Je suis depuis mon enfance, un exilé et un voyageur inquiet. Sur la terre, je suis un étranger de passage. semblable en cela aux autres hommes. (...)
Même si souvent les projets, les espoirs des mortels n'aboutissent pas, tout regret serait vain. Inutile de nous tourmenter, ceux qui nous suivront s'engageront sur le chemin que nous aurons tracé...
C'est une chose bien étrange à comprendre, les poètes ont toujours raison...
Viens me voir...
Viens pour que, dans ce qui reste de jours, nous trouvions dans le calme et la solitude partagés tous les sentiments d'amour. Par ton art de chanter la passion pure, tu as su éblouir ceux qui ont eu comme moi la chance de te lire. Viens sans nul autre compagnie, nous marcherons au pas lent que nous autorise l'âge dans les herbes odorantes dont chacune t'est connue. Viens, nous nous émerveillerons au milieu des sources et des forêts du soleil d'or éclairant la cime nue de ce mont que tu as eu, il y a plus de trente ans -tu étais jeune et fougueux- le courage de gravir jusqu'au sommet. Viens, nous fuirons les traces des hommes qui prétendent à notre bien alors qu'ils ne songent qu'à nous faire du mal. Viens, nous irons dans les lieux écartés, connus de moi seul, nous jouirons des chants de la nature, nous rirons du souci des envieux, également éloignés de la joie inutile et de la tristesse douloureuse."
Laure...tout ce qu'il avait voulu réuni en un seul prénom.
Il espérait que longtemps son écho résonnerait entre les hautes falaises de son vallon, né de la source mystérieuse dont il n'avait jamais réussi à exprimer par l'Ecriture ce qu'elle lui procurait de joies et d'angoisses alternées, chaque fois qu'il s'en approchait, que les eaux fussent hautes ou basses, sans que cela fût le fait de l'alternance des saisons.
Francesco travaillait, écrivait beaucoup, correspondait avec toutes les universités et les librairies privées, acceptant pour acheter des manuscrits anciens de se priver d'habits et de nourriture. Prêt, pour acquérir un livre, à se séparer de n'importe quel objet de nécessité.
Les montagnes peuvent séparer nos corps, elles ne sépareront pas nos âmes.
(...), il existe encore des femmes pour ne pas accepter tous les beaux discours qui ne sont que secrets désirs charnels. Sa beauté est pourtant parfaite.
-Toi qui vis près de ce fleuve rapide, sorti d'une veine des Alpes, comprends qu'avec son flot tumultueux il m'a mené jusqu'à toi. Ni la fatigue ni le sommeil n'ont pu arrêter la course qui me menait vers un lieu où tu règnes comme un beau soleil.
-Qui est ce sauveur sur lequel, tout à coup, tu veux garder le secret?
-Un enfant de Rome, fils d'une porteuse d'eau et d'un obscur cabaretier des bords du Tibre.