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Citations de David Cooper (109)


La famille est un poste de télévision plein d’effets de couleur, de sensations tactiles, de goûts et d’odeurs que l’on nous impose pour nous faire oublier d’éteindre le poste.
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Cette ironie peut être définie à deux niveaux : il y a, premièrement, une reconnaissance totale et douloureuse du « problème » ; en second lieu, ce qui importe, c’est seulement cette conscience de la problématique, et non l’immatérialité du moi qui se lamente sur tous les problèmes. Le problème doit être vu, cette vision est indissolublement liée au regard qui traverse le moi. Et nous rions, nous rions avec celui qui voit à travers nous et qui voit que nous regardons à travers notre propre moi. La douleur demeure, mais elle peut, sans perdre sa valeur en tant que douleur, devenir l’objet d’une joyeuse partie de ballon. Les plaisanteries que la conscience lance au travers d’une réalité à la fois explosive et implosive repose sur une reconnaissance concomitante de l’absurdité de la notion d’un moi affligé par la douleur.
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[…] La névrose est un état de l’être auquel le « névrosé » donne une apparence puérile, à cause de sa peur de la peur des autres face à la puérilité. La société bourgeoise exclut, avec un mépris total, les idiots dostoïevskiens. Le « névrosé » » est précipité sans ambiguïté dans la peur sociale, ce qu’il doit, sans malignité, considérer comme une bénédiction. Cette peur naît face à la folie, à la puérilité, à l’être-avant-ses-origines. Elle risque, à chacun de nos gestes, de déclencher une coalition qui a pour but de supprimer tout acte spontané dont la résonance archaïque dérange la société. « Dans » la « névrose », on accorde aux réactions des autres une primauté sans fondement ; ensuite, avec complicité et complaisance, on invite leur peur à nous envahir. La névrose est donc une stratégie complexe, toujours battue en brèche et dont l’enjeu est de retrouver nos têtes d’abord, nos corps ensuite, et puis…
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Nous ne sommes plus à l'époque où un bon sens simpliste semblait adéquat aux paradoxes contournés du voyage intérieur d'un homme. Je laisserai le lecteur méditer la dense ironie de Pascal : "Trop de lumière obscurcit l'esprit."
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Traiter c'est être intéressé à rendre le patient plus acceptable pour les autres, afin que ceux-ci (y compris les médecins et les infirmiers) soient moins anxieux à son pros, et à lui faire manifester de moindre façon sa détresse. Guérir au contraire, c'est essayer d'aider les personnes qui, dans une mesure variable, sont fragmentées, à retrouver leur unité. Pour certains moments, dans certaines situations de la vie, se fragmenter peut être une condition nécessaire à un processus de renouvellement. La détresse et l'angoisse aussi peuvent être nécessaires à la croissance personnelle. Une intervention prématurée par un traitement psychiatrique peut arrêter ou distordre ces processus.
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La vraie difficulté pour les membres du personne est de se confronter avec eux-mêmes, de faire face à leurs propres problèmes, leurs troubles, leur folie. Chacun d'eux risque de rencontrer le fou en lui-même. L'équilibre conventionnel établi par l'extériorisation de la violence des psychiatres et des infirmiers (qui agissent par délégation du "public") sur les patients ne peut plus rester à l'abri des critiques par cela seul qu'il est passé sous silence. Il fait naître le problème social majeur de l'hôpital psychiatrique, en établissant une subtile et complexe collusion avec la famille du patient et, à travers cette dernière, avec l'ensemble des autorités de la santé mentale.
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En établissant ainsi mon unité, j'étais animé par la conviction centrale, acquise au cours d'expériences malheureuses renouvelées dans des services traditionnels, qu'avant d'avoir une chance de comprendre ce qui se passait chez le patient, il nous fallait au moins avoir conscience de manière élémentaire de ce qui se passait chez les soignants. Nous décidâmes donc d'explorer dans notre travail de tous les jours la série complète des idées toutes faites, des préjugés et des fantasmes que nourrissent les soignants à propos d'eux-mêmes et des patients.
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La faible, mais importante, minorité de ceux qui entrent en hôpital psychiatrique et qui sont réellement fous (désintégrés), a besoin de psychiatres et d'infirmières ayant suffisamment dépassé leur peur, devenus relativement honnêtes à l'égard de leur propre folie, et capables de santé parce qu'ils savent la préférer à la normalité. Ce dont j'avais besoin en inaugurant un nouveau type de situation psychiatrique, ce n'était pas de techniques, ni de programme : mais de personnalités adéquates.
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Le critère principal de la valeur, pour une forme d'organisation sociale qui prétend constituer une communauté thérapeutique, est dans une certaine relation entre soi et autrui. Cette relation, ai-je conclu, doit être telle, que, dans la structure totale, la solitude, comme facteur d'enrichissement intérieur, soit sauvegardée dans le même temps où une communauté se réalise par un contact entre les mondes personnels, intérieurs aussi bien qu'extérieurs. Par mondes intérieurs, j'entends la liberté ou ce qui constitue le noyau intentionnel d'une personne, la source de tous ses actes, qui donne finalement naissance à un comportement objectivable, c'est-à-dire à ses modes extérieurs. En d'autres termes, le but d'une communauté réellement guérissante, d'une communauté de libertés, doit être de créer une situation dans laquelle chacun puisse être avec les autres de façon telle que les autres continuent de respecter la solitude de chacun.
De nos jours, nous sommes entièrement conditionnés à accepter l'interférence d'autrui ; nous manquons cruellement des conditions nécessaires au plein développement de notre capacité de solitude. Pour la plupart d'entre nous, la gangrène de l'interférence commence au bureau et ne s'arrête pas avant la tombe. Il faut beaucoup de ruse pour échapper à ce processus, même momentanément. Or, je crois que c'est seulement si nous sommes capables de solitude que nous pouvons trouver le moyen d'être vraiment avec les autres. Il nous faut redécouvrir le sens perdu du principe taoïste du wu wei, le principe de la non-interférence, mais d'une non-interférence positive, qui exige un effort sur soi : effort pour se contenir, pour renoncer à intervenir, pour 'laisser tranquilles" les autres, et leur donner ainsi une chance, en même temps qu'à soi-même.
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Le critère principal de la valeur, pour une forme d'organisation sociale qui prétend constituer une communauté thérapeutique, est dans une certaine relation entre soi et autrui. Cette relation, ai-je conclu, doit être telle, que, dans la structure totale, la solitude, comme facteur d'enrichissement intérieur, soit sauvegardée dans le même temps où une communauté se réalise par un contact entre les mondes personnels, intérieurs aussi bien qu'extérieurs. Par mondes intérieurs, j'entends la liberté ou ce qui constitue le noyau intentionnel d'une personne, la source de tous ses actes, qui donne finalement naissance à un comportement objectivable, c'est-à-dire à ses modes extérieurs. En d'autres termes, le but d'une communauté réellement guérissante, d'une communauté de libertés, doit être de créer une situation dans laquelle chacun puisse être avec les autres de façon telle que les autres continuent de respecter la solitude de chacun.
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Dans cette critique de la famille, on se référera principalement au noyau familial des sociétés capitalistes contemporaines. Cependant, une analyse plus générale et la plupart de mes affirmations porteront sur le fonctionnement social de la famille en tant qu’elle est un instrument de conditionnement idéologique […] dans toutes les sociétés fondées sur l’exploitation : société esclavagiste, société féodale, société capitaliste depuis son stade le plus primitif au siècle dernier jusqu’aux sociétés néo-colonialistes de l’actuel premier monde.
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Les tendances sont nettes. Les schizophrènes se « rétablissent » très rapidement à l’hôpital. Cependant, la plupart d’entre eux doivent retourner dans le contexte social où ils ont connu leur première crise. Dans la plupart des cas, ce contexte social est la famille d’origine. Au moins 50% des schizophrènes en première admission qui retournent dans leur famille d’origine, sont de retour à l’hôpital avant un an (si l’on en croit la tendance nationale). Le chiffre croît à mesure que l’engagement émotionnel avec un membre déterminant de la famille devient plus intense.
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Des projets de travail auraient au moins constitué un groupe, une famille heureuse dans le service. Mais peut-être les patients étaient-ils venus à l’hôpital pour échapper aux « familles heureuses ». Ou plutôt les avait-on envoyés à l’hôpital pour que la famille reste heureuse. Nous essayâmes un certain nombre de travaux virils et destructeurs, comme d’abattre un abri anti-aérien, ou de casser un moteur d’avion : ces travaux, pensaient certains d’entre nous, seraient des « exutoires sûrs » pour les « impulsions agressives dangereuses ». Cependant ils étaient faits sans enthousiasme et nous comprîmes bientôt qu’ils n’avaient aucun rapport avec le vrai problème de la colère. Les patients avaient des raisons réelles d’être en colère contre des personnes réelles existantes, à la maison et à l’hôpital […]. Le moteur d’avion était un partenaire innocent.
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L’institution psychiatrique, au cours de son histoire, a trouvé nécessaire de se défendre elle-même contre la folie qu’elle est supposée contenir –contre le trouble, la désintégration, la violence, la contamination. Ces défenses du personnel, dans la mesure où elles sont dirigées contre des dangers plus illusoires que réels, je les regrouperai sous le vocable d’irrationalité institutionnelle. Et dès maintenant, la question se pose : quelle est la réalité de la folie dans l’hôpital psychiatrique et où est l’illusion ? Quelles sont les limites qui définissent l’irrationalité institutionnelle ?
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On est même tenté de formuler l’hypothèse audacieuse selon laquelle, dans les familles « psychotiques », le membre identifié comme schizophrène serait en train d’essayer, par son épisode psychotique, de se libérer d’un système aliéné et, partant, serait en quelque sorte moins « malade », ou moins aliéné, que la progéniture « normale » des familles « normales ». Cependant, dans la mesure où il entre en hôpital psychiatrique, son effort désespéré de libération devrait être considéré comme un échec, dû à une insuffisance au niveau des tactiques et de la stratégie sociales nécessaires.
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Ainsi l’aliénation se définit-elle par rapport à l’action et à la dénégation de l’action, à l’intérieur d’un groupe, ainsi qu’aux résultats de cette même action. Par étrangeté, nous entendrons l’expérience résultant de cette action aliénée. L’étrangeté est le sentiment d’être pris dans un processus étranger à nos intentions et à nos actes propres, ainsi qu’aux intentions et aux actes propres de chacun dans le groupe. C’est l’expérience faite du sous-produit d’une illusion universelle.
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« Si je te frappe je ne suis plus toi… je suis moi, puisque je te frappe… tu es toi-même puisqu’en te frappant je suis quelqu’un d’autre que toi…Toi, tu es une autre personne… toi… et moi… je suis moi. »
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Dans la famille du futur « schizophrène », nous observerons une sorte d’extrémisme particulier. Même les questions apparemment les plus banales sont articulées sur les pôles santé/folie, vie/mort. Les lois du groupe familial qui règlent non seulement le comportement mais aussi les expériences autorisées, sont à la fois inflexibles et confuses. Dans une telle famille, un enfant doit apprendre un certain mode de relation avec sa mère (par exemple), mode dont on lui enseigne que dépend entièrement son intégrité mentale et physique. On lui dit que s’il viole les règles, et l’acte autonome apparemment le plus innocent peut constituer une telle violation, il provoquera tout à la fois la dissolution fatale du groupe familial, la destruction de ce qui est la personnalité de sa mère, peut-être celle d’autres personnes encore. Du coup, […] il est progressivement placé dans une position intenable. Son choix, au dernier point critique, est entre la soumission totale, le complet abandon de sa liberté d’un côté, et d’un autre côté, le départ hors du groupe, avec l’angoisse d’assister à la dévastation prophétisée et de se heurter au sentiment de culpabilité qu’on lui a inculqué à travers tant de soin affectueux.
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Je produis librement une impression de moi sur le monde, mais cet acte tout à fait libre produit une objectivation par laquelle, vous, à travers votre liberté, limitez ma liberté. De même, moi, à travers ma liberté, je limite la vôtre.
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Ce que j’ai essayé de faire dans ce livre, c’est de regarder dans son contexte humain réel l’individu qu’on a étiqueté comme « schizophrène », de rechercher comment cette étiquette lui a été donnée, par qui elle a été posée, et ce que cela signifie, à la fois pour celui qui l’a posée et pour celui qui l’a reçue.
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