AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Dave Gibbons (151)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Superman: Kal

Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre qui a été rééditée dans le recueil Elseworlds: Superman Vol. 1. Elle est initialement parue en 1995, écrite par Dave Gibbons dessinée et encrée par José Luis García-López, avec une mise en couleurs réalisée par le studio Digital Chameleon. Il s'agit de la deuxième histoire estampillée Elseworlds consacrée à Superman.



Aux alentours du cinquième siècle, un narrateur anonyme évoque la notion de magie. Il parle d'une planète qui explose, de flammes omniprésentes, de parents mettant leur fils Kal dans un berceau métallique qui s'envole, du même vaisseau qui se pose dans un champ. Alors qu'ils traversent le champ dont ils s'occupent, Martha et John voient la capsule encore fumante, et Martha découvre qu'il y a un bébé dedans, dans cet objet qui ressemble à un œuf d'argent. Elle s'approche pour toucher la capsule, mais son mari la prévient qu'il doit être brûlant. Elle lui répond qu'au contraire il dégage une sorte de fraicheur agréable. Elle le touche : la capsule s'ouvre et elle peut prendre le bébé. Son mari l'avertit que cela ressemble fort à de la sorcellerie et qu'il vaut mieux qu'ils n'en parlent jamais, au risque d'être accusés de pratiques démoniaques. Martha et John indiquent à leurs voisins qu'ils ont adopté le fils d'une sœur défunte de Martha. À 3 ans, Kal (il a choisi lui-même son prénom) fait montre d'une force peu commune et d'une peau impénétrable par les couteaux, et d'une peau toujours propre. John explique à son fils que personne ne doit jamais s'apercevoir qu'il est différent, et prend l'habitude de lui salir un peu la peau du visage. À 12 ans, Kal effectue les mêmes travaux à la ferme que son père. La ferme n'en devient que plus prospère.



Un jour, le maréchal-Ferrant Oll rend visite à la ferme de John. Il est accompagné par son propre fils Jamie. Il vient pour ferrer Goliath, l'un des chevaux de labour de John. Alors que Jamie et Kal jouent avec des coques de marron, l'un des taureaux s'échappe et les charge. Il finit perché dans un arbre : Oll a bien compris ce qui vient de se produire et il convainc facilement John que Kal doit venir l'accompagner pour travailler à la forge dans la ville de Lexford. C'est ce qui se produit vers la fin de l'hiver : Kal est très surpris de voir autant de personnes concentrées dans un lieu aussi réduit. Dès le premier jour, il est bousculé par les gens d'armes du Baron Luthor. Il se souvient du conseil de son père de ne jamais montrer ses capacités extraordinaires. Oll lui indique qu'il a bien fait de ne pas répondre. Kal s'épanouit au travail à la forge, Jamie étant jaloux des regards que lui jettent les jeunes dames, et du fait que sa peau n'est jamais marquée par les scories. Un jour, le crieur vient annoncer la tenue d'un tournoi pour célébrer le seizième anniversaire de Dame Loisse. Tout le monde conseille à Kal de s'y inscrire.



L'exercice créatif d'un récit Elseworlds est très contraint : reprendre les caractéristiques qui font la personnalité d'un superhéros, tout en intégrant les variations d'un ou deux paramètres, dans une histoire plus ou moins originale, ou en reprenant la trame d'une histoire déjà connue. Il s'agit ici du deuxième récit de ce type consacré à Superman, après Superman: Speeding Bullets (1996) de JM DeMatteis & Eduardo Barreto. Sans surprise, l'histoire commence avec l'explosion de Krypton, Gibbons écrivant un commentaire comme s'il était fait par un individu considérant ça comme une vision magique, García-López appliquant une technologie vaguement moyenâgeuse, avec des éléments en bois pour la capsule spatiale. Au fil du récit, le lecteur retrouve les éléments essentiels du personnage : ses superpouvoirs, des parents adoptifs, Lex Luthor, Jimmy Olsen, et un bout de kryptonite pour faire bonne mesure. Il relève aussi bien les ressemblances que les différences, les variations faisant tout le sel et tout l'intérêt du récit. La première différence réside dans l'époque du récit : le haut moyen âge. Le lecteur remarque vite qu'il ne doit pas trop s'attacher aux détails historiques, et encore moins à la véracité. Dave Gibbons se limite à placer son récit dans une ville d'importance non précisée, mais située au pied d'un énorme château fort, ce qui laisse supposer une cité de grande ampleur. Le seigneur des lieux ne répond à aucune autorité temporelle ou spirituelle. Il semble puiser ses sources d'information dans les dessins animés Disney se déroulant à cette époque.



Cette histoire est également l'occasion de retrouver José Luis García-López, dessinateur espagnol ayant illustré les aventures de Batman, de Superman, de Jonah Hex, des Teen Titans, Twilight (1990, écrit par Howard Chaykin) et même la rencontre Batman Vs the Incredible Hulk (1982, écrit par Len Wein). Il est en phase avec le scénariste pour une reconstitution historique agréable sans être forcément très authentique. Il dessine dans un registre descriptif et détaillé, avec des traits de contours un peu irrégulier qui apporte un peu d'âpreté, même si les postures et les prises de vue évoquent les conventions graphiques des comics de superhéros. Par contre, il va jusqu'à un niveau de détails qui élèvent les décors et les tenues au-dessus du carton-pâte et du costume fait maison. Au fur et à mesure que Kal progresse dans le château fort, le lecteur peut constater que l'artiste a bien fait son travail de recherche et que la construction ressemble à la réalité. Il observe également les harnachements, les armures, les robes des dames, les outils dans la forge : tout est cohérent à défaut de contenir une fibre pédagogique.



Le lecteur se laisse donc porter par la familiarité des origines de Kal-El, par l'environnement moyenâgeux accessible à tout le monde, et par l'histoire qui progresse rapidement. Le scénariste a repris l'idée de Kal-El élevé par des fermiers, puis allant à la ville (mais pas pour être journaliste). Lex Luthor règne sur son fief, présence dominatrice d'un despote peut-être éclairé qui règne par la force sur les paysans et les citadins. L'enjeu réside donc dans l'amour de la belle Loisse qui est cantonnée au rôle de demoiselle en détresse, ce qui affaiblit le personnage par rapport à son rôle dans la série régulière. Dans ce monde d'êtres humains normaux, Lex Luthor ne peut faire face à Superman que grâce à une pierre verdâtre récupérée par un coup de chance providentiel, et transformée en bijou, à nouveau de manière bien opportune. De même, la carapace de plomb arrive pile-poil au bon moment de manière tout aussi opportune. Dave Gibbons raconte une histoire simple sur une trame linéaire, pour un récit tout public. Il termine son histoire avec une petite surprise, rattachant Kal à une autre légende. Tout du long, le lecteur ne pas s'empêcher de trouver que Kal est étrangement diminué par rapport à la version classique de Superman. L'injonction de son père de ne pas se faire remarquer semble avoir eu un effet tel qu'il réprime inconsciemment ses superpouvoirs.



Au bout de quelques pages, le lecteur ne pas faire autrement que de se dire que la vrai Superman dispose de pouvoirs plus intenses et qu'il n'aurait pas forcément supporté les abus de pouvoir de Lex Luthor aussi longtemps. Il peut aussi se dire que Dave Gibbons voit cette époque comme beaucoup plus simple que le temps présent et que c'est la raison pour laquelle Kal n'a pas de velléité de remettre en cause l'ordre établi. D'ailleurs à plusieurs reprises, le lecteur éprouve la sensation que pour le scénariste, les êtres humains de cette époque étaient beaucoup moins intelligents, des benêts. Du coup ce récit a dû mal à s'inscrire dans le genre superhéros, car Kal n'a qu'à foncer dans le tas pour aller de l'avant, sauf face au morceau de kryptonite. De toute évidence, José Luis García-López aime bien dessiner Kal torse nu, avec une grande largeur d'épaule. Ayant atteint l'âge adulte, Kal est un bel homme musclé, avec une chevelure bouclée, et une stature de colosse. Il avance d'une démarche altière qui en impose, dégageant un fort charisme. Il utilise peu ses superpouvoirs, et dans des postures différentes de celles canoniques. Alors même que rien ne semble pouvoir mettre Kal en réelle difficulté, les dessins montrent qu'il en bave et qu'il lui faut faire preuve de détermination pour aller de l'avant.



Ayant terminé cette histoire, le lecteur se dit que cette version n'atteint pas tout son potentiel. Dave Gibbons utilise le postulat de départ pour projeter Kal-El dans un autre environnement : l'Europe au cinquième siècle. José Luis García-López donne de la consistance à cet endroit à cette époque, avec une réelle force de conviction, même s'il ne fait pas vraiment œuvre de reconstitution historique. Il sait trouver le point d'équilibre pour montrer comment Kal peut vivre parmi les humains normaux, et la force de la nature qu'il devient quand il utilise ses superpouvoirs, donnant une vision différente du personnage. Dave Gibbons utilise plus des clichés que l'artiste, pour une histoire facile et superficielle, proche d'un Walt Disney. D'un côté, les auteurs proposent une version réellement alternative ; de l'autre elle n'en dit pas beaucoup sur le personnage, ni au premier degré, ni par comparaison.
Commenter  J’apprécie          70
Watchmen (Intégrale)

Après dix jours de lecture enfiévrée, j'ai terminé hier le roman graphique

(terme sujet à polémique...) Watchmen.

Je suis restée soufflée par cette pépite !



Le scénario ciselé par Alan Moore est d'une implacable efficacité.



L'intrigue du roman est passionnante et très bien amenée,

mais surtout, surtout, l'univers dans lequel elle se déroule est d'une intelligence rare.



Chaque personnage, même le plus secondaire, existe à part entière, participant à cette toile

finement tissée par les auteurs.



Toutes les histoires s'enchevêtrent avec un rythme haletant. Alan Moore se payant même le luxe

d'insérer une histoire supplémentaire, sous la forme d'une B.D. lue par un des personnages !

A chaque page, on est emporté par un flot de nouvelles émotions, de sujets de réflexion et d'envie de savoir la suite.



L'univers des Watchmen est tellement riche et passionnant, que j'aurai pu même me passer de l'intrigue principale.

Elle n'est là à mon sens que comme prétexte pour pouvoir raconter le monde dans cette uchronie.



Si le scénario est vraiment palpitant, le travail de dessinateur est aussi à saluer très vivement.

Il n'est pas une page B.D. sans indices patiemment glissés sur la suite de l'histoire, sans clins d'oeil

(comme ce smiley typique qu'on retrouve dans les endroits les plus insolites).



J'ai mis 10 jours à lire cet ouvrage car sans cesse je revenais en arrière sur des passages où j'avais manqué

l'indice, sur les passages de réflexion sur le sens du monde et de la vie (rien que ça !), et pour le simple plaisir

de profiter de ces personnages.



D'ailleurs, je vais sûrement le relire entièrement car Watchment ne m'a pas encore livré tous ses secrets !





(Merci Thomas de m'avoir conseillé cette lecture !!!)
Commenter  J’apprécie          70
Watchmen (Intégrale)

Au delà des clichés, au delà du genre, au delà du média, un ouvrage d’une richesse inouïe. Pièce maîtresse de toute bonne bibliothèque de bédéphiles, Watchmen aurait même sa place dans n’importe quelle bibliothèque. Scénaristiquement, on touche des sommets et on a clairement là une oeuvre, parue initialement au coeur des 80s, qui se trouve être une des pierres angulaires du média dont se sont inspirées plusieurs générations de scénaristes et dessinateurs. Indémodable, percutant, complexe dans sa lecture, riche graphiquement, précurseur et toujours d’actualité, ce grand classique de deux auteurs au sommet de leur art et qui ont durant sa parution, su repousser les limites avec des exercices de style incroyables comme le chapitre 5 et son découpage unique. On ne lit pas Watchmen comme un comics, mais bien comme ce que le roman graphique fait de mieux encore aujourd’hui.
Commenter  J’apprécie          60
Watchmen (Intégrale)

S’attaquer au monstre protéiforme qu’est The Watchmen s’apparente à tenter l’ascension du K2 en espadrille et moi je préfère les tongs. J’ai 2200 signes (un peu moins maintenant) pour accoucher d’un post crédible sur le roman graphique de Alan Moore. Je pourrais pousser un aaargh orgasmique en étirant les a jusqu’à la jauge souhaitée mais bon... Nous sommes d’accord... Le point positif est le zéro pression, The Watchmen possède une telle aura, une telle puissance narrative, que ma chronique aura autant d’impact et de visibilité qu’une bouteille d’eau minérale dans le cellier de Gérard Depardieu.



Alan Moore s’empare d’une des rares figures mythologiques des Etats Unis : le super-héros. Il en pervertit assurément le sens of wonder. Moore a le génie de montrer la grandeur et le ridicule de ces hommes et femmes qui se griment pour délivrer une justice parallèle et hors de tout cadre juridique. Il a également la force de ne pas verser dans l’outrance et la parodie, The Watchmen n’a rien d’un The boys, c’est une œuvre sérieuse, poignante, non dénuée d’ironie et une tragédie, on pourrait se perdre sans fin en analyse sémiologique, sociologique et plein de truc en « gique » et on aurait tort.



The Watchmen, avant tout, c’est du plaisir, à l’état brut. Une joie enfantine devant le sens du rythme, le découpage, la densité romanesque, la cohérence de la dystopie créée par Alan Moore et sa profondeur. The watchmen rappelle ce principe fondamental : il est bon de surveiller les surveillants. Et la spirale n’arrête pas de s’enrouler, de s’entre-dévorer : surveiller les surveillants des surveillants des surveillants, etc.



Un livre fondamental qui enfonce les digues rassurantes des genres littéraires. Un chef-d’œuvre, une assertion que l’on peut énoncer, pour une fois, sans galvaudage.



(Re)lire The Watchmen est l’assurance d’une expérience déroutante, haletante, émouvante, profonde, propre à épuiser un registre solide de qualificatifs laudateurs.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
Commenter  J’apprécie          60
Watchmen (Intégrale)

Des supers héros qui n'ont de supers que leur costumes, des super vilains qui veulent également leur noms et costumes. Et tout ça pour quoi, quel est le sens de ce spectacle? C'est justement le Comédien, ancien membre des Watchmen qui se fait assassiner. Son ancien comparse mène l'enquête jusqu'à rassembler de vieux amis, qui finiront par découvrir le complot caché derrière ce meurtre.

Au fil de l'histoire, ils se questionnent sur leur activité, ce qu'ils défendaient vraiment et comment ils se sont construits avec dépression, angoisse et psychose. Autant de parcours semés de remises en questions.



C'est une remise en question globale des super héros que proposent les auteurs, leur autorité, leur champ d'action, et la façon dont ils servent... qui d'ailleurs? Alan Moore a un don pour faire exploser les statu quo de la morale, pari audacieux à la limite de l'irrévérence pour être publier chez DC. Mais l'irrévérence est le dernier de ses soucis, heureusement.



On aime chercher les références au fil des pages; le jeu de mot sur "watch" qui veut dire "surveiller" et "horloge", cette dernière introduisant chaque chapitre, ou encore Ozymandias qui lève les bras au ciel reproduisant l'heure fatidique de la fin du monde. Le chapitre de la symétrie qui est un palindrome du gaufrier, jusque dans les couleurs dominantes des premières et dernières cases, ou encore le caméo de "l'Enola Gay et ses petites bombes". Il y en a tant d'autres... Cette profondeur de la frome n'est pas sans rappeler "V pour vendetta".



Aujourd'hui Watchmen dispose de 3 suites pour aller plus loin:

- la série du même nom qui se passe 30 ans après

- Doomsday Clock, qui se passe quelques mois après

- la série The Boys, qui si elle n'est pas une suite scénaristique, interroge sur le pouvoir des super héros, posant toujours la même question:

"Who watch the watchmen?"



Je vous recommande cette lecture pour ce qu'elle bouscule, pour ce qu'elle a de riche, pour ce qu'elle peut vous apporter, en particulier en cette période où l'on a ressorti les super héros du placard sous divers média (films, séries,...). Il faut bien faire le spectacle...





Commenter  J’apprécie          60
Watchmen (Intégrale)

On m'a dit qu'il fallait absolument lire "Watchmen". Donc j'ai lu Watchmen.

C'est un comics où les super-héros ne sont pas des sur-hommes ou des sur-femmes : juste des personnes qui ont décidé de combattre les mauvais comportements. Ils ont les costumes ridicules bien sûr mais pas de super pouvoirs, excepté Jon, un être symbolisant la puissance atomique. Ayant raccroché quelques années auparavant, ils vont être pris entre une série de meurtres et la menace d'une troisième guerre mondiale atomique.



Si j'ai bien compris, c'est un incontournable. Et il faut dire qu'il y a un gros travail derrière ce comics. Autant dans le dessin que dans les analyses géopolitiques, scientifiques, sociologiques et psychologiques. L'ensemble est dense, avec plein d'éléments de détails entre chaque chapitre.



J'avoue que je n'ai pas accroché plus que ça aux personnages et à l'histoire. J'ai même un peu décroché pendant les passages centrés sur Jon. Mais j'ai tout de même trouvé ça intéressant et, même si beaucoup de clichés sont véhiculés, volontairement ou involontairement, il faut reconnaître que le travail des auteurs est immense pour un résultat plutôt bien ficelé.
Commenter  J’apprécie          60
Batman versus Predator

Ce tome contient une histoire complète, initialement parue en 3 épisodes en 1991/1992, écrite par Dave Gibbons, dessinée par Andy Kubert, encrée par Adam Kubert et mise en couleurs par Sherilyn Van Valkenburgh.



Sur le ring, Bull Bersaglio et Marcus King s'affrontent pour le titre de champion. Dans les gradins, Leo Brodin (patron de Bersaglio) et Alex Yeager (patron de King) se toisent avec animosité. Pour eux ce match est également le symbole de leur rivalité dans les affaires illicites de Gotham, et le gagnant disposera d'une sorte d'avantage psychologique sur l'autre. Dans une casse d'automobiles, le gardien regarde le match à la télé, lorsque ses chiens se mettent à aboyer. Il est sauvagement éventré alors que l'agresseur invisible s'imprègne de l'identité du champion (de boxe). Peu de temps après le champion est retrouvé éventré dans son penthouse alors qu'il fêtait sa victoire au lit avec sa femme. La police arrive sur place et James Gordon permet à Batman d'inspecter les lieux. Alors qu'il repart, il est observé depuis les toits par un individu qui semble le regarder avec une vision infrarouge. Batman est persuadé que ce meurtre est lié au milieu de la pègre, une forme de vengeance déguisée du perdant.



Il fut une époque (plusieurs même) où des éditeurs de maisons différentes pouvaient réussir à bâtir un montage juridique et financier permettant à leurs personnages de se croiser (par exemple Spider-Man & Superman). À la fin des années 1980, Dark Horse agrandit son catalogue en achetant des licences pour publier des comics d'Aliens, de Predator, et aussi de Terminator. Dans la première préface, Dennis O'Neill explique que Dark Horse a proposé ce crossover et qu'il n'a eu qu'à donner son accord, le reste s'est fait tout seul. Dans son introduction, Diana Schutz explique que ce fut un vrai plaisir de travailler avec Gibbons et les frères Kubert, malgré les contraintes générées par l'obligation de faire approuver chaque planche par les propriétaires des droits des personnages (DC et 20th Century Fox). Dave Gibbons explique que l'idée de départ lui a été proposée par Mike Richardson (éditeur en chef de Dark Horse), après avoir constaté le succès de Aliens versus Predator (publié en 1990, le premier film AvP datant de 2004).



Dave Gibbons doit s'accommoder de contraintes très fortes, pour bâtir son scénario. Il faut que les 2 personnages (Batman et Predator) soient traités de manière à peu près équilibrée (qu'une licence ne donne pas l'impression d'écraser l'autre, de se faire de l'argent aux dépends de l'autre). Il faut qu'il respecte les caractéristiques principales des 2 personnages. Il faut également qu'il donne aux lecteurs ce que promet le titre : un affrontement en bonne et due forme entre Batman et Predator. Avec ce carcan, le lecteur se doute bien que le résultat suivra un chemin bien balisé, et n'a aucune chance d'être une histoire dans laquelle le scénariste peut laisser libre cours à son imagination, ou se laisser aller à philosopher. Avec ces limitations en tête, il faut reconnaître que Gibbons s'en sort assez bien. À l'évidence, il a lorgné du coté de "Dark knight returns" de Miller pour le ton du récit. C'est ainsi que le lecteur peut repérer l'usage modéré des journalistes de télévision, une société gangrenée par la corruption (Julius Lieberman, le maire de Gotham, fréquentant ouvertement Leo Brodin et Alex Yeager), un Batman stoïque et inaccessible à l'humour, une armure de Batman haute technologie qui évoque celle du final de "Dark knight returns". Malgré tout, Gibbons n'est pas Miller, et le cynisme réactionnaire est absent du récit. Gibbons reprend les formes des dispositifs narratifs de Miller, mais pas leur substance. L'intervention des journalistes n'établit pas des points de vue croisés sur les valeurs véhiculées par la société du spectacle. La corruption des élites n'est qu'un élément de décor peu convaincant. L'ajout d'un prédicateur très intéressé par le montant des offrandes se révèle au final totalement gratuit, juste un élément de décor supplémentaire, sans incidence sur l'intrigue principale.



Pour ce qui est du respect des personnages et le combat attendu, Gibbons effectue un travail honorable. Il a choisi un Batman sans Robin, avec un Alfred Pennyworth plus dans l'aide logistique que dans le sarcasme. Il a même l'idée intelligente et originale (dans le contexte des comics de Batman) de montrer que les blessures reçues lors du premier combat ne guérissent pas en 24 heures. Coté Predator, Gibbons reprend l'idée d'un guerrier dont l'objectif est de prouver sa valeur en se mesurant aux combattants les plus valeureux du monde où il se trouve. Le lecteur retrouve les caractéristiques physiques de la race du Predator, les trois points rouges du viseur, les armes tranchantes, le filet, et la capacité de répéter 3 mots captés dans une conversation pour un effet comique de répétition (mais pas si désagréable que ça). Du coup le lecteur a droit à une histoire qui tient ses promesses (2 affrontements entre Batman et Predator, le dernier occupant les 3 quarts du dernier épisode).



Lorsque ce récit est paru, la mise en couleurs par infographie n'existait pas encore. Van Valkenburgh choisit une palette de couleurs qui évite les teintes claires et vives propres aux superhéros, mais elle a du mal à obtenir des nuances permettant des contrastes suffisants, ce qui donne quelques planches noyées dans un violet qui mange toutes les formes. Les frères Kubert sont encore au début de leur carrière et ils réalisent des dessins agréables, détaillés, avec une mise en page parfois un peu surchargée, choisissant des angles de vue qui privilégient le mouvement à la lisibilité. Ils sont encore fortement influencés par le style de leur père (pour le meilleur), mais déjà avec une approche plus réaliste et plus détaillée que lui. Ils savent reproduire l'allure et les mouvements du Predator, conformément aux postures établies par le film, sans s'en trouver limités. Leur Batman est convaincant sans avoir la présence de celui de Miller, en étant un peu plus proche de la série mensuelle, mais déjà destiné à de jeunes adultes. Il n'y a que l'armure technologique qui souffre d'une composition un peu trop simple, trop enfantine.



Eux aussi abordent le combat final, avec le sérieux nécessaire, et une vision intéressante des échanges de coups, des déplacements dans l'environnement, des mouvements des 2 combattants au fur et à mesure des coups, et entre 2 échanges. Le combat n'est pas chorégraphié à outrance, et il prend bien en compte l'agencement des lieux. Les frères Kubert bénéficient d'un scénario qui ne se limite pas à "Batman et Predator se tapent dessus pendant 15 pages", mais qui réservent des surprises, et qui comprend des stratégies construites.



Cette édition se termine avec un portfolio de dessins pleine page réalisés par Mike Kaluta, Chris Warner, Art Adams, Tim Sale, Walt Simonson, Adam Hughes, Matt Wagner, Joe Kubert, John Higgins, Tom Yeates, Steve Rude, Sam Kieth, John Byrne, Jackson Guice, Mike Mignola, Arthur Suydam.



-

Ce premier affrontement entre Batman et Predator tient ses promesses, sans être d'une intensité ébouriffante. Si vous venez chercher un comics d'action qui respecte les 2 personnages, avec un minimum de scénario, vous serez satisfait (4 étoiles). Si vous venez chercher une histoire essentielle dans le mythe de Batman ou du Predator, vous serez déçu (3 étoiles).



Pour les amateurs de ce genre de croisement improbable, sachez que le Predator est revenu affronter Batman 2 fois encore : Match de sang et Liens de sang. Batman a également affronté les Aliens dans Batman / Aliens. Superman n'a pas été épargné par ces bébêtes : Superman vs Predator et Superman / Aliens. Et pour les plus gourmands : Superman & Batman versus Aliens & Predator.
Commenter  J’apprécie          60
Watchmen (Intégrale)

Un scénario dense et une réflexion passionnante sur le Super-héros, notamment dans ses implications politiques. Les dessins m'ont moins paru un peu vieillots mais je reconnais volontiers un regard peu expérimenté en la matière. Pour moi, c'est d'abord le texte et la pensée politique portée par Alan Moore qui font de cette œuvre un classique instantané.
Commenter  J’apprécie          60
Gangland

Ce tome est une anthologie d'histoires courtes autour du thème des criminels. Il regroupe les 4 numéros initialement parus en 1998. Chaque couverture est réalisée par un artiste différent : Tim Bradstreet, Brian Bolland, Glenn Fabry, Dave Gibbons. En 1999, l'éditeur Vertigo a reconduit ce format l'année suivante sur le thème de l'horreur avec la série Flinch en 8 épisodes. Pour le détail des auteurs, se reporter à la fin du commentaire.



Alphonse Capriccio est un ancien mafieux qui a vendu ses chefs pour éviter une peine de prison et qui bénéficie du programme de protection des témoins, mais il rentre chez lui pour trouver son chien égorgé et sa femme tuée. En Amérique du Sud un homme récolte du pavot et le vend dans une chaîne qui aboutit au trafic de drogue. C'est l'histoire d'un tueur à gages anonyme qui intervient dans la cérémonie de mariage de la fille d'un parrain. Mishka est un parrain de la mafia russe et il revient en ville confronter celui qui l'a laissé pour mort. Rico Jansci fuit la police et trouve refuge dans l'immeuble où il a parlé à son frère pour la dernière fois. Ce parrain est arrivé au sommet des affaires et s'y est maintenu pendant des années, avec Stella à ses côtés, mais ce matin il se sent vieux. Chapo est un petit malfrat des quartiers, mais ce matin il a reçu par courrier une carte bleue sans plafond et son pote Reggie le convainc de s'en servir pour louer une chambre d'hôtel dans les beaux quartiers et se faire approvisionner en poules de luxe et en drogues.



Le dentiste Harvey Lowry reçoit la visite nocturne de Mickey Dolan dans son cabinet, et il le supplie d'accepter qu'il l'accompagne dans ses activités criminelles, car il n'en peut plus de sa vie rangée et monotone. Déjà à l'époque préhistorique des tribus en pillaient d'autres en les massacrant. Cet employé de bureau est un voleur mesquin qui pioche dans les fournitures de bureau, depuis qu'enfant il a découvert que tout le monde se sert comme il peut. Monsieur Melchizedek est persuadé que des individus observent ses moindres faits et gestes et il s'en protège comme il peut. Dino est un Berger allemand, élevé à coups de pied par un truand, mais récupéré par un policier qui l'intègre à la brigade canine. 2 frangins vont faire des courses pour leur mère, saluent Jezebel, un garçon manqué dont ils moquent, puis croisent les mauvais garçons du quartier. 2 hommes de main vont manger dans un restaurant asiatique et expliquent au patron qu'ils ne bénéficient plus de la protection du parrain local, et qu'il doit lui céder son bail.



Ces 14 brefs synopsis correspondent aux histoires des 4 numéros. Chacune de ces histoires courtes est différente et autonome. Le cadre de cette anthologie semble d'avoir été de raconter des histoires majoritairement contemporaines, avec quelques rares récits dans un passé récent comme les années 1950/1960, sans science-fiction ou anticipation. Le titre de l'anthologie renvoie au milieu, aux gangs criminels. Il s'agit donc de raconter des histoires criminelles, de voleurs et d'organisation criminelle. Dans les années 1960 et 1970, les éditeurs principaux de comics (Marvel et DC) publiaient des anthologies mais plutôt de type horreur, sur le principe de plusieurs histoires courtes, tradition héritée des EC Comics, puis de Warren (Creepy et Eerie). Chaque décennie l'éditeur DC essaye de relancer le format de l'anthologie, souvent dans sa branche adulte Vertigo, ce qui présente l'avantage d'attirer des auteurs qui ne souhaitent pas investir le temps nécessaire à réaliser une histoire en plusieurs épisodes.



Avant de se lancer dans la lecture de ce recueil, le lecteur jette un coup d'œil aux noms des créateurs. Il en ressort alléché par le fait qu'il s'agit du haut du panier, et que les responsables éditoriaux ont été solliciter des créateurs renommés dans issus des comics indépendants (James Romberger, Simon Revelsroke, Joe R. Lansdale, Randy DuBurke), ou ayant connu leur heure de gloire dans les années 1970/1980 (Richard Corben, Dave Gibbons, Eric Shanower, Tony Salmons), voire ayant déjà régulièrement travaillé pour Vertigo (Brian Azzarello, Tim Bradstreet, Jamie Delano, David Lloyd). Il ne peut pas estimer la qualité des histoires d'un coup d'œil. En effet, l'art de l'histoire courte est très délicat. Il faut savoir nourrir suffisamment le récit pour que le lecteur ait la sensation d'une histoire complète, mais ne pas le noyer de phylactères d'exposition pour compenser sa brièveté. L'exercice est rendu encore plus compliqué, car le lecteur sait qu'il est en train de lire une histoire avec une chute, et il en a lu d'autres. Réussir à le surprendre suppose une maîtrise du rythme et un art de prestidigitateur pour monopoliser la concentration du lecteur sur l'intrigue, et détourner son attention de l'arrivée de la chute.



Par la force des choses, il y a de tout dans 14 récits, et il y en a pour tous les goûts. Il y a bien une ou deux histoires avec un simple scénario de vengeance, linéaire et basique comme celui écrit par Dave Gibbons, ou le dernier du recueil par Richard Brunning. Il y a également un hommage très appuyé à Edgar Allan Poe réalisé par Simon Revelstroke. Mais la majeure partie des auteurs écrivent un récit personnel, que ce soit dans la situation, ou dans le thème. Il y a aussi bien un témoin sous protection, que la chaîne de production et de vente de drogue, en passant par un voleur de fourniture de bureau et un duo de gamins qui se font intimider par des plus grands qu'eux, d'une année ou deux. Au travers de ces histoires, les auteurs écrivent de vrais polars qui s'inscrivent dans le milieu où l'histoire se déroule, et cet environnement exerce une incidence directe sur l'histoire, agissant comme un révélateur de cette société particulière. Il y a des problématiques de rentabilités et de ressources limitées, d'obsolescence, de confiance, de paranoïa, de préjugés, et de stéréotypes raciaux. Les histoires les plus cruelles ou les plus pénétrantes ne sont pas forcément les plus violentes ou les plus gores. Lucius Shepard et James Romberger montrent un jeune homme qui décroche la timbale en recevant une carte platinium sans plafond. L'usage qu'ils en font reflète leur culture et leur condition sociale, et ils se heurtent au fait que l'argent ne fait pas le bonheur. L'histoire personnelle du petit employé de bureau qui pique dans les fournitures et commet d'autre larcins mesquins (par Ed Brubaker & Eric Shanower) met en scène le fait que tout le monde gruge à sa manière, reflétant l'imperfection de l'être humain. Rapidement, le lecteur s'aperçoit que l'histoire du chien Dino (par David Lloyd) provoque chez le lecteur l'impression que le comportement de ce chien pourrait également être celui d'un homme un peu confiant et balloté par les circonstances.



Outre la qualité potentielle des histoires, il est probable également que le lecteur ait été attiré par la liste des dessinateurs. Tim Bradstreet réalise des dessins photoréalistes âpres, complétés par des couleurs crépusculaires, décrivant un monde sans pitié. Peter Kuper réalise 3 pages sans texte, au pochoir, comme il l'avait fait pour The System, d'une grande richesse. Frank Quitely est en mode descriptif, sans la délicatesse romantique qu'il développera par la suite, pour des dessins exhalant une ironie savoureuse. Dave Gibbons est égal à lui-même avec des dessins faussement simples, comportant un degré élevé d'informations visuelles. Ce premier numéro est un régal visuel de bout en bout, un sans-faute. Dans les épisodes suivants, le lecteur se repaît des dessins de Richard Corben, toujours aussi épatant avec des volumes qui sortent presque de la page, et des textures sur le lecteur croit pouvoir toucher de ses doigts. La fête visuelle continue avec Kilian Plunkett dans un registre également descriptif mais émaillé de traits non ébarbés évoquant la rugosité d'une réalité non adoucie. Le lecteur plonge dans un monde où les ténèbres menacent d'engloutir le personnage, dans les pages toujours aussi envoutantes de Danijel Zezelj. Les ombres représentées par David Lloyd sont plus expressionnistes, mais tout aussi inquiétantes. Mark Chiarello joue à la fois sur les contrastes forts entre les zones noircies et les autres, mais aussi sur l'épure des formes.



Le lecteur se régale donc à retrouver les artistes à la forte personnalité qu'il connaît déjà, et il apprécie que les autres disposent d'une personnalité graphique tout aussi prononcée. Randy DuBurke présente lui aussi une réalité un peu torturée, du fait des lignes de contours irrégulières. James Romberger sait montrer 2 latinos naturels, dans leurs gestes et dans leurs tenues. Comme Peter Kuper, Tayyar Ozkan réalise une histoire sans parole avec des dessins plus traditionnels, et un humour noir plein d'entrain. Eric Shanower réalise des planches en apparence inoffensive dans leur naturel, mais finalement subversive par le naturel, la banalité et l'évidence des situations. Les dessins de Tony Salmons sont moins léchés, mais ils savent montrer la vivacité des personnages et la force de leurs réactions émotionnelles.



Le ressenti à la lecture d'une telle anthologie peut vite se révéler trompeur, en sautant rapidement d'une histoire à l'autre, et en enchaînant les artistes à une grande vitesse. Mais en prenant un peu de recul, le lecteur constate que chaque histoire est consistante, avec sa propre saveur, sa propre tonalité, à la fois grâce à l'intrigue et grâce aux dessins, avec un niveau élevé pour chaque et une majorité de pépites. 5 étoiles.



Épisode 1 : (1) Brian Azzarello + Tim Bradstreet, (2) Peter Kuper, (3) Doselle Young + Frank Quitely, (4) Dave Gibbons

Épisode 2 : (1) Simon Revelstroke + Richard Corben, (2) Jamie Delano + Randy DuBurke, (3) Lucius Shepard + James Romberger

Épisode 3 : (1) Darko Macan + Kilian Plunkett, (2) Tayyar Ozkan, (3) Ed Brubaker + Eric Shanower, (4) Scott Cunnigham + Danijel Zezelj

Épisode 4 : (1) David Lloyd, (2) Joe Lansdale & Rick Klaw + Tony Salmons, (3) Richard Brunning + Mark Chiarello
Commenter  J’apprécie          50
Watchmen (Intégrale)

Marre des super-héros aux super-pouvoirs évoluant à travers une intrigue toujours plus formatée ?Alors « Watchmen » est fait pour vous ! Alan Moore et Dave Gibbons livre une œuvre iconoclaste dans laquelle les justiciers costumés sont de banals êtres humains avec leurs forces mais surtout leurs faiblesses. L'histoire de « Watchmen » s'inscrit dans un contexte de guerre froide et de la peur d'une Troisième Guerre mondiale qui ne peut qu'être nucléaire. Dans ce lourd climats de tensions, un complot se fait jour. Qui tire les ficelles et pourquoi ?





Loin des facilités de certaines histoires de super-héros, Alan Moore nous dévoile une intrigue intelligente, tout sauf manichéenne, même si l'univers pré-apocalyptique dans laquelle elle s'inscrit reste très sombre. Ces nuances se retrouvent également chez les personnages dont la psychologie y est très travaillé. Impossible de dire qui est le méchant, qui est le gentil. On est vite happé par l'ambiance général de la BD, des révélations qui arrivent au compte-goutte jusqu'à cette fin prodigieuse. Moore pousse le lecteur à la réflexion, ne le laisse pas passif tout en le distrayant. Les dessins de Dave Gibbons vont bien avec le scénario même si j'ai toujours eu un peu de mal avec ce style « Comics ».





Moi qui ne suit pas un grand amateur de ce genre de BD américaines, je dois admettre avoir été bluffé. Cet intégral (douze chapitres + pages bonus) mérite amplement de trouver une place dans votre bédéthèque. Je conseille également l'adaptation cinématographique réalisé par Zack Snyder.

Commenter  J’apprécie          50
Les derniers jours de Superman

Un indispensable album qui devrait convaincre même les plus sceptiques qu'un personnage comme Superman peut être abordé de façon à la fois très originale et profonde !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
Commenter  J’apprécie          50
Watchmen (Intégrale)

Avec V pour Vendetta (avec comme par hasard Alan Moore en tête d'affiche), peut être la meilleure BD jamais lue à ce jour. On sort des sentiers battus avec cette fois-ci des super héros bel et bien humains (avec leurs qualités et défauts, excepté pour le Dr Manhattan). Certaines paroles et situations sont cultissimes. Une œuvre magistrale et encore inégalée à mes yeux.
Commenter  J’apprécie          50
Superman et Batman : l'Etoffe des Heros

Ce tome contient une histoire complète qui peut être lue indépendamment de toute continuité. Il regroupe les 3 épisodes de 48 pages parus en 1990. Le scénario est de Dave Gibbons (le dessinateur de Watchmen), les dessins de Steve Rude (surtout connu pour son travail sur la série Nexus, en anglais), l'encrage de Karl Kesel, et la mise en couleurs de Steve Oliff (l'équivalent de Dave Stewart pour ces années là).



La première page montre un enfant se recueillant sur la tombe de ses parents : Oliver Monks. Dans les rues malfamées de Gotham, Batman arrête une petite frappe ayant kidnappé une fillette. Ce dernier se suicide avec un papier imbibé du poison du Joker. Dans les rues resplendissantes de Metropolis, Superman arrête un dealer s'en prenant à un bus scolaire. Le criminel est relâché quelques dizaines minutes plus tard grâce à un avocat rémunéré par Lex Luthor. Plus tard, Clark Kent et Bruce Wayne assistent à la cérémonie d'inauguration d'un nouvel orphelinat situé à Midway (une ville à mi-chemin de Metropolis et Gotham). Le discours est effectué par Oliver Monks et Adam Fulbright, sous le patronage de Byron Wylie (récemment décédé et précédemment responsable d'un autre orphelinat dans Suicide Slums, le quartier pauvre de Metropolis). Dans les coulisses, Lex Luthor conclut une transaction immobilière ayant trait à cet orphelinat, avec Joker qui déclare vouloir prendre quelques jours de vacances à Metropolis. Le temps est venu pour Kent et Wayne (et leurs alters egos) d'enquêter sur les agissements de leurs ennemis jurés.



Je me souviens que la première fois que j'avais lu cette histoire, je l'avais trouvé très quelconque. Mais les illustrations de Steve Rude exsudent un pouvoir de séduction irrésistible et je n'ai pas pu résister à l'envie compulsive d'une relecture. La première page est silencieuse (sans texte) et sympathique, mais classique. Suit une double page présentant Gotham vu de haut sous un soleil levant rasant. Puis arrive une séquence en 5 pages toujours muettes où Batman attrape le malfrat. Le style est un étrange mélange de dessin animé pour enfant, avec des rues très dégagées dont les façades d'immeuble semblent factices (comme s'il n'y avait rien derrière la façade) avec bizarrement un seul étage (en plein centre de Gotham !). Mais une lecture attentive de chaque case montre que derrière ces apparences enfantines, Steve Rude insère des détails plus adultes : des rats qui passent, le batarang mordant la chair, des expressions de visages torturées, un Batman aussi agile que ténébreux. La séquence suivante emmène le lecteur à Metropolis où le constat est le même : un mélange de candeur enfantine et de détails adultes. Surtout ces 2 séquences muettes se lisent toutes seules.



Et en même temps, l'écriture de Dave Gibbons joue également sur ces 2 modes. D'un coté la dichotomie entre Batman et Superman est déclinée à toutes les sauces, d'une manière mécanique et artificielle. Il y a bien sûr la position de l'orphelinat à mi-chemin des 2 cités, l'opposition entre Gotham sombre et gothique et Metropolis claire et rayonnante, la folie du Joker et la froide rationalisation de Lex Luthor, un enfant venant d'un orphelinat de Gotham, un autre de celui de Metropolis, etc. Dave Gibbons matraque tant et plus les différences entre Gotham et Metropolis, tout en respectant scrupuleusement un temps d'exposition rigoureusement identique pour l'un et l'autre, au point d'en devenir fastidieux dans ce dispositif enfantin.



Il faut donc un peu de temps à un lecteur adulte pour pouvoir se laisser charmer par ce récit à la forme un peu enfantine. Et puis surviennent Luthor et le Joker pour leur première rencontre. Rude s'amuse à montrer Luthor sortant de sa limousine dans une contreplongée qui accentue son coté vain et ridicule. Le joker est un pitre dégingandé, sautillant et sémillant. Les dialogues de Gibbons en font plus un bouffon qu'un fou dangereux. Sauf que la combinaison du texte et des illustrations fait naître des sous-entendus à destination des adultes sur l'intelligence du Joker (il a tout de suite deviné la cause du décès des parents de Luthor) et sur le jeu dangereux que mène Luthor (sa grimace exagérée en comprenant que Joker sait). À chaque séquence, le lecteur peut ainsi apprécier ce double niveau de lecture : une histoire bon enfant, et des sous-entendus sur des motivations peu reluisantes et des environnements moins riants qu'il n'y paraît.



Et puis il y a les illustrations de Steve Rude. Ce dernier indique dans la postface qu'il s'agit du projet sur lequel il a passé le plus de temps sur chaque page. Régulièrement le lecteur s'arrête sur une case ou une séquence pour en apprécier l'humour discret, ou la fusion improbable des genres. Quelques exemples seront plus parlants que de longs discours. Page 42, la quatrième case montre l'ombre du buste de Clark alors qu'il enlève ses lunettes dans un réduit à balais ; en 3 tâches noires Rude suscite l'anticipation impatiente liée au changement de costume. Sa façon de représenter Batman est tout aussi iconique et tout aussi économe, en particulier sa cagoule entièrement noir où seules se distinguent les 2 fentes blanches pour les yeux. Page 43 deuxième case, le Joker à bord d'un véhicule loufoque de taille démesurée roule sur les véhicules pris dans un embouteillage. À la fois il s'agit d'une vision digne des dessins animés pour enfant les plus loufoques (ambiance renforcée par une mise en couleurs pimpante) ; à la fois il est possible de croire en cette action délirante grâce aux conducteurs apeurés, au véhicule de police essayant de suivre en empruntant les trottoirs, aux différents modèles de véhicules représentés avec soin. 2 cases plus loin, Rude fait dépasser 2 jambes d'une dame en jupe couchée à terre ; il ne dessine pas de petite culotte (hors cadre), mais le sous-entendu est bien là. De même le lecteur adulte ne pourra pas se tromper sur le métier de 2 femmes étrangement accoutrées page 64 (le plus vieux métier du monde paraît-il) et il pourra apprécier une secrétaire ramassant un papier par terre (page 84).



À l'instar de Dave Gibbons, Rude ne se gargarise pas avec les apparitions des personnages secondaires, mais un lecteur attentif peut facilement déceler le fauteuil roulant de Barbara Gordon de temps à autre, ou encore Lucy Lane la soeur de Lois. Une fois détectés ces éléments graphiques à destination des connaisseurs des personnages, le lecteur peut se délecter de visuels dégageant une bonne humeur organique (personnages souriants, couleurs claires, éléments de décors évoquant une sorte d'âge d'or des années 1950, etc.) et comportant des détails sophistiqués. Rude dispose également d'une capacité surnaturelle à marier une approche réaliste, avec une légère exagération propre aux dessins pour enfants. Page 136, il représente Tweedledee et Tweedledum assommés ; leurs visages est à la fois celui de 2 messieurs un peu simplets dans leur quarantaine, et celui de 2 hommes de main idiots tels qu'on en croise dans les ouvrages pour la jeunesse. L'encrage de Karl Kesel respecte parfaitement les crayonnés de Steve Rude, en particulier sa maîtrise de l'épaisseur et de la forme des traits. Steve Oliff réalise une mise en couleurs d'apparence simple, mais avec une sensibilité en totale cohérence avec les ambiances développées dans l'histoire.



Dave Gibbons et Steve Rude ont réalisé une histoire pour tout public, de 7 à 77 ans. Pour chaque tranche d'âge, le lecteur pourra trouver un niveau de lecture qui le divertira, du premier degré d'émerveillement devant ces 2 superhéros bons copains, à l'histoire pour rire disposant de visuels sophistiqués et intelligents. Par la suite Dave Gibbons a continué sa carrière de scénariste avec entre autres Batman versus Predator, tome 1 (1991/1992), et Steve Rude a travaillé pour Marvel, par exemple une histoire de Thor Godstorm (en VO).
Commenter  J’apprécie          50
Watchmen (Intégrale)

Watchmen est une série de 12 épisodes, dont l'action se déroule en 1985 (pour la petite histoire, Moore a choisi 1985 parce qu'il souhaitait situer l'action juste après 1984 - l'année 1984 d'Orwell).

Les Watchmen sont des super héros ordinaires (comprendre sans super pouvoirs - sauf pour le Dr Manhattan) qui se sont réunis en équipe pour combattre le crime. Des années après que le groupe ait été disloqué, les super héros sont éliminés les uns après les autres. L'un deux va mener l'enquête...

Jusqu'ici, rien que de très classique.

Chaque épisode / chapitre nous raconte l'histoire d'un des personnages.



Au fil des flash-back, on découvre des super héros bien loin des stéréotypes, le verni se craquelle de toutes parts. Si leur intention de départ, combattre le crime, faire régner l'ordre et la justice semblait louable, les choses ont fini par mal tourner, certains héros profitant de leur statut pour faire preuve de violence en toute impunité. A tel point que la population commence à se révolter, des graffitis "Who whatches the Watchmen?" fleurissent un peu partout et que la loi Keene, qui interdit aux vengeurs masqués de faire justice eux-mêmes, est promulguée.

Il ne s'agit là que du début de l'intrigue, assez complexe (12 tomes quand même!).

Comme dans tout roman de SF qui se respecte, l'histoire de départ est un prétexte à faire découvrir le monde imaginé par les auteurs, en l’occurrence ici, un monde très noir, empreint de violence, amoral et corrompu dans lequel les super héros eux-mêmes sont des salauds. Une caricature poussée à l’extrême du monde actuel, tellement sombre et en même temps tellement proche de la réalité...



L'album est très dense, assez bavard, les textes limite philosophiques sur le sens de la vie, les valeurs et principes. On en ressort un peu sonné en se demandant où va le monde...
Lien : http://lesgridouillis.over-b..
Commenter  J’apprécie          50
Watchmen (Intégrale)

Dans un monde presque identique au nôtre, un suicide attire l'attention du seul justicier encore en activité, Rorschach. La victime est son ancien allié, le comédien. Au fur et à mesure de son enquête, Rorscach pense à une élimination d'anciens justiciers. Il prend contact avec ses anciens alliés pour les prévenir du possible danger. Mais une menace gronde au dessus de tous. La tension américano-soviétique est à son point de rupture.



25 ans. Un quart de siècle qu'Alan Moore et Dave Gibbons ont laissé entre nos mains de lecteurs ce pavé unique qu'est Watchmen. Unique, c'est mot. A contrario de la plupart des comics-books de super-héros, Watchmen se déroule différemment. Son univers est clos, il n'y a ni avant, ni après. Toute l'histoire de cet univers (situation politique/personnages/histoire) repose dans quelques centaines de pages. Comme on peut le voir dans les bonus, Alan Moore prend une page pour détailler une case. Tout est détaillé, ciselé, pour que ce travail soit celui d'un orfèvre. Mais le scénariste ne s'arrête pas là. Ses héros ne sont pas si "super". Sans les mettre sur le divan, il en fait des portraits psychologiques peu reluisants: du spectre soyeux qui veut que sa fille suive cette voie, au docteur Manhattan seul surhumain, en passant par Rorschach le paranoïaque, ceux qui défendent la justice sont tous "malades".

Dave Gibbons rend l'univers d'Alan Moore, plausible, voire proche de nous. Son trait graphique est réaliste. Mais là-aussi, au contraire d'un comic-book où les corps sont hypertrophiés, ici, le temps, la maladie fait son oeuvre. Le monde ainsi rendu semble normal, et les justiciers, anormaux. Quant à John Higgins, ses couleurs accentuent de façon réelle, les tensions, les actions de ce Watchmen.



Cette édition est exceptionnelle. Elle reprend l'édition de Panini, dite "absolute". La traduction est celle de Jean-Patrick Manchette, revisée par son fils, pour l'occasion. On trouvera une postface des auteurs, une préface de Doug Headline, le suivi du projet, le parallèle entre les personnages de Charlton Comics et les personnages définitifs, les couvertures françaises de l'édition Zenda.



Si pour ceux qui aiment et connaissent Watchmen, cette édition est indispensable, que dire à ceux qui ne connaissent , ni aiment les super-héros voire la bande dessinée ? Watchmen, ce n'est ni l'un, ni l'autre. Watchmen c'est de la littérature !



WATCHMEN

AUTEUR : ALAN MOORE

DESSINATEUR : DAVE GIBBONS

COLORISTE : JOHN HIGGINS

URBAN COMICS
Lien : http://temps-de-livres.over-..
Commenter  J’apprécie          50
Watchmen (Intégrale)

J'avais été plus que sceptique quant à la notion de « roman graphique » : en effet, je ne voyais là qu'un vulgaire argument marketing pour distinguer le film des autres adaptation de comics qui fleurissent chaque année depuis quelques temps.



Encore une fois, je fais mon (maxima) mea culpa : je me suis trompé, et bien trompé encore. Je ferai mieux d'y réfléchir à deux fois plus sérieusement avant d'écrire désormais. J'avais déjà eu la puce à l'oreille grâce au commentaire de Loquace et d'un geek, et du coup, j'ai commencé par lire le comics avant que d'aller voir l'adaptation de Zack SNYDER.



Et là, j'ai été scotché. En effet, c'est du grand art, et ça se lit d'une traite non-stop !!!. Je ne parlerai pas des qualités graphiques car je ne m'y connais absolument pas (tout au plus quelques réminiscences collégienes... mais tout ça est, décidément, bien trop loin) mais de l'ensemble et de ce que j'ai ressenti.



Pour celles et ceux qui n'ont absolument pas entendu parler de l'oeuvre : à la mort du Comédien (un des membres actifs des Minutemen, super-héros donc, mais à la retraire), Rorschach, un de ses anciens coéquipiers mène l'enquête : les justiciers ça meurt pas si facilement.
Lien : http://iti1801.net/blog/inde..
Commenter  J’apprécie          50
Watchmen (Intégrale)

Bon! N'y allons pas par quatre chemins, Watchmen est un chef d'oeuvre de la Bande Dessinée. La première série sans doute nous traçant les aventures de super-héros cramés, fatigués, tarés, amoraux, pathétiques, et j'en passe. Mais Watchmen n'est pas que cela. Les deux auteurs sont au sommet de leur art. le scénariste Alan Moore surtout. Il y eut un film, réussi sans doute. Mais la B.D. est inadaptable. Car le film, obligatoirement, laisse de côté les incises. Comme celle de ce jeune lecteur qui lit au fur et à mesure de l'histoire une B.D. dans la B.D. (Une histoire délicieusement monstrueuse et lancinante de pirates écrite et dessinée par Joe Orlando).
Commenter  J’apprécie          40
Watchmen (Intégrale)

Watchmen est un comics scénarisé par Alan Moore et dessiné par Dave Gibbons. C’est un chef d’œuvre du genre, qui remet en question le récit super-héroïque.



Dans un univers uchronique où les États-Unis ont remporté la guerre du Vietnam et où une guerre nucléaire contre l’URSS risque d’éclater à tout instant, un justicier masqué, le Comédien, a été abattu. Ce meurtre constitue l’élément déclencheur d’une enquête sur un supposé « tueur de masques », qui cherche à éliminer ce qu’il reste des super-héros, dont les auteurs dressent des portraits ambivalents, complexes et parfois extrêmement sombres, de par leur passé ou leurs convictions. Ils sont vus dans toute leur humanité et toute leur noirceur, ce qui met à plat la naïveté et l’espoir que suscitent les super-héros, qui sont ici confrontés à un monde en proie au chaos.



Si vous vous intéressez aux comics de super-héros, ou même à l’histoire de la bande dessinée, je ne peux que vous recommander Watchmen.
Lien : https://leschroniquesduchron..
Commenter  J’apprécie          40
Watchmen (Intégrale)

Les Watchmen!

Je ne savais pas du tout a quoi m’attendre avec ce graphique. Mais comme il fait parti des 1001 livres qu’il faut avoir lu dans sa vie et qu’il était à la bibliothèque je me suis dit pourquoi pas.

Mais, c’est une brique et pas super agréable à lire.

Sinon, pour ce qui est du contenu.

C’était pas si mal.

Mais, il faut savoir qu’il y a beaucoup de texte, mais vraiment beaucoup. Des fois il y en a même un peu trop.

Une chose que j’ai bien aimé, c’est qu’il y a comme des ajouts à la fin de chaque “épisode” que ce soit des journaux ou autre, ça j’ai bien aimé.

Il y a aussi un petit moment où j’ai un peu décroché au 1/3 pour reprendre un peu au 2/3.

Je ne sais pas si je relirai cet auteur par contre, mais c’était quand même une bonne découverte.
Commenter  J’apprécie          40
Watchmen (Intégrale)

Dans le style c'est un monument. Une histoire de super héros sans super pouvoirs sauf pour le docteur Manhattan. Des personnages ambigus, brisés, perturbés, c'est sans doute l'une des premières fois que le comics accouche d'une histoire aussi étrange avec des personnages à la psychologie poussée.

Sombre et à lire absolument.

Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Dave Gibbons (1549)Voir plus

Quiz Voir plus

Professions des personnages de roman ( avec indices)

Charles, le mari d'Emma Bovary dans Mme Bovary de Gustave Flaubert Indice : hippocrate

avovat
pharmacien
notaire
médecin

15 questions
354 lecteurs ont répondu
Thèmes : personnages , roman , littératureCréer un quiz sur cet auteur

{* *}