Servi par un objet soigné - couverture au style faussement vieilli et aux symboles ésotériques et énigmatiques, deuxième et troisième de couverture déployant un plan de Barcelone de 1875 répertoriant les lieux principaux du roman, un résumé laissant supposé l'implication dans l'intrigue du célèbre Antoni Gaudi en personne (diantre !) - Barcelona de Daniel Sanchez Pardos possède a priori tout pour accrocher l'oeil et donner l'eau à la bouche. Mais à trop promettre, on court le risque de décevoir certains.
Après de nombreuses années d'exil à Londres, Gabriel Camarasa, fils d'un homme d'affaire froid, revient avec toute la famille à Barcelone. Il y entreprend des études d'architecture et croise la route d'un autre étudiant légèrement plus âgé que lui, celui qui deviendra le célèbre architecte Antoni Gaudi. Mais voilà, le jeune garçon aisé mais naïf n'a pas le temps de goûter à la belle vie. Le voilà dès les premières pages, pris dans les méandres d'une affaire médiatico-historico-politico-policière menaçant l'entreprise du père et l'intégrité de la famille, au coeur de cette Barcelone industrielle et bouillonnante de la fin du dix-neuvième siècle, et avec ce tout nouvel ami, à l'assurance irradiante quoiqu'aux occupations pour le moins mystérieuses.
Ceux qui raffolent d'intrigues policières et familiales sur fond historique en seront certainement pour leur argent, avec ce roman extrêmement bavard (Mais que t'a-t-il dit ? Il m'a dit qu'elle lui avait dit qu'elle l'avait vu...). Ceux qui apprécient Barcelone et son histoire y trouveront indéniablement de quoi abreuver leur curiosité. Il faudra cependant ne pas s'offusquer d'un roman entamant à de multiples reprises de belles plages descriptives pour les abandonner abruptement – son lecteur avec – pour reprendre le cours de son imbroglio policier. A l'inverse, ceux qui désireraient approfondir leur compréhension de l'oeuvre d'Antoni Gaudi en seront indéniablement pour leurs frais. Le roman ne recourant pour son fil conducteur qu'aux seuls versants supposés énigmatiques et sulfureux de l'adolescence du célèbre architecte qui s'ignorait encore, et trop rarement sur la passion même du jeune homme pour cette discipline. Mieux vaut donc ne pas se méprendre, et prendre Barcelona pour ce qu'il est, un bon thriller historique, aux accents ésotériques, et nourri d'expériences borderline à la Sherlock Holmes.
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