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4.26/5 (sur 31 notes)

Nationalité : Iran
Né(e) à : Téhéran , le 24/01/1935
Biographie :

Daryush Shayegan (en persan : داریوش شایگان, Dāryush Shāyegān), né en 1935 à Téhéran, est un philosophe iranien, indianiste et professeur d'université.
Shayegan est né à Téhéran. Il a fait ses études en Iran et en France. Il est ancien professeur d’études indiennes et de philosophie comparée à l’Université de Téhéran, ex-directeur du Centre iranien pour l’étude des civilisations. Il vit entre Paris et la capitale iranienne. Il est l'auteur de nombreux livres.
En 2011, il obtient la Grande médaille de la Francophonie de l'Académie française.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Daryush_Shayegan
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Bibliographie de Daryush Shayegan   (18)Voir plus

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Citations et extraits (109) Voir plus Ajouter une citation
Pour la philosophie prophétique, les faits essentiels se déroulent dans une dimension transhistorique; un ailleurs qui est réversible: il peut toujours faire irruption dans le monde et révéler l'aspect eschatologique des choses. Cet ailleurs dévoile l'invisible que recèle toute Image projetée, c'est-à-dire l'Ange. le philosophe ne voit pas l'Ange mais intellige par lui dans la mesure de son effort, les Imâms l'entendent par audition, les prophètes le voient.
Quelle que soit la source de leur connaissance: révélation (wayh), Inspiration (ilhâm) ou compréhension illuminatrice de l'Intelligence agente, la connaissance est une gnose, un enlèvement du voile, une science du coeur purifiée à l'extrême, apte à réfléchir des lumières suprasensibles, mais une science qui reste essentiellement angélique.
Et pour que le rapport théophanique de toute science du coeur puisse transparaître, il lui faut un monde qui lui en assure ontologiquement le plein droit. Ce monde intermédiaire entre le sensible et l'intelligible est celui où "les corps se spiritualisent et où se corporalisent les Esprits", c'est-à-dire un monde affranchi des lois de la matière, mais non de l'étendue et possédant toute la richesse "imaginale" du monde sensible à l'état corruptible. a ce niveau éclôt la métahistoire des événements dans le Ciel": les visions des mystiques, des prophètes.
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Ce qui séduisit Corbin dans la psychologie de Jung, c'est que celle-ci osait prononcer courageusement le "mot âme et mettre l'homme à la découverte de son âme." La pensée de Jung se distingue de la phénoménologie de la conscience historique en vigueur depuis Hegel, par ce fait qu'elle ne cesse de révéler la préhistoire de l'âme, de sorte que celle-ci n'est pas dépassée dans un passé périmé mais est toujours là "au commencement". L'importance de Jung est d'avoir montré le langage symbolique de cette préhistoire, de l'avoir distingué de l'allégorie et surtout d'avoir lié le symbole aux structures de l'âme elle-même. Les symboles sont donc la cristalisation des archétypes qui sont eux-mêmes les "organes de la psyché pré-rationnelle". En soi l'archétype n'a pas de contenu, il est invisible, il peut être comparé au champ magnétique de l'aimant; et lorsqu'il se manifeste, c'est sous forme de symbole. D'où il s'ensuit que le symbole est la forme visible d'un archétype invisible. Dépouillés ainsi de leur teneur psychologique, les archétypes peuvent être comparés aux Idées divines, à l'Imagio Dei, aux "Essences fixes" (gnose islamique), en bref toutes les formes archétypiques que revêtent les théophanies de l'Esprit.
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C'est animé de l'esprit de synthèse de Corbin que pendant deux ans nous fîmes avec le shayk Tabâtabâ î, qui entre temps était devenu un ami très proche, une expérience unique en Iran, à savoir l'étude comparative des différentes religions du monde sous la direction d'un shayk shî'ite traditionnel. Nous y lûmes tour à tour les traductions des Evangiles, la version persanne des Upanishads, traduites par Dârâ Shokûh, les Sûtras du Bouddhisme, et le Tao Te Ching; livre que Nasr et moi-même traduisîmes en toute hâte et en fîmes la lecture avec le Shaykh. Celui-ci commentait les textes avec la perpicacité d'un maître spirituel se sentant à l'aise aussi bien dans la pensée hindoue que dans le monde bouddhique et chinois. Jamais il ne vit d'opposition de fond à l'esprit de la gnose islamique telle qu'il l'avait connu et pratiquée. Partout il voyait les grands moments de l'Esprit et lorsqu'il acheva la lecture de la pensée vertigineuse et si prodigieusement paradoxale de Lao tseu, il nous fit remarquer que de tous les textes que nous avions lus avec lui, celui-ci était de beaucoup le plus profond, le plus pur.
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Le monde iranien, situé géographiquement entre le sous-continent indien et le monde arabe était le pays de Zoroastre et de Sohrawardî, de Ruzbehân et de Hafez. Empire du milieu et "médian et médiateur", il avait assisté à toutes les synthèses invraisemblables, marié le prophète Zoroastre avec le Sage Platon et les avaient unis tous les deux à la Niche aux Lumières prophétiques de la tradition abrahamique. Il avait converti la religion de Zoroastre en un Ordre de chevalerie spirituelle, transformée l'épopée héroique des anciens héros de l'Iran en épopée mystique des récits visionnaires de la période islamique. Il avait poussé la vision de l'Ange et de l'angélophanie à des dimensions vertigineuses et traduit les Idées platoniciennes en termes d'angélologie zoroastrienne. Il avait donné à l'Imagination une telle puissance d'évocation que la réalité quotidienne paraissait pâle et fictive par rapport à sa réalité magique et créatrice. Il avait poussé le culte de la Beauté jusqu'à l'extase et fait de l'Amour, la religion de l'Eternel féminin. Il avait converti le cycle de la prophétie en un cycle de l'Initiation et transformé le temps de notre monde en l'entre-les-temps de l'Attente eschatologique. Il avait identifié le futur sauveur zoroastrien Saoshyant au miracle de l'occultation de l'Imâm caché et crée avec les douze imâms la forme configuratrice du Temple de la Prophétie éternelle. Il avait pris en charge cette philosophie qui, avec Averroes, se perdait dans les sables et, en restaurant l'antique sagesse iranienne de l'Orient de Lumière, sauvé la gnose, faisant ainsi de la philosophie une expérience mystique et de celle-ci une philosophie de salut. Il avait enfin valorisé ce continent auquel aboutissait l'itinéraire de Corbin, c'est-à-dire le mundus imaginalis, ce monde intermédiaire entre le monde sensible et l'intelligible., Terre de visions qui, à partir du paradis de Yima dans l'Avesta jusqu'aux cités fabuleuses de Hûrqalya, Jâbarsâ dans la gnose irano-islamique, symbolisait la Terre pure de l'Ange et des Lumières infinies- cette Lumière-de-Gloire (Xvarnah) qui auréolait autrefois les sages et les souverains de l'ancienne Perse.
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...la hiérohistoire des Evénements dans le Ciel et l'espace visionnaire du mundus imaginalis; c'est-à-dire le temps existentiel d'un monde intérieur qui, brisant la trame du temps historique, fait accéder l'âme à son propre espace où le récit devient un événement de l'âme et une individuation mystique, une rencontre avec l'Ange. Dés lors le temps n'est plus l'évolution chronologique des événements mais la remontée à l'Origine, voire le temps de l'Herméneutique spirituelle (ta'wîl).(...)
Tous ces thèmes muriront lentement en lui, croîtront au fil des années et trouveront peu à peu leur identité définitive quand, embarqué à Istambul pendant la guerre, Corbin connaîtra pendant plusieurs années les "vertus inestimables du silence" et la vocation de sa quête.
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Mais franchi ce seuil il se fait une sorte d'inversion de temps et d'espace: ce qui était caché sous les apparences, se révèle soudainement, s'ouvre et enveloppe ce qui était jusqu'alors extérieur. L'invisible se fait visible. Désormais c'est l'esprit qui enveloppe et contient la matière. La réalité spirituelle n'est plus dans le où. C'est en revanche le "où" qui est en elle. Elle est, dit Corbin, elle-même le "où" de toutes choses. "Son lieu (son âbâd) par rapport à celui-ci, c'est Nâ-kojâ (non-où), parce que son ubi par rapport à ce qui est dans l'espace sensible est un ubique (partout).
Ce lieu n'est pas "situé mais situatif". En d'autres termes c'est l'espace privilégié de l'âme qui se révèle à elle-même, qui montre son propre paysage (le Xvarnah) transfigurant en données symboliques les Figures censées reproduire les réalités spirituelles. On n'y accéde que par une ruprture soudaine avec les coordonnées géographiques.En fait on inverse son regard: on y voit à présent toutes les choses avec les yeux de l'âme. Y pénétrer est donc un extasis, un déplacement furtif souvent inconscient et un changement d'état. Souvent le pélerin ne s'en aperçoit qu'avec émerveillement ou une inquiétude qui lui communique un goût étrange de dépaysement. "On se met en route; à un moment donné se produit la rupture avec les coordonnées géographiques repérables sur nos cartes. Seulement, le voyageur n'en a pas conscience au moment précis; il ne s'en aperçoit, avec inquiétude ou avec émerveillement, qu'après coup (...). Or il ne peut que décrire là où il fut; il ne peut montrer la route à personne."
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L'expérience mystique du prophète ou du philosophe ne peut s'effectuer que par la présence de l'Ange, son guide. Elle est le résultat d'une pédagogie angélique qui, par la rencontre avec l'Ange, provoque l'Individuation. Ce guide intérieur peut revêtir des Noms différents et variés, comme l'Archange Gabriel, l'Archange empourprée, le Maître invisible, la Nature Parfaite (Sohrawardî et la tradition hermétiste); le Partenaire Céleste (selon la tradition gnostique); le Jumeau Céleste (Mâni), Havy ibn Yaqzân (Avicenne).
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Si l'Image est la matière subtile de l'Ange, c'est qu'elle est un Intermonde entre l'Intelligible et le sensible, bénéficiant d'une existence autonome et d'une puissance transfiguratrice propre. Ce monde intermédiaire assure en premier lieu la continuité et la progression aux niveaux ontologiquements supérieurs; il est le situs des événements de l'âme, des récits visionnaires si importants dans les états contemplatifs de la mystique; il rend possible l'articulation d'un langage symbolique puisque les images se transmuent en ce lieu mi-spirituel, mi-sensible dans lequel les impressions subliminales de l'âme paraissent sous formes symbolisées, -et ceci aussi bien au niveau de l'anticipation eschatologique qu'au niveau posthume du devenir de l'âme (corps subtil de résurrection).
Ce monde, étant un dévoilement intérieur, est une inversion du temps et de l'espace: ce qui était caché sous les apparences se révèle soudainement pour envelopper ce qui était jusqu'alors extérieur; l'invisible se fait ainsi visible; il est donc situatif et non situé. Le passage à ce monde exige un revirement du temps des horizons en temps de l'âme, donc une herméneutique spirituelle (ta'wîl). Finalement, ce monde projette, en raision de sa faculté de métamorphose, une géographie visionnaire avec ses cités fabuleuses, ses montagnes, ses sources et ses fleuves.
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(...) l'oeuvre de Corbin fut une révélation, non seulement elle traduisait les grands moments privilégiés de la pensée iranienne dans un langage clair et conceptuel, mais, ce faisant, les vieilles idées apparaissaient revêtues d'une robe neuve et éclatante: les séquences s'enchaînaient, des perles rares jaillissaient du fatras d'un monde scolastique vermoulu, l'univers iranien se ressuscitait paradoxalement dans le langage clair de Descartes; et, se transmuant en un français élégant, ces idées se modernisaient presque. Ainsi un Pèlerin de l'Occident venait en iran révéler aux jeunes Persans en français, les merveilles qu'avaient accumulées leurs illustres ancêtres. (...)
D'autre part Corbin outre le fait qu'il était Français, c'est-à-dire un Européen (...), possédait à merveille tout l'appareil de la philosophie médiévale et moderne de l'Occident. Il avait ressenti dans sa chair les cassures de la foi et du savoir, de la théologie et de la philosophie ; il avait vécu les affres de la sécularisation, essuyé le drame de la "mort de Dieu" et c'est pour retrouver la Parole de la divinité à partir du temps de la détresse qu'il s'était fait pèlerin de l'Occident. D'où l'accent moderne de sa voix, le pathos de sa Quête qui touchait directement tout être soucieux de se mettre à l'écoute des impératifs de l'Esprit.
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Dans le récit intitulé Le bruissement des ailes de Gabriel de Sohrawardî apparaît une figure qui, chez Avicenne, se nommait Havy Ibn Yaqzân (Vivant, fils du Veilleur) mais qui chez Sohrawardî s'appelle l'Archange Empourprée ('aql-e sorkh). A la question du pèlerin qui se retrouve déjà à un autre niveau de l'être, la réponse de l'Archange est celle-ci: "Je viens de Nâ-kojâ-âbâd".
Ce terme ne figure guère dans le dictionnaire persan et a été forgé par Sohrawardî lui-même. Littéralement, il signifie le pays (âbâd) du Non-où (Nâ-Kojâ), c'est-à-dire une localité mystérieuse se trouvant en quelque sorte "au-delà" de la montagne psycho-cosmique Qâf. l'au-delà de Qâf n'est point repérable sur nos cartes tout comme les cités mythiques de Jâbalqâ, Jâbarsâ et Hûrqalyâ.. Topographiquement, cette région commence " à la surface convexe" de la IXe Sphère, la Sphère des Sphères, celle qui englobe l'ensemble du cosmos. Elle éclôt ainsi à l'endroit où on sort des coordonnées de notre monde et de la sphère à laquelle se réfèrent les point cardinaux. Ayant franchi cette limite-là, la question où, (kojâ) perd tout son sens. D'où le nom Nâ-kojâ-âbâd. Un lieu hors du lieu, un "lieu" qui n'est pas contenu dans un lieu, dans un topos.
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