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Citations de Dan Jones (25)


Un combat naval médiéval ressemblait beaucoup à un combat sur la terre ferme. Il n'y avait que peu de manœuvres ou de poursuites - quand deux flottes se rencontraient elles se livraient à un assaut fontal, suivi d'un abordage et d'un combat désespéré et meurtrier au corps-à-corps, utilisant sur le pont des navires les mêmes tactiques que sur le champs de bataille. Bien que chaque flotte eût embarqué quelques machines de guerre pour accabler l'ennemi de rocs et de carreaux géants, les armes les plus destructrices restaient, dans l'ensemble, les flèches, les traits d'arbalète, les casse-tête et les masses d'armes.
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Pendant un mois, un abominable torrent de pierres déferla sur les murailles d’Acre. L’énorme armée croisée commandée par Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste bombardait les tours et les fortifications de la ville à l’aide de monstrueux trébuchets dernier cri. Richard en possédait quatre, le comte de Flandre deux, et le duc de Bourgogne, un. Philippe Auguste était l’heureux propriétaire de toute une série d’armes de siège particulièrement ingénieuses, notamment une immense catapulte surnommée Malvoisine, et plusieurs engins mobiles qui pouvaient être poussés contre les murailles et permettaient de se battre au corps à corps au niveau des remparts.
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Pour célébrer sa victoire, Richard épousa Bérengère de Navarre le 12 mai, lors d'une cérémonie célébrée dans la chapelle byzantine de Saint-Georges, à Limassol. La jeune reine fut couronnée par l'évêque normand d'Évreux. Parmi les invités devait se trouver Guy de Lusignan, ancien roi de Jérusalem et vassal de Richard en tant que le comte du Poitou. Ce fut sans doute l'un des mariages et couronnements les plus extraordinaires de l'histoire de la monarchie anglaise: une jeune Navarraise faite reine d'Angleterre par un évêque normand dans une chapelle chypriote devant un parterre d'émigrés aquitains de Jérusalem. Y a-t-il meilleure preuve de l'étendue de l'influence la Couronne anglaise sous les Plantagenêts ?
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Pierre de Montaigu se jeta au sol et embrassa les genoux de l’empereur. Autour de lui, les soldats et les citadins hurlèrent de joie. Nous étions en septembre 1228, et toute la ville d’Acre s’était rassemblée pour voir l’arrivée en Orient de Frédéric II de Hohenstaufen, le plus puissant des princes de l’Ouest, accompagné d’une flotte de soixante-dix galères et de milliers d’hommes. Même le sultan égyptien marqua le coup en envoyant au prestigieux visiteur de l’or et de l’argent, des soieries et des bijoux, et tout un tas d’animaux rares dont des chameaux, des éléphants, des ours et des singes. La Terre sainte avait reçu de nombreux invités exceptionnels au fil des ans, mais peu étaient aussi illustres que Frédéric, empereur du Saint Empire, un homme doté d’un tel sérieux et d’un tel intellect que ses admirateurs l’appelaient stupor mundi : la merveille du monde.
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Un chant triomphal composé vers 1146 pour rallier les hommes à la croisade de Louis avait vanté la mission de secourir Édesse en des termes enthousiastes, proclamant que « Dieu a organisé un tournoi entre le Paradis et l’Enfer » (Deus ad un turnei enpris/Entre Enfern e Pareïs)
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À bord, tout le monde devait déjà connaître ce mal venu des steppes d'Asie, qui, en un peu plus de trois ans, avait balayé l'Europe et la touchait jusqu'au cœur. Ses effets s'étaient déjà fait durement sentir sur le continent. Les Français l'appelaient «la très grande mortalité». C'était une description tout à fait littérale de la maladie que, depuis le 16e siècle, les historiens nomment la peste noire. La pandémie, sur fond d'une guerre implacable et meurtrière entre le Valois et le Plantagenêt, bouleverserait l'esprit médiéval et l'existence des contemporains.
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Le 15 novembre 1305, la moitié de la chrétienté semblait s’être réunie dans la ville de Lyon. Princes, ducs, comtes, cardinaux, abbés et archevêques : la ville grouillait de dignitaires et de citoyens désireux d’assister à un spectacle qu’on ne voyait qu’une fois dans une vie. Des ambassadeurs en habits épiscopaux colorés étaient arrivés d’Angleterre et d’Aragon chargés de centaines de livres de cadeaux. Le roi de France et ses deux frères étaient venus accompagnés de leurs suites élargies. De nombreuses langues résonnaient dans les rues. Tout ce beau monde était rassemblé dans la basilique de Saint-Just pour assister au couronnement de Bertrand de Got, archevêque de Bordeaux, en tant que pape Clément V.
Lyon était fractionnée en une mosaïque de juridictions, coincée depuis longtemps entre son allégeance à l’empereur du Saint Empire et au roi de France. En 1305, elle penchait de plus en plus vers la France. Par une fraîche matinée, le 15 novembre, il ne faisait aucun doute que certains des maîtres de la ville avaient davantage de raisons de se réjouir que d’autres : un pape né et élevé en Gascogne venait d’être couronné devant l’élite de la noblesse française, sous le regard approbateur du roi. C’était un bel exploit, ainsi qu’un gros indice quant à l’implication française à venir dans la papauté de Bertrand. L’époque où les papes détalaient de peur devant les Hohenstaufen ou s’inclinaient face aux intérêts des influentes dynasties aristocratiques italiennes touchait à sa fin ; désormais Dieu souriait surtout au royaume de l’oriflamme et de la fleur de lys.
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On procédait déjà à l’évacuation des femmes et des enfants sur les docks, mais la mer agitée rendait difficile la tâche de faire sortir les vaisseaux du port. Tous ceux qui restaient dans la ville savaient qu’ils ne pouvaient espérer aucune pitié. L’armée assiégeante était commandée par le nouveau sultan mamelouk, al-Ashraf Khalil, qui avait accédé au trône en 1290. Il avait récemment écrit à Guillaume de Beaujeu pour se présenter avec immodestie mais de façon assez précise comme :
« Le Sultan des Sultans, le Roi des Rois, le Seigneur des Seigneurs […] le puissant, le terrible, le fléau des rebelles, le chasseur de Francs, de Tartares et d’Arméniens, qui prend les châteaux des mains des mécréants, Seigneur des deux mers, gardien des deux lieux de pèlerinage. »
C’était le genre d’homme à surnommer ses catapultes Furieuse et Victoire. Il ne connaissait ni la clémence ni la grâce.
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Principium fini solet impa sepe uidere
Souvent la fin n’est pas à la hauteur du commencement
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En 1179, il y eut une tentative, lors d’un synode général de l’Église occidentale à Rome appelé troisième concile de Latran, de réduire la liberté des ordres religieux face à toute autorité et surveillance, au moins dans la sphère religieuse sinon militaire et diplomatique (il est possible, mais pas prouvé, que Guillaume de Tyr lui-même ait proposé cette directive ; il avait assisté au concile en tant qu’archevêque de Tyr et représentant des États croisés). À dire vrai, les Templiers et les Hospitaliers jouaient un rôle de plus en plus essentiel que personne ne voulait trop entraver, ce qui se confirmerait dans les années 1180, face à la menace grandissante de Saladin. Chaque jour, il devenait de plus en plus évident que les divisions internes avaient moins d’importance que la simple lutte pour la survie.
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Mais dans la chaleur de la guerre en Syrie et en Palestine, interdire à tel ou tel chrétien de porter des armes semblait de moins en moins réaliste. D’abord, le mouvement croisé existait en grande partie parce qu’un grand nombre de personnes reconnaissaient le concept d’une guerre sainte chrétienne, menée par des hommes laïcs dans le but d’obtenir une récompense spirituelle. Les papes successifs en avaient fait une philosophie pratique de la violence chrétienne, manifestée par la première croisade. Les laïcs qui partaient combattre les musulmans en Orient étaient décrits comme ayant rejoint la « chevalerie du Christ » (militiae Christi) et la « chevalerie de l’évangile » (evangelicam militiam).

De là, il n’y avait qu’un pas à faire afin d’affirmer que si des hommes pouvaient combattre pour devenir saints, alors des hommes saints pouvaient combattre.
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La connexion entre la Syrie et l’Égypte était un projet tout aussi effrayant pour les chrétiens qu’alléchant pour Nur ad-Din. Rassembler les deux États reviendrait à encercler les territoires côtiers chrétiens avec un ennemi commun au nord, au sud et à l’est. La fracture qui séparait depuis des décennies les sunnites seldjoukides turcs et les chiites fatimides d’Égypte était cruciale pour le maintien et l’expansion du royaume croisé.
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Par une rude matinée d’automne à Jaffa, les pèlerins sortirent de l’église. Ils furent immédiatement entraînés par une foule qui fonçait vers la mer, attirée par une affreuse cacophonie : le bruit des planches de bois qui craquaient et, à peine audibles derrière le rugissement du vent et le grondement des vagues, les cris d’horreur des hommes et des femmes terrifiés luttant pour leur survie. Une violente tempête, qui montait depuis la veille, s’était abattue durant la nuit, et une trentaine de bateaux amarrés sur la plage escarpée de Jaffa bringuebalaient sur des montagnes d’eau. Les plus gros et les plus robustes navires se voyaient arrachés de leur point d’ancrage, envoyés contre des rochers tranchants et s’enfoncer dans les bancs de sable jusqu’à ce que, d’après les paroles d’un témoin, tout fût « réduit en miettes par la tempête».
La foule sur le rivage observa, impuissante, les marins et les passagers qui se faisaient balayer sur les ponts. Certains essayèrent de se maintenir à flot en s’accrochant à des morceaux de mâts et d’espars, mais la plupart étaient condamnés. « Certains, tandis qu’ils s’accrochaient, furent coupés en deux par les restes de leur propre navire, écrivit le témoin. D’autres, qui savaient nager, se jetèrent volontairement dans les vagues, et bon nombre d’entre eux périrent. » Les cadavres commençaient à s’échouer sur la rive, portés par la marée. Le nombre de morts finirait par monter à mille, et seuls sept navires survivraient à la tempête. « Le plus grand malheur en un seul jour que personne n’en vit jamais », écrivit le pèlerin. C’était le lundi 13 octobre 1102.

(INCIPIT)
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Aliénor donna naissance à son dernier enfant viable en 1167. Le garçon fut prénommé Jean : les Plantagenêts avaient désormais sept enfants, dont trois filles. Aliénor avait quarante-trois ans à la naissance de Jean, un accomplissement tant en termes de fertilité que sur le plan politique. Car par ces sept enfants, Henri pouvait commencer à étendre les branches de sa dynastie dans toute l’Europe. Leur avenir était, littéralement, celui de l’empire Plantagenêt, et les arrangements matrimoniaux dont ils feraient l’objet façonneraient en grande partie le monde occidental jusqu’à la fin du siècle.
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Puis, en 1258, des nouvelles choquantes vinrent de Bagdad, l’ancienne capitale religieuse du monde sunnite. Les cavaliers mongols étaient arrivés en janvier, avaient assiégé la ville en moins de douze jours et causé des dommages irréparables durant une mise à sac : ils brûlèrent d’anciens bâtiments et profanèrent des mosquées, détruisirent les hôpitaux et pillèrent la grande bibliothèque surnommée la « Maison de la sagesse », qui contenait la plus grande et la plus belle collection de livres sur terre. Des milliers de volumes et de manuscrits inestimables furent jetés dans le Tigre, tant et si bien que les eaux auraient pris la couleur noire de l’encre.
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Tandis que la guerre de 1870 mettait un terme au Second Empire français, un conflit de succession menaçait de déchirer l'Espagne. En 1833, la question de l'héritier de Ferdinand VII opposa deux maisons royales : d'un côté , le camp d'Isabelle de Bourbon, la fille de Ferdinand VII et, de l'autre, celui des enfants du frère de Ferdinand, Charles. Les Carlistes, qui ne reconnaissaient pas la légitimité d'une monarchie dirigée par une femme, défendaient des valeurs traditionnelles, conservatrices, insistant sur leur légitimité en tant qu'héritiers au trône d'Espagne.
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Cet homme, c’était son neveu, l’émir kurde Yusuf ibn Ayyub, qui deviendrait sultan d’Égypte et de Syrie, pourfendeur des Fatimides, véritable plaie des Zengides, fléau des Francs et presque à lui seul la cible de plusieurs milliers de croisades individuelles. Son ombre s’étendrait sur toute la période et son surnom résonnerait sur plusieurs générations – plusieurs siècles, même – après la fin de ses exploits. Yusuf ibn Ayyub fut plus connu sous le nom de Salah ad-Dîn, un sobriquet qui signifiait « la rectitude de la foi », et que l’histoire et la légende contactèrent et mythifièrent en « Saladin ».
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Comme l’a un jour écrit sir Steven Runciman : « L’histoire romantique des croisades fut une épopée écrite dans le sang. »
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Le jugement typiquement misogyne de Guillaume de Tyr était sans appel : « une femme déraisonnable ». Mais quoi que Guillaume ait pu en penser, c’était Aliénor qui vivait entourée d’hommes encore plus déraisonnables.
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Comme le montrerait la future carrière de la reine, Aliénor était une femme indépendante, bien loin d’un paillasson royal sur lequel son mari pouvait s’essuyer les pieds.
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