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Citations de David Cooper (109)


Nous n’accueillons le bruit que parce que nous ne pouvons le refuser.
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La famille interdit à ses membres de se toucher, de se sentir, de se goûter. Les enfants peuvent s’ébattre avec leurs parents, mais une stricte ligne de démarcation est dessinée autour de leurs zones érogènes. Ainsi, les garçons âgés ne peuvent embrasser leur mère que d’une façon très mesurée, oblique et guindée. Les étreintes et les attouchements entre sexes opposés deviennent vite, dans l’esprit de la famille, une dangereuse sexualité. […] En famille, la tendresse peut être ressentie –certes- mais en aucun cas exprimée, à moins d’être formalisée jusqu’à perdre pratiquement toute réalité. On peut se souvenir du jeune homme dont parle Grace Stuart et qui, voyant son père dans son cercueil, se pencha sur lui, l’embrassa sur le front et lui dit : « Père, je n’ai jamais osé faire cela de ton vivant. » Peut-être que si nous sentions à quel point sont morts les hommes vivants, le désespoir que nous en ressentirions nous inciterait à prendre plus de risques.
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L’impossibilité de localiser la souffrance est ce dont nous souffrons.
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Je pleure la rareté de la vraie
Violence qui libère par l’assassinat
De la mort –une violence qui plante amoureusement une bombe
Au cœur de la mort.
Mais avant tout je pleure ma propre mort
Mais c’est encore un mensonge
Peut-être que je pleure seulement
Peut-être que seulement
Peut-être que je peux être un être qui peut être
Mais peut-être que je pleure seulement.
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Dans l’unité dont j’avais parlé, j’avais suggéré –pour économiser l’argent du ministère de la Santé publique- d’employer un ou deux hommes ou une ou deux femmes expérimentés (c’était une unité pour hommes seuls) qui seraient les prostitués du temple et initieraient sexuellement les jeunes gens. […] La technique est au centre de la sexualité, mais la sexualité est l’objet des pires craintes du service psychiatrique qui a besoin de ses fous pour ne pas perdre sa déraisonnable raison d’être. Et les cliniques de consultation se multiplient, ainsi que les tranquillisants et les voyants électroniques qui, dans l’intérêt d’un idéal familial lointain et insensé, contrôlent et détruisent toute possibilité extatique d’expérience et toute tentative de libération sexuelle.
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Comment avons-nous pu oublier et maintenant comment nous rappeler la cascade de sang dans l’aorte abdominale de notre mère, son mouvement régulier, discipliné, biologique, répétant comme un écho timide le battement du cœur plus lointain, et ses borborygmes calmes et nerveux mais bien plus spontanés ? Comment avons-nous pu oublier et comment retrouver l’incroyable orchestration de sa respiration, le crissement de ses muscles qui se tendent et se détendent ? Ses mains qui sentent nos mouvements ? Le docteur et la sage-femme qui nous palpent avec compétence mais sans attention ? Les produits pharmaceutiques pour nous garder et ceux pour se débarrasser de nous ? Les fantasmes développés par notre mère à cause de ceux que d’autres –très loin dans l’histoire- ont développés à son endroit ? L’enroulement de nos nerfs et la connaissance de la possibilité génétique de leur imperfection ? La détermination irréversible de notre sexe qui nous met au défi de pouvoir de temps à autre en changer par la suite ? Notre arrivée dans la lumière crue de la clinique entre des mains pleines de devoir, mais vides de plaisir ? Le bruit des instruments chromés ? Les doigts importuns ou impératifs de la sage-femme qui nous incitent à attendre ou à rebrousser chemin ? C’est au moment où « ils » sont prêts qu’ils décrètent que nous sommes empressés de naître. Puis, dans une sorte d’orgasme, nous arrivons et sommes déposés dans une écuelle, prêts à être consommés : ultime infanticide commis par un monde d’êtres sans chair, squelettiques.
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Je crois qu’il serait fécond, à ce stade, de faire la différence entre les relations amoureuses et les relations d’amour. Dans les premières, chaque personne permet à l’autre de s’aimer assez pour favoriser le développement de leur commune relation. Il s’agit de savoir comment ne pas empêcher l’autre d’être aimable et gentil envers lui-même. Ces expressions sont banales au point de confiner à l’attendrissement idiot, mais il se peut que nous ayons à respecter en nous-mêmes et dans les autres un besoin d’attendrissement idiot. Mon expérience m’a enseigné qu’on ne peut rien faire de bon dans un groupe si l’on n’a pas au préalable le pouvoir de catalyser la gentillesse et l’amabilité réciproques. Cette catalyse exige toujours du temps et des efforts. Mais il se peut que, pour aimer, nous ayons à expulser dans l’effort le désenchantement de l’amour.
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Un moine tibétain, au cours d’une longue retraite méditative, commença à avoir des hallucinations : il voyait une araignée. Chaque jour, elle apparaissait et grandissait. Elle finit par atteindre la taille de l’homme et par le terrifier. A ce moment, le moine demanda conseil à son guru qui lui répondit : « La prochaine fois que l’araignée viendra, trace une croix sur son ventre puis, après mûre réflexion, prends un couteau et enfonce-le au milieu de la croix. » Le lendemain, le moine vit l’araignée, traça la croix puis réfléchit. Comme il s’apprêtait à enfoncer le couteau, il baissa les yeux et vit avec stupeur que la croix était tracée sur son propre nombril. Il est évident que distinguer entre ses ennemis intérieurs et extérieurs est littéralement une question de vie ou de mort.
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Il se peut qu’il y ait une certaine joie dans le deuil, qui résiderait dans la pureté de l’Idée quasi platonicienne de « juste deuil ». Celui-ci, dans la hiérarchie des idées, se situe quelque part avec l’Amour.
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La franchise telle que je la vois exige beaucoup d’efforts. Elle engendre inévitablement des souffrances qui sont la conséquence émotionnelle des fautes que, dans nos relations, nous commettons ; elle exige que nous démêlions impitoyablement, avec ordre, nos blocages et nos impulsions.
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L’expérience psychotique, judicieusement conduite, peut amener à un état d’humanité plus avancé : mais elle est trop souvent convertie par l’intervention psychiatrique en un état où la personne est bloquée et ridiculisée.
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De nos jours, nombre de personnes vont de leur plein gré chercher chez leur docteur un secours psychiatrique. Pour la plupart, ces gens, en termes très pratiques, cherchent à se faire donner un ensemble de techniques qui leur permettraient de se conformer au mieux et au plus près à l’attente globale de la société. Et ils sont généralement aidés dans cette recherche. Un petit nombre de personnes égarées vont chercher chez le psychiatre une sorte de direction spirituelle. Ceux-là, généralement, perdent assez vite leurs illusions.
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On a pu voir, dans une boucherie de Londres, une affiche montrant une fille nue : des lignes parcourent son corps et désignent les divers quartiers de viande : poitrine, jarret, etc. Le problème, c’est que les gens ne remarquent pas cette violence faite aux femmes transformées en purs objets d’abjection. Et que les femmes semblent jusqu’à présent encore moins la remarquer.
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La forme familiale de l’existence sociale, qui caractérise toutes nos institutions, détruit fondamentalement les initiatives autonomes parce qu’elle refuse de reconnaître ce que j’ai appelé la dialectique entre être-seul et être-avec-les-autres. Au cours de ces deux derniers siècles, la famille s’est fait l’intermédiaire d’une invasion de la vie des individus, laquelle était indispensable à la survie du capitalisme impérialiste. Par définition, la famille ne peut jamais nous laisser seuls, car elle est l’ultime convergence des mass media les plus perfectionnés.
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Il se peut que seule la chaleur de l’amour permette aux gens enferrés dans la famille et les institutions sociales qui la répètent de s’en dégager. Le paradoxe est ici que l’amour ne peut nous aider que si nous traversons une région, considérée comme aride, de total respect pour notre propre autonomie et pour celle de toutes nos relations.
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Une des premières leçons que nous acquérons dans le cours du conditionnement familial est qu’en ce bas monde nous ne pouvons nous suffire à nous-mêmes. On nous enseigne avec force détails à nous déposséder de nous-mêmes et à vivre tellement agglutinés les uns aux autres que nous nous collons des lambeaux de la personnalité d’autrui jusqu’à ne plus distinguer ce qui, dans notre personnalité, nous appartient de ce qui appartient aux autres. Telle est l’aliénation : soumission passive à l’invasion des autres qui ne sont, à l’origine, que les membres de la famille. Ne nous méprenons pas sur cette passivité : c’est par un libre choix que nous nous soumettons à ce genre d’invasion.
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La caractéristique principale du commandement authentique est peut-être le renoncement à la tendance de domination sur autrui. La domination signifie ici le contrôle du comportement d’autrui, quand ce comportement représente pour le chef la projection de certains aspects de sa propre expérience. En dominant les autres, le chef se donne à lui-même l’illusion que son organisation interne propre est de plus en plus parfaitement ordonnée. […] Certains chefs osent voir le monde avec des yeux décillés ; d’autres préfèrent en avoir une vision à travers leur anus. Les camps d’extermination nazis étaient un produit de ce Rêve de Perfection. L’hôpital psychiatrique, ainsi que bien d’autres institutions de notre société, en est un autre. Dans le camp, les existences physiques étaient systématiquement annihilées, puisque chaque corps, dans la logique du fantasme, contenait la projection de la méchanceté, de l’anomalie sexuelle, de l’absurdité des fonctionnaires du camp et de la société qu’ils représentaient. Le meurtre était toujours un meurtre rituel visant à la purification du meurtrier, et comme c’était essentiellement une façon d’échapper à la culpabilité, comment pourrait-on supposer que les meurtriers eussent dû se sentir coupables à cause de cela ? A l’hôpital psychiatrique, on soigne attentivement les corps, mais on assassine les personnalités individuelles.
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En attendant, si quelqu’un doit devenir fou, la seule tactique qu’il lui faille apprendre dans notre société est celle de la discrétion.
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La seule chose que nous ayons à faire avec le premier monde, c’est de l’arrêter. Nous l’arrêterons en dépassant la pâleur de notre peau et en changeant volontairement de couleur et de forme, en jouant, avec un kaléidoscope, des jeux mortels. Entre autres couleurs, nous deviendrons noirs et rouges. Entre autres formes, nous deviendrons fous, mais non plus des morts-vivants.
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Au demeurant, le malheur du divorce, et le seul, est le malheur qui le précède : le mariage.
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