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Citations de Daniel Tammet (106)


Je songeais à ces huit secondes. Pour atteindre le réverbère suivant, je n’avais qu’à faire quelques pas. Avant d’y parvenir, je devrais d’abord arriver à mi-chemin. Il me faudrait quatre secondes. Mais cette observation impliquait que les quatre secondes restantes pouvaient être divisées, elles aussi, en deux moitiés égales. Un nouveau mi-chemin donc qui se situe six secondes après le moment du départ. Seules deux secondes me sépareraient alors du but. Pourtant, avant d’y arriver, un autre « mi-chemin » interviendrait, au bout d’une seconde. Je sentis alors mon cerveau bouillonner sous mon bonnet de laine. Car, après les sept premières secondes, la huitième et dernière se diviserait elle-même en deux moitiés. Sept secondes et demie après avoir démarré, la demi-seconde restante ne s’écoulerait pas avant que j’aie franchi un point situé la encore à mi-chemin. Après sept secondes trois quarts m’attendait encore un quart de seconde de trajet. Si je parcourais la moitié du chemin restant, il me resterait encore un huitième de seconde à parcourir. Un seizième de seconde m’éloignerait du réverbère, puis un trente-deuxième, puis an soixante-quatrième puis un cent-vingt-huitième de seconde, et ainsi de suite. Des fractions de fractions de fractions de seconde me sépareraient toujours de la fin.
Subitement, je ne pouvais plus compter sur ces huit secondes pour me mener à bon port. Pire, je ne pouvais plus être certain qu’elles me permettraient d’avancer d’un centimètre. Ces mêmes interminables fractions de seconde que j’avais observées vers la fin de mon trajet valaient aussi pour le commencement. Disons que mon premier pas prenait une seconde ; cette seconde se divisait évidemment en deux moitiés. Et avant de franchir cette demi-seconde, je devrais d’abord en passer le point situe à mi-chemin (le premier quart de seconde), et ainsi de suite.
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C’était le milieu de l’après-midi, mais les lumières électriques étaient déjà allumés. À des points équidistants, des halos fluorescents se dressaient dans le ciel de plus en plus sombre. Je comptai le temps qu’il me fallait pour aller d’un réverbère à l’autre, à pas réguliers. Huit secondes. Puis je revins en arrière, en comptant à reculons, et j’obtins le même résultat. Un peu plus loin, je vis la lumière s’allumer chez mes parents ; les rectangles jaunes brillaient faiblement entre les briques rouges. Je les regardai distraitement.
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Je me souviens qu'enfant, j'allais très souvent à la bibliothèque locale. Je passais des heures à regarder les livres les uns après les autres, essayant en vain d'en trouver un avec mon nom écrit dessus. Il y avait tant de livres dans cette bibliothèque, et tant de noms différents, qu'il était impossible qu'il n'y en ait pas un avec mon nom. Je n'avais pas compris à l'époque qu'il fallait écrire le livre pour avoir son nom dessus.
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Si un ami me dit qu'il se sent triste ou déprimé, je m'imagine assis au creux de la cavité noire d'un 6, et cela m'aide à faire l'expèrience d'un sentiment similaire et à le comprendre.
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Être prisonnier des effets hasardeux de son environnement n'est pas plus acceptable qu'être prisonnier de ses gênes. S'il n'existait aucune prédisposition biologique à certaines formes de talent, nous ne serions que des individus vierges, esclaves de l'endroit où nous sommes nés.
Le talent est quelque chose qui, pour moi, émerge spontanément - comme un oiseau qui s'envole - des interactions subtiles et complexes d'une multitude d'éléments génétiques et environnementaux. En chacun de nous sommeille quelque chose d'unique et de beau qui s'inscrit dans notre participation au monde.
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"L’idée que certains sons correspondent à certaines réalités remonte aux anciens grecs. Les onomatopées illustrent parfaitement ce principe : ce sont les mots qui reproduisent le son qu’ils décrivent : fizz, whack, bang, ect. Dans la série des testes menés dans les années 1950, des chercheurs inventèrent des mots selon les principes synesthésiques. Certains étaient censés évoquer des choses agréables, d’autres non. On demanda à des volontaires de leur faire correspondre un mot anglais. Le taux de correspondance fut tel qu’il ne pouvait seulement être attribué à la chance."
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Le concept d’intelligence est aussi abstrait que celui d’amour
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P180: L'amitié
"L'amitié est un processus délicat et graduel qui ne doit pas être précipité ni anticipé, mais qu'il faut permettre et encourager pour qu'il prenne son cours naturel dans le temps. Je me représente l'amitié comme un papillon, à la fois beau et fragile, qui s'envolait dans les airs et que toute tentative d'attraper revenait à détruire."
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P118: Une amitié naissante
"Lors de ma dernière année d'école primaire, un nouvel élève arriva, un garçon iranien, Babak, dont les parents avaient fui le régime de Khomeyni. Babak était intelligent, il parlait anglais couramment et était très bon en maths. Avec lui, je trouvai finalement mon premier véritable ami. Il fut la première personne à tenter vraiment de regarder au-delà de ce qui faisait ma différence pour insister sur ce que nous avions en commun: notre amour des mots et des nombres en particulier."
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P70: Les autres encore
" Certains des enfants me houspillaient ou me taquinaient parce que je n'avais pas d'amis. Heureusement, ils finissaient toujours par s'ennuyer et par partir parce que je refusais de me battre avec eux. De telles expériences renforçaient mon impression d'être d'ailleurs et de ne pas faire partie de ce monde-là."
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P66: Les autres
"Je ne me souviens ni du nom, ni du visage d'aucun des enfants de mes premières années d'école. J'ai toujours eu le sentiment qu'ils étaient quelque chose dont il fallait s'accommoder et se contenter, quelque chose au large de quoi il fallait naviguer plutôt que des individus à connaître ou avec lesquels jouer."
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Écouter les autres n'est pas facile pour moi. Quand quelqu'un me parle, j'ai souvent le sentiment d'être en train de chercher une station de radio, et une grande partie du discours entre et sort de ma tête comme des parasites.
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Au milieu de l'après-midi, j'arrivai à la fin de mon voyage numérique. Après cinq heures de récitation, je me sentais épuisé et me réjouissais d'en voir le bout. C'était comme si j'avais couru un marathon dans ma tête. À quatre heures et quart, ma voix trembla de soulagement quand je récitai mes dernières décimales : « 67657486953587 » et je fis signe que j'avais terminé. J'avais récité 22 514 décimales de pi sans faire d'erreur, en cinq heures et neuf minutes, nouveau record d'Angleterre et d'Europe. Le public me fit un tonnerre d'applaudissements et Simon courut vers moi pour me prendre par surprise dans ses bras. Je remerciai les examinateurs d'avoir surveillé l'épreuve. On me demanda de venir dehors, de poser pour des photos supplémentaires et l'on m'offrit le premier verre de champagne de ma vie.
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C'est quelque chose de rassurant pour les autistes de communiquer par Internet. D'autre part, parler avec email ou par chat ne requiert pas de savoir comment initier une conversation ou à quels moments sourire, ou les raffinements infinis du langage du corps, comme dans d'autres situations.
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Je me représentais l'amitié comme un papillon, à la fois beau et fragile, qui s'envolait dans les airs et que toute tentative d'attraper revenait à détruire.
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Je n'étais jamais volontairement impoli. Je ne comprenais pas que le but de la conversation n'est pas de parler uniquement des choses qui nous intéressent. Je parlais avec force détails jusqu'à être vidé de tout ce que j'avais à dire. Je sentais que j'aurais pu éclater si quelqu'un m'avait interrompu. Il ne m'apparut jamais que le sujet dont je parlais puisse ne pas être intéressant pour mon interlocuteur. Je n'ai jamais non plus remarqué s'il commençait à s'impatienter ou à jeter des regards autour de lui. Je continuais à parler jusqu'à ce que l'on me dise quelque chose du genre : « Il faut que j'y aille, maintenant. »
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Je me souviens: je suis debout, tout seul, à l'ombre des arbres qui entourent la cour d'école, regardant les autres enfants qui courent, qui crient, et qui jouent. J'ai dix ans et je sais que je suis différent d'eux, d'une manière que je ne peux exprimer ni comprendre. Les enfants sont bruyants et bougent rapidement, se heurtent et se poussent. Je suis constamment effrayé d'être touché par l'une des balles qui sont fréquemment lancées dans les airs, et c'est l'une des raisons pour laquelle je préfère rester debout dans un coin de la cour, assez loin de mes camarades de classe. Je n'y manque jamais, je le fais à chaque récréation au point que c'est vite devenu une plaisanterie récurrente et qu'il est de notoriété publique que Daniel parle aux arbres et qu'il est bizarre.
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Aujourd'hui, au moment d'écrire sur mon enfance, je suis frappé par tout ce que mes parents ont fait alors que je ne leur donnais pas grand-chose en retour. Les écouter me raconter mon enfance a été une expérience magique pour moi, qui m'a fait comprendre, rétrospectivement, l'importance du rôle qu'ils ont joué dans la constitution de la personne que je suis devenue. En proie à tous les problèmes que je leur posais, mes pleurs, mes colères, ils m'ont aimé sans conditions, se sacrifiant pour m'aider - petit à petit, jour après jour. Ils sont mes héros.
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Dans ma chambre, je faisais des piles jusqu'à ce que les livres me cernent de tous côtés. Quand mes parents ouvraient la porte, ils avaient peur de renverser une de ces piles sur moi. S'ils essayaient de reprendre ne serait-ce qu'un livre, j'éclatais en sanglots et je piquais une colère. Toutes les pages de ces livres étaient numérotées et je me sentais heureux, entouré par les nombres, comme enveloppé par une agréable couverture numérique. Longtemps avant d'être capable de lire une ligne de ces livres je pouvais en compter les pages. Et quand je les comptais, mon esprit voyait ces nombres comme autant de mouvements ou de formes colorées.
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Je n'avais pas de sentiment particulier pour mon frère et nous vivions des vies parallèles. Souvent, il jouait dans le jardin pendant que je restais dans ma chambre. Quand nous le faisions, il ne s'agissait pas d'un jeu collectif : je n'ai jamais eu le goût de partager mes jouets ou mes expériences avec lui. Avec le recul, ces sentiments me semblent bien étranges aujourd'hui. Je comprends l'idée de la collectivité, de partager des expériences. Même si j'éprouve parfois des difficultés à m'ouvrir et à communiquer, la nécessité de le faire est définitivement ancrée en moi. Cela a peut-être toujours été là, mais j'ai eu besoin de temps pour le découvrir et le comprendre.
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