Citations de Daniel Canty (23)
Quel lecteur qui se respecte n'a jamais cru atteindre, entre les pages d'un livre, le coeur caché des choses, battant la chamade au revers des apparences?
Je ne suis plus l'enfant que j'étais, je ne suis pas l'homme que je croyais devenir, mais je leur ressemble.
« Il faut se rendre à l'évidence que la fiction est composée de la même matière que nous. Qu'elle fait aussi partie de la réalité. Ses pouvoirs d'enchantement sont le prolongement de notre nature humaine. Il n'y a donc pas de littérature fantastique, ou il n'y a qu'elle. » (Canty, 2018)
Objects in the past are closer than they appear.
Les histoires survivent à leur fin...
Les livres, emportés dans le cours du temps, savent tôt ou tard retrouver leur chemin vers nous.
Le vent pousse la Blue Rider vers l'intérieur des terres, entre les blés répétitifs, jusqu'à Lafayette. De l'Empire des Français d'Amérique, il ne reste que les noms imprononçables pour la plupart de leur descendance locale. Ils ont l'étanchéité insignifiante des sons purs, mais ils permettent à ceux qu'en possèdent le secret, de discrètement voyager à travers l'oubli.
Sa parole poétique (...) coupe comme le faisceau d'une lampe cette obscurité des grands fonds que nous portons tous en nous.
On s'invente des drames qui n'arrivent pas alors que le quotidien en improvise d'autres.
Je vous propose donc, au terme de votre prochaine baignade, et ce, même si vous êtes de ceux qui préfèrent les douches, de vous attarder au bouchon de la baignoire et à la béance cyclopéenne par où sont emportées les eaux usées. Dans la mer intérieure qui s'étale en secret sous les maisons, nos fantasmes tourbillonnent jusqu'au coeur caché des choses, où grandit patiemment une part de nous qui échappe à notre compréhension et qui attend notre retour.
Le passé est un point qui diminue dans la distance. Il n'y a pas à s'inquiéter. Les rongeurs continueront d'écrire entre les murs.
Le temps prend de ces détours, pour nous ramener à nous-mêmes.
Demain est un autre jour. Il nous faudra des forces pour rêver mieux.
Le vent, mademoiselle, est une force tranquille, et la patience est une forme discrète d'héroïsme.
Je continue à écrire et j'entends comme un rongeur, un grignotement de petit mammifère dans les murs, qui répond à la rumeur presque inaudible de mon stylo sur la page.
Le monde est un rêve dont le sens exact échappe aux vivants. Des dinosaures grands comme des tours se sont liquéfiés dans l'humus pour permettre aux voitures futures d'avancer. Dans nos cerveaux fossiles, nous conservons la mémoire d'ordres anciens, sommeillants, sombrés au fin fond de notre conscience. Un météore a mis fin au monde qui a précédé l'humanité, a embrasé le jour comme une déflagration nucléaire. Un hiver de malheur a obscurci le soleil. Sous le ciel inhospitalier, étouffé par les cendres, le monde a pris fin, pour recommencer au volant d'une voiture, des millions d'années plus tard, à l'heure du cinq à sept.
Les voyages nous confrontent à d'étranges reflets, qui révèlent des correspondances et des solidarités inattendues.
Lorsqu'elle ouvre la bouche pour nous répondre, nous constatons que sa dentition est entièrement recouverte d'un appareil orthodontique, aussi complexe que Brooklyn Bridge, qui rend sa réponse difficilement intelligible.
Au milieu de cette noirceur fuligineuse, une station-service illumine enfin un carrefour. Nous poussons la porte d'entrée, faisons tinter les grelots de l'espoir.
La route instille en nous une science des attentes.