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Critiques de Dave Gibbons (148)
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ABC Warriors : Mek Files, tome 1

Ce tome comprend les épisodes des ABC Warriors parus les progs (numéros) du magazine hebdomadaire britannique 2000 AD suivants : 119 à 139, 555 à 566, 573 à 581, en 1979, puis en 1988. Tous les scénarios ont été écrits par Pat Mills. Aux dessins, se succèdent Brett Ewins, Carlos Ezquerra, Dave Gibbons, Brendan McCarthy, Kevin O'Neill. L'histoire intitulée The Black Hole (21 épisodes) a été dessinée par SMS et Simon Bisley. Pour bien comprendre qui sont Hammerstein et Ro-Jaws, il vaut mieux avoir lu Ro-Busters: The Complete Nuts and Bolts Vol. I & Ro-Busters: The Complete Nuts and Bolts Vol. II , car Pat Mills n'est pas adepte des résumés en cours d'histoire. Du coup pour pouvoir saisir quelques références, le lecteur a intérêt à avoir lu les épisodes des Ro-Busters.



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- ABC Warriors: Meknificent Seven - Hammerstein emmène plusieurs ex ABC Warriors sur le site de la dernière bataille contre les Volgans. Lors de la guerre contre les Volgans, 100 millions de robots ont trouvé la mort. Hammerstein était alors le commandant d'une unité d'ABC Warriors : A pour Atomique, B pour Bactériologique et C pour Chimique. Il se battait aux côtés de Joe Pineapples et Happy Shrapnel, 2 autres ABC Warriors. Le récit se déroule ensuite pendant la guerre contre les volgans, dans les années 2080. Hammerstein a attiré sur lui l'attention du colonel Lash, un militaire humain, qui lui assigne des missions. La première s'avère être un test qu'il accomplit avec Happy Shrapnel et Joe Pineapples. Hammerstein ayant fait ses preuves, le colonel (qui reste dans l'anonymat) lui confie d'autres missions qui consistent à recruter d'autres Guerriers ABC, un par un.



Hammerstein et ses 2 compagnons doivent commencer par recruter Mongrol, un robot qui ne reconnaît que la force et qui se bat pour retrouver Lara, une jeune fille qui l'a reconstruit alors qu'il n'était plus qu'une tête sans corps. La recrue potentielle suivante sort de l'ordinaire puisqu'il s'agit de Deadlock, le grand sorcier de l'ordre des chevaliers martiaux. À cette occasion, Hammerstein explique à ses compagnons ce qu'est cet ordre et comment ces chevaliers se battent avec la puissance de leur esprit. La recrue suivante est en train de perpétrer un massacre d'innocents : il s'agit d'un gradé dans l'armée robotique des Volgans, appelé Blackblood. Il ne reste plus qu'à recruter le robot indestructible Steelhorn qui prend le nom de The Mess, après un petit accident. Le colonel Lash se révèle alors aux 7 ABC Warriors et leur indique leur mission : se rendre sur Mars qui a été terraformée et colonisée, pour éviter le massacre des civils dans la guerre que se livrent les entreprises minières.



ABC Warriors est une série qui a passé l'épreuve du temps, avec des changements réguliers dans la composition de l'équipe de robots, avec des illustrateurs de niveau différents, mais souvent très bons, et même excellents, et toujours le même créateur pour guider leur destinée, à savoir Pat Mills. En 2013, ils sont même retournés sur Mars : ABC Warriors: Return to Mars , illustré par Clint Langley. Dans ce premier tome de l'intégrale, le lecteur assiste donc à la constitution de l'équipe, pratiquement un robot à la fois. Pat Mills commence par un épisode prologue (dessiné par Kevin O'Neill) pour rappeler que ces robots ont servi dans les guerres Volgan et que nombre d'entre n'en sont jamais revenus. L'invasion des Volgans s'est fait en deux temps, ayant débuté en 1999 en Angleterre, avant de s'étendre des décennies plus tard aux États-Unis. Il s'agit d'un événement que l'on retrouve dans d'autres séries de 2000 AD, mais qui a été extirpé de la continuité de Judge Dredd. Tout commence avec Invasion! . Le début de la série ABC Warriors revient donc en arrière par rapport à Ro-Busters avec cette mission rassemblant progressivement les ABC Warriors et dont le titre évoque le film Les Sept Mercenaires (1960, The Magnificent Seven) de John Sturges.



Pat Mills utilise une approche un peu déroutante pour caractériser ses robots. Il s'agit donc d'êtres mécaniques dotés d'une programmation qui leur permet de formuler des pensées indépendantes. De ce fait en fonction des spécificités de leur programmation, de leur spécialisation dans la guerre, de leur morphologie (les caractéristiques physiques de leur corps), ils acquièrent des expériences différentes, ce qui induit le développement d'une forme de personnalité propre à chaque robot. Le scénariste insiste bien sur le fait qu'aux yeux des humains, il ne s'agit que d'objets dont la fonction première est d'être sur le champ de bataille à la place des êtres humains. Le lecteur retrouve donc parfois comme un écho déformé des thèmes que Mills a pu aborder dans la série Charley's War dessinée par Joe Colquhoun. À partir de ce postulat, il écrit des histoires mêlant science-fiction et guerre. Il s'amuse bien avec les différents robots, leur donnant à chacun une histoire personnelle et des capacités de plus en plus étranges.



Le lecteur garde à l'esprit que la personnalité et les capacités spécifiques de chaque robot découlent de la manière dont il a été fabriqué et programmé. Il ressent très vite une forme d'empathie pour la grosse brute qu'est Mongrol, apitoyé par son attachement à Laura, consterné par son manque de capacité de réflexion. Il sourit quand il comprend que Deadlock fait partie d'un ordre dont la mission a amené les robots qui le composent à développer des capacités surnaturelles. Mills s'amuse à pousser la logique jusqu'au bout, en estimant que l'obstination de ces robots particuliers a pu leur permettre d'acquérir des capacités mentales inaccessibles aux êtres humains normaux, a pu leur permettre de faire de l'art du tarot divinatoire une véritable science. Le scénariste fait se rejoindre la plus haute technologie et la magie ou la sorcellerie, dans un raisonnement logique. Dans un autre ordre d'idée, le lecteur éprouve des difficultés à concilier le dégoût qu'il peut éprouver à l'encontre de Blackblood, de sa fourberie et de sa cruauté, et du fait que ce robot ait développé ses caractéristiques du fait de sa programmation, quasiment sans volonté propre.



En parallèle, le lecteur ressent la maîtrise que Pat Mills a des récits de guerre. Il ne porte pas aux nues la valeur guerrière, le courage dans la bataille, la virilité à triompher de son adversaire. Comme à son habitude, il met en avant le coût en vie humaine, l'inhumanité de régler ses problèmes par des conflits de grande envergure. Il met donc en scène des soldats sacrifiés par leur commandement, des individus littéralement formatés pour tuer sur les champs de bataille, des personnes à l'esprit simple embrigadées et endoctrinées pour donner la mort au nom d'individus qui ne mettent jamais les pieds sur un champ de bataille. Il met également en scène les populations devant survivre dans des villes dévastées par la guerre, les civils pris au milieu d'un conflit ouvert (le massacre de Bougainville), les populations indigènes qui voient arriver des colons qui se battent sur leur territoire, ou encore les profiteurs que sont les marchands d'arme. Le lecteur apprécie la conscience politique de Pat Mills qui transforme un récit de guerre en une analyse décillée du prix à payer par les individus pris dans le conflit, civils comme militaires.



Bien sûr, ces épisodes sont dans la continuité graphique des épisodes des Ro-Busters puisqu'il s'agit pour partie des mêmes artistes. Cependant le lecteur ressent une évolution dans les pages. Il ne s'agit plus uniquement de pages parfois un peu appliquées avec des cases aux angles aigus pour en augmenter l'agressivité. Dans le prologue, les dessins de Kevin O'Neill laissent déjà transparaître son humour grinçant, en particulier dans les coups massifs portés par les robots, et les dommages occasionnés. Les dessins de Brendan McCarthy sont encore assez sages par rapport à ce qu'il fera dans la suite de sa carrière, mais le lecteur découvre déjà quelques cases surréalistes que ce soit Happy Shrapnel en robe ou le masque à maille métallique d'Old Horney. Ses dessins gagnent en psychédélisme pour les épisodes 127 et 128, consacrés à Steelhorn, dans lesquels McCarthy se lâche plus.



Mick McMahon n'a pas encore complètement versé dans l'exagération des formes et les contours anguleux qui seront sa marque de fabrique, mais le langage corporel des humains est déjà grotesque et le lecteur voit la souffrance et l'angoisse dans les postures des civils du massacre de Bougainville. Il donne des corps de plus en plus mécaniques aux guerriers ABC au fur et à mesure des épisodes qu'il dessine, les éloignant de tout semblant d'humanité, de vraies machines. Dave Gibbons n'a pas encore atteint sa complète maturité et ses dessins précis sont encore un peu chargés à la lecture. Pour l'épilogue, le lecteur retrouve Kevin O'Neill le temps de 3 pages. Des angles inattendus commencent à apparaître dans les contours des formes, conférant une dimension monstrueuse et outrageuse à tout ce qu'il dessine.



Cette histoire des ABC Warriors permet au lecteur de découvrir comment s'est constitué l'équipe, et de faire connaissance avec la majorité des Guerriers ABC. L'intrigue reste un peu trop linéaire et éparpillée au gré de l'inspiration du moment. Les artistes appartiennent tous au haut du panier, mais ils sont encore en phase de transition entre les conventions graphiques établies du magazine 2000 AD, et leur personnalité graphique définitive. Loin d'être une lecture pesante et obligatoire pour découvrir ce pan de l'histoire des comics britanniques, cette histoire se découvre avec plaisir et recèle à chaque épisode des moments poignants. 4 étoiles.



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- ABC Warriors: The black hole (progs 555 à 566, 573 à 581, 1988) - Pendant la période classique de l'histoire de Terra, l'empereur Zalinn a fait construire un trou noir / blanc sur la planète elle-même. Cette installation a permis aux humains de se rendre partout dans l'univers et de conquérir planète après planète. Plusieurs villes se sont bâties autour et à proximité du bypass trou noir, dont Necropolis la ville mausolée, et Agartha, la ville éternelle. Mais comme toute civilisation, celle-ci a fini par décliner quand un empereur (Thano, troisième du nom) a accepté les mariages inter-races, entre humains et extraterrestres. Il faudra attendre l'ascension de Tomas de Torquemada pour que la race humaine regagne de sa pureté, freiné dans son élan par Nemesis le sorcier. Dans les affrontements qui s'en sont suivi, le fils de Nemesis a détruit le poste de contrôle du trou noir, déclenchant une contamination par les radiations de milliers de planète à travers la galaxie. Afin de réparer les dégâts, Nemesis a dépêché les ABC Warriors : Hammerstein, Joe Pineapples, Ro-Jaws, Blackblood, Mongrol et Mek-Quake. Ils doivent traverser un labyrinthe de conduites appelées les déchets du temps pour atteindre le poste de contrôle au cœur du trou noir.



Joe Pineapples, Hammerstein et Blackblood ont pris place sur le dos de Mek-Quake (ayant une forme de tank avec une tête sur un long cou), et Mongrol porte Ro-Jaws sur son épaule. Hammerstein constate qu'ils ne sont que 6, Deadlock étant resté sur Mars. Alors qu'ils progressent ainsi en volant dans un tunnel, ils sont attaqués par un gang de psycho-bikers dont une femme s'appelant Terri. Alors qu'ils se fraient un chemin en tuant les psycho-bikers sur leur chemin, ils sont observés par une silhouette encapuchonnée, se tenant un peu à l'écart. Il s'agit de Deadlock revenu pour les aider, afin de préserver l'existence de la galaxie. Alors qu'ils continuent de s'enfoncer dans les tunnels, ils se heurtent aux Mekaniks, les gardiens des tunnels de maintenance du trou noir / blanc.



Attention ! la série passe en hyper-espace. Il s'est donc écoulé près de 10 ans entre la parution de The Meknificent Seven et cette nouvelle histoire, et ça se voit. Pour commencer, le lecteur doit s'accrocher : en moins de 2 pages, Pat Mills effectue un résumé hypercompressé de la situation, du développement de ce trou noir / blanc, de l'existence de Tomas de Torquemada et du lien qui unit Nemesis the Warlock aux ABC Warriors. Si l'attention du lecteur faiblit ne serait-ce qu'une seconde pendant ces 2 pages, il perd complètement pied et doit recommencer depuis la première case. En outre, les ABC Warriors ont croisé la route de Nemesis dans sa propre série, voir The Complete Nemesis the Warlock: Bk. 2 . En fait, le lecteur est censé être déjà accoutumé aux ABC Warriors, parce que la présentation très orientée qu'en fait Deadlock ne suffit pas à comprendre ce que sont ces personnages. Ensuite, il doit disposer d'un peu de références concernant Nemesis et son histoire, car il y sera fait allusion dans le dernier tiers du récit, en particulier pour l'ennemi Monade. Enfin, il vaut mieux que le lecteur soit aussi familier de ce mode de transport lié au trou noir / blanc (apparu également dans la série Nemesis), et à Terra, car les rappels sont plus que succincts et guère explicatifs.



Il est possible que le lecteur ait été attiré par l'association de Simon Bisley avec Pat Mills, les auteurs de Sláine: The Horned God , l'aventure la plus connue (à juste titre) de ce barbare, leur collaboration suivante après la présente histoire. En outre, Pat Mills ne tarit pas déloge sur SMS, l'autre artiste ayant dessiné 8 des 21 épisodes de cette histoire. Celle-ci est en noir & blanc du début à la fin, le lecteur ne retrouve donc pas les peintures de Bisley. Par contre, ça décoiffe dès la première page, avec une approche outrée et non conventionnelle. Le major Savard regarde le lecteur droit dans les yeux, sans raison apparente, en second plan des individus sont en train de se tirer dessus dont 2 avec ce qui semble être un casque de footballeur américain sur la tête.la représentation du trou noir / blanc est tellement géométrique qu'elle en devient abstraite. Le représentation d'Arghata n'a pas de logique, autre qu'un impact esthétique. Thano le troisième a pris une pose lascive sur trône métallique en forme de squelette d'extraterrestre… et ce n'est que la première page. Dans la deuxième page, Torquemada prend la parole devant un bouquet de micros avec un air dément, Nemesis dresse son épée ensanglantée comme un pénis monumental, les 6 ABC Warriors défient le lecteur droit dans les yeux. Celui-ci a l'impression de plonger dans un numéro de Métal Hurlant illustré par un artiste spécialisé dans la science-fiction métallique et déviante.



Simon Bisley ne fait pas montre de beaucoup de patience pour les décors. La majeure partie des cases dispose d'un fond blanc uni, ou alors d'un fond noir uni, le plus souvent sans aucune trace d'un élément de décor. De temps à autre, il se souvient le temps d'une case que le récit est censé se dérouler dans des tunnels, et il rétablit une sorte de perspective avec 3 traits, ou une porte. Il s'investit un peu plus quand il faut dessiner un accessoire indispensable à l'action, comme la presse à robot avec déchiqueteur, ou les parois d'un tunnel, ou encore les bécanes métalliques des psycho-bikers ou de Deadlock. Pour ces accessoires de décors là, le lecteur peut alors contempler des formes torturées, mélange de courbes sensuelles et d'angles agressifs, rutilant de partout. La bécane de Deadlock défie l'entendement avec un ski à la place de la roue avant, mais une vraie roue à l'arrière, et une crinière sur la figure de proue aux dents acérées. C'est un fantasme de Hell's angel de l'espace, cyberpunk avant l'heure.



Le lecteur se délecte tout autant des différents accessoires des personnages, à commencer par la carapace métallique des robots, aux formes sensuelles et froides. Il découvre l'accoutrement de barbare baroque de Deadlock, avec cape finement brodée et déchiquetée, épée trop longue à la lame bifide et ébréchée, coutelas dans un fourreau richement décoré, épaulettes métalliques décoratives et énormes, etc. Bisley refuse de se laisser contraindre par la vraisemblance ou la praticité, il transforme les personnages en des fantasmes barbares et technologiques, pleins de fougue et de morgue. En dernière page du premier épisode, le lecteur découvre un dessin d'Hammerstein en pleine page se tenant sur un monticule de cadavre, étranglant un ennemi à ses pieds d'une main, et défouraillant avec une énorme arme à feu de l'autre main. Dans l'épisode suivant, il en prend plein les mirettes avec un portrait en pied de Joe Pineappales tenant un fusil au canon démesurément long et ajustant son tir. 2 épisodes plus loin, il voit Terri en pleine action, une femme bodybuildée comme une Miss Univers, qui se croit un robot dans un corps d'être humain, s'en prendre à un Mekanik. Dans ce même épisode, il voit Deadlock prendre la pose comme Conan, avec la main gauche appuyée sur le pommeau de son épée. Vers la fin, le lecteur voit la créature de l'esprit créer par les robots se tenir sur sa monture dans la même posture que le Death Dealer de Frank Frazetta. Les dessins de Bisley irradient une flamboyance et une outrecuidance terribles, montrant des personnages vivant intensément l'instant présent, totalement impliqués dans leurs actions.



Simon Bisley tire donc cette aventure des ABC Warriors dans une représentation fantasmée, métal-punk en diable, exsudant la testostérone et l'exultation de la chair, paradoxe extraordinaire car il s'agit de personnages faits de métal et de câbles. Cette glorification de l'étrangeté provocante est tempérée par des cases grotesques ou incongrues au dernier point, comme celle ne contenant qu'une paire de plateform-boots, un escarpin, un pin's Peace & Love et un tibia. Par contraste, SMS donne l'impression de moins exister, de réaliser des pages moins intenses. Mais en fait il n'en est rien. Il rapproche la narration visuelle d'une représentation plus figurative. Il réintroduit des décors en arrière-plan. Il représente des figurants humains normaux. Toutefois le lecteur s'aperçoit que ses décors présentent une qualité monumentale qui inscrit ces péripéties dans une autre forme onirique. Il s'inspire des escaliers sans fin de Maurits Cornelis Escher pour une page démentielle. Il s'avère également très dérangeant pour les séquences d'horreur corporelle, avec une qualité de la chair torturée qui donne l'impression de pouvoir la toucher. À sa manière, il continue de dessiner les robots comme des vraies créatures métalliques, sans lien avec l'humanité, donnant l'impression de singer leurs créateurs, sans aucune possibilité de leur ressembler.



Avec cette histoire, les ABC Warriors pénètrent dans un monde visuel beaucoup plus radical que celui de leurs aventures précédentes. Ils affrontent également des péripéties qui ont gagné en conceptualisation. A priori, l'intrigue est très basique : parcourir les tunnels de maintenance du trou noir / blanc, affronter les robots et les humains qui y vivent, gagner la salle de contrôle, rétablir le fonctionnement des commandes. Dans l'exécution de cette mission, ils passent par des étapes d'affrontements physiques magnifiés par Bisley jusqu'à l'absurde, mais aussi par des étapes incongrues jusqu'à l'absurde. Le lecteur se retrouve face à une humaine (Terri) qui se prend pour un robot, à un nouveau traître dans l'équipe des ABC Warriors (différent de Blackblood), au plus grand robot du monde qui est réduit à effectuer des tâches balayage à cause de comptables qui appliquent des réductions budgétaires, à l'utilisation du tarot divinatoire par des robots, à un robot qui lit aussi bien les romans de Barbara Cartland (1901-2000) que Le choix de Sophie (1979) de William Styron, à une citation de Tacite, à des masques vénitiens etc. Arrivé à la fin, il a bien bénéficié d'une résolution en bonne et due forme contre le méchant (Le monade), mais il frise aussi l'indigestion du fait de l'hétéroclisme des thèmes développés à vitesse grand V.



La lecture de cette histoire des ABC Warriors est à réserver aux lecteurs aventureux, capables d'appr
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ALIENS Absolution

Ce tome contient un récit complet, mettant en scène des Aliens, tels que créés par H Ridder Haggard, et filmé par Ridley Scott en 1979. Cette histoire de 47 pages de bande dessinée, est initialement parue en 1993, avec un scénario de Dave Gibbons, des dessins de Mike Mignola, un encrage de Kevin Nowlan, et une mise en couleurs de Matt Hollingsworth.



Sur une planète éloignée, avec une proportion d'eau, une capsule de secours du vaisseau spatial Nova Maru a atterri dans une eau peu profonde, en bordure de plage. À son bord se trouvent 2 rescapés : le capitaine Foss, et l'enseigne Selkirk. Ce dernier est un homme pieu qui se morigène pour avoir péché. Le capitaine Foss est sérieusement blessé à l'œil droit, et au bras droit. Il dispose d'une arme et de munition, ainsi que d'un kit médical, avec des antidouleurs.



Le Nova Maru était affrété par la Compagnie, et transportait un cargo de nature inconnue pour l'équipage, mais bien connu du capitaine (et des lecteurs). Le séjour sur cette planète ne s'annonce pas de tout repos. L'eau n'est pas tout à fait potable. Les oiseaux ne sont pas vraiment comestibles. En plus le capitaine Foss est un peu paranoïaque sur les bords (et un peu au milieu aussi).



À l'évidence, Dave Gibbons est plutôt connu pour être le dessinateur de Watchmen d'Alan Moore, que pour être un grand scénariste. Néanmoins, il a réussi quelques récits sympathiques comme l'excellent Superman et Batman : L'Etoffe des Héros (dessiné par Steve Rude), ou encore le sympathique premier crossover entre Batman et Predator. Il se livre à un exercice un peu piégé : raconter une histoire dont le lecteur devine aisément le déroulement, à un ou deux détails près. Les pauvres survivants vont être confrontés à des Aliens bien baveux et acides, et tout à leur obsession d'assurer leur reproduction, sans beaucoup d'espoir de s'en sortir ou alors de justesse, et pas forcément en bon état. À partir de là, comment intéresser le lecteur ?



Le suspense se trouve réduit à se demander quand les survivants vont affronter les horribles bestioles, et comment ils vont finir dans d'atroces souffrances. Le scénariste doit donc soit se montrer très imaginatif dans la construction de sa course-poursuite, soit créer des personnages attachants, soit donner une dimension métaphorique à l'extermination. Le plus simple est bien sûr de mettre en scène les Aliens comme l'ultime manifestation de l'élan vital, une espèce toute entière dévouée à sa perpétuation, sans notion d'individualité, sans autre occupation qui pourrait divertir leur énergie vitale. Et en plus ils sont coriaces.



Dave Gibbons opte pour la mise en scène d'un individu à la personnalité particulière. Selkirk est un croyant, dans une foi qui n'est pas nommée, mais qui reprend à gros trait l'idée d'un Dieu unique ayant défini un code moral assorti de péchés. Le lecteur a accès aux pensées de Selkirk par le biais de petites cellules de texte. Il constate rapidement que la foi de Selkirk est basique : une déité omnisciente, un Dieu de colère proche de celui de l'Ancien Testament. Selkirk doit respecter les commandements sous peine de se retrouver en Enfer.



Le scénariste a le bon goût de ne pas transformer Selkirk en un fanatique, mais il force un peu sur l'autocritique, et sur la propension à assimiler tout comportement à un péché. Il a aussi le bon goût d'éviter le rapprochement simpliste entre Aliens et Diable. Le lecteur assiste donc aux bévues commises par Selkirk cherchant à survivre, et transgressant les interdits. Au départ, le lecteur se dit que Gibbons se montrera plus subtil avec la question de la survie sur une planète non adaptée à la vie humaine. Selkirk et Foss ne sont pas bien sûr de la composition de l'air qu'ils respirent, l'eau contient des trucs nocifs, et les animaux ont une chair incompatibles avec les estomacs humains. Mais cet aspect-là de la narration est vite oublié au profit de la course-poursuite.



À l'évidence, le lecteur intéressé par cette histoire l'est surtout parce qu'elle a été dessinée par Mike Mignola. C'est l'un des derniers récits qu'il a réalisé avant de lancer sa série Hellboy en 1994. Juste avant il avait collaboré avec Howard Chaykin sur Le Cycle des épées (1991, encré par Al Williamson), puis Ironwolf : (1992, encré par P. Craig Russell). Ici il bénéficie de l'encrage très respectueux de Kevin Nowlan qui ne cherche pas à arrondir ses aplats de noir, qui ne cherche pas à rajouter des détails, là où Mignola a opté pour une simplification. Il n'y a que quelques traits parfois un peu plus fins que ceux qu'auraient utilisés Mignola qui peuvent trahir le fait qu'il ne s'est pas encré lui-même.



Tout au long de ce récit, le lecteur constate que la transition entre des dessins descriptifs de Mignola, et une approche plus expressionnistes est déjà proche d'aboutir au stade final. Les visages sont soient mangés par des gros traits figurant une ombre portée exagérée, soit plus esquissés que finalisés quand ils se retrouvent en pleine lumière, en particulier pour ce qui est des lèvres (2 gros boudins) ou des yeux représentés avec des gros traits, sans pupille visible. Les silhouettes sont assez massives, et taillées à grands coups de serpe. Tous les personnages n'ont pas encore les épaules tombantes, comme ça sera le cas par la suite chez cet artiste. Par contre, les ombres portées conduisent à des morphologies bizarres, à commencer par Selkirk qui semble avoir une poitrine un peu surdéveloppée, une fois sa chemise déchirée. Les petits traits qui marquent la peau de Dean neutralisent tout voyeurisme ou forme de séduction. Elle ne peut pas être réduite à un objet du désir, dans la mesure où Mignola la représente sans grâce (même la case où elle apparaît avec un marcel mouillé).



Par rapport à la série Hellboy, le lecteur constate que la densité d'informations visuelles reste élevée. Mike Mignola n'a pas encore pris le parti d'une épuration graphique systématique. Il représente les arrière-plans, soit avec des détails concrets, soit avec des formes tirant vers l'abstraction. Ce compromis dans les images assure un bon niveau d'immersion pour le lecteur, ce qui est plutôt agréable dans le cadre d'un récit de science-fiction.



Et les vraies vedettes de l'histoire ? Mike Mignola fait des merveilles pour leur rendre toute leur étrangeté, et leur dangerosité. Dans le cadre des comics, l'une des difficultés auxquelles se heurtent les dessinateurs, est de trouver comment conserver leur part d'horreur aux Aliens. Avec une bande dessinée, il n'est pas possible de jouer sur la fugacité de leur apparition, ou sur la soudaineté de leur attaque. Le dessin reste sous les yeux du lecteur qui peut le regarder aussi longtemps qu'il le souhaite. C'est lui qui maîtrise le rythme de la lecture, par opposition au cinéma. La deuxième difficulté à laquelle le dessinateur est confronté, c'est l'apparence qu'il donne à l'Alien. Au vu du nombre d'images, il n'est pas possible d'aboutir à un niveau de détails similaire à celui d'Hans Rudolf Giger (l'artiste qui les a créés), et même si l'artiste disposait du temps nécessaire le résultat serait trop figé. Il reste la possibilité de jouer sur les textures comme le fit Richard Corben (voir Aliens: Alchemy), mais là encore trop de détails finit par banaliser ces créatures.



L'approche graphique de Mike Mignla constitue le juste milieu. Il peut représenter des Aliens à découvert, tout en leur conservant leur part de mystère, par l'usage d'aplats de noir mangeant une partie de leur silhouette ou le détail exact de leur morphologie. Il peut choisir de ne faire ressortir que quelques traits saillants évoquant leur silhouette. Il sait aussi tirer les surfaces noires de leur peau, vers l'abstraction pour leur donner une apparence conceptuelle. Avec cette histoire, Mike Mignola se révèle être un des artistes parfaits pour mettre en scène les Aliens sans rien perdre de leur horreur et de leur fugacité.



Dans ce court récit (47 pages), Dave Gibbons fait l'effort d'inclure des éléments particuliers pour éviter l'effet d'une histoire générique avec des Aliens. Il ne développe leur rôle comme incarnation pure de la perpétuation d'une espèce, les cantonnant au rôle de monstres horrifiques. Il choisit un personnage principal aux convictions religieuses bien ancrées, obligé de transgresser plusieurs interdits pour assurer sa survie. Son récit correct mais pas inoubliable bénéficie de la mise en images très personnelle de Mike Mignola. Cet artiste n'a pas complètement achevé sa mutation vers l'abstraction à base d'aplats de noir rocailleux, mais ses choix graphiques permettent de conserver tout le mystère des Aliens, et toute leur horreur souvent suggérée.
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ALIENS Absolution - Edition collector

L'intrigue de Gibbons est vraiment angoissante et passionnante. Mike Mignola y fait déjà des merveilles au dessin. Il n' a pas encore le style qu'on lui connait sur Hellboy, mais il s'en rapproche. Ces illustrations des Aliens (d'après H.R.Giger) sont assez impressionnantes.
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ALIENS Absolution - Edition RAW noir & blanc

L'une des meilleures histoires sur ces créatures devenues célèbres depuis 1979 et le film de Ridley Scott. Un beau livre que les collectionneurs et les amateurs de Mignola et de Gibbons ne rateront pas !
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Aliens Salvation

mon premier mignola mais pas mon premier alien !

malgré sa minceur, ce livre est une merveille ! outre le clair obscur de mignalo (il a tout piqué au caravage) le scénario emprunte aux deux premiers opus de la saga, c'est à dire alien (le un) et aliens (le deux ) !

Blessures (physiques, psychologiques et narcissiques), folie, meutres, abandon, perdition, dans toute cette suite épouvantable, on suit le parcourt de Selkirk, membre de l'équipage, abandonné sur une petite planète ! Il devra s'affranchir de bcp de ses convictions religieuses pour survivre mais s'en oublier Dieu par ses prières ferventes ! Il cherchera l'absolution à la toute fin de ses épreuves, la trouvera-t-il ? à mes yeux oui mais à quel prix ? à vous de me le dire !
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Aliens Salvation

Voici donc un énième alien assez prometteur quand on voit qui est aux commandes : Magnola / Gibbons, de l'aveu du dessinateur (Mignola pour ce comic) ce projet est né dans le but de faire de l'argent et de surfer sur la vague "aliens", il en résulte un pur produit d'exploitation...
Lien : http://www.psychovision.net/..
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Aliens Salvation

Un très bon récit sur le thème de la survie. L'intrigue de Gibbons est vraiment angoissante et passionnante.
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Aliens Salvation

Ce tome contient un récit complet, mettant en scène des Aliens, tels que créés par H Ridder Haggard, et filmé par Ridley Scott en 1979. Cette histoire de 47 pages de bande dessinée, est initialement parue en 1993, avec un scénario de Dave Gibbons, des dessins de Mike Mignola, un encrage de Kevin Nowlan, et une mise en couleurs de Matt Hollingsworth.



Sur une planète éloignée, avec une proportion d'eau, une capsule de secours du vaisseau spatial Nova Maru a atterri dans une eau peu profonde, en bordure de plage. À son bord se trouvent 2 rescapés : le capitaine Foss, et l'enseigne Selkirk. Ce dernier est un homme pieu qui se morigène pour avoir péché. Le capitaine Foss est sérieusement blessé à l'œil droit, et au bras droit. Il dispose d'une arme et de munition, ainsi que d'un kit médical, avec des antidouleurs.



Le Nova Maru était affrété par la Compagnie, et transportait un cargo de nature inconnue pour l'équipage, mais bien connu du capitaine (et des lecteurs). Le séjour sur cette planète ne s'annonce pas de tout repos. L'eau n'est pas tout à fait potable. Les oiseaux ne sont pas vraiment comestibles. En plus le capitaine Foss est un peu paranoïaque sur les bords (et un peu au milieu aussi).



À l'évidence, Dave Gibbons est plutôt connu pour être le dessinateur de Watchmen d'Alan Moore, que pour être un grand scénariste. Néanmoins, il a réussi quelques récits sympathiques comme l'excellent Superman et Batman : L'Etoffe des Héros (dessiné par Steve Rude), ou encore le sympathique premier crossover entre Batman et Predator. Il se livre à un exercice un peu piégé : raconter une histoire dont le lecteur devine aisément le déroulement, à un ou deux détails près. Les pauvres survivants vont être confrontés à des Aliens bien baveux et acides, et tout à leur obsession d'assurer leur reproduction, sans beaucoup d'espoir de s'en sortir ou alors de justesse, et pas forcément en bon état. À partir de là, comment intéresser le lecteur ?



Le suspense se trouve réduit à se demander quand les survivants vont affronter les horribles bestioles, et comment ils vont finir dans d'atroces souffrances. Le scénariste doit donc soit se montrer très imaginatif dans la construction de sa course-poursuite, soit créer des personnages attachants, soit donner une dimension métaphorique à l'extermination. Le plus simple est bien sûr de mettre en scène les Aliens comme l'ultime manifestation de l'élan vital, une espèce toute entière dévouée à sa perpétuation, sans notion d'individualité, sans autre occupation qui pourrait divertir leur énergie vitale. Et en plus ils sont coriaces.



Dave Gibbons opte pour la mise en scène d'un individu à la personnalité particulière. Selkirk est un croyant, dans une foi qui n'est pas nommée, mais qui reprend à gros trait l'idée d'un Dieu unique ayant défini un code moral assorti de péchés. Le lecteur a accès aux pensées de Selkirk par le biais de petites cellules de texte. Il constate rapidement que la foi de Selkirk est basique : une déité omnisciente, un Dieu de colère proche de celui de l'Ancien Testament. Selkirk doit respecter les commandements sous peine de se retrouver en Enfer.



Le scénariste a le bon goût de ne pas transformer Selkirk en un fanatique, mais il force un peu sur l'autocritique, et sur la propension à assimiler tout comportement à un péché. Il a aussi le bon goût d'éviter le rapprochement simpliste entre Aliens et Diable. Le lecteur assiste donc aux bévues commises par Selkirk cherchant à survivre, et transgressant les interdits. Au départ, le lecteur se dit que Gibbons se montrera plus subtil avec la question de la survie sur une planète non adaptée à la vie humaine. Selkirk et Foss ne sont pas bien sûr de la composition de l'air qu'ils respirent, l'eau contient des trucs nocifs, et les animaux ont une chair incompatibles avec les estomacs humains. Mais cet aspect-là de la narration est vite oublié au profit de la course-poursuite.



À l'évidence, le lecteur intéressé par cette histoire l'est surtout parce qu'elle a été dessinée par Mike Mignola. C'est l'un des derniers récits qu'il a réalisé avant de lancer sa série Hellboy en 1994. Juste avant il avait collaboré avec Howard Chaykin sur Le Cycle des épées (1991, encré par Al Williamson), puis Ironwolf : (1992, encré par P. Craig Russell). Ici il bénéficie de l'encrage très respectueux de Kevin Nowlan qui ne cherche pas à arrondir ses aplats de noir, qui ne cherche pas à rajouter des détails, là où Mignola a opté pour une simplification. Il n'y a que quelques traits parfois un peu plus fins que ceux qu'auraient utilisés Mignola qui peuvent trahir le fait qu'il ne s'est pas encré lui-même.



Tout au long de ce récit, le lecteur constate que la transition entre des dessins descriptifs de Mignola, et une approche plus expressionnistes est déjà proche d'aboutir au stade final. Les visages sont soient mangés par des gros traits figurant une ombre portée exagérée, soit plus esquissés que finalisés quand ils se retrouvent en pleine lumière, en particulier pour ce qui est des lèvres (2 gros boudins) ou des yeux représentés avec des gros traits, sans pupille visible. Les silhouettes sont assez massives, et taillées à grands coups de serpe. Tous les personnages n'ont pas encore les épaules tombantes, comme ça sera le cas par la suite chez cet artiste. Par contre, les ombres portées conduisent à des morphologies bizarres, à commencer par Selkirk qui semble avoir une poitrine un peu surdéveloppée, une fois sa chemise déchirée. Les petits traits qui marquent la peau de Dean neutralisent tout voyeurisme ou forme de séduction. Elle ne peut pas être réduite à un objet du désir, dans la mesure où Mignola la représente sans grâce (même la case où elle apparaît avec un marcel mouillé).



Par rapport à la série Hellboy, le lecteur constate que la densité d'informations visuelles reste élevée. Mike Mignola n'a pas encore pris le parti d'une épuration graphique systématique. Il représente les arrière-plans, soit avec des détails concrets, soit avec des formes tirant vers l'abstraction. Ce compromis dans les images assure un bon niveau d'immersion pour le lecteur, ce qui est plutôt agréable dans le cadre d'un récit de science-fiction.



Et les vraies vedettes de l'histoire ? Mike Mignola fait des merveilles pour leur rendre toute leur étrangeté, et leur dangerosité. Dans le cadre des comics, l'une des difficultés auxquelles se heurtent les dessinateurs, est de trouver comment conserver leur part d'horreur aux Aliens. Avec une bande dessinée, il n'est pas possible de jouer sur la fugacité de leur apparition, ou sur la soudaineté de leur attaque. Le dessin reste sous les yeux du lecteur qui peut le regarder aussi longtemps qu'il le souhaite. C'est lui qui maîtrise le rythme de la lecture, par opposition au cinéma. La deuxième difficulté à laquelle le dessinateur est confronté, c'est l'apparence qu'il donne à l'Alien. Au vu du nombre d'images, il n'est pas possible d'aboutir à un niveau de détails similaire à celui d'Hans Rudolf Giger (l'artiste qui les a créés), et même si l'artiste disposait du temps nécessaire le résultat serait trop figé. Il reste la possibilité de jouer sur les textures comme le fit Richard Corben (voir Aliens: Alchemy), mais là encore trop de détails finit par banaliser ces créatures.



L'approche graphique de Mike Mignla constitue le juste milieu. Il peut représenter des Aliens à découvert, tout en leur conservant leur part de mystère, par l'usage d'aplats de noir mangeant une partie de leur silhouette ou le détail exact de leur morphologie. Il peut choisir de ne faire ressortir que quelques traits saillants évoquant leur silhouette. Il sait aussi tirer les surfaces noires de leur peau, vers l'abstraction pour leur donner une apparence conceptuelle. Avec cette histoire, Mike Mignola se révèle être un des artistes parfaits pour mettre en scène les Aliens sans rien perdre de leur horreur et de leur fugacité.



Dans ce court récit (47 pages), Dave Gibbons fait l'effort d'inclure des éléments particuliers pour éviter l'effet d'une histoire générique avec des Aliens. Il ne développe leur rôle comme incarnation pure de la perpétuation d'une espèce, les cantonnant au rôle de monstres horrifiques. Il choisit un personnage principal aux convictions religieuses bien ancrées, obligé de transgresser plusieurs interdits pour assurer sa survie. Son récit correct mais pas inoubliable bénéficie de la mise en images très personnelle de Mike Mignola. Cet artiste n'a pas complètement achevé sa mutation vers l'abstraction à base d'aplats de noir rocailleux, mais ses choix graphiques permettent de conserver tout le mystère des Aliens, et toute leur horreur souvent suggérée.
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Aliens Salvation

Alors que trois volets de la franchise cinématique ont déjà terrifié deux générations de spectateurs, Dave Gibbons, que les lecteurs de comics connaissent comme le dessinateur des Watchmen, écrit pour Dark Horse, déjà défricheuse de talents et future force d’opposition aux Big Two outre Atlantique, un scénario basé sur la mythologie Alien.





Dans une sorte de jungle hostile hors du temps (en tout cas infestée de ptérodactyles), un cuisinier "mais pas que" (et, non, ce n’est pas Steven Seagal)





S’extirpe d’une carcasse de capsule de sauvetage. Lui et le capitaine, à moitié fou et salement amoché, semblent être les seuls survivants de leur vaisseau, les autres membres ayant été soit descendus soit condamnés par le susnommé capitaine quand il a pété les plombs en découvrant que la « cargaison » du vaisseau n’était plus sécurisée (vous aurez compris, perspicaces lecteurs, la nature de la dite cargaison).





Mais en fait non : la nana sexy qui fait office de Ripley dans Salvation, et, surtout, toute une ribambelle de créatures extra terrestres rapides et vicieuses, sont également de la fête. Dans la jungle, personne ne vous entendra crier !





Si les ingrédients principaux de la recette sont bien là : Aliens pullulants, héros charismatique, reine pondeuse, artillerie lourde, androïde infiltré et corporation maléfique, Gibbons introduit un élément nouveau et non des moindres : la religion.





Le problème avec ce sujet, on le sait bien, c’est comme pour la politique (surtout en ce moment), c’est aussi épineux que casse gueule. Et, comme toute recette, un peu trop d’un ingrédient peut tout vous foutre en l’air !





En effet, la quasi incessante litanie intérieure de Selkirk, le cuistot catho, devient vite lourdingue, surtout quand, en plein cauchemar xénomorphe, il dévie sur l’éventuelle tentation que représente le corps de l’autre survivante du vaisseau (et Gibbons évitera d’ailleurs un éventuel passage à l’acte en en faisant la droide de l’histoire), où ne cesse de demander aide et/ou pardon à dieu.





Le salut par l'Isolation / Aliens Salvation Vs. Alien: Isolation





Mignola, de son coté, est aux balbutiements de sa carrière. Il a bossé pour DC sur de fort bonnes choses, dont un Batman très réussi, et a signé une magistrale adaptation du Dracula made in Coppola.





Il a déjà trouvé son style graphique si caractéristique, fait d’à-plats de noirs, de corps musclés parfois presque difformes mais terriblement dynamiques (on pense, dans un autre genre, à Kirby), le tout agrémenté d’éléments de décors gothiques, même dans une jungle tropicale extra terrestre.







Ses aliens sont tout bonnement terrifiants, les scènes de combats sont dantesques et l’ensemble baigne dans le gore classe (si tant est que deux termes aussi opposés puissent être évoqués ensemble).







En substance, tout ce qui va faire le succès de sa série cultissime à venir est déjà là : Raspoutine peut invoquer Hellboy !







Au final on gardera de ce one shot une idée de départ originale et porteuse, traitée d’une main un peu lourde et trop à la manière du second volet filmique de la série – l’un des moins bons- dont le gros point fort et la partie graphique quasi sans fautes.



Conseil d'écoutes et bonus par là:

http://bobd.over-blog.com/2017/04/le-salut-par-l-isolation/aliens-salvation-vs.alien-isolation.html
Lien : http://bobd.over-blog.com/20..
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Aliens Salvation

http://lacasebd.overblog.com/2014/12/redemption.html



J’ai sous la main une petite B.D. de derrière les fagots puisque ce n’est pas moins que la version collector et limitée à 400 exemplaires d’Alien Salvation de Dave Gibbons et Mike Mignola.



Dave Gibbons (à ne pas confondre avec Dave Stewart du groupe new wave/age Eurythmics), c’est un écrivain qui a déjà pas mal baroudé avec son pote Alan Moore et dans l’univers des comics. Mike Mignola, lui, on ne va pas trop le présenter mais c’est le papa de Hellboy principalement, trois films et tout un univers rempli de mythes & légendes ; mais voilà, avant Hellboy il y avait autre chose et c’est là qu’on rentre dans le vif du sujet et que l’on part en pleine introspection.



À l’époque où les deux lascars se sont rencontrés, ils voulaient faire un projet ensemble. Et comme en plus le film de Ridley Scott avait le vent en poupe, le sujet était déjà trouvé.



Alien vous connaissez, non ? Mais siiii, 1979, un vaisseau, un gars qui accouche douloureusement d’une créature à la bouche phallique et j’en passe… pour ceux qui ne connaissent pas (honte à vous), le film en lui-même est un film genre survival-SF-horreur et raconte l’histoire de l’équipage du vaisseau spatial NOSTROMO qui se voient décongelés de leur hibernation pour cause de rescousse de la veuve et l’orphelin sur une base minière abandonnée. Après investigation, ils découvrent que presque tout le monde, ils sont morts de chez morts, sauf une gamine qui a des gènes de Bruce Willis. Manque de bol (comme toujours), la cause n’est pas naturelle mais plutôt la cause de plein de vilains monstres très laids, visqueux et bien baveux qui ne leur veulent pas du bien ou qui aimeraient bien s’accoupler avec, c’est tout dire ; pour le reste allez voir le film. Bref, ça c’est pour la base principale du film, et notre bouquin va s’en servir pour ne garder que l’ambiance et ces vilains Aliens évidemment. J



L’histoire du bouquin ? Le vaisseau NOVA MARU retourne sur terre avec sa cargaison chargée jusqu’à la gueule de boites de crabe et de sushis avariés sauf qu’en plein vol, une avarie va faire tout foirer et « patatras », voilà que c’est déjà la catastrophe. Le capitaine du vaisseau, pas con, prend Slivek, le cuistot, avec lui et se barre avec l’unique capsule de secours sur la plus proche planète et zut pour les autres qu’on abandonne lâchement. Sauvé oui, mais pas pour longtemps puisque la planète où la capsule de secours s’est écrasée est du genre assez sauvage ; et si c’était déjà pas assez la foire, le NOVA MARU va justement s’y écraser aussi pour y décharger sa cargaison de boites de crabe… ah non tiens, c’est pas du crabe, c’est des Aliens… Damned, vous voulez dire que la compagnie pour laquelle ils travaillent voulait ramener de l’Alien sur terre pour en faire une arme biologique et se faire plein de sous ? Noooooon, jamais. On n’est pas comme ça nous. Du coup, Slivek, super croyant avec Jésus et tout ça, va devenir un peu fou et va voir dans les Aliens, des démons de l’enfer. Le capitaine, lui, mentalement, a déjà lâché les amarres et est parti faire des crêpes. Culpabilité ? Recherche de la rédemption ? Perso je prends mes jambes à mon coup.



Dans un graphisme entre « le Cycle des Epées » et « Hellboy », Mike Mignola nous offre un dessin saupoudré d’aplat sombre faisant déjà référence à son style si connu. C’est très beau, obscur, rempli de symbolisme et s’accorde fidèlement à cette ambiance froide et si mortelle. Personnellement c’est une période graphique plus « intéressante » à mon gout, du dessinateur.



Dave Gibbons, comme d’habitude, nous offre ici un scénario introspectif, empli de psychanalyse et de questionnement où se mélangent religion et peur. Un style narratif lent, réfléchi et macabre pour ce bouquin pas mal du tout qui nous montre jusqu’où la foi et la folie peuvent aller dans des situations extrêmes.



Le tout est sans prétention puisque les auteurs eux-mêmes avouent dans un excellent aparté qui se trouve dans le bouquin, que leur but était de s’en mettre plein les fouilles.



Édition collector oblige, l’objet est super beau et d’excellente facture, même pour votre portefeuille, car malgré le fait que ce soit un truc tiré à 400 exemplaires chez WETTA, il est encore trouvable pour pas cher du tout (genre 10-15€) dans les bonnes librairies évidemment ou même dans certains e-shops. Certains vous diront que le nombre de pages est plus que léger et en aurait mérité quelques unes en plus, histoire de plonger encore plus dans la folie et les états d’âme des personnages mais l’histoire en vaut la peine malgré ce petit défaut.



La version normal quant à elle est nickel et n'a pas honte par rapport à la version collector.



Seul regret ? Que l’édition ne soit limitée qu’à 400 exemplaires… mais ça on n’y peut rien. Une très bonne lecture avant d’aller vous coucher.


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Aliens Salvation

Ce tome contient un récit complet, mettant en scène des Aliens, tels que créés par H Ridder Haggard, et filmé par Ridley Scott en 1979. Cette histoire de 47 pages de bande dessinée, est initialement parue en 1993, avec un scénario de Dave Gibbons, des dessins de Mike Mignola, un encrage de Kevin Nowlan, et une mise en couleurs de Matt Hollingsworth.



Sur une planète éloignée, avec une proportion d'eau, une capsule de secours du vaisseau spatial Nova Maru a atterri dans une eau peu profonde, en bordure de plage. À son bord se trouvent 2 rescapés : le capitaine Foss, et l'enseigne Selkirk. Ce dernier est un homme pieu qui se morigène pour avoir péché. Le capitaine Foss est sérieusement blessé à l'œil droit, et au bras droit. Il dispose d'une arme et de munition, ainsi que d'un kit médical, avec des antidouleurs.



Le Nova Maru était affrété par la Compagnie, et transportait un cargo de nature inconnue pour l'équipage, mais bien connu du capitaine (et des lecteurs). Le séjour sur cette planète ne s'annonce pas de tout repos. L'eau n'est pas tout à fait potable. Les oiseaux ne sont pas vraiment comestibles. En plus le capitaine Foss est un peu paranoïaque sur les bords (et un peu au milieu aussi).



À l'évidence, Dave Gibbons est plutôt connu pour être le dessinateur de Watchmen d'Alan Moore, que pour être un grand scénariste. Néanmoins, il a réussi quelques récits sympathiques comme l'excellent Superman et Batman : L'Etoffe des Héros (dessiné par Steve Rude), ou encore le sympathique premier crossover entre Batman et Predator. Il se livre à un exercice un peu piégé : raconter une histoire dont le lecteur devine aisément le déroulement, à un ou deux détails près. Les pauvres survivants vont être confrontés à des Aliens bien baveux et acides, et tout à leur obsession d'assurer leur reproduction, sans beaucoup d'espoir de s'en sortir ou alors de justesse, et pas forcément en bon état. À partir de là, comment intéresser le lecteur ?



Le suspense se trouve réduit à se demander quand les survivants vont affronter les horribles bestioles, et comment ils vont finir dans d'atroces souffrances. Le scénariste doit donc soit se montrer très imaginatif dans la construction de sa course-poursuite, soit créer des personnages attachants, soit donner une dimension métaphorique à l'extermination. Le plus simple est bien sûr de mettre en scène les Aliens comme l'ultime manifestation de l'élan vital, une espèce toute entière dévouée à sa perpétuation, sans notion d'individualité, sans autre occupation qui pourrait divertir leur énergie vitale. Et en plus ils sont coriaces.



Dave Gibbons opte pour la mise en scène d'un individu à la personnalité particulière. Selkirk est un croyant, dans une foi qui n'est pas nommée, mais qui reprend à gros trait l'idée d'un Dieu unique ayant défini un code moral assorti de péchés. Le lecteur a accès aux pensées de Selkirk par le biais de petites cellules de texte. Il constate rapidement que la foi de Selkirk est basique : une déité omnisciente, un Dieu de colère proche de celui de l'Ancien Testament. Selkirk doit respecter les commandements sous peine de se retrouver en Enfer.



Le scénariste a le bon goût de ne pas transformer Selkirk en un fanatique, mais il force un peu sur l'autocritique, et sur la propension à assimiler tout comportement à un péché. Il a aussi le bon goût d'éviter le rapprochement simpliste entre Aliens et Diable. Le lecteur assiste donc aux bévues commises par Selkirk cherchant à survivre, et transgressant les interdits. Au départ, le lecteur se dit que Gibbons se montrera plus subtil avec la question de la survie sur une planète non adaptée à la vie humaine. Selkirk et Foss ne sont pas bien sûr de la composition de l'air qu'ils respirent, l'eau contient des trucs nocifs, et les animaux ont une chair incompatibles avec les estomacs humains. Mais cet aspect-là de la narration est vite oublié au profit de la course-poursuite.



À l'évidence, le lecteur intéressé par cette histoire l'est surtout parce qu'elle a été dessinée par Mike Mignola. C'est l'un des derniers récits qu'il a réalisé avant de lancer sa série Hellboy en 1994. Juste avant il avait collaboré avec Howard Chaykin sur Le Cycle des épées (1991, encré par Al Williamson), puis Ironwolf : (1992, encré par P. Craig Russell). Ici il bénéficie de l'encrage très respectueux de Kevin Nowlan qui ne cherche pas à arrondir ses aplats de noir, qui ne cherche pas à rajouter des détails, là où Mignola a opté pour une simplification. Il n'y a que quelques traits parfois un peu plus fins que ceux qu'auraient utilisés Mignola qui peuvent trahir le fait qu'il ne s'est pas encré lui-même.



Tout au long de ce récit, le lecteur constate que la transition entre des dessins descriptifs de Mignola, et une approche plus expressionnistes est déjà proche d'aboutir au stade final. Les visages sont soient mangés par des gros traits figurant une ombre portée exagérée, soit plus esquissés que finalisés quand ils se retrouvent en pleine lumière, en particulier pour ce qui est des lèvres (2 gros boudins) ou des yeux représentés avec des gros traits, sans pupille visible. Les silhouettes sont assez massives, et taillées à grands coups de serpe. Tous les personnages n'ont pas encore les épaules tombantes, comme ça sera le cas par la suite chez cet artiste. Par contre, les ombres portées conduisent à des morphologies bizarres, à commencer par Selkirk qui semble avoir une poitrine un peu surdéveloppée, une fois sa chemise déchirée. Les petits traits qui marquent la peau de Dean neutralisent tout voyeurisme ou forme de séduction. Elle ne peut pas être réduite à un objet du désir, dans la mesure où Mignola la représente sans grâce (même la case où elle apparaît avec un marcel mouillé).



Par rapport à la série Hellboy, le lecteur constate que la densité d'informations visuelles reste élevée. Mike Mignola n'a pas encore pris le parti d'une épuration graphique systématique. Il représente les arrière-plans, soit avec des détails concrets, soit avec des formes tirant vers l'abstraction. Ce compromis dans les images assure un bon niveau d'immersion pour le lecteur, ce qui est plutôt agréable dans le cadre d'un récit de science-fiction.



Et les vraies vedettes de l'histoire ? Mike Mignola fait des merveilles pour leur rendre toute leur étrangeté, et leur dangerosité. Dans le cadre des comics, l'une des difficultés auxquelles se heurtent les dessinateurs, est de trouver comment conserver leur part d'horreur aux Aliens. Avec une bande dessinée, il n'est pas possible de jouer sur la fugacité de leur apparition, ou sur la soudaineté de leur attaque. Le dessin reste sous les yeux du lecteur qui peut le regarder aussi longtemps qu'il le souhaite. C'est lui qui maîtrise le rythme de la lecture, par opposition au cinéma. La deuxième difficulté à laquelle le dessinateur est confronté, c'est l'apparence qu'il donne à l'Alien. Au vu du nombre d'images, il n'est pas possible d'aboutir à un niveau de détails similaire à celui d'Hans Rudolf Giger (l'artiste qui les a créés), et même si l'artiste disposait du temps nécessaire le résultat serait trop figé. Il reste la possibilité de jouer sur les textures comme le fit Richard Corben (voir Aliens: Alchemy), mais là encore trop de détails finit par banaliser ces créatures.



L'approche graphique de Mike Mignla constitue le juste milieu. Il peut représenter des Aliens à découvert, tout en leur conservant leur part de mystère, par l'usage d'aplats de noir mangeant une partie de leur silhouette ou le détail exact de leur morphologie. Il peut choisir de ne faire ressortir que quelques traits saillants évoquant leur silhouette. Il sait aussi tirer les surfaces noires de leur peau, vers l'abstraction pour leur donner une apparence conceptuelle. Avec cette histoire, Mike Mignola se révèle être un des artistes parfaits pour mettre en scène les Aliens sans rien perdre de leur horreur et de leur fugacité.



Dans ce court récit (47 pages), Dave Gibbons fait l'effort d'inclure des éléments particuliers pour éviter l'effet d'une histoire générique avec des Aliens. Il ne développe leur rôle comme incarnation pure de la perpétuation d'une espèce, les cantonnant au rôle de monstres horrifiques. Il choisit un personnage principal aux convictions religieuses bien ancrées, obligé de transgresser plusieurs interdits pour assurer sa survie. Son récit correct mais pas inoubliable bénéficie de la mise en images très personnelle de Mike Mignola. Cet artiste n'a pas complètement achevé sa mutation vers l'abstraction à base d'aplats de noir rocailleux, mais ses choix graphiques permettent de conserver tout le mystère des Aliens, et toute leur horreur souvent suggérée.
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Batman versus Predator

Publié par Dark Horse, au début des années 1990, à peu près en même temps que le film "Predator 2", ce crossover, scénarisé par Dave Gibbons et dessiné et encré par les frères Kubert (Andy et Adam), s'en tire plutôt bien.



Vers la fin des années 1980, Dark Horse avait acquis les licences d'Alien, Terminator et Predator et encouragé par le succès du comic "Alien vs Predator", ils commandèrent à Gibbons ce "Batman vs Predator". Bien sur ça sent le truc promotionnel et commercial, mais le résultat est globalement sympathique bien, qu'à mon avis, non essentiel dans la bibliographie du chevalier noir.



Alors qu’il regarde tranquillement un match de boxe diffusé à la télévision pendant la nuit, le gardien de la décharge est dérangé par les aboiements de son chien. Il sort pour voir, et remarque trois petits faisceaux lumineux qui apparaissent sur son torse et celui-ci explose. Ce n’est pas la seule victime… Un peu plus tard, le grand gagnant du combat de boxe se fait lui aussi tuer dans d’atroces circonstances. Bruce Wayne qui assiste à une soirée mondaine, prétexte un rendez-vous en voyant le « bat signal » et revêt son costume de chevalier noir. Son investigation le conduit assez logiquement auprès de l’autre boxeur. Là-bas, il n’a guère le temps de l’interroger, qu’ils sont aussitôt attaqués par un mystérieux tueur. Batman découvre sa position, lui fait face et ne se fait pas tirer dessus : l’agresseur semble respecter certaines règles… Ce dernier disparaît et réapparaît dans le bureau d’un des caïds de la ville, qu’il assassine avec quelques uns de ses hommes. Batman est là aussi et s’interpose et découvre une étrange créature à la force colossale...



L'ambiance de ville corrompue et certains éléments (comme l'armure de Batman, à la fin) rappellent quelque peu "Dark Knight Return" de Miller. Le traitement, entre Batman et Predator est équilibré, en terme de présence, et,bien que ce dernier soit inévitablement le "méchant", on insiste beaucoup sur le fait qu'il respecte un code de l'honneur, certes "brutal et sauvage" mais un code de l'honneur quand même. L'affrontement entre les deux protagonistes se déroule lors de deux temps forts et, logiquement, Batman se prend d'abord une (méchante) dérouillée avant de triompher, grâce à son ingéniosité (oui, parce que la première option "opposition frontale" n'a pas été des plus efficace...) Le paysage urbain de Gotham sied bien à l'alien aux rastas et renvoie au deuxième film de la série, sorti peu de temps avant.



En ce qui concerne le dessin, je n'ai jamais été très fan des frères Kubert. Certains passages sont plutôt réussis, d'autres me laisse dubitatif et l'ensemble laisse, au final, une impression mitigée. Les couleurs ne sont vraiment pas tops et le découpage des planches parfois un peu monotone.



Dommage, car avec une aspect graphique plus recherché, mettant davantage en valeur l'ambiance de polar noir, mâtinée de chasse à l'homme, j'aurais pu me laisser aller à mettre quatre étoiles. L'ensemble est néanmoins plaisant, à l'image d'un bon vieux Predator (le film).
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Batman versus Predator

Roh LA LA. Un affrontement d'anthologie. Ce crossover-là tient TOUTES ses promesses. On le voit en librairie, on devine le duel monumental qui doit avoir lieu. Et bien on devine juste!! Les capacités de chacun sont exploitées au maximum et à très bon escient, et c'est juste épique quand on est fan des deux. Les répliques enregistrées et décalées du Predator sont la cerise de ce combat entre monstres sacrés.
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Batman versus Predator

Soutenu par un dessin très 90′s d’Andy et Adam Kubert qui a bien vieilli, ce premier round à Gotham est une réussite. On comprend mieux que la licence ait été active par la suite.
Lien : http://www.bdencre.com/2011/..
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Batman versus Predator

Pour la première fois en 1992, un héros de DC Comics croise une entité cinématographique de l’univers Alien-Predator, et ce sera loin d’être la dernière.



Tel Danny Glover dans Predator 2 (datant de 1991, comme par hasard…), Batman doit défendre sa ville face à un guerrier extraterrestre au jeu macabre difficile à cerner au départ. Le scénario, dit ainsi, ne va pas bien loin, mais Dave Gibbons (connue « notamment » pour l’inclassable Watchmen) réussit à y mêler efficacement le polar à la Batman et l’intérêt de voir Gotham traversé par un Predator : chacun des deux adversaires joue parfaitement son rôle ; on en attendait pas bien davantage. Cela sonne donc bien et l’ensemble se lit plutôt vite. Le dessin peut, bien sûr, être jugé archaïque, mais nous sommes au début des années 1990 et, surtout, cela sert parfaitement le récit. Puisque la vision thermique du Predator est toujours autant un élément caractéristique. La fin, très classique, permet au moins de lancer comme il se doit la série des « versus » où Batman, Superman et Green Lantern affronteront désormais Aliens et Predators.



Tout un programme, me direz-vous, mais captivant quand on s’intéresse aux phénomènes inter-médias !



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Batman versus Predator

Ce tome contient une histoire complète, initialement parue en 3 épisodes en 1991/1992, écrite par Dave Gibbons, dessinée par Andy Kubert, encrée par Adam Kubert et mise en couleurs par Sherilyn Van Valkenburgh.



Sur le ring, Bull Bersaglio et Marcus King s'affrontent pour le titre de champion. Dans les gradins, Leo Brodin (patron de Bersaglio) et Alex Yeager (patron de King) se toisent avec animosité. Pour eux ce match est également le symbole de leur rivalité dans les affaires illicites de Gotham, et le gagnant disposera d'une sorte d'avantage psychologique sur l'autre. Dans une casse d'automobiles, le gardien regarde le match à la télé, lorsque ses chiens se mettent à aboyer. Il est sauvagement éventré alors que l'agresseur invisible s'imprègne de l'identité du champion (de boxe). Peu de temps après le champion est retrouvé éventré dans son penthouse alors qu'il fêtait sa victoire au lit avec sa femme. La police arrive sur place et James Gordon permet à Batman d'inspecter les lieux. Alors qu'il repart, il est observé depuis les toits par un individu qui semble le regarder avec une vision infrarouge. Batman est persuadé que ce meurtre est lié au milieu de la pègre, une forme de vengeance déguisée du perdant.



Il fut une époque (plusieurs même) où des éditeurs de maisons différentes pouvaient réussir à bâtir un montage juridique et financier permettant à leurs personnages de se croiser (par exemple Spider-Man & Superman). À la fin des années 1980, Dark Horse agrandit son catalogue en achetant des licences pour publier des comics d'Aliens, de Predator, et aussi de Terminator. Dans la première préface, Dennis O'Neill explique que Dark Horse a proposé ce crossover et qu'il n'a eu qu'à donner son accord, le reste s'est fait tout seul. Dans son introduction, Diana Schutz explique que ce fut un vrai plaisir de travailler avec Gibbons et les frères Kubert, malgré les contraintes générées par l'obligation de faire approuver chaque planche par les propriétaires des droits des personnages (DC et 20th Century Fox). Dave Gibbons explique que l'idée de départ lui a été proposée par Mike Richardson (éditeur en chef de Dark Horse), après avoir constaté le succès de Aliens versus Predator (publié en 1990, le premier film AvP datant de 2004).



Dave Gibbons doit s'accommoder de contraintes très fortes, pour bâtir son scénario. Il faut que les 2 personnages (Batman et Predator) soient traités de manière à peu près équilibrée (qu'une licence ne donne pas l'impression d'écraser l'autre, de se faire de l'argent aux dépends de l'autre). Il faut qu'il respecte les caractéristiques principales des 2 personnages. Il faut également qu'il donne aux lecteurs ce que promet le titre : un affrontement en bonne et due forme entre Batman et Predator. Avec ce carcan, le lecteur se doute bien que le résultat suivra un chemin bien balisé, et n'a aucune chance d'être une histoire dans laquelle le scénariste peut laisser libre cours à son imagination, ou se laisser aller à philosopher. Avec ces limitations en tête, il faut reconnaître que Gibbons s'en sort assez bien. À l'évidence, il a lorgné du coté de "Dark knight returns" de Miller pour le ton du récit. C'est ainsi que le lecteur peut repérer l'usage modéré des journalistes de télévision, une société gangrenée par la corruption (Julius Lieberman, le maire de Gotham, fréquentant ouvertement Leo Brodin et Alex Yeager), un Batman stoïque et inaccessible à l'humour, une armure de Batman haute technologie qui évoque celle du final de "Dark knight returns". Malgré tout, Gibbons n'est pas Miller, et le cynisme réactionnaire est absent du récit. Gibbons reprend les formes des dispositifs narratifs de Miller, mais pas leur substance. L'intervention des journalistes n'établit pas des points de vue croisés sur les valeurs véhiculées par la société du spectacle. La corruption des élites n'est qu'un élément de décor peu convaincant. L'ajout d'un prédicateur très intéressé par le montant des offrandes se révèle au final totalement gratuit, juste un élément de décor supplémentaire, sans incidence sur l'intrigue principale.



Pour ce qui est du respect des personnages et le combat attendu, Gibbons effectue un travail honorable. Il a choisi un Batman sans Robin, avec un Alfred Pennyworth plus dans l'aide logistique que dans le sarcasme. Il a même l'idée intelligente et originale (dans le contexte des comics de Batman) de montrer que les blessures reçues lors du premier combat ne guérissent pas en 24 heures. Coté Predator, Gibbons reprend l'idée d'un guerrier dont l'objectif est de prouver sa valeur en se mesurant aux combattants les plus valeureux du monde où il se trouve. Le lecteur retrouve les caractéristiques physiques de la race du Predator, les trois points rouges du viseur, les armes tranchantes, le filet, et la capacité de répéter 3 mots captés dans une conversation pour un effet comique de répétition (mais pas si désagréable que ça). Du coup le lecteur a droit à une histoire qui tient ses promesses (2 affrontements entre Batman et Predator, le dernier occupant les 3 quarts du dernier épisode).



Lorsque ce récit est paru, la mise en couleurs par infographie n'existait pas encore. Van Valkenburgh choisit une palette de couleurs qui évite les teintes claires et vives propres aux superhéros, mais elle a du mal à obtenir des nuances permettant des contrastes suffisants, ce qui donne quelques planches noyées dans un violet qui mange toutes les formes. Les frères Kubert sont encore au début de leur carrière et ils réalisent des dessins agréables, détaillés, avec une mise en page parfois un peu surchargée, choisissant des angles de vue qui privilégient le mouvement à la lisibilité. Ils sont encore fortement influencés par le style de leur père (pour le meilleur), mais déjà avec une approche plus réaliste et plus détaillée que lui. Ils savent reproduire l'allure et les mouvements du Predator, conformément aux postures établies par le film, sans s'en trouver limités. Leur Batman est convaincant sans avoir la présence de celui de Miller, en étant un peu plus proche de la série mensuelle, mais déjà destiné à de jeunes adultes. Il n'y a que l'armure technologique qui souffre d'une composition un peu trop simple, trop enfantine.



Eux aussi abordent le combat final, avec le sérieux nécessaire, et une vision intéressante des échanges de coups, des déplacements dans l'environnement, des mouvements des 2 combattants au fur et à mesure des coups, et entre 2 échanges. Le combat n'est pas chorégraphié à outrance, et il prend bien en compte l'agencement des lieux. Les frères Kubert bénéficient d'un scénario qui ne se limite pas à "Batman et Predator se tapent dessus pendant 15 pages", mais qui réservent des surprises, et qui comprend des stratégies construites.



Cette édition se termine avec un portfolio de dessins pleine page réalisés par Mike Kaluta, Chris Warner, Art Adams, Tim Sale, Walt Simonson, Adam Hughes, Matt Wagner, Joe Kubert, John Higgins, Tom Yeates, Steve Rude, Sam Kieth, John Byrne, Jackson Guice, Mike Mignola, Arthur Suydam.



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Ce premier affrontement entre Batman et Predator tient ses promesses, sans être d'une intensité ébouriffante. Si vous venez chercher un comics d'action qui respecte les 2 personnages, avec un minimum de scénario, vous serez satisfait (4 étoiles). Si vous venez chercher une histoire essentielle dans le mythe de Batman ou du Predator, vous serez déçu (3 étoiles).



Pour les amateurs de ce genre de croisement improbable, sachez que le Predator est revenu affronter Batman 2 fois encore : Match de sang et Liens de sang. Batman a également affronté les Aliens dans Batman / Aliens. Superman n'a pas été épargné par ces bébêtes : Superman vs Predator et Superman / Aliens. Et pour les plus gourmands : Superman & Batman versus Aliens & Predator.
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Comics : les secrets d'un maître

Encore un énième opus sur les super héros? Qu’allons-nous apprendre de ce que nous ne savons déjà ?



Dans ce beau livre, les différentes étapes de la constitution d'un comics made by Gibbons, "Monsieur" Green Lantern et des Watchmen entre autres, vous sont révélés.

Que l'on connaisse Dave Gibbons, ou non, chacun y trouvera son compte. L'amateur saura apprécier les nombreux dessins et esquisses, le féru du crayon connaîtra les détails de la création d'un comics et apprendra certains secrets d'un des maître de DC comics.



Au fil de votre lecture (que vous pouvez consulter au gré de vos envies), chaque chapitre correspond à une étape du processus créatif, transcrite de manières claires, et rythmées par les explications en images et en texte.

Les pages sont ponctuées d’anecdotes, d'informations sur ses nombreuses collaborations, de clins d’œil à ceux qui l'ont influencé, des hommages à tous ceux qui participent à la genèse d'un comics (coloriste, des scénaristes, des pro du lettrage...)

Il y a même un chapitre Comment dessiner un super héros. Le dernier chapitre est consacré à la pratique. Des exercices-vous sont proposés pour vous aider à appréhender la conception d'une BD.Moi qui ne suit pas doué en dessin, ma curiosité est piquée, j'ai bien envie de m'y mettre, en tout cas de savoir si je suis capable de créer des cases à partir d'un concept.

On perçoit les comics books différemment, on se surprend à mettre en pratique ce que l'on vient de lire, comme l'importance des point focaux, ou points clés c’est à dire là où l'œil est attiré.



En somme vous ne regretterez pas votre achat, les codes des comics vous sont dévoilés, pour les non-initiés vous aurez envie de vous mettre au comics, pour les fans vous ne serez pas en reste car la relecture de vos comics préférés sera une redécouverte.



Cette critique fait suite à une masse critique gagnée à la force de mon index, sur Babelio.
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Comics : les secrets d'un maître

Vraiment un très beau livre, déjà par son contenu mais également par son utilité.



Ma fille ainée dessine beaucoup et est très talentueuse (promis je suis objective). j'ai bien sûr pensé a elle quand je l'ai choisi lors de la dernière masse critique.



Ce livre a été créé par deux grands du comic's. Mais il traite de la BD en général, même si il prend fortement les comic's en exemple.

Ce livre est divisé en 7 chapitres :

-1) l'écriture

- 2) le défrichage visuel

- 3) La narration en séquence

- 4) le lettrage

- 5 ) les couleurs

- 7 ) la maquette

- 8) les exercices ( qui est un grand plus pour moi)



J'ai réellement trouvé ce livre complet, qui détaille minutieusement toutes la facettes de la création d'une BD. Du synopsis, au crayonné, en passant par l'encrage pour finir par la colorisation.

Les auteurs ont pensé à tout ils parlent longuement des dessins fait mains, puis de ceux fait sur tablettes graphiques.

Les conseils et petits détails sont une mine d'or. J'ai particulièrement apprécié ceux parlant de la mise en page.

Les auteurs n'ont pas oublié une choses essentielles : la recherche des personnages, des décors. Et le conseil ultime : le petit carnet pour tout noter : dessin, idées, dialogues.



Ce livre est vraiment bien fait.. les conseils sont bons... quand on ne dessine pas (ce qui est mon cas) on ne pense pas toujours au fait que le graphisme doit être percutant, et que le texte doit lui être réduit à son minimum sans envahir le graphisme.



Ce livre est illustré par de nombreuses planches, recherches , couvertures faites par les auteurs... un régal pour les yeux. Seul petit bémol c'est qu'elles sont en anglais sans aucune traduction. Pour moi, qui parle extrêmement mal anglais c'était assez dérangeant. Enfin, c'est surtout que je me suis dit que je loupais certains éléments essentiels à une compréhension optimale.



Je sais déjà que ce livre sera un outil précieux pour ma fille... il a déjà rejoint SA bibliothèque.



Je tenais a remercier les éditions Eyrolles et Babelio pour cette petite perle de presque 200 pages.



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Comics : les secrets d'un maître

Dave Gibbons, un pilier du monde de la bande dessinée britannique, en particulier au travers du magazine 2000 AD (l'équivalent vivace du Métal Hurlant français) avec la série Dan Dare (un peu le Valérian anglais sans Laureline, ou Flash Gordon-Guy L'Éclair sans Dale Arden), un monument de la narration en séquence dessinée d'outre-Manche, et les ABC Warriors (quoique pour les ABC Warriors personne ne peut, n'a pu ou ne pourra jamais faire mieux que Clint Langley mais ce n'est pas le sujet). L'artiste a participé à un certain nombre de titres qui ont fini en adaptation cinéma (Watchmen, Kingsman : Services secrets,...) et fait de vrais cartons au box office ; c'est dire si c'est une référence et s'il fallait sauter sur l'occasion au travers de l'opération Masse Critique Graphisme... même si pour moi, grand amateur de BD, d'illustrations, de dessins et fabriquant d'image, Dave Gibbons m'apparait plutôt comme un bon artisan, très efficace, mais sans réelle "originalité" ; reste qu'il a une longue expérience derrière lui, plus de quarante ans, et qu'il connaît vraiment bien les ficelles de son métier - sur lesquelles, malheureusement, il a tendance à tirer un peu trop souvent à mon goût.



Le bouquin lui-même est la traduction d'un ouvrage dans le style propre à la pensée positive américaine : si on sait lire alors on trouve dans ces pages de quoi se former et donc améliorer sa condition. Il ne faut pas s'attendre à des sommets de pédagogie, ni même de didactique, mais c'est très bien fait, complet (ou on pourrait le croire), structuré et méthodique, en un mot : efficace. Il y a même un index à la fin, c'est dire ! rien à reprocher à la façon d'organiser les choses, tout est bien rangé sur la bonne étagère, à la bonne hauteur. Et pour avoir un peu testé l'écriture de BD en amateur, je confirme, c'est la bonne procédure mais là clairement adaptée à la production industrielle. Une bonne analyse d'un système de fabrication à la chaine qui est particulier à une idéologie anglo-saxonne. En Europe continentale, disons l'espace éditorial Franco-Belge, on aurait tendance à penser "en album", plus vraiment en magazine. Même pour les mangas. La division du travail avec les spécificités de chaque étage de production, est moins flagrante. le livre s'attarde donc avec justesse et proportion sur des points essentiels qui pourraient passer comme secondaires : l'encrage, le lettrage, la maquette... Dans le titre de l'édition originale, How comics work ? que l'on pourrait traduire par "comment travaillent les comics ?", le terme comics semble englober un tout beaucoup plus large que la simple écriture/illustration d'une bande dessinée ; l'idée comprend même la présentation et la conception de l'objet fini, autrement dit, la meilleure façon de le rendre désirable au public puisque l'objectif final est bien de vendre du papier, en misant sur l'originalité, la différence et la distinction, qui sont plutôt des points positifs et valorisants.



En résumé, j'ai beaucoup appris puisque c'est le principe même des bouquins du type "How-to". Mais J'ai aussi beaucoup apprécié les références à d'autres auteurs et, pour le compte, je suis allé voir du coté de Frank Hampson ( Classic Dan Dare: Marooned on Mercury ) et Jack Kirby ( le Quatrième monde ); pour ce qui est de Will Eisner, j'avais tout à la maison. Enfin, ce qui m'a le plus séduit, je crois, c'est le coté "monographie" de Dave Gibbons dont je ne connaissais pas la production dans le détail. Cette accumulation de travaux présentés sur des doubles pages avec de courts textes en référence m'a conforté dans l'opinion que j'avais de son œuvre. La seule chose que j'ai moins aimé, c'est l'aspect familier du discours qui s'adresse souvent au lecteur en le vouvoyant.
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DC Comics - Anthologie

Pour sa première publication originale, Urban Comics mets les petits plats dans les grands et publie un recueil à la portée de tous, en attendant les premières publication du New 52.
Lien : http://www.actuabd.com/DC-Co..
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