Clémence Lucas

Parfois, j’ai envie de tout arrêter. Refermer mon ordinateur, préparer un sac et partir me cacher à l’autre bout du monde. Mais attention, pas sur une île déserte. Bien que je sois tout à fait capable de mettre entre parenthèses mon confort lorsque je suis en reportage, quand il s’agit de me reposer, je suis du genre à apprécier un hôtel all inclusive plutôt que partir à l’aventure, mon sac sur le dos. Je ne suis pas une sorte de Robinson Crusoé !

Trop pris par leurs ébats, tous deux ne m’ont toujours pas aperçue tandis que je suis incapable de bouger. Je devrais prendre mes jambes à mon cou mais je suis incapable de regarder ailleurs, même si franchement, les voir baiser tous les deux n’a rien d’excitant.

En réalité, je suis incapable de rester concentrer bien longtemps sur quelque chose, mon esprit adore vagabonder. D’ailleurs, si je ne referme pas immédiatement Facebook, je ne serai jamais dans les temps pour rendre mon papier à Andy, mon boss et mon petit ami. Il paraît que mélanger travail et plaisir ne font jamais bon ménage mais pour nous, ça marche plutôt bien.

Ma voix me semble si brisée que je ne la reconnais pas. Je n’ai jamais eu autant la trouille de ma vie. Monter sur scène et jouer de la musique devant des gens ne me semble plus du tout effrayant en comparaison à ce que je ressens maintenant.

Clara est un véritable rayon de soleil. Si vous demandez à quelqu’un comment il la définirait, n’importe qui vous répondrait rayonnante. Elle a ce je ne sais quoi, ce petit truc qui fait que rien que par sa présence, elle illumine une pièce. Cela a toujours été comme ça. Déjà petite fille, tout le monde voulait être son ami. Elle avait toujours le sourire, racontait des blagues, riait de tout et même d’elle. Elle n’a jamais été comme toutes les autres. Elle a toujours été elle. Unique. Clara.

Je pleure la vie que je rêvais d’avoir et que je ne suis plus sûre de vivre. Je pleure parce que je suis triste et en colère. Je pleure parce que la vie est une salope qui s’amuse à nous faire rêver, à nous promettre que nous avons des années devant nous alors qu’en réalité, nous ne sommes rien face à la maladie.

...pour protéger les gens qu’on aime, on doit prendre des décisions et là tout de suite, je ne vois aucune échappatoire.

Quand on a une vie rêvée comme l’est la mienne, le coup de bâton est plus lourd de conséquences quand il s’abat sur vous et… je crois bien qu’il ne va pas me louper.

Lorsque je me regarde dans le miroir, la personne qui me fait face ne me ressemble pas. Mes yeux d’ordinaire si expressifs sont mornes, mon teint est blafard, mes joues plus creusées… Comment ai-je pu être aveugle à ce point ? Comment n’ai-je pas compris plus tôt que quelque chose clochait chez moi ?
Dans une heure, je devrais être en cours mais au lieu de ça, je me suis fait excuser par mon employeur et je vais aller chez le médecin. Je vais enfin savoir ce qui ne va pas et même s’il y a de fortes chances pour que ma mère m’ait inquiétée pour rien, il n’empêche que cette désagréable sensation ne me quitte pas.

Comme à chaque fois qu’il me touche, j’ai l’impression que mon corps entre en combustion. Chaque caresse, chaque effleurement, chaque baiser me fait frissonner de la tête aux pieds et instinctivement, je me mets à onduler sur lui.

Je ne sais pas pourquoi il est toujours sur la défensive quand nous abordons le sujet. Pourquoi du jour au lendemain, il a mis ses rêves de côté et a décidé de jouer dans son coin ? Qu’est-ce qui l’effraie ? La peur de l’échec ? Qu’on se moque de lui ? Qu’il se ramasse ? Dans tous les cas, je serai à ses côtés et le soutiendrai. À deux, nous sommes plus forts.

Pendant toute mon enfance, j’ai tout fait pour refouler mon attirance et mes sentiments pour lui. Je suis sortie avec des garçons mais étrangement, mon choix se portait toujours sur des blonds aux yeux bleus.
Je me demande bien pourquoi !
Si je l’ai aimé au premier regard, vous imaginez combien cela a pu être difficile de le voir devenir un jeune homme faisant craquer toutes les filles sur son passage.

Prologue : Julia :

Bon nombre de personnes pensent qu'être une mère célibataire signifie qu'on a échoué quelque part dans sa vie, mais qui sont-ils pour nous juger ? Je pense qu'un enfant n'a pas forcément besoin de ses deux parents pour être heureux et en bonne santé - il ne suffit qu'à lire la pages des faits divers pour le comprendre.
Je pense que ma fille est le parfait exemple.
Je l'élève toute seule depuis seize ans et il me semble pas qu'elle souffre d'un manque quelconque.
Croyez-moi, sa vie est bien meilleure sans son géniteur. la seule chose qu'ont en commun ma fille et son père biologique est leur prénom : Riley. Bon, Ok, peut-être pas seulement, on peut dire qu'elle a hérité du sale caractère de cette espèce d'enfoiré.
Ce type n'est qu'un crétin. Un très beau crétin. mais un crétin quand même.
C'est un bad boy. Un vrai. Il est membre des Hellys Angels, ne sort jamais sans sa veste de cuir et sa bécane, fait toujours partie des coups fourrés.. Enfin... Tout cela, c'était aux dernières nouvelles... le jour de la naissance de Riley.
Il est parti chercher la valise dans le coffre de la voiture et ne me l'a jamais rapportée. j'ai mis mon bébé au monde toute seule.
...
Enfin, bref, il est bien loin le temps où ma fille était un bébé.

Ce putain de Psychopathe commence sérieusement à mettre mes nerfs à rude épreuve! A chaque fois qu'avec mon équipe, nous pensons nous rapprocher de l'Ange de la Mort, celui-ci se volatilise sans laisser de trace derrière lui.

Ce type est un mystère.

Depuis que je suis sortie avec les honneurs de Quantico et que j'ai intégré l'équipe du FBI de Sacramento, j'ai été assignée au dossier "L'Ange de la Mort" - comme a été surnommé le dernier tueur en série toujours dans la nature. Pourquoi ce nom? Tout simplement car il s'est révélé que toutes les victimes avaient une particularité, celle d'être impliquées dans la mort d'autres personnes.

Alors même si ce psychopathe pense qu'il rend justice, je crois sincèrement que c'est bien plus profond que ça. J'ai passé d’innombrables heures à étudier cet homme sans jamais avoir réussi à l'identifier. Tous ses meurtres sont méticuleux, ses victimes sont soigneusement lavées à la javel pour effacer les traces avant d'être rhabillées, les blessures sont nettes et précises, les corps sont toujours déposés dans des endroits stratégiques - souvent en rapport aux victimes vengées - et jamais il n'a commis d'impair. Nous ne savons pas exactement à combien s'élève le nombre de ses victimes mais à ce jour, nous en avons dénombré vingt-six en huit ans. Au fond de moi, je suis sûre que ce chiffre est bien loin de la réalité et cela me terrifie.
Oui, je sais, je suis un Agent spécial du FBI, je ne devrais pas avouer que ce type me fou la trouille mais c'est la vérité. Qui sait combien de personnes il va encire tuer jusqu'à ce qu'on l'arrête?
Du moins, si on y arrive à jour.

Non, il fera une erreur. Peut-être pas aujourd'hui, ni demain ou encore la semaine ou le mois prochain, mais un jour, il commettra une faute et on l'aura. Les criminels font toujours une connerie soit parce qu'ils ne font pas attention - dans ce cas là, il s'agit plutôt d'amateurs - soit parce qu'ils sont trop confiants. Dans tous les cas, un jour ou l'autre L'Ange de la Mort fera une boulette et je me ferai une joie de l'arrêter ou de lui mettre une balle dans la tête.
Les deux cas me conviennent très bien.

Si seulement mon cœur pouvait écouter ma tête mais à ce qu’il paraît : le cœur a ses raisons…

— Pitié, ne faites pas ça… Je ne dirais rien à personne… C’est promis.
C’est étrange comme les hommes supplient toujours pour leur vie. Comme si ça allait changer quelque chose à ma décision !

Tout comme Orson Welles, je suis née à Kenosha, dans le Wisconsin. Mes parents y vivent toujours et je leur rends visite chaque fois qu’une occasion se présente. Ma mère est institutrice et mon père est Lieutenant de police, c’est d’ailleurs à cause de lui que je suis devenue Agent. Je l’ai toujours admiré pour son travail et depuis ma plus tendre enfance, je rêvais, moi aussi, de faire régner l’ordre et la loi.

La plupart des cas des meurtres commis par des femmes sont plus brouillons puisqu’elles agissent souvent sous le coup de la passion.

Notre métier, nous le faisons consciencieusement mais son terrain de jeu ne se limite à un état ou une ville. Il s’amuse à traverser tout le pays, abandonnant un nombre plus ou moins important de corps derrière lui. Les victimes ne sont pas reliées entre elles mais nous savons à chaque fois que c’est lui, grâce à son mode opératoire. Il a une marque de fabrique, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots : les victimes sont des criminels, leurs yeux sont crevés, leurs doigts coupés et des preuves de tortures sont révélées à l’autopsie, mettant en avant un côté sadique évident chez notre homme.

Les criminels font toujours une connerie soit parce qu’ils ne font pas attention – dans ce cas-là, il s’agit plutôt d’amateurs – soit parce qu’ils sont trop confiants. Dans tous les cas, un jour où l’autre L’Ange de la mort fera une boulette et je me ferai une joie de l’arrêter ou de lui mettre une balle entre les deux yeux.