Citations de Clara Sanchez (106)
Avant de connaître Karin, il ne me serait jamais venu à l'esprit que le mal prétend toujours faire le bien. Karin affectait toujours de faire le bien, et avait fait de même lorsqu'elle avait tué ou aidé des innocents. Le mal ne sait pas qu'il est le mal, tant que quelqu'un ne lui arrache pas le masque du bien.
Un cauchemar. Tout le monde sait ce que c’est, tout le monde en fait. Des choses étranges et terrifiantes peuplent l’esprit, même des gens heureux de vivre. C’était plus ou moins ce qui m’arrivait.
Chacun de ses gestes semblait avoir une ombre, toute sa vie était doublée d’ombre.
Ce qui était fait était fait, sans retour possible. Si j’avais pu remonter le temps, peut-être aurais-je choisi de ne pas modifier le cours des choses.
Aucun parent n’est parfait – que dis-je, tous les parents sont insupportables –, mais ta grand-mère serait capable de tuer pour toi. Ne reparle plus de père qui n’existe pas, remets-toi, reprends tes habitudes jusqu’à ce qu’elles en oublient tes doutes. S’il te plaît.
Ne me mêle en aucun cas à ces histoires. Je suis un personnage public. Quand j’apparais à l’écran, l’audience monte. Je suis au zénith de ma carrière et je ne laisserai pas associer mon nom à un scandale comme celui des bébés achetés dont on parle à la télévision.
C’est normal qu’elle ait eu du mal à se faire à l’idée. On croit que ces choses-là n’arrivent qu’aux autres.
On a tendance à croire que les gens qui nous regardent pensent à nous, alors qu’il n’y a souvent aucune relation.
Si je n’étais qu’un amas de cellules, un test génétique suffirait une fois pour toutes à m’apprendre qui j’étais vraiment. J’étais qui j’étais, pour le meilleur et pour le pire. Néanmoins, ma curiosité était éveillée. Si Verónica était vraiment ma sœur et le garçon fluet mon frère, ma vie auprès d’eux aurait été différente, je n’aurais pas été aussi protégée.
On ne peut pas apprendre à avoir peur. On a peur ou on n’a pas peur.
Il y avait toujours, aurait-on dit, un double sens à ses phrases. Un sens littéral et un figuré qui n’était destiné qu’à moi. Cette dernière phrase signifiait : tu es venue jusqu’au bar et tu es venue pour moi.
La vérité et le mensonge. Parfois, la frontière entre le mensonge et la vérité est fine, presque invisible. Mais dans certains cas, la vérité est d’un côté, le mensonge de l’autre, me dit-elle en commandant une bière d’un geste de la main – c’était sa main à la bague, celle avec laquelle elle fumait, tandis que celle de son bras replié en arrière pendait sur le dossier de sa chaise.
Le hasard n’existe pas. Tout a une explication, mais elle est presque toujours hors de notre portée.
Ne fume pas, ne bois pas, fais attention aux garçons, ne rentre pas tard, ne te drogue pas.
La culpabilité est le plus terrible sentiment à porter.
La diplomatie n’est pas mon fort. J’ai toujours du mal à dire les choses importantes.
C’était quelqu’un de prévisible : elle traverserait la rue au passage pour piétons, quand toutes les voitures se seraient arrêtées au feu rouge, en regardant tout de même à droite et à gauche. Enfants, on avait tous appris à traverser la rue comme ça et à faire mille autres choses censées nous protéger. Mais, dans la vie, on faisait un peu ce qu’on voulait du danger, selon ses besoins.
Des milliers d’années nous avaient transformés en des êtres méfiants et, dans des dizaines d’autres milliers d’années, il serait sans doute très difficile à nos semblables d’abuser de notre confiance.
On ne va pas loin de chez soi pour faire de si petites courses.
Nos vies étaient faites, on ne pouvait pas revenir en arrière.