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Critiques de Clément Bénech (112)
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Un vrai dépaysement

Candide en salle des profs !

Romain d’Astéries a la particule qui lui pèse. Ce fils de notables bordelais, label bleu, né avec un pull enroulé sur les épaules à la place du cordon ombilical, est le vilain petit magret de la famille. Il ne sera ni architecte, ni ingénieur mais… professeur de français. Et pas question pour lui d’exercer dans le petit nid feutré d’un établissement privé de la ville fréquenté uniquement par de petits cannelés bien peignés déposés par un chauffeur en Cayenne. Le jeune homme s’est converti à une nouvelle religion, le pédagogisme et il veut évangéliser la Guyane de ses grands principes éducatifs positifs et innovants, incompatibles avec son petit confort bourgeois.

Comme l’informatique peut être taquin, l’idiologue hors sol qui ne manquent pas d’idées se retrouve finalement affecté au fin fond de l’Auvergne. Un volcan s’éteint, un crétin s’éveille. Une autre forme d’exotisme et atterrissage culturel qui ressemble à un crash car les méthodes en vigueur dans son établissement ont pour lui l’âge du Puy-de-Dôme. Contrôle surprise.

La directrice du collège, malgré ses cheveux rouges, ne jure que par l’apprentissage des fondamentaux et la transmission des savoirs. Des hérésies pour l’apôtre de la co-construction, de l’enfant sachant par essence, qui veut décloisonner les matières, déboulonner les classiques, abroger les devoirs et qui vivrait la restauration de la dictée comme le rétablissement de la peine de mort. Mort aux devoirs ! Les leçons, c’est pas à la maison !

Le jeune prof, insensible aux coups de règles, obnubilé par l’épanouissement de l’enfant et un peu moins par la transmission de connaissances, développe des heures de « sport-français » avec un collègue, délocalise ses cours pour des randonnées sauvages et se passionne pour la jeune élève Popescu, dont le pédigrée titille sa passion pour l’altérité : la reconnaissance de l’autre dans sa différence. On voit le genre.

A la célébration du centenaire de l’établissement avec une commémoration en uniformes, Marseillaise et danse folklorique, Romain va répliquer par l’organisation d’un jumelage éducatif avec une école roumaine et voyage scolaire sur place.

Le roman de Clément Benech est une comédie qui mériterait d’être au programme du Capes. Un peu comme Patrice Jean, avec son dernier titre « Rééducation nationale », le récit oppose avec le drapeau blanc de l’humour les méthodes de l’Education Nouvelle à ses contempteurs estampillés vieux réacs ronchons. Chaque camp affute ses compas, tu vas voir ta gueule à la récré, mais finit par se rabibocher à la cantoche autour d’une bonne macédoine ou d’un menu alternatif au bon goût.

J’ai trouvé le ton du récit aussi drôle que moqueur, ce qui permet à l’auteur d’éviter le piège du pamphlet et tous les personnages du roman finissent par être attachants, y compris le Don Quichotte du cahier à spirales. Certains passages, comme la rencontre avec la famille de la petite Popescu, sont vraiment très réussis. L’humour permet d’alléger la caricature et de compenser le manque d’incarnation des élèves qui jouent un rôle trop secondaire dans le livre.

Tout cela n'est pas trop réaliste ou sérieux et c'est tant mieux. J'ai toujours préféré la récré aux cours magistraux.







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Un vrai dépaysement

Rejeton de la bonne bourgeoisie bordelaise, Romain d’Astéries s’est engagé dans la profession de professeur de français, contrairement à ses ancêtres ingénieurs et architectes. Après avoir été reçu au Capes, il a été stagiaire pendant une année scolaire dans un collège du centre de Bordeaux et a suivi en parallèle les cours de l’ESPE (École Supérieure du Professorat et de l'Education), qu’il appelle l’« Institut ». Là, lui ont été inculqués tous les préceptes du pédagogisme le plus avant-gardiste, qu’il a reçus avec délectation car ils étaient en parfaite adéquation avec ses propres idées. En effet, idéaliste, il se rêve en pourfendeur de la bourgeoisie dont il est pourtant issu et en promoteur de tout ce qui peut aller dans le sens de l’égalité, même mal comprise. Pour son premier poste, il a demandé la Guyane, afin de mettre en application ces idées sur un terrain propice. Comme c’est une académie peu demandée, il est sûr de son coup. Malheureusement, l’algorithme qui détermine les affectations commet une erreur incompréhensible mais irrattrapable et il est envoyé dans un village rural au fin fond de l’Auvergne. ● Le roman a un ton guilleret qui n’est pas désagréable et l’on suit sans déplaisir les tribulations de Romain dans son village de Chaudezat et dans ses aventures pédagogiques. ● Précisément, la pédagogie véhiculée par l’ESPE, pour caricaturale qu’elle paraisse, est malheureusement très proche de la réalité. L’auteur pourfend par exemple « cette incitation constante à ‘être nous-mêmes’ [donnée par l’ESPE aux professeurs stagiaires] et à nous opposer à l’institution, venant de ses représentants qui étouffaient toute contestation ». Il se moque aussi du vocabulaire pédagogiste : « Tes élèves se bastonnent, ils appellent ça un ‘conflit sociocognitif’ ! […] Et un chahut au moment de s’asseoir, ça devient un ‘groupe en motricité’ », et de sa philosophie : « un bon professeur n’apprenait il pas plus de ses élèves que ses élèves n’apprenaient de lui ? », que Romain admire mais qu’il met difficilement en pratique, car c’est avant tout un théoricien hors-sol déconnecté de la réalité (même s’il pense le contraire et souhaite ouvrir l’esprit des élèves à l’extérieur et à l’altérité) : «— Et voilà un champ de maïs, s’enorgueillit à voix haute Romain en reconnaissant au-delà d’un barbelé les épis de la fameuse céréale. Le maïs, vous le voyez dans votre assiette… mais il a bien fallu qu’il pousse, d’abord ! Vous savez, les aliments ne vous sont pas apportés par une cigogne ou un ragon… — En l’occurrence, monsieur, l’interrompit une jeune fille, ce n’est pas du maïs pour les humains, c’est du maïs pour nourrir les bêtes. — Ah bon ? Et comment sais-tu cela ? demanda Romain, sur un ton où la curiosité le disputait à l’agressivité. — C’est le champ de mon père, monsieur. — Ah oui. (Romain déglutit lentement.) Oui, forcément. Enfin, ça reste du maïs, que je sache. » ● En revanche, la principale du collège issue en droite ligne des années 1950 manque cruellement de vraisemblance, de même que la famille roumaine et la petite plaisanterie à laquelle elle se livre. ● Du reste, je n’ai pu m’empêcher de penser, dans ce choix de Roumains, que l’auteur avait évité assez lâchement de prendre pour personnages des immigrés extra-européens de peur de ne plus être politiquement correct. ● Même s’il se veut une satire, je trouve que ce récit est simpliste, un peu à la manière d’un roman destiné à la jeunesse. Il se laisse lire, certes, mais avec ses prémices on pouvait faire beaucoup mieux, me semble-t-il.
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Un vrai dépaysement

Livre que l'on pourrait classer dans la grande famille des "feel-good" story.

C'est jeune, cela se passe dans l'éducation nationale, mais offre une vision différente, très décalée des productions majoritaires situées dans ce milieu.

On suit un jeune idéaliste fraîchement promu de l'INSPE (on voit encore des critiques "spécialisées" parler d'ESPE) et souhaitant appliquer les belles théories apprises dans un endroit encore possiblement améliorable. Ce sera donc... l'Auvergne...

Bon, soyons honnêtes, l'auteur semble prendre ses aises avec les rouages et les paradigmes de la grande machine à garder et trier les élèves.

Mais l'ensemble est rafraîchissant, les situations parfois cocasses et même si le scénario est prévisible, on suit avec le sourire la confrontation entre le fantasme et la réalité, entre le monde d'hier et celui d'aujourd'hui.

Oui, vraiment, un vrai dépaysement.



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L'été slovène

Premier roman de Clément Bénech.



Il y a l’été indien où la nature donne tout ce qu’elle peut pour créer l’illusion que le froid n’est pas à la porte. Et il y a l’été slovène : c’est la même chose, mais pour l’amour.



Le narrateur et son amante, Elena, ont décidé de passer des vacances en Slovénie. À la clé, il y a la survie de leur jeune couple. Pleins de bonne volonté, les deux amoureux, ou presque amoureux, essaient de retrouver la flamme, de vivifier le désir et de justifier leur relation. « Est-ce que tu es en couple avec moi pour avoir la reconnaissance de tes amis et de ta famille, ou pour la sérénité de l’amour ? » (p. 30) Et puis, il y a tous ces petits riens désagréables qui rendent un voyage pénible et l’amour irritable : une voiture qui part en toupie, un chat qui miaule dans la chambre d’hôtel, une chaleur lourde et sans finesse.



Mais les deux amants essaient quand même, dans une dernière volonté de prétendre que ce voyage à l’Est sera utile. Alors, ils font l’amour à tout-va et essaient de rire de leurs mauvaises blagues. Mais l’agacement est là et toutes les beautés de Ljubljana n’y changeront rien. « Nous étions venus en Slovénie pour changer d’air, mais il semblait qu’il se viciait à notre approche et nous suivait comme une nuée de moucherons. » (p. 110) Déplacer l’amour, c’est comme déplacer les soucis : ça ne les allège jamais. On parle des amours d’été comme de romances douces et salées qu’il est douloureux de quitter à l’automne. Chez Clément Bénech, l’été sonne le glas d’un amour d’une autre saison.



Pour ces deux étudiants en géographie, la carte du Tendre semble bien indéchiffrable. « De même que l’on ne trouve à redire que des mauvais livres (où l’on se fait une joie de prendre en note les incorrections, celles qui suscitent notre mauvaise ironie) tandis que les excellents sont si dépourvus de faille qu’on ne peut y introduire aucun pied-de-biche pour découvrir leurs rouages, de même l’amour commence pour moi à décliner lorsqu’on est capable de dire exactement ce qui nous plaît chez l’autre. Dès lors, l’autre est seulement une liste avec des cases cochées. » (p. 56) OK, ne pas mettre de mots sur l’amour… Mais se taire, voilà le dernier des maux.



Clément Bénech (que vous pouvez suivre sur Twitter avec le pseudo @Humoetique) signe un premier roman douloureusement désinvolte et riche de formules très élégantes. Son art de la parenthèse est puissant : là où certains y fourrent le brouillon de leurs idées inachevées ou avortées, le jeune auteur n’y met que l’essentiel, voire l’indispensable. Mon seul reproche : ce roman est trop court, on en veut encore ! Ma dernière question : à quand le prochain ?

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Un vrai dépaysement

Avec les romans de Clément Bénech on voyage hors de l'hexagone.

L'été slovène nous plonge dans des paysages idylliques de Slovènie ( lac de Bled) . Ce premier roman était considéré comme prometteur, à juste titre !

Un amour d'espion nous envole à New-York. Lève-toi et marche se déroule à Berlin.

De toute évidence, l'auteur a beaucoup voyagé et on ne s'étonne donc pas du choix de son héros, Romain. Ce jeune professeur de français tout juste titulaire, a opté pour un poste en Guyane dans Un vrai dépaysement. Mais bug informatique , tous ses plans avortés. Et même si l'erreur est reconnue, pas de recours possible, démarches vaines. Devant son insistance, on lui répond «  qu'il est impossible de revenir en arrière », «  l'algorithme a parlé » ! L'auteur pointe ainsi les défaillances des systèmes informatiques et leurs limites.

Mais où rêvait-il donc d'enseigner ? En Guyane, d'ailleurs il avait déjà acheté une moustiquaire, une touque, un miniventilateur de voyages...

Le roman débute le 21 juin 2013, à Bordeaux, lors de l'inauguration en grandes pompes du pont Montesquieu. le sémillant architecte, de 35 ans, qui a droit à son portrait en dernière page de "Sud Ouest" , n'est autre que le frère de Romain .On subodore que le discours d'Aurélien d'Astéries, a mis mal à l'aise son jeune frère qui n'embrasse à la rentrée qu'une carrière de prof. A cela s'ajoute la remarque désobligeante , « la schadenfreude » du père, d'un milieu bourgeois.

A quand donc son portrait dans la presse pour « clouer le bec » à sa famille ?

On suit son arrivée à Chaudezat, un trajet interminable, puis son installation chez son logeur, le père Grange, dans un ancien couvent des Ursulines. Sa rencontre avec le maître des lieux à fourrure est épique ! Dès son arrivée, il appelle sa mère pour la rassurer.

Puis on assiste aux premiers cours du professeur de français, aux expériences transdisciplinaires avec Fabien, le prof de gym. Tous deux, zélés, désireux d'appliquer les méthodes inculquées l'année de formation. On se salue avec des « checks », on dispose les tables autrement. Il y aura l'atelier crêpes pour travailler le texte injonctif, puis la sortie nature, sous le boisseau, émaillée d'un incident.

La principale ne manque pas d'intervenir, elle convoque Romain, le met en garde, le menace même d'écrire au ministre en cas de récidive. Suspense.On vit au rythme du collège, des congés de Romain qui doit s'adapter au climat hivernal. «  L'hiver à Chaudezat ressemble à une pente que l'on gravit vers de hauts plateaux où se trouvent des jours meilleurs ». Noël sera sans revoir sa famille.

Le collège Blaise Pascal fêtant son centenaire, on assiste au « happening » des commémorations. de nouveau un épisode festif, grandiose, qui met en ébullition !

On suit avec fébrilité le nouveau projet que l'enseignant motivé initie, autour de la Roumanie, désireux d'ouvrir ses élèves à d'autres cultures. On sait combien, en France, l'apprentissage des langues est une catastrophe. Il espère pouvoir impliquer son élève Jeanne Popescu ( que le mot « gauloise » insupporte) et ses parents. de plus le roumain est une langue complexe.

Les préparatifs de «  ce voyage à dessein » suscitent l'effervescence. Apparier les correspondants , un vrai casse-tête. En avril débutent les échanges virtuels. Passons au crible quelques-uns de la riche galerie de personnages qui gravitent autour de Romain, le trentenaire aux «  Wallabees  en daim», le gaffeur, qui confond une deux -chevaux avec une 4L. Parmi les plus marquants ou essentiels.

D'abord le père Grange, son logeur et cuisinier bienveillant, aux cheveux gris mi-longs ondulés, à l'esprit maternel ,dont le chat somnambule a causé à Romain une belle frayeur la première nuit.

Nouvelle rencontre animale terrorisante, celle causée par les rugissements de l'animal de compagnie de la famille Popescu ,le jour où il est invité chez eux. Une famille aux coutumes immémoriales, ( certaines surprenantes). Et pour Romain il a fallu se plier au proverbe : «  A Rome, fais comme les Romains », enfin ici les Roumains ! Repas pantagruélique à vomir ( sarmale, mici.. »). Episode théâtral épique! Comme un baptême du feu !

Une mauvaise blague à son insu, d'après son logeur.

Quant au pilier de l'établissement Blaise Pascal, Mademoiselle Angela Combes, « coiffée à la garçonne », elle arbore une chevelure rouge vif , « un costume en velours côtelé vert émeraude ainsi que des brodequins en box-calf ». Une principale, à la «  carrière au crépuscule » qui brandit souvent sa canne en bois «  semblable à un malika basque » dont le pommeau convoque Jules Ferry ! Sa façon de s'adresser à ses ouailles choque dans ses répliques familières à Romain: « jeune biquet », «  espèce de mule », quand il lui rappelle qu'il n'est «  pas payé pour faire le mariole ».



Fabien Bedenne, l'adonis béarnais amoureux d'une collègue, le prof de gym qui a travaillé en binôme avec Romain. Addict à son écran, il se fait tancer par Angela ! L'acrobate qui retombe mal et rentre de Roumanie, le coude plâtré ! Et enfin son ami complice, Henry Regamey, connu l'année de leur stage, avec qui il échangera beaucoup par mails. Ils évoquent , à gorge déployée, le jargon de l'un de leurs formateurs! Ainsi une bastonnade devient «  un conflit sociocognitif ». le chahut devient " un groupe en motricité".

Ils fustigent les méthodes de pédagogie qu'ils ont dû intégrer pour « apprendre à apprendre », lors d'ateliers spécifiques.

C'est à lui que Romain se confie, relate le voyage scolaire en Roumanie.

Les tribulations de ce professeur débutant conduisent à des situations cocasses , qui auraient de quoi alimenter un scénario!

Le dépaysement provient de tous ces mots étrangers ou régionaux qui ponctuent le livre, comme : « kakémonos, Schadenfreude, garimpeiros, adishat, kintsugi., quesadillas... » et de la pléthore de termes en italiques : «  dark side, shots »! L'originalité de ce livre vient de sa forme hybride qui échappe à toute classification !

Clément Bénech mêle récit en prose, dialogues, mails échangés entre les protagonistes, citations, croquis du monastère de Bârsana, portraits. On note dans ce roman de nombreuses références littéraires, étymologiques, et cinématographiques.

Le récit s'achève avec le séjour des élèves chez leurs correspondants, un nouveau chapitre foisonnant. Un voyage interminable de 35 heures. Trois jours d'immersion dans l'établissement roumain, activités diverses, visites pour les « ambassadeurs » de la France. Hélas, un accident conduit à une halte dans un hôpital. Des services saturés mais quelques billets peuvent faire accélérer la prise en charge.

L'épilogue relate le retour en apothéose pour Romain, comité d'accueil, discours du maire. Quel final ! Quel cadeau de fin d'année ! Une oeuvre d'art réalisée par « les artisans les plus habiles de Chaudezat ».

Comment pouvait-on imaginer une telle reconnaissance de la part de sa supérieure ! le voyage scolaire, en présence de la principale, a permis de réhabiliter l'enseignant tant décrié au début à cause d'initiatives marginales ! Elle fait d'ailleurs son mea-culpa pour avoir mal jugé Romain. Voici le blondinet adoubé par Mademoiselle Combes, qui loue sa « présence d'esprit » . Qui l'eût cru ?!

Et cerise sur le gâteau, une page dans " La Montagne", avec sa photo, une belle revanche sur sa famille !

Laissons le suspense quant à ses voeux pour l'année suivante...

Last but not least (1), comme le romancier a un esprit facétieux, il se paye l'audace d'inverser deux adjectifs dans une phrase, ce qui donne un sens étrange ! Au lecteur de saisir cette fantaisie ! Il multiplie les comparaisons surprenantes : «  ils se ressemblaient comme deux gouttes de liqueur de châtaigne. » Ou encore celle qui décrit le pays visité: " La Roumanie ressemblait à un gros poisson avec une courte queue."

D'aucuns voient en cet auteur un héritier de Marcel Aymé, Benoît Duteurtre, même de Vialatte, cité en exergue.

A lire par les enseignants qui retrouveront du vécu !

Un récit mâtiné d'humour, truffé de rebondissements, qui épingle la formation théorique des enseignants et son jargon. Ajoutons un neurone de plus à Romain et 5 étoiles à Clément Bénech sur Babelio !

Un coup de maître à saluer. Jubilatoire !

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Un vrai dépaysement

Un jeune professeur sort de sa formation rempli de principes et d'idées nouvelles pour enseigner. Il se sent, arriviste, tant pousser des ailes de novateur et d'aventurier qu'il demande une mutation en Guyane. Il se retrouve en première affectation dans un petit village d'Auvergne, avec une directrice qui apprécie peu les écarts : une (presque) vieille fille de la vieille école. On devine aisément la fin... L'auteur met en relation, l'enseignement qui a fait ses preuves face à l'innovation (risquée) d'autres façons d'enseigner ; une directrice, gardienne du passé, qui rappelle que l'enseignant n'est pas là pour avoir des idées mais exécuter un programme (!). A l'heure où l'Education nationale a fini d'insuffler des vocations, ce livre oblige à y réfléchir simplement (légèrement ?!). Cette histoire semble banale quand le sujet est plutôt grave.
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L'été slovène

Sentant que leur jeune couple commence à battre de l'aile, le narrateur et sa compagne Eléna décident de changer d'air le temps d'un voyage en Slovénie. Mais, comme souvent, fuir, ce n'est que transporter ses problèmes sous d'autres cieux et la beauté des paysages et le romantisme de Ljubjana sont impuissants à ranimer une flamme qui s'éteint peu à peu. L'été slovène n'aura pas suffi pour gommer les différences, les incompréhensions, les tensions.





Ils ont atteint le point de bascule du couple, celui où les petites manies de l'autre, qu'on trouvait adorables, deviennent des défauts difficilement supportables. Elle le trouve égocentrique, ne rit plus à ses blagues. Il se moque de son ton professoral, de son obstination à voyager un guide touristique à la main. Il est casanier, elle aime sortir, voir du monde, se lier. Elle est battante, il a trop tendance à laisser tomber quand les choses se compliquent. Leur couple est trop jeune pour que la tendresse prenne la place de la passion. Mais ils ont décidé de se laisser une chance et quoi de plus romantique qu'un voyage en amoureux dans un petit pays à découvrir? Le voyage pourtant ne se déroule pas sans accrocs et l'étincelle a du mal à reprendre malgré leurs efforts héroïques.

Ce court roman au ton désabusé et ironique offre un bon moment de lecture. L'humour désespéré du narrateur, la pertinence des situations, le lent naufrage du couple, auxquels s'ajoute en prime une visite guidée d'un pays qui semble charmant; tout concourt à faire de Clément Bénech un auteur à suivre.
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Un vrai dépaysement

Je n'ai pas aimé, du tout, ce qui explique je ne suis pas allée jusqu'au bout du roman. Je l'aurais pourtant terminé assez vite, je pense, mais la lecture me pesait trop non pas à cause de la plume de Clément Benech, mais à cause du contenu.

Le personnage central est assez détestable (idéaliste et arrogant, au point de snober ceux qui sont trop "simlpes" ou trop "normaux" pour mériter son attention), ce qui rend la lecture un peu pénible car le style de l’écriture reflète vraiment sa façon de voir les choses : un vocabulaire parfois recherché à l'excès, une touche de pédanterie, beaucoup d'arrogance...



Et puis c'est censé être drôle, mais je n'ai pas été sensible à cet humour qui tourne tout en dérision. Le personnage principal est ridicule tout en se prenant très au sérieux et le regard qu'il porte sur ce qui l'entoure est très méprisant. L'éducation et l'enseignement sont sévèrement critiqués (tant les vieilles méthodes éprouvées ou dépassées, que les nouvelles théories audacieuses ou pas si novatrices) sans qu'une alternative ne soit proposée. C'est peut-être ce qui me gêne le plus : c'est facile de critiquer... Surtout que l'auteur ne donne pas l'impression de connaître si bien son sujet. La représentation des enseignants et du quotidien au collège est très caricaturale : une administration soumise aux caprices de logiciels peu fiables, un prof de sport hyperprotéiné pas trop futé, une directrice aux idées martiales, etc.



Et pourtant il y avait tellement de potentiel avec ce jeune professeur idéaliste confronté aux réalités d'un terrain qu'il n'a pas choisi...

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Un vrai dépaysement

L’histoire débute à Bordeaux, lors de l’inauguration d’un pont. Tout le gratin est convié et congratule le jeune architecte, digne héritier du savoir-faire paternel, qui a droit à un bel article dans la presse locale.

Le second fils fait un peu tache : Romain a opté pour des études littéraires et une carrière d’enseignant.

Pour fuir autant le joug parental que des modèles d’enseignements qu’il juge étriqués, il a postulé pour un premier poste en Guyane.



Seulement… un « bug informatique » vient contrarier sévèrement ses projets : Romain se voit affecté dans un petit village auvergnat.



Qu’à cela ne tienne, le jeune diplômé fait contre mauvaise fortune bon coeur. Il postulera à nouveau pour la Guyane l’an prochain ; en attendant il va mettre en oeuvre un modèle pédagogique innovant sous des cieux moins exotiques.



Des expérimentations qui n’auront pas l’heur de convaincre Mme la Principale, qui ne mâche pas ses mots pour lui remonter les bretelles :





« Vous n’apprenez pas. Et comme vous n’enseignez pas non plus, je me demande bien à quoi vous servez. »

« Vous croyez réinventer la pédagogie avec deux neurones. »

« Vous n’êtes pas là pour avoir des idées, mais pour exécuter un programme. »



Mais Romain s’est toutefois fixé des objectifs. Contraint de courber l’échine, il ne lâchera pas totalement l’affaire… et parviendra peut-être même à renverser la vapeur.



Si certains passages sont franchement cocasses, je n’ai pas été pleinement emportée par ce récit.

Je pense qu’en tant qu’enseignante, mes attentes étaient trop grandes. Alors oui, j’ai souri en reconnaissant les grandes idées prônées par l’E.S.P.E. (École Supérieure du Professorat et de l’Éducation), ou plutôt l’I.N.S.P.E. (depuis 2019) exprimées dans un jargon pédagogique qui frise le ridicule, l’histoire est « rafraîchissante », mais perso je suis restée sur ma faim.
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L'été slovène

Ils sont partis pour respirer l’air pur de la Slovénie. Leur couple bat de l’aile, c’est l’occasion de se retrouver et de prendre un nouveau départ. Des vacances simples, en immersion dans ce pays dont ils ne connaissent rien. Les péripéties s’enchaînent, la complicité semble toujours là malgré quelques moments plus tendus que d’autres. Pourtant, au fond d’eux-mêmes ils savent que le fil ténu qui les relie est sur le point de céder…



Un premier roman agréable mais loin d’être inoubliable. De courts paragraphes, un style très descriptif qui empile de petites saynètes souvent proches de l’anecdotique, une dose de dérision et d’ironie, c’est frais et léger, rien de plus. Dans le genre « couple au bord de la rupture », le dernier roman de Stewart O’Nan (Les joueurs) a placé la barre tellement plus haut qu’il est difficile de soutenir la comparaison. Finalement si j’ai lu ce texte avec un certain plaisir c’est essentiellement parce que je me suis souvent retrouvé dans le personnage masculin, pas forcément au niveau du ton mais plus pour ce qui est de son attitude. Cette façon de tout prendre à la légère, de lancer des traits d’humour à contre temps qui agacent sa compagne, d’enfiler le costume du rabat-joie à la moindre occasion, c’est tout moi ! Bon, pour revenir au texte je dirais que c’est une lecture de vacances idéale : gouleyante mais sans prétention, un peu comme le rosé pamplemousse que l’on s’enfile à l’apéro avant d’attaquer les brochettes.



Il ne faut pas non plus oublier que Clément Bénech n’a que 21 ans. Pour une première tentative, c’est indéniable, le potentiel est là. Un écrivain à suivre donc...


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Un vrai dépaysement

IDÉALISTE

Issu de la grande bourgeoisie bordelaise Romain, 22 ans, décide de quitter sa terre natale et ses parents, pour suivre ses rêves idéalistes.



Ce jeune homme, aux idées plus grandes que lui, envisage de partir enseigner de l'autre côté de l'Atlantique, en Guyane.



En quête d'un nouveau rapport au savoir, cet anticonformiste a comme désir le plus profond de stimuler l'attention et la curiosité des élèves à travers des méthodes d'enseignement révolutionnaires.



Contre toute attente, il est affecté dans le puy de dôme, à Chauderzat, village de 1000 âmes...



Et si ce désir de découverte était tout simplement le désir de se découvrir ?



Un roman résolument drôle et fin, à l'écriture fluide et rythmée.



A découvrir sans tarder !

(doresixtine sur Instagram !)



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Un amour d'espion

Dans la continuité de ses premiers romans, Clément Bénech signe avec Un amour d'espion un livre divertissant, bien dans l'air du temps, sentimental mais pas trop, à suspense, mais sans excès, bref un divertissement qui n'a d'autre prétention que d'amuser et de faire réfléchir, un peu, à la nouvelle carte du tendre revisitée par les réseaux sociaux. L'intrigue patine parfois, trouvant sa source dans la mission confiée à un ami par une jeune femme amoureuse d'un critique d'art d'origine roumaine, fort mystérieux sur son passé. La mission consiste à suivre cet individu dans ses pérégrinations new-yorkaises et à essayer d'en savoir plus sur ses faits et gestes au pays de Dracula, du temps de Ceausescu. Conversations sur Facebook, photos Instagram, le récit baguenaude sans se prendre trop au sérieux et l'on trouve parfois le temps un peu long. La fraîcheur et la délicatesse que l'on a découvert dans L'été slovène, du même auteur, ne se sont pas évaporées tout à fait mais un peu plus de profondeur n'aurait pas été inutile.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Un vrai dépaysement

Enseignement- Prof- Humour

C'est le moment de lire "un vrai dépaysement" puisque c'et la rentrée des classes. Le jeune Romain souhaite aller enseigner le français en Guyane loin de ses parents et de son frère qui sont architectes de père en fils. Romain a des idéaux, il a une vision toute nouvelle de l'éducation et il est pleins d'ambitions. Mais il va y avoir un bug informatique et il ira non pas en Guyane mais en Auvergne enseigner.

Il va quand même essayer de mettre ses idées et sa nouvelle méthode en application mais ce n'est pas au gout de la directrice.

C'est un roman plein d'humour qu'il faut prendre avec de la distance car c'est assez abracadabrant par moment. C'est un roman qui détend bien et c'est pas mal.

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Un vrai dépaysement

La question que je me pose en refermant ce livre est la suivante : comment Flammarion a-t-il pu publier un roman aussi nul ? Tout est cliché et erreurs grossières. Je n'ai même pas pu m'attacher au personnage méprisant. Je suis prof de français en Auvergne (pas de chance pour l'auteur) et il me semble que lorsqu'on écrit sur une fonction, on se renseigne a minima, on se documente sur les programmes. L'incompétence de l'Education nationale qui se trompe et envoie un néo-titulaire en Auvergne plutôt qu'en Guyane, la pré-rentrée qui se passe le matin avant l'arrivée des élèves, le fait que ce prof à plein temps n'ait que deux classes au lieu de 4, le fait qu'il enseigne le Cid avec toutes ses classes, qu'il étudie des textes de lycée alors qu'il est au collège, que les élèves aient cours le mercredi après-midi, qu'ils étudient l'Empire romain en 4e alors que c'est en 6e... bon, soit, ça peut passer avec les lecteurs qui n'y connaissent rien du tout et qui se moquent de ce genre de détails, mais prendre les collègues pour des abrutis, le cliché du prof de sport complètement crétin, la Principale despotique qui appelle son prof "Blondin" parce qu'il est blond, les Auvergnats complètement arriérés, ça passe moins bien. J'ai longtemps cru que le début était une satire et qu'on aurait vite un retournement de situation, mais même pas. Même les sujets qui auraient pu être intéressants comme les tentatives de mettre en place une pédagogie différente, comme l'opposition du jeune prof face aux méthodes dépassées, sont mal traités dans ce roman. Il est jeune et il croit tout savoir sans aucune expérience, il veut donner des leçons à tout le monde et se casse les dents sans combattre. Bref, c'est un roman consternant, pas documenté, totalement grotesque.



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Un vrai dépaysement

Romain d'Astéries, issu d'une famille bordelaise d'architectes et d'ingénieurs décide de rompre avec cette tradition familiale. Pour lui, ça sera l'enseignement ! Romain est un jeune professeur de français, tout juste diplômé de l'Ecole Supérieure du professorat et de l'éducation. Mais, Romain est plutôt un jeune homme singulier, il souhaite aider ceux qui sont moins dotés en privilèges sociaux ; et pour cela la Guyane a des milliers de kilomètres de Bordeaux et de sa famille, c'est le paradis tout trouvé.



La Guyane, ce pays lointain, aux gouts exotiques, en plus ils sont en manque de professeur, c'est donc le plan parfait pour Romain d'Astéries. Malheureusement, le logiciel et l'algorithme de l'Education nationale en ont décidé autrement, Romain est expédié en Auvergne dans un petit collège de campagne.. Sa soif de nouveauté et de révolutionner l'enseignement risque de faire des émois dans cette petite bourgade !



Avec "Un vrai dépaysement", Clément Bénech livre un roman drôle, inventifs, solaire, romanesque avec beaucoup de réalisme. Clément Bénech conforte des idées et questions très contemporaines : l'autorité des enseignants, la restauration de la dictée, l'interdisciplinarité, la stagnation par manque de culture... Et quoi de mieux que l'humour pour faire passer des messages.



Un roman fort agréable à lire grâce a une lecture fluide, une plume légère, teintée d'humour. Les personnages sont extrêmement bien construits, dessinés et attachants ; surtout celui de la directrice à la repartie redoutable, qui est très drôle, qui donne le sourire.



Un roman a la poursuite d'un jeune professeur qui veut changer le monde de l'enseignement entre le monde d'hier et celui d'aujourd'hui, truffé de rebondissements et de questionnements en tous genre. C'est original, rythmé, humoristique et extrêmement intelligent !
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L'été slovène

Ce premier roman d’un jeune auteur français évoque en petites scènes qui ont toujours un parfum d’inédit, un voyage d’été en Slovénie, avec son amoureuse du moment. Justement, amoureux, ils ne le sont guère, ou plus trop, ou pas encore, ou ils ne le seront jamais… C’est entre des mots qui décrivent une traversée d’un lac à la nage, un accident de voiture, une nuit dans un jardin public, que le lecteur devine les sentiments, car le narrateur reste assez discret et pudique sur le sujet.

J’ai aimé le ton léger, ironique, les parenthèses moins nombreuses que chez Philippe Jaenada, mais aussi surprenantes, les anecdotes de voyages un peu décalées, les petites phrases insolites…

Et il y a quelque chose qui me fait plaisir, c’est bête à dire, c’est de pouvoir me trouver tout à fait à l’aise dans un univers a priori éloigné du mien, celui d’un écrivain très jeune, un tantinet branché, de sexe masculin !

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Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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Un vrai dépaysement

Quelle belle manière de se moquer ! Car si tous en prennent pour leur compte dans Un vrai dépaysement, ce n'est jamais méchant ; une bonne dose de tendresse vient contrebalancer l'ironie, sinon la satire.

Romain, le héros du roman, est un jeune prof, issu du milieu bobo bordelais (notez l'allitération...). Pétri d'idéalisme et la tête rempli des thèses déconstructionnistes des gourous de l'Education Nationale, il arrive dans un collège rural d'Auvergne avec la ferme intention d'y apporter la modernité. Face au réel, il connait quelques désillusions, mais, le ridicule ne tuant pas, parvient à imposer quelques initiatives.

On s'amuse beaucoup à la lecture de ce roman, on croit volontiers aux personnages tels qu'ils sont croqués. Ce n'est peut-être pas de la grande littérature, mais l'habileté du roman consiste à rendre attachants des personnages contraires. La charge est intense mais jamais féroce.
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Un vrai dépaysement

Bel exercice que ce compte-rendu de première année d'enseignement professionnel effectué par un brillant fils de famille affecté, malgré son choix, dans un collège d'Auvergne par un logiciel dont l'algoritme ne peut être modifié par une obstinée secrétaire d'académie .



L'auteur a sans aucun doute amassé une solide documentation concernant les techniques "alternatives" d'enseignement. Il a également accumulé les bonnes réparties _notamment lancées avec humour par une principale de collège bien campée dans sa fonction de régulatrice- coordinatrice d'un collège de l'arrière pays de la République Autonome d'Ambert et de la Vallée de la Dore.

Villégiature secondaire probable, de cet auteur, journaliste parisien, qui récite l'environnement culturel et touristique de la contrée....

Les moyens de transport  _ aleatoires ? Et la trajectoire du car Haut livradoisThiers passe par Lempdes ! Soit un détour de 80 kms...

Les randonnées pédestres dont le chemin de l'Henriette à Auzelle, les écrivains "locaux": Alexandre-Vialatteclass, Gachon, Anglade, (*) sont cités dans ce  dépliant touristique, ainsi que la roborative truffade !

Un peu artificiel quand même !

Du voyage scolaire : échange culturel avec un collège roumain, le voyage en train reste le plus réaliste . Et reposant ? pour nous, lecteurs.



La vision du puy de dome apparait aussi stereotypée et grotesque que celle  du repas roumain décrit .

Selon l'auteur: _ les apéros de comptoir sont : "la chataigne" (vin blanc-châtaigne?), ou jaunes,....  extraits de Gentiane, Salers ou Aveze ? (cette racine qui fait casser les manches de pioche lors de son extraction ).

Autant affirmer que les "Pieds Noirs" se retrouvent autour de tournées de Picon ! (**)

_ Les journaux sont" enfilés sur des cannes " (sic). Or la dernière apparition de ces objets l'a été, pour moi, il y a bien 30 ans," Chez Lulu", au "Bar des Beaux Arts" à Clermont ferrand !

Donc, sympatique roman, besogneux, scolaire, rédigé "avec la participation des étudiants de l'atelier d'écriture de l'université Clermont-Auvergne" ainsi que "la Lantergne des ecrivains" à Mortagne au Perche (61).... Ceci explique cela....



Soit2, 5/5 à 3/5....pas plus...



(*) citons parmi les écrivains locaux contemporains : Aimé Coulaudon (frere du Colonel Gaspart, resistant local).



(**) Picon ou Gentiane : même combat ! Deux amers, "stomachiques", aperitifs... Un seul défaut : trop sucrés...  de plus : "un verre ça va, trois verres , ça va mieux".







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Un vrai dépaysement

Romain d'Astéries est issu d'une famille de la bourgeoise bordelaise (comment ça, c'est un pléonasme ?) bien installée, puisque son grand-frère marche dans les pas de leur père, illustre architecte girondin. Au grand désarroi de sa famille, Romain a choisi une autre voie : celle de l'enseignement. Ce jeune professeur de français qui termine tout juste son année d'enseignant stagiaire à l'Institut attend avec une certaine fébrilité sa mutation en Guyane afin de s'éloigner de sa famille, et d'évangéliser sa matière en terre hostile.



Seulement tout ne se passe pas comme prévu, et grâce à un bug informatique de l'algorithme qui envoie ça et là les enseignants, le jeune professeur se retrouve envoyé en Auvergne, au collège Blaise Pascal de Chaudezat. Lui qui avait prévu tout l'équipement pour faire face à une nature hostile et tropicale doit finalement se rabattre sur une modeste pension chez l'habitant, dans un ancien couvent.



Qu'importent les défis, le jeune enseignant ne compte pas baisser les bras et dés ses premiers jours de classe, s'anime à insuffler les méthodes pédagogiques modernes et dynamiques qu'on lui a enseigné : il va s'associer à Fabien le prof de sport pour de l'interdisciplinarité. Ses initiatives pédagogiques et son esprit d’altérité vont rapidement s'avérer un peu hasardeuse, et déclencheront l'ire de la tonitruante principale, bien décidée à dompter ce jeune professeur un brin tempétueux.



Après avoir enchaîné sur une série de romans de la rentrée plus déprimants les uns que les autres, découvrir Clément Bénech fut une véritable bouffée d'oxygène. Sans rien renier sur le style, l'auteur nous offre un roman initiatique délicieusement amusant dans lequel on se prend d'affection pour ce jeune enseignant maladroit et plein de certitudes qui découvrira que la réalité n'est jamais aussi figée que les principes. À lire pour retrouver le sourire !



📖 Un vrai dépaysement de Clément Bénech a paru le 11 janvier aux éditions Flammarion. 304 pages, 19,50€.



🔗 Service de presse numérique fourni par l'éditeur.
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Un amour d'espion

Pour aider son amie Augusta, le narrateur accepte de passer plusieurs mois à New-York pour filer Dragan, l'ex petit ami roumain de la jeune femme. « Figure-toi que j'ai des raisons de croire que c'est un assassin. » (p. 15) Il y a en effet un internaute sous pseudo qui accuse Dragan de ce crime terrible sous tous les articles que ce dernier publie dans les revues d'art pour lesquelles il travaille. Pendant plusieurs mois, dans la ville tentaculaire, le narrateur tente de percer le mystère de Dragan. « Mon rôle était simple. Je devais découvrir s'il avait tué quelqu'un, et le cas échéant qui et comment. » (p. 114) Il remonte diverses histoires amoureuses et personnelles et convoque le spectre du régime de Ceaucescu.



C'est avec un talent infini que le jeune auteur explore la littérature et la réinvente à l'aune des usages de la société contemporaine. Les échanges sur Facebook sont une nouvelle forme de dialogue, très dynamique, qui tient à la fois de l'échange informel et de la réplique théâtrale. Quant aux photographies – portraits ou paysages –, elles remplacent les descriptions et sont la forme moderne du réalisme : pas d'approximation ou de périphrases quand ce qui doit être vu est donné à voir. La rencontre amoureuse – événement ô combien codifié – a eu lieu sur Tinder. Et le coup de foudre, autre incontournable du registre romantique, est en fait un « match » obtenu par deux coups de pouce dans le même sens. Le romantisme est-il mort ? Non, il s'est modernisé, numérisé et même digitalisé puisque le premier contact est désormais tactile, et qu'importe s'il se fait par écran interposé. Le poncif romanesque des amours contrariées qui finissent bien est ici dépoussiéré, pulvérisé et remis à neuf.



Clément Bénech pratique avec bonheur l'exercice souvent périlleux des récits enchâssés. Le récit/futur roman du narrateur contient le récit d'Augusta qui contient celui de Dragan, et l'on passe d'un niveau à l'autre sans rupture ni décrochage brutal. En outre, l'auteur pratique un humour moderne, preuve qu'il a compris son époque et s'en moque avec bienveillance. « Donc toi, quand tu fais mariner un peu un mec sur Tinder, il quitte sa copine pour toi. / Pas toujours. / Tu me rassures. » (p. 57) Mêlant formes iques et formes modernes, l'auteur impulse un souffle neuf bienvenu dans la littérature du 21° siècle. Brillante trouvaille que cette liste de spams et autres fenêtres pop-up qui envahissent l'espace de lecture numérique ! Elle est aussi fascinante qu'agaçante parce qu'elle est terriblement pertinente : ces réclames tonitruantes ne sont-elles pas autant d'intrusions dans nos vies, surtout si elles sont ciblées et semblent tout connaître de nos goûts et dégoûts ? Ces publicités intempestives constituent une nouvelle forme de discours très codifiée et pourtant si facile à décliner dans un exercice calligrammatique ou de à la Raymond Queneau. Il faut sans aucun doute l'enseigner dans les ateliers d'écriture !



Au détour d'une photographie apparaît soudain Ina Mihalache, alias Solange sur YouTube, amie de l'auteur IRL. Et voilà que s'impose plus que jamais une question : ce roman est-il une histoire vraie ? Beaucoup d'indices le laissent supposer, comme la passion commune du narrateur et de l'auteur pour le basket. Et quiconque suit le Tumblr de Clément Bénech sait qu'il a passé plusieurs mois à New-York récemment. Alors, récit autobiographique ou fiction ? Je ne m'attarde jamais longtemps à démêler cette énigme quand elle se présente dans mes lectures. Sans doute parce que depuis ma lecture adolescente des Confessions, j'ai compris que tout récit autobiographique n'est qu'une reconstruction largement infidèle du réel, mais aussi parce que toute fiction se nourrit du réel à défaut de l'imiter parfaitement. S'il fallait vraiment le catégoriser, je dirais qu'Un amour d'espion est un roman d'amour, un roman d'espionnage et un roman social. Et si c'est encore trop flou pour vous, lisez ce livre et vous verrez qu'il est bien plus que cela.



J'avais beaucoup apprécié le premier roman de Clément Bénech, L'été slovène, et je vais sans attendre me procurer Lève-toi et charme, son deuxième opus. Parce qu'il est hors de question de passer à côté de la moindre manifestation de cet auteur bourré de talent !
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