une carotte, vous comprendriez ma douleur amère. J'ai frémi à l'instant devant de gros lézards de bananiers, devant les iris ... Saviez-vous que les iris s'ouvraient la nuit ?
Ma balade zoologique m'a mis en émoi.
Je pense écrire quelque chose, une sorte de grande parade où l'on reconnaîtrait chaque animal par l'instrument ...

Il faut cent ans pour faire un centimètre de sol forestier.

Rmmmmh ....
1835 - 1921 ...
Cet homme baignait en plein Romantisme ...

MAIS PAS DU TOUT BILFONT !
Camille Saint-Saëns n'a jamais été de ceux à qui l'on colle une étiquette enfin ! Ni romantique, ni académique, ni rien !
Ce qui tiraillait Saint-Saëns n'était, je pense qu'une sorte d'absolu de la beauté qu'il n'a eu de cesse de chercher, de vouloir, de toute sa personne, faire surgir !
Une beauté qui vous touche droit au coeur.

- Emma, vous partez ?
- Tout à fait Ingmus, je pars à l'aventure, il y a belle lurette que cela me tient.
Mais ne doutez pas de mon amour Ingmus, je vous aime, vos mots m'étourdissent, votre savoir m'emporte .... Mais, je m'emmerde.

La violence de ces faits, le vacillement qu'ils ont provoqué en moi... Je n'ai eu qu'un désir, filer me planquer dans la nature... En forêt.