Citations de Clotilde Noël (24)
L'amour plus fort que la raison.
Nous sommes bien conscients que, si aujourd'hui nous faisons cette démarche à deux, nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve. Ce chemin à deux peut s'interrompre plus tôt que prévu. Et même si nous restons ensemble, chacun sera seul face à sa souffrance et aux difficultés qu'engendrera pour lui cette adoption. Bien qu'extrêmement complices et soudés, nous sommes très différents, nous n'appréhendons pas de la même façon les obstacles de la vie.
Je perçois que c'est le début d'une belle aventure que l'on ne peut garder pour soi. Une aventure humaine incroyable qui nous poussera dans nos retranchements, nous obligera à laisser de côté toutes nos peurs, nos idées reçues, pour finalement extraire l'essentiel : se demander ce que nous faisons de notre vie et où cette vie doit nous conduire.
Tu était née dans mon cœur, il me semble depuis toujours. Dès l'âge de six ans, j'aspirais à l'aventure. Je rêvais de voyager, de vivre avec l'autre, surtout s'il était différent de moi. En grandissant, j'ai eu la certitude que chacun de nous devait construire au mieux son avenir pour les autres et avec eux.
Mais j'étais incapable de fonder ma vie sur la raison en laissant de côté mes sentiments. Je percevais qu'en faisant le choix d'être raisonnable, je laisserais filer un bonheur infini. Ce n'était pas rationnel, mais je le sentais au plus profond de mes tripes.
Avec l'amour, ce n'est donc jamais « trop » ! je suis persuadée que le cœur peut supporter bien plus que de raison. Avec l'amour on ne se fatigue pas, on ne se lasse pas.
Il n'y a pas de modération dans l'amour. A-t-on déjà vu de grands panneaux publicitaires affichant le slogan « Aimer... avec modération » ? C'est bien le seul excès qui permette d'accéder au plus grand bonheur.
Le cœur ne calcule pas... il bat. Je ne sais pas pourquoi, un jour, les lèvres brûlent tellement qu'elles laissent parler le cœur. A ce moment-là, nous mettons des mots sur des maux.
L'amour n'est pas magique, il se construit au jour le jour. Ill faut apprendre à regarder l'autre pour l'aimer à sa juste valeur.
Cette femme a cette immense intelligence, cette grande finesse, propre à certains, de ne pas nous écraser, de nous écouter avec beaucoup de bienveillance, avec un regard profond lié au cœur.
Grâce à leur insouciance, à leur capacité à se réjouir du présent sans empiéter sur l'avenir,ils nous aideront eux aussi à passer les moments difficiles.
Ce ne sera pas forcément facile tous les jours, peu importe, nous sommes heureux comme jamais. Nous sentons déjà de façon à peine perceptible, indescriptible, ce bonheur qui frémit au fond de nos tripes...
Sans être spécialistes nous savons qu'il y a une urgence à procurer une famille à un enfant abandonné.
Il nous apparaît rapidement que deux logiques s'affrontent.
D'un côté, les personnes qui s'occupent des enfants abandonnés espèrent que ceux-ci trouveront au plus vite un foyer. Et de l'autre, celles qui sont chargées d'évaluer l'aptitude des familles et qui n'ont jamais assez de garanties.
L'amour sait se mettre au service de chacun et aux besoins de chacun.
Je tremble. Avec des trémolos dans la voix, je lui explique que nous nous sommes livrés durant des heures, nous avons ouvert notre cœur, raconté notre histoire pour que celle-ci soit piétinée.
En allant vers toi, nous acceptons que tu sois différente et issue d'autres parents. Pourquoi notre accueil se limiterait à ta couleur de peau ? Encore une fois, nous expliquons que nous ne sommes pas là pour choisir un enfant mais pour accueillir celui qui a besoin de nous. Comme un cadeau finalement, on accepte la totalité. Pour toi c'est encore plus vrai. Peu importe ton sexe, ta couleur de peau, ton handicap, ce sera toi. Pour nous, aimer c'est prendre l'autre comme il est et non comme nous voudrions qu'il soit. Tu porteras notre nom, tu seras des nôtres dès ton arrivée.
La question du choix du sexe de l'enfant est récurrente.
Ces interrogations, à chaque fois très violentes pour nous, finiraient par faire croire qu'un enfant n'est là que pour satisfaire un désir. Quelle couleur ? Quel sexe ? Une fille pour maman ? Un garçon pour jouer au foot avec papa ? Et pourquoi ne pas aussi choisir la couleur de ses yeux et de ses cheveux ? Et alors surtout pas un enfant handicapé mais un enfant parfait qui corresponde à nos rêves ? C'est étrange, dérangeant même..
Nos enfants, qu'ils soient biologiques ou adoptés sont des personnes humaines à part entière dont nous n'avons pas la propriété. Nous avons le devoir et la joie de les faire grandir en amour et en vérité.
Les gens ont la faculté de semer le trouble là où ils ne peuvent comprendre les aspirations des autres. Ils vous plaquent leurs propres peurs.
En France, les choses sont très codées. La fantaisie manque cruellement à l'imagination. On met des gens dans des boîtes. On leur attribue des étiquettes indécollables, des étiquettes qui rétrécissent la vie. Sans doute pour calmer ses peurs. On ne reçoit pas la personne comme elle est, pour ce qu'elle est. On la bloque dans la conceptualisation qu'on se fait d'elle. Cela réduit considérablement l'échange.
On aime pas par raison, par pitié, par envie de sauver le monde ni pour répondre à une détresse. On aime une personne pour ce qu'elle est.
Ainsi on fonctionnait comme un balancier qui chercherait en permanence à garder l'équilibre. Quand l'un flanchait l'autre ne s'autorisait pas la chute, il fallait qu'il soit là pour l'autre. Soit on pleurait, soit on était la béquille de l'autre. On avançait vraiment à deux, en équipe.